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3.12/5   4 notes
Résumé :
Extrait de la préface de l'édition Lemerre, 1897

Assurément bien des esprits chagrins, embusqués au tournant de quelque feuilleton, demanderont quel est le sens et le but de ce livre. — Il ne manque pas, en ce siècle de chiffres, de mathématiciens qui diraient, après avoir entendu Athalie : « Qu’est-ce que cela prouve ? » — Question beaucoup plus légitime après la lecture de Fortunio.
Hélas ! Fortunio ne prouve rien, — si ce n’est qu’il vaut mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fortunio / Théophile Gautier (1811-1872)
Grand poète du siècle, Gautier fut l'ami de Gérard de Nerval. Faisant partie d'un petit cénacle d'artistes, ils se voulaient tout deux romantiques et byroniens. Poète mais aussi romancier, Gautier fut un fervent de la plastique gréco-romaine et de la beauté dans l'art. Pour lui l'art doit être cultivé pour lui-même et cela transparaît dans ce roman. Fortunio effectivement est une oeuvre qui exalte le sens des formes et des couleurs ainsi que le culte de la beauté, et en particulier ici celle des femmes.
L'histoire commence chez George dont les soupers lui ont apporté une réputation certaine :
« Les soupers de George avaient une célébrité d'élégance joyeuse et de sensualité délicate qui faisait regarder comme une bonne fortune d'y être invité. »
Les femmes acceptées devaient répondre à certains critères et offrir non seulement la beauté la plus parfaite mais aussi la corruption la plus exquise et vingt ans tout au plus, la seconde des conditions semblant d'ailleurs assez facile à remplir ! le comte George voulait des anges doublés de démons !
le dernier invité, Fortunio un jeune marquis français élevé en Inde par son oncle et héritier d'une belle fortune, se faisant attendre, un crêpe de grise langueur s'étend peu à peu sur tous les fronts. le siège vide de Fortunio à la réputation de séducteur ne laisse de décevoir les jeunes femmes.
« Placés autour de cette table, quatre anges damnés, Musidora, Arabelle, Phébé et Cinthie, délicieuses filles paternellement dressées par le grand George lui-même. »
Les courtisanes connaissent mieux un homme en une nuit qu'une honnête femme ne le connaît en dix ans.
Six jeunes gens complètent la tablée. Musidora a dix huit ans. Belle aux yeux vert de mer, limpide et diaphane, elle appartient au plus haut rang de l'aristocratie de beauté :
« Au milieu de sa prostitution, elle avait tout le piquant d'une jeune fille sévèrement gardée. » Elle s'est jurée de faire succomber le beau marquis à son charme ravageur.
En attendant, les petits nègres de service, emplissent les hanaps du meilleur des piots. Et Fortunio, le beau et riche, est arrivé :
« Musidora la belle romaine se leva, défit gravement l'agrafe de sa robe, qui glissa jusque sur sa taille cambrée, et laissa voir un sein d'une pureté de contour admirable, des épaules et des bras à faire descendre un dieu du ciel pour les baiser. »
« On peut alléguer pour excuse que la profession de Musidora n'est pas d'être vertueuse. » Ce qui n'impressionne pas outre mesure George qui répète toujours : « J'aime mieux mes Titiens. »
Admirons le style de Gautier quand il décrit Musidora au sortir du bain :
« Avec sa peau légèrement surprise par les baisers de l'air, ses cheveux pâles allongés par l'humidité, pleurant sur son dos et ses épaules, et son visage doucement rosé de la moite vapeur du bain, elle avait l'air d'une sylphide sortant, au premier rayon de lune, du coeur de la campanule qui lui a servi de refuge pendant le jour. »
L'auteur a une idée des femmes bien arrêtée :
« le coeur de la femme est un labyrinthe si plein de détours, de faux-fuyants et de recoins obscurs, que les grands poètes eux-mêmes qui s'y sont aventurés, la lampe d'or du génie à la main, n'ont pas toujours su s'y reconnaître, et que personne ne peut se vanter de posséder le peloton conducteur qui mène à la sortie de ce dédale. de la part d'une femme on peut s'attendre à tout, et principalement à l'absurde. »
Puis Fortunio, malgré ses grands airs de satrape, et Musidora filent le parfait amour : « Nos amants s'enivraient à longs traits de leur beauté et de leur jeunesse ; leurs bouches de rose étaient les coupes charmantes où ils buvaient le vin capiteux de la volupté ; ils ne se donnèrent qu'un baiser mais il dura jusqu'au soir. »
le livre se termine par une lettre de Fortunio a son ami d'Orient, une véritable philippique contre la façon de vivre en Occident, avant de repartir lui-même rejoindre l'exotisme oriental et ses beautés fatales :
« Aller en soirée est un des plus inexplicables plaisirs de l'homme civilisé. On fait venir quatre cents personnes dans une chambre où cent seraient déjà mal à leur aise ; les hommes sont en noir comme des croque-morts ; les femmes ont les plus étranges costumes de la terre : des gazes, des rubans, des épis de faux or. Leurs robes, impitoyablement décolletées, trahissent des misères de contours inimaginables. Je ne m'étonne pas que les maris ne soient point jaloux et laissent généralement à d'autres le soin de coucher avec leurs femmes. »
Un style hyperbolique et un grand art de la description pour une histoire un peu mièvre il faut bien l'avouer. Un hymne à la beauté, au bonheur et à la richesse et au luxe.
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Un cours roman dont la forme fait le charme. La présence de l'auteur, satyrique et amusante fait l'originalité du roman.
Le fond lui, bien qu'enjolivé de descriptions riches et d'accessoires inhabituels, est très banal.
C'est même décevant : on est introduit dans un roman qui se veut novateur par sa forme et où les personnages sont curieux mais l'histoire se déroule et se termine avec monotonie.
Arrivé à la fin que l'on aurait pu prévoir on reste sur notre faim... Néanmoins le format court et les riches descriptions, pointues, valent le divertissement.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Nous ferons remarquer que le cœur de la femme est un labyrinthe si plein de détours, de faux-fuyants et de recoins obscurs, que les grands poètes eux-mêmes qui s'y sont aventurés, la lampe d'or du génie à la main, n'ont pas toujours su s'y reconnaître, et que personne ne peut se vanter de posséder le peloton conducteur qui mène à la sortie de ce dédale. - De la part d'une femme on peut s'attendre à tout, et principalement à l'absurde. (p105)
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J'aime mieux les vers que la prose, j'aime mieux la musique que les vers, et je ne préfère rien au monde à une peinture de Titien, si ce n'est une belle femme. - Je n'ai pas d'autre opinion politique. - Je ne hais que mes amis et me sentirais assez porté à la philanthropie si les hommes étaient des singes. Je croirais volontiers en Dieu, s'il ne ressemblait pas tant à un marguillier de paroisse, et je pense que les roses sont plus utiles que les choux. - Vous me connaissez maintenant comme si vous aviez dormi dix ans sur mon oreiller. (p109)
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Un siège vide indiquait un absent qui avait manqué de parole. Le souper avait donc commencé sous l'impression désagréable d'une attente trompée et de mets qui n'étaient plus aussi au point; car il est en cuisine comme en amour une minute qui ne revient pas et qui est extrêmement difficile à saisir. (p8)
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- C'est donc un démon, votre Fortunio? N'importe, je parie le rendre amoureux de moi à en perdre la tête, et cela avant six semaines.
- Si ce n'était qu'un démon, ce serait peu de choses, et tu en viendrais aisément à bout; tromper le diable n'est qu'un jeu pour une femme. (p21)
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Pour rehausser cette élégance et ce luxe tout royal, faites tomber sur ces cristaux, ces bronzes, ces dorures, une neige de lumière d’une si vive blancheur que le moindre détail s’illumine et flamboie étrangement, un torrent de clarté mate qui ne laisse à l’ombre d’autre place que le dessous de la table, une atmosphère éblouissante traversée d’iris et de rayons prismatiques, à éteindre des yeux et des diamants moins beaux que ceux des in-comparables Musidora, Arabelle, Phébé et Cinthie. (p11)
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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