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sur 12373 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Né le 8 mai 1914 à Vilnius (Lituanie), Romain Gary (de son vrai nom Roman Kacew) est un aviateur, diplomate et romancier français. Il est décédé le 2 décembre 1980 à Paris.
Il signe La vie devant soi sous le pseudonyme d'Emile Ajar.
La vie devant soi relate l'histoire d'un amour filial totalement improbable entre deux êtres que tout semble pourtant opposer. le narrateur, Momo, nous raconte dans un langage enfantin et oralisé sa vie de misère en nous faisant partager ses pensées, ses doutes, et ce qu'il croit comprendre du monde qui l'entoure, avec ses mots, dont certains, récurrents qu'il écorche, comme « proxynète » ou « travestite ». L'utilisation de ce langage d'enfant peut à la fois prêter à sourire et à s'apitoyer sur le sort du pauvre petit Momo. Il raconte le pire avec une innocence et un naturel déconcertants. du haut de ses dix ans (ou peut-être quatre ans de plus), on ne peut que constater une maturité qui ne peut que s'acquérir dans les épreuves d'un mauvais départ. Ce personnage est un petit garçon attachant, sans doute algérien, en tout cas arabe, alors que Madame Rosa est une vieille juive, grosse et laide, rescapée de la Shoah et gardienne « d'enfants de putes ». Un lien indéfectible les unit pourtant, favorisé par leur misère et leur solitude réciproque. Il aurait pu être un pensionnaire parmi les autres mais il est différent.
La grande interrogation de Momo est de savoir si on peut vivre sans amour. Lui, Momo, un enfant de « pute » et peut-être même de « psychiatrique » est un être sensible, peut-être un peu trop, mais bel et bien un être doué d'aimer et d'être aimé.
Mais cette belle histoire d'amour est aussi un plaidoyer sur la tolérance, ridiculisant les idées reçues véhiculées sur les juifs, les arabes ou les noirs. Madame Rosa tient à ce que Momo reçoive une éducation musulmane et le confie aux bons soins de Monsieur Hamil. de son côté, le petit garçon apprend à parler le yiddish et va même jusqu'à apprendre des prières juives.
Pour Madame Rosa, il ira jusqu'au bout, il refusera de l'abandonner à son sort. Il n'a qu'elle et elle n'a que lui, ils ne peuvent aller l'un sans l'autre.
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Le Belleville chamarré des années 70, le Belleville de la prostitution, le Belleville de la diversité, le Belleville de la misère sociale mais de la richesse culturelle et de la solidarité. C'est ce Belleville que Momo nous raconte du haut de ses 10 ans.

Momo est fils de pute, au sens propre. Il a été recueilli par Madame Rosa, une femme juive, ancienne prostituée elle-même, qui garde les enfants de ces femmes pour leur éviter l'Assistance. Madame Rosa vit au 6ème étage, un drame pour elle au regard de son surpoids...

Momo nous raconte sa vie auprès de Madame Rosa et dans ce Belleville, dans une langue qui lui est propre, à la syntaxe un peu boiteuse, au vocabulaire un brin amoché. le langage d'un garçon malin et intelligent mais peu éduqué. le langage d'un enfant qui évoque des difficultés d'adulte au travers du prisme de l'innocence. le langage d'un enfant qui comprend trop tôt ce qui devrait rester des choses d'adultes. le langage de la bienveillance et de l'absence de jugement.

Mais surtout, le langage de Momo, c'est le langage de l'amour. Car il l'aime, sa Madame Rosa. Il l'aime même si elle est moche et qu'il est possible de compter les cheveux qu'il lui reste. Il l'aime même si elle manque d'argent. Il l'aime avec ses peurs de vieille juive ayant vécu l'horreur de la déportation. Il l'aime même si elle ne peut plus descendre de son appartement. Il l'aime, même si elle commence à perdre la tête et même si elle va mourir. Il l'aime au point de lui souhaiter une mort digne. Quite à rester seul.

Gary est époustouflant de justesse dans sa manière de nous décrire cette vie singulière, à hauteur d'enfant. C'est plein d'innocence, de bienveillance, de tolérance, de bon sens. C'est immensément triste mais c'est d'une grande tendresse. Et comme c'est rempli d'amour, ça fait moins mal et c'est encore plus beau.
Un roman prodigieux, à lire et relire.
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Dans la vie devant soi, Mohamed dit Momo nous fait partager son quotidien avec des mots qui lui sont propres. Ce jeune garçon nous fait découvrir des personnages hauts en couleur, tels que Madame Rosa une ancienne prostituée, reconvertie en gardienne d'enfants de putes dont Banania et Moïse. Madame Lola, une "travestite," ex champion de boxe au Sénégal, n'hésite pas à quitter le bois de Boulogne pour venir en aide à Madame Rosa. Tout ce flamboyant bouquet d'hommes, de femmes et d'enfants vivant dans le même immeuble partage leur infortune en veillant sur le sort de chacun.
Jusqu'au jour où Madame Rosa, qui fut autrefois la plus belle fleur du macadam, dont la hantise de finir ses jours dans un hôpital comme un légume, rend doublement malade.

Quel roman, mais quel roman ! Momo, le narrateur nous embarque dans les folles aventures d'un jeune arabe d'une dizaine d'années. Ce petit bout d'homme né "un peu de travers " comme il l'a souvent entendu, à la fois tendre et tourmenté, surprend le lecteur, en abordant avec une certaine maturité des faits réels, tels que la déportation, la rafle du Vel d'Hiv, la prostitution, l'avortement, les droits de la femme, le proxynet comme le dit notre petit Momo.

Ce magnifique roman de Romain Gary qui se veut à la fois, naïf et drôle, suinte la tendresse et l'humilité grâce à la charité des protagonistes vivant dans un monde revêche où l'amour, une fois de plus, se love au coeur de la misère, où il fait bon savoir qu'il existe des pesonnes prêtes à vous tendre la main, comme le font certaines prostituées.
A lire sans restriction...!
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Beaucoup de critiques de ce chef-d'oeuvre déjà publiées dans Babelio. Que dire de plus ? ... Allez, faire court :
Ce qui m'a le plus impressionné c'est la maitrise de bout en bout de cette langue foutraque ; Celle de Momo (sublime narrateur), enfant déscolarisé de quatorze ans qui croit en avoir dix, élevé par Mme Rosa, une vieille prostituée juive, qui va mourir. Une langue parlée, faite d'expressions populaires détournées sans le savoir, d'un argot poétique ; une sorte de mélange entre le Bardamu du Voyage et Jamel Debbouze (qui, je pense, a bien pompé dans ce roman pour certains de ses sketchs). du coup malgré le sordide de l'histoire, il émerge une drôlerie, c'est drôle et sombre, drôle et amer, drôle et désespéré ...
C'est aussi un texte qui suinte l'humanité dans ce qu'elle a de plus ignoble et, à la fois, de plus sublime ; les trois derniers mots du roman sont : Il faut aimer ; que dire de plus ?
Allez, salut.
P.S. : Juste une petite citation, p.82 : « Moi ce qui m'a toujours paru bizarre, c'est que les larmes ont été prévues au programme. Ça veut dire qu'on a été prévu pour pleurer. Il fallait y penser ».
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Oui, c'est un beau livre, aussi un bon livre plein d'humanité, cependant j'ai eu un peu de mal à entrer dedans mais c'est bien là son seul point faible. Ca ne m'a pas gâché ma lecture, c'est déjà un point positif, en fait j'ai eu du mal car je ne me suis par reconnu dans les personnages, un peu plus dans l'histoire tout en gardant un certain détachement.
Le récit est beau et triste à la fois, l'histoire entre le jeune Momo et la vieille madame Rosa et unique, c'est une amitié forte qui relie nos deux protagonistes et ce lien fort est décrit avec humilité par l'auteur. Une histoire de vie et de mort mais plus de vie quand même, avec son humour, son ironie aussi, ses drames, c'est beau à lire et encore plus à vivre. Beaucoup d'émotions passent avec les mots simples de Romain Gary, ce qui lui confère aussi une universalité et le rend accessible à tous.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une lecture en demi-teinte car je l'ai apprécié cependant le fait de ne pas avoir été pris à cent pourcents dans le récit m'a empêché d'avoir été autant conquis que les autres lecteurs.
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C'est délicieusement humoristique, tout à la fois, poignant, dérangeant, délicatement bouleversant
De beaux et bons moments de lecture.
Amusant aussi de détecter tous les indices, toutes les traces permettant de percer Romain Gary sous le pseudo d'Emile Ajar.
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La vie devant soi est un roman souvent étudié à l'adolescence et qui, généralement, ne s'oublie pas, on en garde toujours un souvenir ému de lecture, une écriture douce et accessible, de l'humour et de l'amour. Pourtant il faudrait imprimer en page de garde « à relire adulte » car toute sa dimension et son épaisseur ont besoin d'un peu plus de maturité et d'expérience pour s'épanouir pleinement.
Un roman à faire lire aux jeunes autour de soi et en profiter pour le relire.
J'ai vraiment une tendresse particulière pour Romain Gary et cette relecture m'emplit de bonheur, et une fois de plus m'aura tiré quelques larmes.
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J'ai été subjuguée par ce roman. L'écriture est fine, relevée. le ton est tour à tour drôle, nostalgique, tragique. J' ai été captivée par l'histoire de Momo et de Madame Rosa, deux rescapés de la vie. J'ai trouvé ce roman très complet, comprenant humour, tendresse, sur fond social parisien, dans les quartiers de Belleville ou se retrouvent les prostituées parisiennes. J'ai beaucoup ri. J'ai été très touchée aussi, par ce livre remarquable.
C'est le premier roman de Roman Gary que je lis, certainement pas le dernier.
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Ce livre, qui m'a été chaudement recommandé lors d'une dédicace par Henri Loevenbruck lui-même (excusez du peu... ^^) , est effectivement un PUR CHEF D'OEUVRE !!! Un condensé d'humanisme, un concentré d'humanité, de sensibilité, d'humour, de gouaille, d'amour, d'optimisme, de philanthropie... Il a fortement remué mon côté misanthrope bien ancré au fond à gauche... Un livre qui DOIT être lu, un point c'est tout !
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Je me convaincs qu'un chef-d'oeuvre invente toujours un langage original et adapté. Ainsi est le langage de Momo, qui n'est pas seulement un langage d'enfant, mais aussi celui d'un "créolisé" dans le quartier multiculturel de Belleville - et ce fut véritablement une intuition géniale d'en souligner la valeur fondatrice de littérature ("littérature migrante" et non "littérature de la migration") déjà en 1975 alors que Ben Jelloun était encore à ses balbutiements... C'est aussi un langage d'orphelin, de "fils de pute", de marginal pour qui le "bonheur" serait une "piquouze" dont on ne veut pas, d'enfant sans âge (aux deux sens littéral et métaphorique) qui rêve de clowns bleus et jaunes et dont un fidèle compagnon est le parapluie Arthur...
L'histoire d'amour entre l'enfant arabe et la vieille Juive, touchante à l'extrême, m'a fait songer à Kim de Kipling, autre roman de prédilection pour moi. Mais là s'arrête l'analogie, car Momo est profondément affligé, peut-être même désespéré (ne fût-ce pour la touche d'espoir de son dernier interlocuteur, Nadine, mais était-il vraiment nécessaire?): l'angoisse de la vieillesse de l'auteur semble se trouver davantage chez lui que chez la vieille Madame Rosa: là encore l'enfant n'a pas d'âge...
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