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EAN : 9782072940484
272 pages
Gallimard (13/01/2022)
3.73/5   31 notes
Résumé :
« Parfois, des voisins nous regardaient par-dessous un rideau soulevé à la va-vite. Charles leur faisait des doigts d’honneur, moi un sourire gêné, ma mère ne les avait même pas vus. Et après ces centaines de kilomètres à traverser la France, nous étions tous les quatre plantés sur le trottoir, à attendre l’agent immobilier qui viendrait nous ouvrir. Ma mère fumait une cigarette en silence, et je la regardais en me disant toujours que la seule raison qui pouvait exp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voilà 5 ans qu'ils ont quitté leur appartement de Paris, leur « villa royale », ce lieu où ils vivaient heureux tous les cinq. A cette époque les deux plus jeunes, Victor et Palma avaient 8 et 11 ans et l'aîné Charles 14 ans.
Mais voilà 5 ans que le père est mort, criblé de dettes et qu'ils ont dû fuir, la mère et les 3 enfants, seuls face à l'adversité, ne s'attachant à rien ni à personne, une famille blessée mais fusionnelle, ne formant qu'une seule et même entité.
Et cette mère et ses enfants «demi-orphelins», commencent alors une vie nomade, parcourant les villes de France, déménageant tous les trois mois, totalement dénués de tout bien matériel mais riches du profond amour qui les lie et leur donne la force de continuer.
La mère vit de petits boulots, les deux enfants vont parfois à l'école lorsque leur périple le permet, et l'aîné, adolescent secret et charismatique, veille dans l'ombre sur sa famille.
C'est Palma qui raconte leur histoire, avec sa vision d'enfant, fine, facétieuse et intelligente, animée par un inconditionnel soutien aux siens.
Quelle richesse que cette famille ! Que ces enfants sont attachants et que cette mère est admirable ! Une marginalité assumée et nécessaire, mélange de fuite et de dépassement qui leur permet de surmonter le déchirement de la perte du père, même si «la vérité est là, cruelle et nette : les morts ne reviennent pas et les vivants s'éloignent».
Ce roman m'a séduite dès les premières pages. J'ai aimé la révolte et l'originalité de la mère, l'audace et la maturité des enfants, j'ai ressenti la profonde tristesse qui les isole et j'ai vibré de l'intangible osmose qui les unit.
Emmanuelle Fournier-Lorentz nous plonge dans un monde d'images et d'odeurs où les souvenirs d'une famille meurtrie défilent sous nos yeux et elle nous offre, avec ce premier roman, une belle et émouvante découverte humaine.
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C'est l'histoire d'une drôle de famille, sans racines et qui vit au hasard des déménagements. le père est mort et la mère fuit... mais jusqu'où va-t-elle emmener ses enfants ?
Raconté par l'un des enfants, ce périple a des airs du roman En attendant Bojangles. On frôle la folie, une folie tendre et angoissée.
L'écriture est sublime et mérite la lecture.
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CRITIQUE - Ce roman nous plonge dans la vie nomade d'une mélancolique fratrie, soudée.

«Nous déménagions toujours pendant la saison froide, comme les baleines.» On entre dans Villa Royale par cette phrase frappante d'ingénuité ; la curieuse pensée d'un enfant qui, pour expliquer la tragédie, convoque une image, celle de ces géants marins qui migrent chaque année pour survivre. Survivre? Pas seulement pour la famille Gauthier. Il y a aussi, depuis la mort de l'époux et du père, un besoin de fuir. Voilà le lecteur embarqué dans la vie nomade de trois enfants et de leur mère, une grande dame au regard souverain, qui les aime follement.

Tous les quatre sillonnent la France, s'arrêtent un temps, s'installent dans une ville à laquelle ils ne s'attacheront pas et dorment dans une maison qui ne sera jamais vraiment la leur. Leur enfance est une série de départs. Palma, une petite fille espiègle, la résume au souvenir de la voiture et l'«odeur bizarre de chauffage», le ronronnement du moteur, l'autoroute qui défile dans le calme de la nuit. C'est à travers son triste regard que nous découvrons ses deux frères, Charles, le grand, le beau garçon qui mène une bien mystérieuse existence, et Victor, gamin taciturne, parfois colérique et d'une sincérité désarmante. La mélancolique fratrie, soudée, lutte contre la tentation de «glisser vers la zone marécageuse» où repose leur père. «Je répugnais à ce que nous nous y vautrions tous les trois.» Ils ne parlent pas du fantôme, le seul, qui les hante. Palma fait des cauchemars, Victor tombe malade, Charles «fume cigarette sur cigarette devant le Château d'If en insultant les mouettes pour ne pas pleurer». Ensemble, ils marchent vers une «résignation douce».
Il ne s'agit pas seulement de fuir un mort. Partir est aussi une manière d'éviter toute nouvelle tragédie, de déjouer la fatalité. «Comme les chats, en état d'alerte constante, nous craignions toute proximité avec la réalité.» Et voici qu'Emmanuelle Fournier-Lorentz a cette mystérieuse phrase, sans doute la plus belle de son délicat roman : «Parce que c'est dans cet engourdissement, dans cette brèche particulière de la vie que se glissent sans que l'on s'en aperçoive des voiles qui se déchirent, des drames dont on garde à jamais l'empreinte et qui nous laissent à vif. C'est là que les morts meurent pour toujours.»

Claire Conruyt, Le Figaro


Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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En voici un de roman bien singulier, étrange et atmosphèrique. Un premier roman réussi !
Nous suivons Palma De ses 11 à 15 ans en compagnie de ses frères Victor, 8 ans et Charles 14, 15 ans et leur mère... que j'ai trouvé énigmatique, hystérique, dépressive, fuyante et pourtant présente et aimante, à sa manière. Depuis que le père est mort, cette famille fusionnelle déménage tous les 2, 3 mois... parfois en pleine nuit, parfois le jour sans crier gare... mais fuir toujours, se réinventer à chaque fois dans un nouveau lieu, une nouvelle école. Malgré tout, nos 4 protagonistes n'entament aucun lien, sachant pertinemment que cela ne sert à rien de s'attacher, aucun ancrage, marginaux presque malgré eux donc.
La mort de ce père qui force aux souvenirs, aux regards précis d'une attitude, d'une odeur, de ces bruits étouffés, ces sonneries de téléphone, les blousons... tout ce qui marque l'enfance sans qu'on s'en rendent vraiment compte sur le moment mais qui deviennent tout lorsqu'on y repense.
Au fur et à mesure de l'histoire se dessine les raisons de ces fuites constantes. C'est le point de vue de Palma ici, dans toute sa naïveté d'enfant et toute son adolescence désabusée qui mène le récit.
Histoire de famille, d'une fratrie, soudée comme jamais, qui ne cesse de s'aimer, de se protéger.
Autrice à suivre !
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C'est un premier roman contemplatif, sensible et parfois déroutant. J'ai aimé la plume de l'autrice qui est très prometteuse. J'ai été embarquée dans cette histoire, spectatrice de la fuite de cette famille, suspendue aux souvenirs parfois « vaporeux », « éthérés», que nous conte Palma, mais surtout touchée par cet amour incommensurable qui les unit. Une famille devenue « bancale » sans l'un de leur tuteur mais qui se soutient coûte que coûte, et qui, même cabossée, avance, se construit, s'aime.

Lorsque j'ai refermé le roman une phrase (merci Serge Gainsbourg) a résonné en moi pour illustrer la fuite de cette famille, fuir le souvenir de l'absent pourtant omniprésent, faire montre d'un refus de s'attacher, à un lieu, à des gens, de peur de perdre beaucoup à nouveau : « Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve ».
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critiques presse (2)
LaTribuneDeGeneve
12 avril 2022
Le récit célèbre surtout la force d’une fratrie parfois désœuvrée, qui se met à squatter les voitures des autres, ou finit par partir en catimini, sans même avertir les copains d’école, pour abréger les au revoir. L’écriture témoigne d’un regard singulier, avec l’ironie à fleur de peau, sans jamais oublier la tendresse.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeFigaro
20 janvier 2022
Ce roman nous plonge dans la vie nomade d’une mélancolique fratrie, soudée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle ne respire que la vengeance, et il n’est point de forme qu’elle n’emprunte pour trahir ou satisfaire sa rage. Elle est représentée armée de vipères, de torches et de fouets, avec la chevelure entortillée de serpents. »
« Tu vois », disait Victor, bien plus tard (tapotant machinalement l’index contre la couverture du livre ouvert en V). « La vengeance est une chose considérée comme sacrée, même par les dieux, depuis toujours. Et est-ce que ce n’est pas marqué ? Regarde : Les Furies, etc., etc., leur mission ? Punir les parricides. Les parricides, Palma ! »
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Parfois, des voisins nous regardaient par-dessous un rideau soulevé à la va-vite. Charles leur faisait des doigts d’honneur, moi un sourire gêné, ma mère ne les avait même pas vus. Et après ces centaines de kilomètres à traverser la France, nous étions tous les quatre plantés sur le trottoir, à attendre l’agent immobilier qui viendrait nous ouvrir. Ma mère fumait une cigarette en silence, et je la regardais en me disant toujours que la seule raison qui pouvait expliquer cette enfance anormale, c’était qu’elle soit agent secret.
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Qu’importe si un carré a la forme d’un losange, ce n’est pas la représentation qui compte, mais ça (il a posé la main sur le minuscule carré dans un coin) : le symbole. »
Il m’agaçait. Pas une seule fois je n’avais été jalouse de l’intelligence pointue, glacée de Victor, mais sa froideur et son sens éthique de la justice, bien loin de ma mauvaise foi et de celle de Charles, m’exaspéraient.
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Qu’importe ce que nous fuyions sur le moment, le malheur, la pauvreté, la folie, peut-être même la routine, nous savions que dans cette voiture, au creux de la nuit, quand nous convoquions le disparu, rien n’existait plus : ni l’argent qui manquait, ni l’avenir incertain, ni les drames, et encore moins sa mort. Il était parmi nous, dans un espace indéfini puisque nous avancions sur la route, dans un temps où rien n’importe plus vraiment, un temps que connaissent bien ceux qui décident de disparaître, laissant derrière eux femme et enfants, vers une destination inconnue de tous.
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Elle devait avoir mon âge, les cheveux bruns et épais coupés en carré long, la peau très blanche, des taches de rousseur partout. J’ai pensé qu’elle n’était pas si belle que ça, avant de me rendre à l’évidence : à côté d’elle, avec mon t-shirt à dodo en plastique, mes tongs bleues à l’effigie de Mickey et mes trente-cinq kilos, j’avais l’air aussi jeune et bête qu’asexuée. Elle m’a lancé un long regard calme.
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