Une belle écriture, des passages poignants, un besoin bien compréhensible de donner un sens à ses malheurs. Dommage que dans son soucis de n'oublier personne, l'auteur se sente obligée d'égrainer comme un chapelet la longue liste de ses amis, tous plus beaux, plus intelligents, plus sensibles et plus racés les uns que les autres. Comment le lecteur pourrait-il s'attacher à ceux qui n'existeront pour lui que le temps de 3 ou 4 lignes ? Comment ne l'aurait-il pas déjà oublié quand l'un d'eux refera surface plusieurs chapitres plus loin ?
Nostalgie des jours heureux, nostalgie d'une époque révolue. Qui ne regretterait pas le temps où l'espace n'était pas encore une denrée trop rare, où rencontrer des gens était encore une source de joie plutôt que d'irritation, le temps où la beauté sauvage de la nature pouvait encore s'étaler sans entraves ? Sûrement pas les quelques grands propriétaires blancs qui se partageaient la savane qu'ils survolaient pour passer de fête en fête, de flute de champagne en flute de champagne. Et les autres, ceux qui s'agglutinent dans les mégapoles ou les bidonvilles, le regrettent-ils ce temps-là ?
Question : La loi de l'offre et de la demande régissant ce monde, ce bûcher devant lequel l'auteure s'extasie n'est-il pas une aberration ? Plus une chose est rare plus elle a de prix et plus elle attire la convoitise des trafiquants. Ces tonnes d'ivoire parties en fumées (toxiques) ne ressusciteront aucun éléphant mais impliqueront au contraire qu'on en tuera d'autres. Inonder le marché d'ivoire à bas prix n'eût-il pas eu un effet plus bénéfique ? A condition d'en assurer la traçabilité, ce qui est évidemment plus facile à dire qu'à faire…
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Outre les paysages africains mémorables, la passion que l'auteure leur voue jusqu'à faire de ce continent sa terre d'élection (elle est italienne et s'établit au Kenia avec son conjoint, italien lui aussi), le côté vaguement mystérieux qui entoure son interprétation du décès de son mari et (un peu) de son fils, je retiens surtout de cette lecture un exemple superbe d'audace dans l'adversité, et l'admiration pour une âme véritablement imbue d'esprit d'aventure (au sens le plus noble et le plus étymologique du terme : 'ire ad venturam').
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