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EAN : 9782268062655
101 pages
Les Editions du Rocher (28/06/2007)
4.36/5   7 notes
Résumé :
"Toutes ces fleurs, tous ces faux-semblants m'auront d'emblée conduit vers trois jardins. Ce sont les miens. J'y veux retourner tour à tour ou les laisser venir à moi, abolissant le bureau citadin dont le grondement torrentueux des voitures fait sans trêve frissonner les vitres."

Comment définir Images pour un jardin sans murs ? Je ne le tenterai pas. On ne classifie pas un charme. Le sortilège ne trouve pas d'étiquette. Or, c'est bien de cela qu'il ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ces jours derniers, l'hiver balbutie, il semble vouloir troquer sa houppelande de neige et de givre contre un pardessus tissé de verdure tendre et fragile. Mais les atours du froid s'accrochent encore un peu faisant frissonner tout être animal et tout végétal...
L'hiver est aimé lorsqu'il écrit les sautillements du rouge-gorge à la mangeoire, quand il attire les chevreuils au plus près de la maison, quand il fait courir - on n'imagine pas, avant de les avoir vus, leur agilité ! - les sangliers dans les champs en dormance. Il devient regretté quand il choisit, pour nous tirer sa révérence, de faire fleurir et embaumer le mimosa et ses pompons duveteux !
Tout un chacun, un tant soit peu amoureux de cette nature qui se veut amie de tous, guette la violette qui sera signe que le printemps est de retour, celle qui suit de très près la ficaire, malicieuse, pas fière, éternel clin d'oeil jaune comme un soleil couché dans l'herbe qui n'aurait pas eu assez d'élan pour s'accrocher dans le bleu du ciel, bleu autrement contemplé dans le "visage" de la pervenche ou encore dans la palette de couleurs de la jacinthe des bois.

Cette année, je vous invite à rencontrer un compagnon pour murmurer le mot "patience" en attendant un peu plus de douceur de la brise qui caresse, en tendant l'oreille impatiente vers les pépiements qui disent tant du changement de saisons : ce petit livre de Maurice Genevoix - "Images pour un jardin sans murs" - quel beau titre à lui seul…
L'écrivain y raconte ses "trois" jardins, ceux qu'il a possédés ou habités durant sa vie, celui de l'enfance, celui de l'âge adulte et celui de la maturité dans lequel il a pris le temps de regarder au lieu de voir et de comprendre au lieu de juger, celui dans lequel il a déambulé avec sa petite-fille et avec laquelle il a, lui-même, retrouvé ses yeux d'enfant. Et d'évoquer au fil des pages tournées par le vent complice, tous les jardins qu'il a visités, en invité ou en curieux, toutes les espèces végétales qu'il a croisées au cours de ses voyages. Et finalement, n'est-ce pas la nature, tout simplement, qu'il considère comme un jardin, sans clôture, comme "son" jardin gigantesque, toujours en mouvement, toujours en évolution, de telle sorte que rien n'y est jamais identique à la veille et que tout n'y est jamais que l'ébauche de ce qui sera demain ?

Maurice Genevoix attend aussi le printemps et il sait entraîner le lecteur dans sa quête, dans sa recherche des indices de son éclosion prochaine. C'est un herboriste, un érudit, il nous cite le nom des fleurs, des arbres, et nos oreilles tintent de tous ces sons de magie, il nous mène auprès des oiseaux et des écureuils qui ne le craignent pas et nous fait entrevoir l'harmonie - parfois cruelle - des lieux. Il regarde avec la même constance les autres saisons, et s'émerveille inlassablement de tout ce qu'elles lui offrent de beautés, de surprises, de partages...

Ce texte est un philtre, de ceux qui emprisonnent le coeur pour le libérer dans la corolle transparente et à peine teintée de rose d'une anémone des forêts, ou d'une vesce rougissante dans sa robe parme, de ceux qui font retentir les bruits de la présence du sauvage, de ceux qui font chercher ces yeux qui nous observent avant qu'on ne les ait remarqués, de ceux qui font s'extasier devant le nacré-pailleté de la traces des escargots après la pluie...

Alors il se peut que des larmes perlent aux paupières de celui qui lit, l'écriture enchante tellement dans son murmure que l'émotion pourrait faire trembler et perdre la notion du présent et puis, on tourne la tête vers la fenêtre, par pudeur, parce qu'il ne faut pas montrer l'émotion qui est sienne devant tant de poésie, et… oui, c'est bien cela, ce cri, comme un souvenir enfoui chaque année au plus profond des pensées, gardé comme un trésor de la mémoire à protéger : ce cri des grues cendrées qui reviennent. L'amandier secoue ses corolles fragiles en harmonie et on prend conscience, on réalise... Il est là, il est arrivé pendant qu'on "écoutait" l'écrivain nous en parler, pendant qu'on flânait au fil des pages dans cette nature qui nous attire tant, le printemps, cette renaissance, cette nouvelle histoire qui s'écrit, est revenu et les oiseaux pépient à s'époumoner, s'en faisant messagers. Et il reste à celui qui lit à fouler la terre, et à chercher, et compter les violettes aperçues comme autant de signes supplémentaires consentis.
Alors, comme il est dit : le jardin revit et peut-être que le lecteur ébahi aussi !
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Ce petit livre propose des peintures colorées, olfactives et sensuelles des trois jardins qui ont marqué Maurice Genevoix au fils de sa vie. Celui de son enfance, celui de son adolescence, et enfin celui de sa « vie d'homme ». Par sa très riche prose poétique, il décrit les fleurs, les arbres et les paysages de ces lieux de souvenirs, les effets de lumière sur les feuilles et fleurs des sous-bois, les senteurs des bosquets, les métamorphoses des quatre saisons, mais aussi quelques humains brièvement croisés dans ces paysages comme des animaux débusqués. Et la Loire, toujours, en arrière plan.
Son vocabulaire botanique est si foisonnant que l'on s'arrête parfois au bord du chemin pour prendre le temps d'ouvrir un dictionnaire, ou plus vraisemblablement un moteur de recherche, et admirer visuellement ce que Genevoix décrit si bien par l'écriture (et pour prendre honteusement conscience que l'on ne connaît pas la moitié des mots de vocabulaire utilisés dans ce magnifique ouvrage fleuri). Enrichissant donc, et apaisant comme une après-midi à flâner sous le soleil de printemps.
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J'aimerais pouvoir parler de mon jardin comme le fait Maurice Genevoix. Il sait saisir et décrire ce qui se passe entre un lieu et la personne qui y habite, il connaît ses plus infimes secrets, chaque plante lui parle de son passé, des gens qui ont compté pour lui et qui sont disparus. Une symbiose s'établit et on ne sait plus qui est au service del'autre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
En mes jeunes années, j’avais lié amitié avec un homme de la forêt, un de ces doux sauvages dont les rouliers se gaussent à l’auberge, parce qu’ils n’ont pas réussi à se déprendre de leur enfance.(…) Ils sont restés pareils à des enfants, préservés des morts silencieuses qui flétrissent le cœur des vivants, fils du printemps encore quand l’hiver neige sur leurs cheveux.
D’autres que j’ai connus aussi, se défendaient par d’humbles moyens, l’innocence, la pauvreté, la bonté. J’en sais un pauvre entre les pauvres, qui cachait jalousement un trésor au fond d’un tiroir. On y lisait : "Ce matin, la première hirondelle. Nous l’avons espérée longtemps." Ou encore : "Sur les trois heures de la nuit, j’ai entendu un vol d’oies sauvages. C’est bien tôt dans la saison. Nous allons souffrir de grands froids." Presque à chaque page, des fleurs séchées, des plumes d’oiseaux, des signets de mémoire qui marquaient quarante années d’une vie.
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Un peu plus tôt, un peu plus tard, le moment vient toujours où l'homme mûr réinvente sa vie ; ne serait-ce qu'en s'octroyant la souveraine liberté de choix dont le privent des traditions ou des préjugés de famille, le jugement d'un maître d'école ou le hasard des destinées. Qui ne traîne en secret un cortège de nostalgie, ne s'imagine clown pailleté dans un cirque, guérisseur ou marinier d'eau douce ?
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Forêt d'hiver, forêt "morte" ; la plus vivante qui soit dans sa gravité dépouillée, son solennel et rigoureux silence : forêt de bourgeons durs, où déjà toutes les feuilles de la saison nouvelle attendent, sous la gomme et la bourre, l'heure d'éclore et de se déplier; forêt des sèves arides où les fibres du bois travaillent, où le temps et la vie confondus élargissent, sous les écorces, des ondes pareilles à celles qu'une plume tombée fait trembler sur l'eau de l'étang mais dont chaque ride est une de nos années.
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C'était le jardin du jeudi, sept ou huit ares enclos de murs, sauf d'un côté que bordait une haie, des thuyas hantés d'escargots : deux pelouses à rosiers fous, à cassis et à seringas, une tonnelle d'aristoloche, des pommiers en cordon, un rang de groseilliers épineux, quelques pêchers en espalier. Mais quel jardin, où claquaient des ailes de pigeons, où bourdonnaient des abeilles maraudeuses, où des dytiques nageaient dans le bac aux eaux de pluie ! Tout ce qui naît dans un cœur d'enfant, tout ce qui le fait palpiter, le serre, l'oppresse, l'exalte jusqu'à l'indicible, les paroles, les cris, les silences, tout cet apprentissage pathétique que notre vie, si longue soit elle, ne fera jamais que redire, demeure pour moi inséparable de l'ombre chaude des pruniers rouges, de l'odeur qu'une feuille de cassis exhale sous les doigts qui la froissent, du dytique rond et noir sur le vert violent des mousses d'eau, des épines acérées sous les globes des groseilles à maquereau.
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Mais il est un endroit du monde où les fleurs seront toujours plus belles.
Et c'est celui de mon enfance émerveillée...
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Videos de Maurice Genevoix (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Genevoix
https://www.laprocure.com/product/1049468/genevoix-maurice-rrou
Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois rroû Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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