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Henri Gougaud (Éditeur scientifique)René Nelli (Traducteur)René Lavaud (Traducteur)
EAN : 9782757814246
272 pages
Points (24/09/2009)
3.62/5   4 notes
Résumé :
La littérature de Langue d'oc diffuse en Europe la fin'amor, appelée plus tard « amour courtois », et la poésie des troubadours constitue un art lyrique majeur et fondateur. Issus de tous Les milieux, les troubadours louent la nature, chantent l'amour et la joie d'être au monde, évoquent le néant, la fin des temps et la société de leur époque.

Cette anthologie, dirigée et préfacée par Henri Gougaud, rassemble une quarantaine de poètes occitans parmi ... >Voir plus
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
  
  
  
  
Le premier jour, Dame, que je vous vis
Quand il vous plut de vous montrer à moi,
Nulle autre image en mon cœur ne resta.
Tous mes désirs en vous s’enracinèrent
Votre regard, votre sourire tendre
Ont mis en moi, ô ma Dame, tel feu
Que j’oubliai ma personne et le monde

Votre beauté, votre présence aimable,
Vos mots courtois, le charme délicieux
De votre accueil m’ont ravi la raison.
Depuis ce jour tout bon sens m’a quitté.
À vous ma vie, à vous que mon cœur prie
Moi qui ne veux que grandir votre Prix
A vous me rends, point n’est meilleure Dame.

Si tendrement, ô Dame, je vous aime
Qu’aimer ailleurs n’est pas en mon pouvoir.
Amour pourtant accepterait que j’ose
Chercher plus loin remède à mon tourment,
Mais à quoi bon conter fleurette à d’autres ?
Je fuis, j’oublie la possible amourette
Et reste à vous que j’ai plus chère au cœur.

Souvenez-vous de la bonne promesse
Que vous me fîtes au jour de mon départ.
J’en eus alors l’âme en pure liesse.
De vous servir encore j’eus l’espoir.
J’en fus joyeux — hélas mon mal s’aggrave !
Mais ce bonheur je le retrouverai,
S’il plaît à vous, moi que l’espoir fait vivre.

Aucun tourment ne m’effraie, car je pense
Qu’il me vaudra à la fin récompense
De vous, ma Dame. Et j’aime mes douleurs,
Elles sont pour moi comme de fortes joies.
Je n’oublie pas ce qu’Amour sait et dis :
Un pur amant doit pardonner grands torts
Et souffrir dur pour gagner son amante.

Ah ! si venait un beau jour cet instant
Dame, où je voie que votre grâce daigne
Me faire don du simple nom d’ami !


// Guilhem De Cabestany

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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J’ai entendu s’éjouir
  
  
  
  
J’ai entendu s’éjouir
Par amour, dans son langage
Le rossignolet sauvage.
Il me fait mourir d’envie,
Car celle que j’aime
Ne veut aujourd’hui
Ni m’écouter ni me voir.
Le doux chant que font l’oiseau et sa mie
Conforte un peu mon courage.
Je console donc
Mon cœur en chantant.
Je n’aurais pas cru pouvoir !

Mais rien de ce que je vois
Ne saurait me réjouir.
Je reconnais ma folie,
Il est juste que je souffre,
Juste et mérité.
J’ai laissé mon cœur
S’enivrer de rêves fous.
Résultat : angoisse
Tristesse et dommage
Il faut que je me l’avoue,
J’ai perdu l’année,
Elle fut sans plaisir,
Rien n’y vint à mon désir.

Bien que j’aie fort à me plaindre
Je m’incline et je supplie
Celle qui a seigneurie
Sur mon âme et ma personne.
Elle ne put rien dire
Quand je dus partir.
Je l’entendis soupirer,
La main sur les yeux :
« Que Dieu vous protège ».
Et quand en moi je revois
Son air amoureux,
Je me dis, en larmes :
Sans elle plutôt mourir.

La dame qui tient mon cœur
Je la prie je la supplie
De ne point m’être cruelle
de ne point croire les fourbes,
De ne point penser
Que j’en aime une autre.
De bonne foi je soupire,
Sans mentir je l’aime,
Mon cœur est vrai cœur.
Je n’ai rien des faux amants
Dont les tromperies
Ont fait que l’Amour
Ne récolte que mépris.

Chanson sois ma messagère,
Sans plus tarder cours et parle
À celle qui me plaît tant,
Hôtesse de toute joie.
D’un mot dis-lui comme
Je meurs de désir,
Et si elle veut m’accueillir
Rappelle à son cœur,
Sans perdre un instant,
Mon souci et mon désir,
Mon amour si grand
Que l’envie me tue
De la voir et l’embrasser.
Ma Dame Marie,
Tel est votre Prix
Que tous estiment plaisants
Mes dits et mes chants
Et l’éloge grand
Que je fais en vous chantant.


// Gaucelm Faidit

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Pastourelle
  
  
  
  
L’autre jour près d’une haie
Je vis bergère ambiguë,
Joyeuse, pleine d’esprit,
Vêtue comme à la campagne
Coiffe, cape, houppelande
Chausses de laine, souliers,
Et chemise de treillis.
Je m’approchai par la plaine
Et lui dis : — fille jolie
Je crains que le vent vous pique !

— Seigneur me répondit-elle
Grâce à ma mère et à Dieu
Qu’importe s’il m’échevèle
Je me porte on ne peut mieux !
— Fillette à l’humeur si douce
J’ai quitté le droit chemin
Pour vous tenir compagnie.
Une jeune villageoise
Comme vous ne peut garder
Tant de bétail en ce lieu,
Seule, sans plaisant ami.

— Je sais bien, qui que je sois,
Distinguer sens et folie,
Dit la belle villageoise.
Réservez votre amitié
à celles qui s’en contentent
Car les crédules, à mon sens,
N’en auront pas de profit.

— Fillette de noble race,
Sûrement, d’un chevalier
Votre mère vous conçut
Villageoise mais courtoise.
De plus en plus je vous aime
Et votre joie m’illumine
Si vous m’étiez plus humaine !

— Sire, dit la jeune fille,
À la bêche et à l’araire
Ma famille fut tracée.
Mais pour ce qui vous concerne
Tel qui se dit chevalier
Devrait l’être assurément
Les sept jours de la semaine !

— Fillette, une aimable fée
Au berceau vous fit cadeau
D’une beauté qui surpasse
Celle des gens de chez nous.
Vous seriez doublement belle
Si je pouvais, une fois,
Vous voir dessous, moi dessus !

— Seigneur, dit la paysanne,
Vous m’avez si fort flattée
Que toutes vont m’envier.
Du rang où vous me hissez
Voici pour vous ce salaire :
Reprends tes airs ébaubis,
Tu perds ton temps, pauvre fou !

— Fillette, un cœur dur, sauvage,
S’apprivoise par l’usage.
À vous voir il m’apparaît
Qu’avec une villageoise
Comme vous peut se lier
Une amitié de bon cœur
Si l’un ne trompe pas l’autre.

— Sire, dit la paysanne
L’homme encombré de folie
Jure, promet et s’engage
Mais de semblables hommages
Ne donnent pas droit d’entrée
Je garde mon pucelage
Nul ne me dira putain !

— Fillette, les créatures
Vont toujours à leur nature.
Apprêtons-nous, vous et moi,
À nous accoler ensemble
À l’abri, le long du pré.
Vous y serez à votre aise
Pour faire la chose aimée.

— Allons, seigneur, on sait bien
Que le fou cherche folie,
Le courtois belle aventure
Et le paysan sa mie.
Comme disent les anciens :
« Défaut de juste mesure
Fait la mine du bon sens. »

— Belle, je n’ai jamais vu
Plus friponne de figure
Et plus traîtresse de cœur !

— Seigneur écoutez la chouette.
Elle dit: « l’un baye aux corneilles
Et l’autre espère profit ! »


//(Marcabru France Gascogne (vers 1110 -1150)

/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Chanson
  
  
  
  
Quand la douce brise s’aigrit,
Que les feuilles tombent des branches,
Que le babil de l’oiseau change,
Je soupire et chante l’amour,
Car il m’a pris dans ses filets,
Moi qui n’ai jamais su le prendre.

Hélas ! d’amour je n’ai gagné
Que des tortures et des angoisses.
Mon désir s’élance vers vous
Mais il ne peut pas vous atteindre
Et rien ne me fait plus envie
Que ce qui s’éloigne de moi.

Tant m’enchante la pure perle
Que je n’aime rien autant qu’elle,
Mais je ne peux, tant elle m’émeut,
Devant elle dire ma peine
Car si je le fais, je crois bien
Que je n’aurai plus cœur ni tête.

La plus belle femme auprès d’elle
Que vaudrait-elle ? Un doigt de gant !
Que l’univers tombe dans l’ombre,
Autour d’elle tout resplendit.
Dieu m’accorde de l’approcher
Et de la voir à son coucher !

Que je dorme ou veille je tremble,
Je tressaille et frémis d’amour.
Si grande est ma peur d’en périr
Que je n’ose pas la prier.
Deux, trois ans je la servirai
Puis lui dirai le vrai, peut-être.

Je ne peux vivre ni mourir,
Ni guérir du mal qui m’accable.
Comment puis-je d’elle jouir ?
Je ne suis pas devin. Mystère !
Elle est celle qui peut m’abattre
Ou m’élever quand elle le veut.

J’aime fort qu’elle me rende fou,
Qu’elle me laisse là, nez levé,
Qu’elle rie de moi, qu’elle me bafoue
Autant en public qu’en privé.
Après le mal viendra le bien,
Je n’attends que son bon plaisir.

S’il tarde, que ne suis-je mort
À l’instant même où je la vis !
Hélas ! avec quelle douceur
M’ont tué ses beaux airs d’amour !
Elle me tient en telle prison
Que je ne veux en voir nulle autre.

Dans ma peine, seul réconfort :
Que je me taise ou la courtise
Par elle seule je serai
Fidèle ou faux, loyal ou fourbe,
Détestable ou vrai gentilhomme,
Impavide ou tremblant d’émoi.

Mais que cela déplaise ou non
Elle peut à son gré me garder.

Cercamon dit: n’est pas courtois
Celui qui d’amour désespère.


// Cercamon


/ Traduction Texte français de René Nelli, René Lavaud et Henri Gougaud
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Guette bien...

Guette bien, guetteur du château,

Quand l'objet qui m'est le meilleur et le plus beau,

Est à moi jusqu'à l'aube,

Le jour qui vient sans défaillir.

Jeu nouveau

Ravit l'aube, l'aube, oui l'aube!



Guette, ami, veille, crie, hurle,

Je suis riche, j'ai ce que je désire le plus,

Mais je suis ennemi de l'aube.

La tristesse que nous cause le jour

M'abat

Plus que l'aube, l'aube, oui l'aube!



Gardez-vous, guetteur de la tour,

Du jaloux, votre mauvais seigneur,

Gêneur plus que l'aube;

Là-dessous parlent nos cœurs.

Mais peur

Nous fait l'aube, l'aube, oui l'aube!



Dame, adieu!
Je ne puis rester davantage:

Malgré moi je dois partir;

Combien m'attriste l'aube!

Avec quel chagrin je la vois se lever!

Nous berner

Veut l'aube, l'aube, oui l'aube!

Raimbaut de Vaqueiras
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Videos de Henri Gougaud (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Gougaud
https://www.laprocure.com/product/1191880/gougaud-emmanuel-rencontrer-jesus-aujourd-hui
Rencontrer Jésus aujourd'hui Emmanuel Gougaud Éditions Salvator
« Rencontrer Jésus aujourd'hui, voilà un titre qui peut paraître assez banal et pourtant, c'est un livre neuf et très stimulant que nous propose le père Emmanuel Gougaud. le père Emmanuel Gougaud est curé de paroisse. Il a longtemps été au service des relations oecuméniques à la conférence des évêques de France. Il part en fait d'un constat qu'on fait un peu tous. Beaucoup de nos contemporains sont intéressés par la figure de Jésus, comme maitre de sagesse, comme philosophe. Mais bien peu entretiennent avec lui une relation intime, une relation d'amitié, une relation de croyant. »
Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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