Un prêtre chez les loubards

Ce livre, je ne l'avais jamais lu. Pourtant je me souviens de son auteur, un prêtre atypique, très médiatisé dans les années 1970. Prêtre à cheveux longs, pilotant une moto, et vêtu comme un "loubard", et aussi éducateur écoutant les jeunes délinquants, ou en passe de le devenir car trainant dans la rue.
Cet homme est octogénaire maintenant et je me demande quel est son bilan, quel regard il peut porter, sur son travail et aussi sur l'évolution de la société. N'a-t-il pas imité un peu Don Quichotte, lorsque celui-ci se battait contre les moulins à vent, en luttant contre la délinquance? Combien de jeunes a-t-il sorti de ces mauvais pas? Combien d'entre-eux ont-ils été récupérables?, c'est à dire ont pu se faire une place dans le société, en y travaillant, y fondant une famille, en y trouvant un peu de joie et de bonheur?
Guy Gilbert en cette fin des années 70 pouvait encore avoir un légitime espoir, cependant en regardant en arrière, on se rend compte qu'il avait entrepris une tache surhumaine, et qu'il ne voyait dans son quartier du 19 ème arrondissement de Paris, qu'une délinquance balbutiante presque "bon enfant"... le livre est plutôt déprimant, et les lendemains nous ont montré que la situation était très noire, la délinquance étant de plus en plus présente, et la violence toujours plus forte, gangrénant de plus en plus de secteurs et s'étendant au delà des grandes villes et de leurs banlieues... Si à son époque la situation était déjà grave, maintenant elle semble vraiment désespérée. Ce livre résonne comme un témoignage sur un combat perdu d'avance.

J'ai lu ce livre, j'étais encore au lycée. A l'époque, sujet de pendule ou de toutes les angoisses de certains professeurs, je n'arborais aucun tatouage sur les bras ni ailleurs mais j'étais l'heureux porteur d'une révolte intérieure qui en disait long sur le rejet de ce que je nomme le mépris et tout ce qui va avec. J'ai été ce petit loubard qui cachait derrière une attitude souvent grossière, un coeur gros comme ça et surtout une cervelle à faire pâlir tous les empêcheurs de tourner en rond, les moralisateurs à trois francs cinquante ( les euros ne sonnaient pas encore dans mes poches). La différence entre moi et les rencontres de Guy, elle est simple et peut donc se résumer à cette phrase sur laquelle je vous invite à m'éditer : La rue ne m'a pas eu. Je la répète : La rue ne m'a pas eu. Combien de copains j'ai vu partir en prison, embarqués dans de salles affaires sans en comprendre les raisons ? Combien de copines, jeunes, parfois très jeunes, j'ai vu échouer sur le trottoir parce qu'happées par la rue ? Je ne saurais vous dire le nombre. Guy, c'est avant d'être un curé, un pote. C'est donc un curé plus proche de son clocher que de cet appareil qui utilise la foi en se tenant à l'écart de ceux qui en ont le plus besoin. Guy Gilbert peut nous raconter toutes les histoires de ses multiples rencontres avec aisance parce que c'est son coeur qui vous parle de tous les coeurs blessés rencontrés. hé oui, Guy est là pour nous rappeler que tout le monde à un coeur et si, au détour d'une rue, on perd sa dignité à dormir dehors, le coeur lui reste là, bien accroché et à ses basques, les douleurs que seul l'amour et la compassion peuvent apaiser. Guy lâche les mots sur les maux de tous ces "loubards" qui sont devenus très vite " ses loubards". Un prêtre chez les loubards, c'est en fait, un coeur qui aime des coeurs blessés. La parole de Dieu importe peu. En ce qui me concerne, la parole de Guy me suffit. Ce livre comme les autres, sont des livres vérité. Merci pour eux Guy !!!!!!!!

Un témoignage qui m'avait fortement interpellée et passionnée, à sa parution. D'autant plus que je ne suis pas très "proche" des "curés" et de la religion, en général...
L'occasion de rencontrer le Père, Guy Gilbert, en 2010, dans le 19e parisien où il vit depuis des décennies; une spontanéité ,un langage direct et des mots colorés... qui sont en accord avec ses convictions et ses coups de gueule...toujours vigoureux mais aussi tristement justifiés...

Une lecture très ancienne... qui n'a pas pris une ride. le témoignage dense et passionné d'un curé pas comme les autres, qui depuis 40 ans et plus, se bat pour les jeunes , restés sur le bord de la route, pour lesquels il a mis également en place une structure dans le Sud, avec des animaux, un lieu d'accueil, où des jeunes sans repères, reprennent confiance, etc.

Un récit très prenant...où j'ai souligné de multiples éléments, tous essentiels...qui peuvent être transposés dans notre présent...Un prêtre qui concrétise depuis toujours sa vision très agissante de "la parole de l'Evangile"...

"...tant qu'un homme n'a pas vraiment été aimé dans sa vie, d'un amour vrai, gratuit, Dieu ne peut pas être connu"

"Maintenant, je refuse d'être le coffre-fort de la bonne conscience, je n'accepte plus d'argent lié à la parole de Dieu"

Guy Gilbert,
Le prêtre des loubards !
La première fois que je l'ai vu à la télévision, avec son look spécial, blouson noir, santiags et cheveux longs, je me suis demandée qui était cet individu, ecclésiastique de surcroît.
Il me fallait en savoir plus sur lui, sa personnalité, son message évangélique.
Alors j'ai tout d'abord acheté et lu l'ouvrage "Un prêtre chez les loubards" et j'en suis ressortie fascinée par ce prêtre atypique, débordant d'humanisme et d'une vision d'avenir pour tous ces jeunes de prime abord irrécupérable.
De ce jour, (tout comme pour l'abbé Pierre), j'ai suivi sa carrière, sa vocation, pour ne pas dire son sacerdoce.
J'ai acheté l'ensemble de ses ouvrages pendant des années et puis j'ai cessé. Il m'en reste sans doute plein à découvrir, et je le ferai sans doute un jour ou l'autre.
J'ai été admirative, face à son abnégation, sa foi sans faille, son projet d'une institution pour remettre les "enfants perdus" dans le droit chemin, la fameuse "bergerie de Faucon".
J'ai moi-même envoyé des dons, tellement j'ai cru en son projet.
J'ai même rencontré ce curé, venu sur sa moto, pour dire la messe dans l'église de mon village et c'est la première fois où une cérémonie religieuse m'a autant captivée.
J'ai tout apprécié chez lui, son humour, son humanité, sa gentillesse, en descendant de l'autel pour porter la communion jusqu'au siège d'une vielle dame, qui avait des difficultés pour se lever avec ses béquilles.
Tous ses bouquins regorgent d'un amour non quantifiable d'abord pour Dieu, ensuite pour tous ses gamins qu'il essaye de sauver, et sa joie, quand il les rencontre des années plus tard, alors qu'ils sont "rangés des voitures", avec un travail stable, un conjoint et des enfants.
Avec son jean, son blouson, ses santiags, ses cheveux longs, il est vraiment à l'image du Christ, et c'est ainsi qu'il est son fidèle serviteur depuis plus de 70 ans.
Guy Gilbert a eu 88 ans en septembre 2023, c'est un personnage hors du commun qui a côtoyé aussi bien les faibles que les puissants, sans en tirer gloriole (sans prendre la "grosse tête", pourrait-on dire de manière plus triviale) et en conservant toujours son authenticité et le sens de sa mission chrétienne.
Un vrai pasteur, veillant sur ses brebis !

Guy Gilbert, prêtre et non curé, donne dans ce livre ses premiers témoignages sur le monde des mal-aimés, ces jeunes EDM (enfants du malheur) auxquels il a consacré sa vie pour rencontrer Dieu à travers eux sans leur imposer d'autre règle que le respect de l'autre tout en leur apprenant la confiance. Lorsqu'on a eu la chance de le croiser, au détour d'une conférence, on est saisi par l'homme qui cache autant de tendresse sous son perfecto et ses santiags. On l'écoute et on ne peut rester indifférent, comme en lisant ses livres.