AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234092204
230 pages
Stock (06/09/2023)
4.38/5   12 notes
Résumé :
Agréable ou pénible, exaltante ou angoissante, intime et sociale, la grossesse est une expérience à la fois profondément individuelle et éminemment politique.
Parce que la maternité a longtemps été le destin « naturel » des femmes, il leur a fallu s’en affranchir et conquérir la liberté de choisir d’être mères ou pas. Mais, aussi libre soit-il, le choix de la maternité n’en reste pas moins synonyme de charges et de doutes, y compris – et peut-être même surt... >Voir plus
Que lire après Un si gros ventre : Expériences vécues du corps enceintVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
🤰🏻Chronique spéciale #marsaufeminin 🫃🏻

« Car c'est en devenant mère que je suis entrée en féminisme! »

Je pense qu'il en est de même pour moi. C'est en ayant ma fille, que j'ai compris les dynamiques qui animent la sphère publique, et que j'ai compris l'importance du féminisme. Petit à petit, je me remplis de ces notions et courants qui prônent l'égalité, la reconnaissance, le pouvoir aussi, d'être femme. Avant, je crois que j'avais les yeux collés, ou plutôt, pas le recul nécessaire pour comprendre le fait d'être un sujet à part entière et féminin dans cette société. Alors est-ce qu'un ventre qui s'arrondit, c'est prendre (de la) place? Est-ce que la grossesse et la maternité remet en question notre rôle de femme et comment? Si Camille Froidevaux-Metterie, se voit, nous voit, (nous) interroge, avec Un si gros ventre, alors cela nous rappelle notre condition, mais aussi, met en perspective nos possibilités d'actions. J'adore la volonté et l'engagement de cette autrice dans cette bataille de l'intime (cf, le corps des femmes), et l'immersion dans cette maternité, confirme cette envie de réappropriation de nos corps vers l'émancipation. Parce que même avec le ventre devant, elle nous démontre que nous pouvons devenir un corps-sujet capable, n'en déplaise à certains…

« Aux yeux du monde comme aux siens propres, la grossesse, c'est le ventre, ce si gros ventre que l'on porte en avant de soi et qui dit la condition maternelle en devenir. »

Être une femme, être une femme enceinte, être une mère, être une maman d'une petite fille. C'est beaucoup de bouleversements internes et externes. Visibles et invisibles. Pas mal de remises en questions diverses, de réflexions profondes variées. C'est mener des combats aussi, qu'on n'aurait jamais pensé entreprendre. C'est réfléchir à l'impensé jusqu'alors, se frayer une place avec nos ventres qui poussent, se voir pareille et différente, craindre le regard de l'autre. C'est regarder à la loupe un état naturel et métamorphosant. C'est trembler de peur.s, aussi. Pour nous, pour elle, pour toutes. Mais être mère, c'est autant s'aliéner que s'empouvoiriser. Les deux notions cohabitent autant qu'elles se combattent, et en cela, je pense que l'intelligence et la maîtrise de Camille Froidevaux-Metterie sur les courants féministes de nos aînées m'a permis de mieux comprendre en quoi ce gros ventre est un sujet d'étude passionnant. Je l'admire tellement, Camille. Elle réussit à donner son expérience du corps enceint, tout en le mettant en lumière avec les ressentis et histoires d'autres, et cet essai devient un indispensable pour la simple et bonne raison, qu'il est édifiant. Il raconte tellement bien l'intime, le sensible, le politique.
Tout y est, des émotions positives et négatives qui nous traverse lors de cette période si particulière mais en plus, je dirai, qu'il y a un plaisir tendre et sororal, à nous voir tou.te.s, avec Un si gros ventre…
Bref, j'ai lu et adoré!

Je remercie chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Stock pour leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          170
J'ai découvert Camille Froidevaux-Metterie avec son essais Seins, et c'était une véritable révélation. La retrouver avec un essai sur le corps enceint, alors que mon propre corps n'est pas encore totalement remis de ma dernière grossesse, est tout aussi bouleversant pour moi.

Cette philosophe propose un féminisme dont je me sens très proche : s'inscrivant dans l'histoire des féminismes, elle en retrace les grandes lignes, rappelant que le rapport au corps a souvent été difficile pour les penseuses telles que Simone de Beauvoir. Si le féminisme existe, c'est parce que, pendant de longs siècles, les hommes se sont servi de la corporéité des femmes, de l'usage reproductif de leurs corps, pour les asservir, les reléguer au rang d'inférieures. Difficile alors, pour les premières grandes féministes, d'affirmer leurs droits tout en s'affranchissant de leurs corps, et pourtant, pour beaucoup, on était féministe si on parvenait à passer outre la fonction reproductrice. Camille Froidevaux-Metterie tente de penser un féminisme corrélé à une réappropriation pleine et entière du corps féminin, à la fois dans sa beauté, mais surtout dans ce qui le rend difficile à vivre.

La grossesse peut totalement s'inscrire dans cette logique. Célébrée comme un bonheur pur, cette période est souvent bien plus difficile à vivre qu'on ne le croit, mais c'est tabou d'oser dire que le bonheur n'est pas plein. L'autrice a interrogé des femmes enceintes pour faire le point avec elles. Comme dans Seins, elle part de ces paroles, pour bâtir sa réflexion.

Pour moi qui lit peu d'essais, cela rend le propos clair et agréable à lire. Et vraiment, à nouveau, je suis conquise par cette pensée dans laquelle je me reconnais pleinement.
Commenter  J’apprécie          20
Après s'être intéressée en 2020 aux seins, la philosophe féministe que l'on ne présente plus se tourne cette fois vers le ventre. Pas n'importe quel ventre, car il s'agit précisément du ventre qui porte la vie et s'apprête à la donner, du corps enceint.

Ce livre, qui se situe au croisement de l'essai et de l'enquête - l'autrice a interrogé plusieurs femmes enceintes et certaines nouvellement accouchées - nous rappelle à quel point le corps des femmes est objet politique. Cela est vrai à tous les âges de sa vie, et de façon encore plus directe et décomplexée même, lorsque celle-ci est enceinte.
Le corps devient alors public, avec les regards différents posés dessus, de la part du co-parent, de l'entourage ou même de parfaits inconnus, avec les commentaires intempestifs ou autres conseils non sollicités. le corps devient aussi médical, objet et non plus sujet, observé, analysé, manipulé - parfois très froidement.

De cette expérience ultime de l'intime, la femme enceinte se trouve bien souvent dépossédée, même si l'on constate une nette volonté de réappropriation, comme le souligne Camille Froidevaux-Metterie, à travers de nouvelles formes d'accompagnement et de préparation à la maternité notamment.

Les témoignages de cette trentaine de femmes sont forts, édifiants et peuvent parler à toutes les lectrices, qu'elles soient mères elles-mêmes ou non. L'analyse qui en est faite par l'autrice, ainsi que les autres sources évoquées (études, courants ou figures féministes) sont précieuses et très accessibles.
Mis en lien avec mes propres souvenirs encore bien frais de grossesse, je me suis rendu compte de la chance que j'avais eu d'être si bien entourée dans cette aventure 🌟

L'un des ouvrages de non-fiction qui m'a le plus marqué en cette rentrée littéraire, tant il replace les combats des femmes en perspective ❤
Commenter  J’apprécie          00
La philosophe Camille Froidevaux-Metterie tente de penser ce qui ne se pense pas : le corps enceint. En immersion dans une maternité, elle a souhaité restituer les ressentis et raisonnements de femmes enceintes pour proposer des réflexions permettant de se réapproprier ce corps.

Si chaque expérience est profondément individuelle, il est évident que la société et ses injonctions sont omniprésents dans cette aventure qu'est la grossesse. Et qu'il n'y a rien d'évident ni de naturel dans le fait de l'apprécier.

Ce livre est assurément féministe puisque l'auteur postule, comme Simone de Beauvoir, un écartèlement des femmes entre l'objectivation-aliénation de leur corps dans le système patriarcal et leur libération-réappropriation au travers des luttes et de la pensée féministe. Celui-ci se vérifie dans la plupart des témoignages qui traduisent par ailleurs une diversité de ressentis, des plus enthousiastes aux plus angoissés.

L'auteur y explore des sujets qui feront forcément écho pour beaucoup de personnes enceintes, comme les angoisses et dissimulations du premier trimestre, malgré les effets pénibles associés, les fausses couches silencieuses ou les fameuses MAP (menaces d'accouchement prématuré), l'effacement de la femme au profit de la fonction qu'elle est en train de remplir dès lors que son ventre et visible, les sentiments contradictoires et autres nombreuses injonctions subies.

J'ai trouvé cette étude intéressante car elle montre un panel d'émotions souvent tues auxquelles on peut facilement s'identifier ou trouver son contraire. On découvre aussi que peu à peu, des alternatives à la surmédicalisation de la grossesse sont mises en place en vue de libérer les corps, ce qui constitue une avancée importante. Certains témoignages sont absolument bouleversants. Je remercie Babelio et les éditions Stock pour l'envoi de cet ouvrage inspirant.
Lien : https://alinebouquine.fr/gro..
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
Bibliobs
27 novembre 2023
En recueillant la parole d’une trentaine de femmes enceintes durant trois mois d’immersion à l’hôpital Bichat à Paris, et en y mêlant sa propre voix, la philosophe met subtilement en lumière la complexité de cette expérience « profondément individuelle et éminemment politique ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
09 octobre 2023
Camille Froidevaux-Metterie restitue avec finesse la complexité de l’expérience du corps enceint [...], témoignant du double mouvement d’aliénation et de réappropriation du corps que recouvre la grossesse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La maternité n'est pas objet de philosophie, pas même objet de réflexion. Elle se présente comme une évidence arrimée à la condition féminine, son socle « naturel » et indéboulonnable : les femmes portent les enfants et les font naître, c'est leur destin ! Les neuf mois de gestation et l'accouchement qui les clôt sont ainsi réduits à une séquence mécanique de fabrication de la vie durant laquelle les femmes sont ramenées à l'état animal de reproduction. La grossesse ne se questionne pas, elle se vit! Il en va ainsi depuis les origines antiques de la philosophie et l'exclusion des femmes du champ de la pensée. (17)
Commenter  J’apprécie          30
Plus globalement, il y a quelque chose de proprement scandaleux dans la façon dont on appréhende la douleur des femmes, qu'elle soit cyclique ou ponctuelle: dès lors qu'elle concerne leur ventre (règles ou grossesse), elle est considérée comme une manifestation corporelle ordinaire, que l'on ne peut esquiver et que l'on doit donc endurer, en silence de préférence.
Commenter  J’apprécie          10
Aux yeux du monde comme aux siens propres, la grossesse, c'est le ventre, ce si gros ventre que l'on porte en avant de soi et qui dit la condition maternelle en devenir. Pendant neuf mois, tout le corps se réordonne autour de son centre : les yeux le fixent et en guettent les transformations, les mains se posent sur lui avant même qu'il soit rond - le désignant comme plein, les jambes s'écartent pour mieux le soutenir, la peau se distend et se colore, le pubis s'efface pendant que la vulve se prépare à en laisser passer le contenu.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Camille Froidevaux-Metterie (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Camille Froidevaux-Metterie
Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et écrivaine, fait paraître "Un si gros ventre. Expériences vécues du corps enceint" (Philosophie magazine Éditeur/Stock), une enquête philosophique qui mêle témoignages et réflexion sur la grossesse.
Elle présente son ouvrage et répond aux questions d'Ariane Nicolas, journaliste à "Philosophie magazine".
Retrouvez le livre en librairie !
autres livres classés : maternitéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (74) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..