Avant toute chose, il faut que je vous confesse l'erreur initiale qui fut la mienne : le titre «
Chroniques de la foi et du doute – Une introduction à l'autobiographie religieuse » m'a fait croire qu'il s'agissait d'un livre parlant de la foi ... et du doute.
Or, pas du tout ! Si
Philippe Gasparini est la référence en matière d'écriture du « je » comme on dit maintenant, c'est-à-dire tout ce qui gravite autour de l'autobiographie : roman autobiographique, autofiction, etc... En revanche, en matière de foi, il se déclare lui-même « agnostique » (= Qui se déclare incompétent en matière de trancher si Dieu existe ou non). Mais, je pense qu'il y a une erreur d'auto-appréciation. A son style sournoisement sarcastique lorsqu'il parle des croyants, il serait plutôt athée (= Qui nie l'existence de Dieu). Il a beau dire que c'est la meilleure position pour parler en toute neutralité de religion, son ton de dénigrement est irritant, voire à force, franchement insultant.
En effet, pour lui, tous les auteurs dont il parle – et il en fait un catalogue interminable - ce que l'éditeur appelle plaisamment « une démarche résolument originale » - bref, tous ces gens sont des malades mentaux : au mieux dépressifs, au pire « border line » en passant par la classique bonne soeur hystérique.
Le livre se présente donc comme un passage en revue rapide d'au moins une centaine de vies, critiquées succinctement. Cela donne l'impression de se voir présenter une multitude de plats plus appétissants les uns que les autres et de se les voir ôtés de dessous le nez en ayant à peine eu le temps d'y goûter.
Arrivée à marche forcée à la page 169, je n'ai pas toujours compris quel était le but du livre. . Il m'a semblé – mais je peux me tromper – que
Philippe Gasparini a voulu faire un tableau pointilliste de l'autobiographie religieuse (ou plutôt comme il dit « la description chronologique des rapports qu'a une personne du fait religieux »), chaque autobiographie étant un point. Mais mélanger les quakers avec les moines bouddhistes, les chrétiens et les soufistes, était-il vraiment une bonne stratégie ?
Si dès le début ce livre fut un vrai pensum, il devint au fur et à mesure de la lecture (je me suis forcée à le finir par honnêteté intellectuelle) malsain. Mais je bus la coupe jusqu'à la lie.
Quand on arrive à la fin du livre (357 pages) on réalise enfin clairement que le but de l'auteur est de salir ce en quoi les chrétiens croient.
Par exemple, si en Inde l'autobiographie est forcément une oeuvre de prédiction et de propagande, pour le reste du monde, il parle carrément d'autohagiographies pour bien montrer que pour lui, toutes ces histoires ne sont que des mensonges. Ce sont des textes militants pour assurer l'emprise des églises sur les croyants. L'auteur simulerait une émotion qui lui permettrait de gagner la sympathie du lecteur pour le gagner à ses thèses (sachant que la majeure partie des autobiographies n'étaient pas destinées à être publiées ou l'ont été longtemps après la mort de leurs auteurs !)
Je comprends bien que pour un athée du XIXème siècle, ces autobiographies soient déroutantes à une époque où tout à chacun écrit des livres sur la recherche du bonheur hédoniste et individuel. Cependant, ce n'est pas une raison pour penser que les vies de ces auteurs passés ne sont qu'un ramassis de mauvaise foi.
La dernière partie du livre (« Rhétorique du salut ») livre enfin la clé de l'ouvrage. On comprend alors que son vrai but était en fait de montrer que tout est mauvais dans la religion chrétienne et tous les autobiographes sont des menteurs.
Vous pensez bien qu'à la fin de ma lecture, j'étais dépitée de m'être laissé embarquer dans ce livre par une quatrième de couverture trompeuse et en colère aussi face à ce parti-pris négatif dissimulé sous un titre fallacieux.
Des points positifs ?
•
Philippe Gasparini m'a fait découvrir quelques personnages dont j'ai envie de lire la biographie !
• Et jamais plus je n'achèterai un livre sans l'avoir feuilleter!