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3,76

sur 1202 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai longtemps hésité avant de poster mon avis. Cette oeuvre m'a profondément bouleversée. D'une manière différente que les oeuvres de Georges Bataille, certes. Pourtant, ce texte d'apparence si commun : Un pari entre Dieu et Méphistophélès, dont le Docteur Faust va être la cible, est pertinemment brillant !

De nombreux concepts font écho dans la société actuelle, à croire que Goethe était un visionnaire. Les dialogues sont si riches de sens, qu'à chaque relecture un sens caché apparaît.
Cette oeuvre d'une vie semble avoir la même durée de lecture qu'une vie humaine : le début prend du temps à se définir, tout se met en place pièce par pièce ; ensuite vient le temps des premières expériences, découvertes, amour ; le coeur s'accélère pour ne point décélérer avant la fin de la pièce.

J'espère un jour voir cette pièce jouée ; j'avais vu le film d'Alexander Soukourov qui est un merveille, je vous le conseille d'ailleurs.
Le mot de la fin, la traduction que j'ai lue est celle de Jean Amsler, comme il en existe plusieurs, je tenais à le préciser. Je vous la recommande vivement, elle est pour beaucoup dans mon engouement.
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J'avais eu un cours passionnant il y a bien des années sur Faust, Dom Juan, tous ces personnages mis en musique, en littérature, portés sur grand écran maintes et maintes fois, et qui ont tant influencé la suite des arts. Il fallait qu'un jour je découvre la pièce de Goethe (ici le Faust I, traduit par rien de moins que Gérard de Nerval!), surtout en lecteur avide du XIXème siècle et du romantisme.

C'est une pièce archi-romantique, où toute l'influence de Shakespeare se déploie, de façon plus sauvage que chez nos auteurs à nous, l'univers fantasmagorique se prêtant totalement à ce théâtre gothique dans des décors allemands comme seul notre esprit peut les peindre. L'on se retrouve essentiellement face à deux figures légendaires, éminemment reprises : Faust et Méphistophélès. Mais plutôt que de nous offrir un mortel pathétique soumis à la tentation, face au machiavélique Diable, Goethe inverse et relativise les polarités, nous faisant comprendre pourquoi Méphistophélès est tant cité aujourd'hui. Il incarne, surtout vers le début de la pièce dans le cabinet d'étude de Faust, une sorte de vilain charismatique qu'on ne peut détester, qui regarde les humains avec une distanciation narquoise mais juste. Faust, à l'inverse, est présenté comme un gamin capricieux, égoïste, insupportable d'hybris, insolent et blasphématoire par excellence, qui voudrait être Dieu, et n'a de cesse de le réclamer, qu'importe s'il lui faut être attaché au Diable pour ressentir enfin la jouissance divine. Mais derrière ça, c'est un personnage désenchanté par l'austérité de l'étude, qui a dévoré tous les livres, toutes les sciences, sans évidemment jamais trouver de réponses. La religion, le pouvoir du divin ainsi que celui qu'il lui prête, est la seule bouée à laquelle il est encore capable de se raccrocher, le son de l'Église l'empêchant de mettre fin à ses jours. Mais Faust VEUT connaître les secrets de l'univers et de la nature, veut vivre plutôt que mourir dans son cachot de savoir bavard, et le pacte avec Méphistophélès est vite signé. Tout cela est aussi l'occasion pour Méphistophélès de brocarder l'éducation au sens péjoratif, qui domestique, tout le verbiage scolaire, académique, qui anéantit les individualités, faisant de lui aujourd'hui une icône rebelle ou plutôt anti-institutionnelle.

S'ensuit une virée virevoltante (rends-je hommage à V Pour Vendetta, qui cite Faust, avec mes allitérations en V? En tout cas, l'attribution de la célèbre "Vi veri universum vivus vici" à Goethe est une erreur du film, d'après Internet) pour notre duo, au travers de laquelle Faust tombe amoureux de Marguerite, petit tour provoqué par Méphistophélès. Il goûtera alors à la sensation suprême de l'amour, en plus de la capacité à voler, mais causera la perte de sa bien-aimée, bien qu'elle soit au dernier moment sauvée par le ciel qui lui accorde au moins sa grâce. Au passage, je me souviens du cours et comprends mieux le ridicule, pour la prof, de "la pauvre Marguerite" dans son hyper-piété chrétienne, qui finit au cachot et totalement accablée pour un simple baiser, appelée prostituée pour avoir embrassé celui qui s'est vendu au diable... Elle ne doit pas être très excitante à interpréter pour les actrices!

C'est une pièce folle, à l'image du romantisme allemand, le premier et le plus débridé de tous, au point que certains passages comme la fameuse Walpurgisnachtstraum semblent par endroits hermétiques, sans interêt, ou plutôt gratuits, comme le commente la présentation de mon édition GF. Je déplore l'absence du Faust II même si un résumé en est présenté et s'il est moins apprécié. En tout cas, cette immersion dans l'oeuvre du Shakespeare allemand, pour un fan du Maître anglais qui a n'a que trop peu lu à ce jour de littérature allemande, fut un petit régal. Mention spéciale à Gérard de Nerval!!
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Le Docteur Faust est un homme accompli. On l'admire, on lui demande conseils, on se rue à ses cours. Mais voilà, Faust ne peut se complaire dans la transmission, ne peut se flatter de l'admiration qu'il provoque. Il veut aller vers l'absolu, fréquenter le monde des esprits, les mondes des cieux, connaitre "l'axiome du sage". le monde des hommes est une limite qu'il ne peut tolérer. Ainsi le Faust de Goethe, alchimiste, théologien et scientifique décide de faire des séances de spiritisme et de parvenir à la révélation supérieure.
Mais voilà, il prend peur, il veut en finir d'avec ce monde si étroit pour ces inspirations. C'est sans compter sur un pari contracté entre "un des cavaliers de Satan" lui-même et de Dieu. Méphistophélès (nom bien compliqué d'ailleurs) va lui tenter de lui offrir toutes les tentations que peut offrir l'humanité.
Héros ô combien absolu, Faust est aussi un héros romantique. La scène du miroir est d'ailleurs d'une sacrée beauté. Faust (l'oeuvre) est à mon sens un roman gothique: un pacte, des figures fantastiques (sorcières, fées...) et surtout l'issue finale qui est significative.
D'ailleurs, j'ai fichtrement apprécié toutes les références, notamment celle du Songe d'une nuit d'été.
Pour la construction de la pièce, point de respect pour la règle des trois unités. Et bon Dieu que j'aime ça aussi. le lecteur est porté, en perd les sens, ses repères.(surtout temporels) et c'est cela qui apporte la magie et conforte l'univers fantastique.




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Goethe, Faust, manient des forces qui les dépassent.

Ce Faust I est bon. Il y a là des réflexions philosophiques intéressantes, des scènes mémorables, un beau style.

Pourtant, en refermant le livre, on a le sentiment que ce n'est pas un chef-d'oeuvre. Certains passages sont inutilement longs, voire inutilement présents. La pensée n'y est pas développée suffisamment.

Malgré ce constat, quelque chose de profondément singulier ressort de cette oeuvre. le texte en lui-même n'enthousisame pas autant que de nombreux autres. Il y a pourtant quelque chose qui germe. Quelque chose d'incertain, de souterrain, dont on a du mal à déterminer la nature.

C'est le premier livre qui produit cet effet sur moi. le thème est tellement puissant qu'il dépasse le texte qui le porte, d'où la transfiguration en mythe. Goethe est un esprit trop fin pour ne pas s'en être rendu compte. Il avait, je pense, un regard critique sur son texte. Mais il savait qu'il manipulait des forces dont il ne comprenait pas exactement le sens, raison pour laquelle il a tant retravaillé cet écrit.

C'est une oeuvre profondément ouverte. Elle est de libre interprétation. C'est sans doute aussi pour cela que Goethe n'a pas trop développé certains points : plus l'écrivain est précis, moins il reste de place pour l'interprétation. Goethe a voulu laisser cette place, conscient qu'il bâtissait un mythe plutôt qu'une pièce. C'est peut-être l'intervention la plus nuancée que peut opérer un écrivain : ne pas noyer son texte pour permettre au lecteur d'y respirer librement.

Finalement, reste une oeuvre qu'on n'a jamais fini de lire. le summum de la littérature. Un chef-d'oeuvre.

Je n'en ai pas fini avec ce texte.
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Un clair obscur magistral, un romantisme éperdu, une quête du soi affamante, la rudesse germanique agrémentée du lyrisme français grâce à la traduction de Gérard de Nerval
Le Faust de Goethe reste indubitablement une leçon de l'humain dans ses errances comme dans ses espérances, capable du meilleur et du pire sur le long chemin d'une brève vie humaine.
Si vous avez le choix, prenez l'édition avec chronologie et préface de Jeanne Ancelet-Hustache qui propose une introduction efficace pour faire le point sur les différentes réécritures du Faust et ses variations.
Lien : https://labougiedevinayaka.w..
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Faust est une pièce dense, si dense qu'elle ne se laisse pas lire en une seule fois. On en voit la beauté, on se perd à se demander si c'est bien de Faust qu'il s'agit, ou de Faust et de Méphistophélès et Dieu ? Ou de Faust et de Marguerite ? On se retrouve, on voit la dureté du monde, l'injustice, la vanité de l'ignorance. On comprend. Faust est une pièce admirable, tout le monde le sait.
Il reste pourtant encore l'autre partie : les personnes croisées furtivement, le monde qu'elles décrivent et les messages qu'elles passent, quelques phrases glissées sur lesquelles on ne s'attarde pas mais qui ne semblent pas être écrites au hasard. Il manque un peu de repos, et une relecture. À bientôt petit livre, nous nous reverrons.
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J'ai aimé lire Faust, mais il faut avouer qu'il n'est pas assez simple de le comprendre. Ce qui m'a aidé ce sont surtout les notes en bas de page, mais aussi le fait d'avoir déjà une idée du mythe de Faust. Il faut s'habituer au style d'écriture de Goethe, surtout lorsqu'on lit une oeuvre allemande pour la première fois. Je ne comprenais pas l'humour de l'auteur à quelques reprises, mais il n'empêche que l'important est de saisir la philosophie de l'oeuvre. C'est une pièce de Théâtre, donc pas trop longue à lire, beaucoup d'événements se passent. Énormement de références scientifiques, littéraires et folkloriques. C'est un bon point de départ pour ceux qui veulent découvrir Goethe, ou la littérature allemande en général. Il ne faut pas oublier que Faust à beaucoup influencé l'oeuvre de Dostoievski, Les Frères Karamazov. Ceux qui l'ont lu feront un lien entre Faust et le chapitre mémorable du Diable, où Ivan Karamazov à une discussion inoubliable avec le diable.
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Faust est à l'origine un conte populaire allemand qui a ensuite gagné de nombreux pays. le Faust de Goethe est en réalité un brillant intellectuel qui n'est malheureusement pas reconnu pour son art. Déçu par la société, Faust décide alors de conclure un pacte avec le diable et de lui céder son âme en échange de la reconnaissance et de l'estime du peuple mondain.
L'origine du nom Faust viendrait en réalité du Maître Georgus Sabellicus Fazustus Junior, un célèbre savant qui aurait , selon les sources historiques que nous détenons, étudié et pratiqué les sciences occultes et notamment la magie noire, d'où son rapprochement avec le diable.
Magnifique ouvrage de Goethe qui est un véritable classique de la littérature allemande, à tel point que l'adjectif «faustien» est rentré dans notre langage pour désigner quelqu'un qui est prêt à tout, voir même à des arrangements scrupuleux, afin d'obtenir le pouvoir et le succès.
Goethe n'est pas le seul à avoir exploité le thème de Faust dans ses oeuvres mais je trouve que cet ouvrage se vaut d'être lu et reconnu. L'auteur frise la perfection et le texte en lui-même est splendide et bouleversant à la fois !
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Faust ? C'est pas une histoire avec le diable ?
Faust, ça fait poussiéreux, école, obligation de devoir… Ben point n'en fau(s)t
Les affinités électives avaient un petit gout ancien, remplit de ce regard dépassé pour un homme du XX siècle. Quoique la candeur du propos avait ce petit quelque chose de doux qui laisse au palet quelques palais de sable. Des émotions d'éphémères, qui replongent le lecteur dans un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.
Là, avec Faust, Goethe fait oeuvre d'éternité. Il dépasse l'indépassable. ( On croise la divine Comédie de Dante, on croise l'ancien et le nouveau, on croise Orphée, on croise, défroisse les grands pendant des mythes)… La traduction de Gérard de Nerval y doit probablement pour beaucoup, pour le chanceux lecteur francophone… Et cette pièce de théâtre devient pour nous l'occasion d'écouter une histoire qui nous amène à nous questions sur nos valeurs, nos envies, nos désirs, sur le sens de la vie… Pour donner une idée, lisez ne serait-ce que le début. le prologue sur le théâtre. La discussion entre le directeur et le poète dramatique. Là d'entrée, le ton est donné. Soit vous aimé soit vous passerez le chemin vers d'autres écueils.
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Faust, la pensée de toute une vie, Goethe puisant en lui année après année la recherche de la condition humaine, les paradoxes, tiraillé entre plusieurs mondes, soif de savoir, du bonheur, de l'hédonisme. Et si le seigneur n'était qu'un mot pour se définir, dessinant nos contours, si la croyance ou l'athéisme n'était juste au final que la différence de mot choisi pour s'identifier.

La raison pourrait-elle correspondre dans un certain langage à dieu et l'hédonisme au diable ?

Mais si au fond tout ça n'était que l'humain et ses contradictions, entre le savoir et l'action.
L'homme a de tout temps voulu savoir, comprendre ses propres fondements, qu'il le puise dans l'ésotérisme, la science, le quantique, et si au fond ce besoin de toujours étudier nous faisait mieux nous fuir, passer à côté de ce que nous sommes réellement.
Comment une oeuvre comme Faust ne pourrait ne pas être complexe et paradoxale en vue de son traitement philosophique métaphysique, « être ».
Ce que je sais, c'est que je ne sais rien « Socrate »
Le vivre à propos « Montaigne et ses essais »

Si vivre était jouir, convenant que le savoir n'est pas absolu.

Citation :
« Méphistophélès : l'homme vivrait un peu mieux si tu ne lui avais donné le reflet de la lumière céleste ; Il l'appelle raison et s'en sert uniquement pour n'être que plus bête qu'une bête. »
«(…) les hommes me font de la peine en leurs lamentables vies(…) »

Le seigneur « .L'homme erre aussi longtemps qu'il cherche. »


Les questionnements sont sans doute plus importants que les réponses, ils nous permettent d'étudier interminablement les parts d'ombre dues au retranchement de nos propres interrogations, repoussent les limites d'un raisonnement.
ET si le « vivre à propos » plutôt que l'étude récurrente menant à l'errance était la réponse ?

Citation :
Faust « Il y a longtemps que tout savoir m'écoeure. Apaisons nos passions ardentes dans les fonds de la sensualité. Sous des voiles magiques intacts, que tout prodige à l'instant s'effectue ! Jetons nous dans la rumeur du temps, dans le roulement de l'éventuel ! Puissent alors alterner douleur et plaisir, réussite er dégoût selon qu'il se pourra. Pourvu que l'homme s'active dans sa trêve. »


Action, « au commencement était l'acte » mais n'est-ce pas ce que l'homme tente de fuir en errant ?

La crainte de trop s'éloigner des bonnes moeurs , de la morale , d'un système de pensée montée de toute pièce par les religions .
Alors vivre serait tenter le diable…les synonymes de souffrances sont châtiment, pénitence, supplice…condamnation !

Citation :
Faust « Je me consacre au délire, au plus douloureux plaisir, à la haine d'amour, à l'ennui qui réconforte. Mon sein guéri de l'appétit de savoir ne se fermera désormais à aucune douleur (…) Amasser sur ma poitrine leur bien-être et leur mal, élargir ainsi mon propre « moi » à la dimension de leur être, et comme ils le font eux-mêmes, à la fin aussi me fracasser. »
Méphistophélès « chacun apprend ce qu'il peut apprendre, mais celui qui saisit l'instant, voilà l'homme accompli »


Vivre serait donc brûler la chandelle par les deux bouts , exister uniquement serait le choix de rester factice à soi-même à examiner ce que nous ne vivons pas, observer ce que nous ne pouvons donc comprendre au travers d'études théoriques, regarder le temps qui passe par la pensée des autres, contempler sa propre ignorance , considérer l'inconsidérable en dévisageant ce qu'on ne peut apprendre , épiant , guettant la vie …

Ne serait-ce pas là , la fin du savoir ?

La damnation serait donc une destruction idéale après avoir tout simplement vécu.
L'enfer, le diable, n'est peut-être que la représentation de nos profondeurs, l'humain.




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