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EAN : 9781409954477
60 pages
Dodo Press (20/03/2009)
3.5/5   5 notes
Résumé :
Le roi Candaule est devenu ivre de la beauté de son épouse Nyssia. Il conçoit l'étrange projet de partager son admiration d'esthète en proposant au jeune et beau Gygès, le chef des gardes du palais, de venir voir en cachette son épouse dans sa simple nudité. Horrifié de cette demande sacrilège, Gygès refuse d'abord mais ne peut qu'obéir à son roi. Caché dans la chambre nuptiale, Gygès découvre l'incroyable beauté de Nyssia et en tombe immédiatement amoureux. De son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Il est des choses qui ne peuvent s'écrire qu'en marbre" : Nyssa est tellement belle, ses courbes sont tellement sculpturales et son teint si pur, que la "plume moderne" ne peut les décrire, seul le "ciseau" [du sculpteur] pourrait représenter ses perfections. D'ailleurs, la "pruderie moderne" empêche Gauthier d'aller plus loin : il décrit les cheveux, les jambes, la poitrine de Nyssa, mais pas plus loin, c'est une nouvelle du XIX ème siècle destinée à tous.
Ces descriptions sont travaillées, polies même, mais réifient Nyssa, au sens propre, voire elles la pétrifient : Nyssa est une sculpture, son mari observe son corps, admire sa beauté, mais sans lui donner la parole. Elle n'est qu'une oeuvre, qu'un physique, sans personnalité. Ainsi, on sait très peu ce qu'elle pense.
C'est donc une courte nouvelle qui vaut plus pour son style que pour la psychologie des personnages ou pour l'intrigue. Théophile Gautier est membre du Parnasse : il cherche le beau, pas l'exposition des sentiments. Dommage, ce texte m'a laissé froide, il me manque justement la chair et les émotions.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cinq cents ans après la guerre de Troie, et sept cent quinze ans avant notre ère, c’était grande fête à Sardes. ― Le roi Candaule se mariait. ― Le peuple éprouvait cette espèce d’inquiétude joyeuse et d’émotion sans but qu’inspire aux masses tout événement, quoiqu’il ne les touche en rien et se passe dans des sphères supérieures dont elles n’approcheront jamais.
Depuis que Phœbus-Apollon, debout sur son quadrige, dorait de ses rayons les cimes du mont Tmolus fertile en safran, les braves Sardiens allaient et venaient, montant et descendant les rampes de marbre qui reliaient la cité au Pactole, cette opulente rivière dont Midas, en s’y baignant, a rempli le sable de paillettes d’or. On eût dit que chacun de ces honnêtes citoyens se mariait lui-même, tant ils avaient l’air important et solennel.
Des groupes se formaient dans l’agora, sur les degrés des temples, le long des portiques. À chaque angle de rue, l’on rencontrait des femmes traînant par la main de pauvres enfants dont les pas inégaux s’accordaient mal avec l’impatience et la curiosité maternelles. Les jeunes filles se hâtaient vers les fontaines, leur urne en équilibre sur la tête ou soutenue de leurs bras blancs comme par deux anses naturelles, pour faire la provision d’eau de la maison, et pouvoir être libres à l’heure où passerait le cortège nuptial. Les lavandières repliaient avec précipitation les tuniques et les chlamydes à peine sèches, et les empilaient sur des chariots attelés de mules. Les esclaves tournaient la meule sans que le fouet de l’intendant eût besoin de chatouiller leurs épaules nues et couturées de cicatrices. ― Sardes se dépêchait d’en finir avec ces soins de chaque jour dont aucune fête ne dispense.
Le chemin que le cortège devait parcourir avait été semé d’un sable fin et blond. D’espace en espace, des trépieds d’airain envoyaient au ciel des fumées odorantes de cinnamome et de nard. ― C’étaient, du reste, les seules vapeurs qui troublassent la pureté de l’azur. ― Les nuages d’une journée d’hymen ne doivent provenir que des parfums brûlés. ― Des branches de myrtes et de lauriers-roses jonchaient le sol, et sur les murs des palais se déployaient, suspendues à des anneaux de bronze, des tapisseries où l’aiguille des captives industrieuses, entremêlant la laine, l’argent et l’or, avait représenté diverses scènes de l’histoire des dieux et des héros : Ixion embrassant la nue ; ― Diane surprise au bain par Actéon ; ― le berger Pâris, juge du combat de beauté qui eut lieu sur le mont Ida, entre Héré aux bras de neige, Athéné aux yeux vert de mer, et Aphrodite parée du ceste magique ; ― les vieillards troyens se levant sur le passage d’Hélène auprès des portes Scées, sujet tiré d’un poème de l’aveugle du Mélès. ― Plusieurs avaient exposé de préférence des scènes tirées de la vie d’Héraclès le Thébain, par flatterie pour Candaule, qui était un Héraclide, descendant de ce héros par Alcée. Les autres s’étaient contentés d’orner de guirlandes et de couronnes le seuil de leurs demeures en signe de réjouissance.
Parmi les rassemblements échelonnés depuis l’entrée de la maison royale jusqu’à la porte de la ville par où devait arriver la jeune reine, les conversations roulaient naturellement sur la beauté de l’épouse, dont la renommée remplissait toute l’Asie, et sur le caractère de l’époux, qui, sans être tout à fait bizarre, semblait néanmoins difficilement appréciable au point de vue ordinaire.
Nyssia, la fille du satrape Mégabaze, était douée d’une pureté de traits et d’une perfection de formes merveilleuses, ― c’était du moins le bruit qu’avaient répandu les esclaves qui la servaient, et les amies qui l’accompagnaient au bain ; car aucun homme ne pouvait se vanter de connaître de Nyssia autre chose que la couleur de son voile et les plis élégants qu’elle imprimait, malgré elle, aux étoffes moelleuses qui recouvraient son corps de statue.
Les barbares ne partagent pas les idées des Grecs sur la pudeur : ― tandis que les jeunes gens de l’Achaïe ne se font aucun scrupule de faire luire au soleil du stade leurs torses frottés d’huile, et que les vierges Spartiates dansent sans voiles devant l’autel de Diane, ceux de Persépolis, d’Ecbatane et de Bactres, attachant plus de prix à la pudicité du corps qu’à celle de l’âme, regardent comme impures et répréhensibles ces libertés que les mœurs grecques donnent au plaisir des yeux, et pensent qu’une femme n’est pas honnête, qui laisse entrevoir aux hommes plus que le bout de son pied, repoussant à peine en marchant les plis discrets d’une longue tunique.
Malgré ce mystère, ou plutôt à cause de ce mystère, la réputation de Nyssia n’avait pas tardé à se répandre dans toute la Lydie et à y devenir populaire, à ce point qu’elle était parvenue jusqu’à Candaule, bien que les rois soient ordinairement les gens les plus mal informés de leur royaume, et vivent comme les dieux dans une espèce de nuage qui leur dérobe la connaissance des choses terrestres.
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Si nous étions un Grec du temps de Périclès, nous pourrions vanter tout à notre aise ces belles lignes serpentines, ces courbures élégantes, ces flancs polis, ces seins à servir de moule à la coupe d’Hébé ; mais la pruderie moderne ne nous permet pas de pareilles descriptions, car on ne pardonnerait pas à la plume ce qu’on permet au ciseau, et d’ailleurs il est des choses qui ne peuvent s’écrire qu’en marbre.
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Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
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