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sur 12380 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"La vie, c'est pas fait pour tout le monde"
Une parmi d'autres des conclusions de Momo, enfant ou ado, il ne sait pas; fils d'une pute, ça il sait. Dans son clandé de Belleville, au sixième sans ascenseur, c'est Madame Rosa qui fait la loi. Madame Rosa, qui a été belle un jour, qui est revenue d'Auschwitz pour se défendre avec son cul dans Paname et qui aujourd'hui s'occupe de gosses comme lui. Les amis de Momo, ceux sur qui il peut compter en cas de coup dur, ils sont "proxynètes", aveugles ou "travestites"; ils sont juifs, arabes ou noirs; souvent, ils sont vieux mais ils ont l'avantage d'être là. Momo, du haut de ses 10-14 ans, il va prendre les choses en mains pour pas que Madame Rosa finisse comme un légume à l'hôpital; parce que c'est comme cela qu'on finit puisqu'on peut pas avorter les vieux !

Quel bouquin ! Une leçon d'humanité, une claque à la bien-pensance, un uppercut au racisme ordinaire ! Un roman qu'on dévore un sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. On voudrait le prendre dans ses bras ce Momo qui raconte sans filtre, avec sa compréhension du monde qui sonne tellement juste.
Quelle prouesse pour l'auteur que d'être parvenu à se mettre dans la peau de Momo et à nous livrer une histoire si tragique dans la bonne humeur. Les sujets sont délicats et le lecteur rentre dedans de plein fouet.

Et le tout est encore si moderne, alors que le roman a été écrit il y a presque 50 ans. Un vrai bijou, que j'avais lu ado sans en prendre la mesure et que je reçois 30 ans plus tard comme un cadeau que je viens de déballer pour la première fois.
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Momo, un garçonnet de dix ans veille de plus en plus sur Madame Rosa, comme elle s'est jadis occupée de lui et de tant d'autres.

Elle est aujourd'hui affaiblie par les épreuves et la maladie mais ces enfants, nés au mauvais moment et au mauvais endroit ont toujours pu compter sur sa grandeur d'âme. Elle acceptait, en effet, ce que les parents lui payaient, et même, quand ils ne donnaient rien.
Momo justement est dans ce cas. Il deviendra son préféré et l'aidera à s'occuper des autres.

Mais le temps passe et "les vieux coulent". Madame Rosa, âgée, coule. Lui n'est pas vieux et a la vie devant lui.
Le portrait croisé d'un garçon qui s'éveille face à sa bienfaitrice qui décline. Les deux, cernés par des personnages hauts en couleur, pour qui chaque épreuve est une invitation à la vie.
Rythme enlevé et propos brillant.
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C'est un roman magnifique et inoubliable. Pour une fois, le jury Goncourt a couronné en 1975 une oeuvre qui fait vraiment partie du patrimoine littéraire francophone. Et cette récompense est la seconde obtenue par R. Gary, par l'utilisation habile d'un pseudonyme, E. Ajar

Mais, bien évidemment, là n'est pas l'essentiel. Tout a été déjà dit sur ce roman et je ne peux qu'apporter tardivement ma contribution à la critique laudative de ce roman. L'histoire racontée, les deux personnages principaux (Momo et Madame Rosa), leurs relations, leur rapport au monde extérieur... tout est empreint à la fois de réalisme, de poésie, d'une authenticité profonde, d'une humanité bouleversante. L'incroyable fin du roman, crépusculaire, est le couronnement d'une oeuvre que je considère comme exceptionnelle.
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Momo, Mohamed, a 10 ans ; Il est un « fils de pute » abandonné et élevé clandestinement par une ancienne prostituée juive, madame Rosa.
Une relation simple, faite d'amour unie ces deux là.
Mais l'état de santé de madame Rosa se dégrade très rapidement plongeant les deux êtres dans un désarroi terrible. L'amour transpire mais ne s'exprime que difficilement

Les effets de fraîcheur liés au langage enfantin et primaire des personnages peuvent paraître un peu lassants mais ils révèlent tellement de nobles vérités que l'on excusera la répétition d'autan qu'ils sont la véritable assise de ce roman, prix Goncourt 1975. Les inventions langagières sont croustillantes.

Tout comme nous disons que la vérité sort de la bouche des enfants, elle sort aussi de la bouches des gens simples ayant le coeur sur la main ; aussi ce court roman nous place quelques belles et nobles idées bien senties, si simples et pourtant si vraies qu'elles ne peuvent s'exprimer qu'à travers la bouche d'un enfant afin de ne pas trop nous ébranler. Et pourtant, à travers des propos enfantins se développe un véritable plaidoyer pour l'euthanasie, pour l'amour, pour le respect.
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Du haut de ses 10 ans, enfin il pense qu'il a 10 ans, mais en réalité il en a peut-être plus, Momo nous raconte sa vie.
Et que dire de sa vie ?
Elle tourne autour de celle qui l'élève, Madame Rosa une ancienne prostituée d'origine polonaise qui a connu les camps de concentration après avoir été arrêtée lors de la rafle du Vel d'hiv.
Et même si Madame Rosa est revenue vivante d'Auschwitz, elle en a gardé bien des traumatismes et se réveille souvent en panique pour aller se réfugier dans la cave de l'immeuble.
Immeuble dont les escaliers qui mènent au sixième étage dans lequel elle vit deviennent de plus en plus problématiques pour cette vieille femme maintenant obèse et bien souffrante.
Oui mais voilà, celle qui a élevé tant d'enfants de prostituées et qui se meurt, ne veut pas, surtout pas aller à l'hôpital.
Et Momo quant à lui sait bien que si Madame Rosa n'est plus là, lui ce qui l'attend c'est l'Assistance Publique, d'autant que Momo ne sait rien de lui, ni sa date de naissance ni son vrai prénom qui semble être Mohammed, a priori il est arabe et musulman, mais surtout Madame Rosa lui a fait faire de faux papiers, alors si il est contrôlé, qu'adviendra-t-il de lui ?
Momo du haut de ses 10 ans va tout faire pour maintenir Madame Rosa chez elle en appelant à la rescousse tous leurs voisins dont la situation ne semble pas beaucoup plus légale que la sienne.
Joli livre raconté par Momo avec son regard d'enfant évoluant dans un milieu qui ne devrait pas être celui d'un enfant, et qui nous raconte avec ses mots à lui et parfois des mots d'adultes employés à la place d'autres par cet enfant débrouillard avec qui on ne peut que rire, pleurer, espérer et croire que la vie qu'on a devant soi sera belle.
Un livre qu'on referme avec une petite larme au coin de l'oeil.
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Merveilleux roman.

Un des plus beaux livres qu'il m'ait été donné de lire sur la vieillesse. Non pas qu'il la dépeigne comme un âge doré ou même enviable, mais parce qu'il en parle avec une humanité, une empathie, un amour rarement rencontrés, et pas qu'en littérature.

Il m'aura pourtant fallu du temps pour rentrer dedans. Il parle un fameux baragouin, le Momo. Quand j'étais petite, ma maman tenait un recueil de ce qu'elle appelait nos "bons mots", ces mots, expressions ou réflexions erronés, naïfs et drôles que sortent les enfants. Avec Momo, elle aurait eu de quoi écrire... Ben, tout un livre.
Mais on s'habitue, après quelques efforts au début comme quand on lit une langue étrangère qu'on comprend mais qu'on est encore peu habitué à lire, on finit par rentrer dans la musique, et la magie opère. Ce livre, on voudrait en noter toutes les phrases en citations. On sourit si souvent, on s'arrête pour laisser certains passages résonner en soi, et on suit la montée en intensité émotionnelle vertigineuse jusqu'à la fin... Bouleversante.

Un très, très beau moment de lecture, de ceux qui me resteront en mémoire pour longtemps.
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Gary raconte une histoire d'amour formidable entre un adolescent et une vielle femme. Ce couple improbable survit dans un immeuble de Belleville, dans les années 70. L'un apporte jeunesse et vigueur, l'autre amour et sécurité. Leurs vies se complètent. Dans leur entourage évoluent un travesti sénégalais, un cracheur de feux/éboueur et son équipe, un vieux médecin attentif, un vendeur de tapis persan perdu dans ses pensées, un parapluie fétiche et le portrait d'Hitler.
La magie de ce roman réside pour beaucoup dans la narration inventive, drôle, émouvante de cet enfant presque jeune homme. Il comprend ce qu'il peut de sa vie et de celle de Madame Rosa, sa presque mère. Il sait surtout qu'il ne peut vivre sans amour.
Brillant.
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Je commence toujours avec un peu d'appréhension un livre remportant tous les suffrages...Alors ce livre est-il aussi bien qu'on le dit? Et bien OUI. Un livre sur la différence, drôle et touchant à la fois avec un momo qui mélange tout, l'histoire, les mots, les religions...et qui se sent bien avec les personnes comme lui qui ne sont pas sur les rails de la normalité. J'ai vraiment ri à la deuxième partie du roman avec sa fin tragi-comique virant au burlesque. Bravo à Romain Gary pour le tour de force de se mettre aussi bien dans la peau d'un enfant et de nous retranscrire sa (belle) vision de la vie.
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C'est un roman d'amour porté par des mots d'enfant. C'est un roman d'humour qui colporte une histoire triste. C'est Splendide.
La supercherie du pseudonyme a valu à Romain Gary un second prix Goncourt, ce que le règlement de la prestigieuse récompense n'autorise pas. Fallait-il qu'il se sache convaincu de la prouesse littéraire pour oser un tel pied de nez à la profession. Ô combien a-t-il eu raison !
Sans cet artifice, il aurait alors fallu inventer un autre prix. Un super prix, comme on dit de nos jours quand on est parvenu aux confins des possibilités de son pauvre vocabulaire. Un super oscar, pour ne pas laisser pareil ouvrage s'enfouir dans le grand fourre-tout des oeuvres non primées.
C'est une performance que celle de tenir des propos d'enfant, de traduire une conception mentale naissante, l'ouverture au monde des adultes, sans trahir sa maturité, sa propre expérience de la vie.
La première moitié de cet ouvrage est un peu longue. La seconde nous la fait percevoir comme une nécessité pour bien amener et transmettre la teneur philosophique de cette oeuvre. le bonheur, la religion, les différences, la vie et sa fin inéluctable, la quête de ses racines. Autant de thèmes qui se télescopent dans l'esprit de Momo. Fils de pute (sic), de père inconnu, il se raccroche à sa bouée, Madame Rosa. Il s'interroge sur la vie. Pourquoi ci ? Pourquoi ça ? Et déjà des certitudes sur la cruauté de l'existence.
Les différences. Des inventions d'adultes qui ont conduit madame Rosa dans les camps de déportation et qui font que Momo se refuse à sa condition d'enfant abandonné, de confession musulmane. Il a pourtant remarqué que quelques preuves d'amour, de la part de qui on ne les attendait pas, peuvent gommer beaucoup de différences justement. Mais voilà Madame Rosa ne va pas bien. Momo a bien perçu que son avenir affectif en dépend. Il sent bien que cet esquif qui le maintient à flot est en train de prendre l'eau.
Les confidences de Momo abordent des sujets graves avec une légèreté qui ne nuit pas au message, bien au contraire. L'humour naïf est le plus beau vecteur de vérité pour qui sait l'engendrer. Romain Gary nous en fait une démonstration éclatante dans cet ouvrage. Car l'humour est bien le ton général d'un bout à l'autre de ce récit. L'échange entre madame Rosa et Kadir Youssef venu récupérer son fils est une des plus belles pépites de cet exercice ô combien périlleux. Un chef d'oeuvre du genre.
C'est un livre que j'ai avalé dans un TGV qui avalait quant à lui les kilomètres vers Paris. Mes voisins de voiture ont vite compris que peine perdue était de me faire partager leur conversation. Cette merveille m'a souvent imprimé un sourire sur les lèvres et toujours inspiré de vraies émotions. J'espère trouver encore beaucoup de livres comme celui-là pour me voler le paysage vers …
Peu importe d'ailleurs.
Ce sera vers de belles lectures.
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Pour des raisons totalement obscures, je m'imaginais Romain Gary écrivant à la manière de Proust. Je le voyais comme un grand auteur classique au style bien tordu et aux idées nébuleuses. Pas très engageant donc. le fait d'en avoir entendu parler encore et encore en cours, le fait de le voir partout en librairie pour la commémoration du centenaire de sa naissance ont eu raison de moi. J'ai fait fi de mes préjugés pendant quelques secondes au détour d'un rayon de librairie et j'ai commencé à parcourir les premières pages de la vie devant soi. Encore une fois, j'avais des a priori sortis d'on ne sait où concernant ce roman. Je pensais qu'il s'agissait d'une autobiographie à la 3ème personne à la manière d'A la recherche du temps perdu. En gros, j'avais tout faux. En gros, j'ai failli passer à côté d'un des meilleurs auteurs qu'il m'ait jamais été donné de lire!

Il n'a pas fallu plus du premier paragraphe de la vie devant soi pour me convaincre d'aller plus loin. Momo (Mohammed, c'est trop long) est un petit garçon de 10 ans vivant dans un quartier misérable de Paris, élevé par la vieille madame Rosa en mauvaise santé qui récupère les enfants de putes en attendant qu'elles puissent trouver une autre solution. Mais contrairement à ses petits camarades, Momo n'a pas de mère qui va revenir le chercher. Tout simplement parce qu'il n'a pas de parents du tout. Il se fait donc "adopter" par Madame Rosa, une juive avec de vrais faux papiers. Pendant 273 pages, il nous raconte son enfance: ses bêtises et sa relation avec la vieille dame.

Ce roman aborde en profondeur à travers les yeux d'un enfant non éduqué par les règles édictées par le gouvernement des thèmes aussi variés que la religion, les sans-papiers, la quête d'identité, la maternité, la prostitution, la misère, l'amitié, la vieillesse, le sens de la vie, l'abandon, etc. C'est à la fois une plongée romanesque dans une autre catégorie sociale un autre monde et une mine inépuisable d'informations sur ce milieu. Beaucoup de lecteurs ont qualifié l'intrigue de "basique", je ne suis pas d'accord. Je situerais ce roman entre le roman d'apprentissage et l'essai, mélange quand même pas facile à obtenir surtout pour un résultat de cette qualité.

D'autant plus que l'histoire nous est racontée par la bouche de Momo. le style très oral n'a pas dû être une mince affaire à travailler. Il est parfois difficile de le suivre étant donné que le petit gars utilise des expressions bien à lui, qu'il a entendu dans la bouche d'adultes et qu'il répète avec un sens différent (mention spéciale aux putes qui "se défendent"). Cette façon très particulière de raconter donne toute sa force au roman. Elle lui fait raconter une histoire qui passe pour vraie, authentique au point d'en en oublier son caractère fictionnel. Sans les expressions de Momo, La vie devant soi n'aurait rien été d'autre qu'une énième histoire de misère humaine. Ici, c'est la vision naïve mais pas pour autant innocent qui s'exprime. C'est impressionnant!

Ce roman est plein d'anecdotes autour de sa publication:

>Romain Gary a publié ce roman sous le pseudonyme d'Emile Ajar. Il ne dévoila sa véritable identité qu'à sa mort. A cette période de sa vie, il était un auteur assez controversé dans la presse. Il aspirait ainsi à retrouver une certaine liberté d'écriture. Un critique du magazine Lire n'hésita pas dans un article à vilipender l'oeuvre de Gary, avant de conclure « Ajar, c'est quand même un autre talent. » Comme on dit maintenant : MDR !

> Ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Ce prix ne peut normalement être décerné qu'une unique fois par auteur. Or Gary l'avait déjà reçu en 1956 pour Les racines du ciel. S'il voulut dans un premier temps le refuser, il lui fut tout de même remis puisque le prix récompense davantage l'oeuvre que son auteur. Et c'était tellement mérité !

En conclusion, j'ajoute Romain Gary à ma liste d'auteurs dont je veux lire toute la bibliographie (même si c'est impossible vu le nombre de livres qu'il a écrit tous pseudos confondus). J'ai adoré, cette lecture a été la plus belle découverte de cette année !
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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