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EAN : 9782845974210
142 pages
Textuel (28/09/2011)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Loin d'être " dépassé ", le féminisme est encore et toujours au coeur des transformations sociales que nous vivons aujourd'hui. Cet ouvrage en fournit la démonstration en présentant les acquis irréversibles comme les enjeux d'avenir des luttes et de la pensée féministes. II propose une synthèse vive sur une série de thèmes (politique, travail, sexualité, individualisme, colonialisme...) qui traversent les rapports entre hommes et femmes dans les sociétés contemporai... >Voir plus
Que lire après Le féminisme change-t-il nos vies ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre est le fruit du travail collectif des membres de l'équipe des Études genre de l'université de Genève.

Delphine Gardey « le féminisme change-t-il nos vies ? » nous rappelle les différentes luttes et souligne l'actualité et l'avenir des féminismes en indiquant le sens de l'ouvrage : « notre objectif est de donner à voir les atouts, les atours et la créativité des féminismes contemporains, ce qu'ils ont ouvert et contribuer à ouvrir tant en termes de pensée que d'action » ou « En redonnant sa place au féminisme en tant que mouvement social, il s'agit de rendre compte de son efficace et de sa force. L'enjeu est aussi de dire ce que le/les féminismes ont apporté de singulier et de spécifique, ce qu'ils ont déplacé et contribué à déplacer dans les multiples sphères de la vie sociale et politique, d'indiquer en quoi nos vies ont été changées par le féminisme, le sont, et le seront encore. Il s'agit d'articuler des espaces de pensée et des espaces de savoir, d'articuler science et politique. »

Les différents points abordés dans ce petit livre, le sont par des questions :

« le féminisme a-t-il transformé la politique ? » (Isabelle Giraud)

« le féminisme a-t-il déplacé les frontières du travail ? » (Rachel Vuagniaux)

« le féminisme a-t-il redéfini les sexualités ? » (Lorena Parini)

« le féminisme « décolonial est-il possible ? » (Julia Hasdeu)

« le féminisme est-il soluble dans l'individu ? » (Laurence Bachmann)

« le féminisme émancipera-t-il les homme ? » (Christian Schiess)

Certains chapitres me semblent nettement plus intéressants que d'autres. J'en souligne quelques points grâce à des citations et interroge quelques formulations des parties les moins convaincantes.

Isabelle Giraud souligne que « le féminisme a pour vocation de transformer à la fois les représentations de ce qui est politique et de qui est politique ». Son article est principalement construit autour du slogan « le privé est politique », puis de « la revendication d'accès à la prise de décisions ».

Un citation « Elle (la politique) se présente partout dans les rapports sociaux, dans la construction des normes, des stéréotypes, des enjeux définis comme politiques ou non, ainsi que dans l'accès prioritaire des hommes aux espaces publics. »

Rachel Vuagniaux, tout en rappelant que les inégalités sont toujours actuelles, indique les déplacements de frontières, de questionnements et propose de décentrer le travail mais « avec une perspective de genre ».

Quelques citations qui me semblent illustrer les problématiques :

« les contraintes liées au travail domestique, les enjeux d'autonomie financière ou encore la nécessité d'avoir un emploi ne sont pas reconnus de la même manière pour les femmes et les hommes »

« ce qui a permis de faire émerger des a priori auparavant invisibles de l'économie capitaliste et du patriarcat »

« L'ancrage de ce régime de relation entre les sexes dans l'ensemble des structures sociales contribue à nier son caractère historique et social, le processus de sa construction et de son imposition. le caractère systémique des inégalités leur conférant une certaine ‘naturalité', les discriminations envers le travail des femmes tendent à passer pour naturelles et universelles et ne sont pas considérées comme illégitimes. »

« La délimitation de ce que l'on considère aujourd'hui comme du travail émerge au XIXe siècle, avec l'introduction du mode de production industriel et l'essor du capitalisme qui imposent une nouvelle définition du travail. le travail non rémunéré, inséparable de l'organisation actuelle du travail, se caractérise par le fait qu'il n'est pas considéré comme du travail ni comptabilisé comme ‘activité économique', ainsi que par sa valorisation sociale mineure et sa réalisation de manière gratuite et invisible au sein de la sphère privée, majoritairement par des femmes. »

« Remettre en question l'accord social sur l'exclusion du travail domestique de l'activité, le faire advenir comme véritable objet de recherches et de politiques ainsi que comme coût social et producteur de valeur permettrait d'engager de multiples transformations sociales. »

L'auteure, à très juste titre, souligne « le potentiel émancipateur d'une réduction généralisée du temps de travail » et insiste sur les mécanismes de domination genrés.

En complément possible, je renvoie sur ce sujet à ma lecture des Nouveaux Cahiers du socialisme N°4 et en particulier à l'article de Mélissa Blais et Isabelle Courcy

Je n'évoque l'article de Lorena Parini que par une citation « Considérer l'intimité, le corps, le plaisir comme des question politiques a été un pas crucial pour repenser ces pratiques (sexualités), pour déconstruire la manière dont elles sont profondément marquées par les rapports de pouvoir. »

Si Julia Hasdeu souligne que « seule une analyse qui croise l'appartenance de classe, de race/ethnicité et de genre, peut rendre compte des discriminations multiples… », elle semble accepter de « renoncer à un féminisme universaliste ». Or, c'est une chose de déconstruire la conception étriquée du faux universalisme (cf Christine Delphy Un universalisme particulier. Féminisme et exception française (1980-2010), Editions Syllepse, Paris 2010)
ou de « désapprendre nos privilèges et mesurer les silences et l'amnésie de la répression », c'en est une autre de ne pas historiciser les rapports coloniaux, néo-coloniaux ou ‘postcoloniaux' (le terme me semble inapproprié), de ne pas rechercher les dimensions et/ou les convergences universelles des combats pour l'émancipation.

L'abus de la notion (mythique) de classe moyenne, de surcroît définie par les ressources en diplômes, donne une tonalité trop loin de mes compréhensions, pour que je puisse rendre compte des analyses de Laurence Bachmann sur l'individu-e.

Christian Schiess s'essaye à donner des pistes sur ce que le féminisme pourrait apporter aux hommes. Il indique « Si les homme résistent, c'est donc bien qu'ils ont des privilèges à défendre, et ces privilèges ne sont pas que de nature symbolique : ils sont bien matériels ». Il s'appuie, et cela est suffisamment rare pour être souligné sur les travaux de Léo Thiers-Vidal : de « L'Ennemi principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination (Editions L'Harmattan, Paris 2010) et je partage sa conclusion sur les conditions de l'avènement d'une société non-sexiste et sa stricte dépendance au « rapport de force que les féministes sont parvenues et parviendront à instaurer » ; ce qui ne saurait exonérer les hommes, et en particulier ceux qui se réclament du féminisme, à avoir conscience d'être malgré tout bénéficiaire de l'oppression exercée sur les femmes et à renoncer à la totalité de ces bénéfices. Comme je l'indiquais dans la note de lecture citée « Chaque homme se raconte des histoires pour faire ou ne pas faire, mais ces auto-justifications communes font système, font partie intégrante de l'asymétrie et de l'oppression ».

En guise de conclusion Delphine Gardey dans « Définir les vies possibles, penser le monde commun » restreint les horizons des compréhensions et des actions, en s'appuyant trop sur Michel Foucault et son invitation à penser depuis les marges.

Un livre qui interroge et offre des pistes pour aborder de manière critique les apports du/des féminismes.
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"Oui" répondent unanimement les auteurs. Mais pas de manière aussi "définitive" que les mouvements féministes l'ont souhaité.
Par définitive j'entends : sans que d'autres mécanismes de domination masculine ou patriarcale ne prennent à nouveau le dessus sur les avancées obtenues. Les gouvernements n'ont pas fait autant pour l'égalité que ce qu'ils pourraient ou devraient. Voire que ce qu'ils avaient promis.
Les frontières de la domination se sont déplacées, passant de toute la gente féminine aux plus pauvres, aux immigrées, révélant par là même que la décolonisation des esprits n'est pas achevée. Et qu'elle n'a pas été intégrée aux revendications féministes, celles-ci se basant majoritairement sur la vie des femmes blanches des classes moyennes, oubliant que la majorité des femmes de la planète vivent avec d'autres problématiques à résoudre.
Le féminisme oppose aussi les femmes des différentes classes sociales d'un même pays. Mais aussi les hommes de classes sociales différentes. Les apports du féminisme ont été plus ou moins intégrés par chacun, mais selon son niveau d'éducation, son environnement social. Certaines prises de position reproduisent les oppositions de classe : l'image de la femme au foyer rebute des femmes des classes supérieures qui ne se rendent pas compte qu'elles stigmatisent les femmes des classes populaires qui n'ont pas eu le choix.
Le féminisme est toujours d'actualité. Il doit se recomposer pour épouser les nouvelles problématiques, en prendre d'autres en compte. Mais pour cela, pour plus d'efficacité, il faut également que les pouvoirs publics acceptent de se pencher sur ces questions.
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critiques presse (3)
LaViedesIdees
18 décembre 2012
L’ouvrage démontre […] de manière convaincante que les féminismes sont des mouvements sociaux, des théories politiques et des cadres d’analyse scientifiques qui ont profondément affecté tant les pratiques sociales que les modalités de compréhension de notre monde social.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
NonFiction
02 avril 2012
Une série d'articles passe le féminisme au prisme de son histoire.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LeMonde
03 octobre 2011
Le féminisme change-t-il nos vies ? Telle est la question essentielle que pose l'ouvrage collectif, dirigé et publié par Delphine Gardey. La réponse apportée par les divers articles est claire : c'est oui. Oui, le féminisme a changé nos vies, mais on ne le dit pas assez, et on l'enseigne encore moins.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La délimitation de ce que l’on considère aujourd’hui comme du travail émerge au XIXe siècle, avec l’introduction du mode de production industriel et l’essor du capitalisme qui imposent une nouvelle définition du travail. Le travail non rémunéré, inséparable de l’organisation actuelle du travail, se caractérise par le fait qu’il n’est pas considéré comme du travail ni comptabilisé comme ‘activité économique’, ainsi que par sa valorisation sociale mineure et sa réalisation de manière gratuite et invisible au sein de la sphère privée, majoritairement par des femmes
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L’ancrage de ce régime de relation entre les sexes dans l’ensemble des structures sociales contribue à nier son caractère historique et social, le processus de sa construction et de son imposition. Le caractère systémique des inégalités leur conférant une certaine ‘naturalité’, les discriminations envers le travail des femmes tendent à passer pour naturelles et universelles et ne sont pas considérées comme illégitimes
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l'analyse féministe s'évertue plutôt à comprendre comment les choses fonctionnent, qui participe à l'action, quelles possibilités leur sont offertes et par quel moyens les acteurs de ce monde pourraient devenir responsables les uns envers les autres. Donna Haraway
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En redonnant sa place au féminisme en tant que mouvement social, il s’agit de rendre compte de son efficace et de sa force. L’enjeu est aussi de dire ce que le/les féminismes ont apporté de singulier et de spécifique, ce qu’ils ont déplacé et contribué à déplacer dans les multiples sphères de la vie sociale et politique, d’indiquer en quoi nos vies ont été changées par le féminisme, le sont, et le seront encore. Il s’agit d’articuler des espaces de pensée et des espaces de savoir, d’articuler science et politique.
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Remettre en question l’accord social sur l’exclusion du travail domestique de l’activité, le faire advenir comme véritable objet de recherches et de politiques ainsi que comme coût social et producteur de valeur permettrait d’engager de multiples transformations sociales
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Interview de Delphine Gardey.
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