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EAN : 9782221267813
234 pages
Robert Laffont (05/01/2023)
4/5   3 notes
Résumé :
Tu as fait quoi aujourd’hui au collège ? – Rien », répond immanquablement l’enfant.
La frustration des parents est d’autant plus compréhensible que ce « rien », c’est tout. C’est tout ce qui rend le métier de professeur à la fois difficile et passionnant : l’imprévu, le prévisible, l’intempestif, le répétitif, le drôle, le triste, le banal.
C’est tout ce qui rend le collège si douloureux ou amusant aux yeux des élèves.
C’est aussi tout ce que le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Mara Goyet est professeure d'histoire, géographie en France depuis 25 ans. Elle a choisi délibérément d'enseigner au collège.

Cet essai est divisé en trois partie :

- « le collège malgré lui », elle nous parle d'elle, de son choix d'enseigner au collège, de ses années d'expérience, du regard que portent les autres sur elle.
- « le retour de l'histoire » elle développe plus spécifiquement deux évènements importants de ces dernières années : la pandémie et l'école en distanciel, et l'attentat contre Samuel Paty.
-
- « des débats pour se soutenir » elle propose des pistes de réflexion pour continuer malgré les critiques, malgré les décisions politiques, malgré la société

Etant moi-même professeure en collège et lycée technique et professionnel, j'ai tout à fait compris et adhéré aux propos de sa première partie, je me suis retrouvée grandement dans sa perception du métier, dans notre relation aux élèves, aux pourquoi nous avons choisi ce métier qui n'est pourtant pas si valorisé ni rémunéré. L'envie d'être utile, le contact avec autrui, l'idée de transmission de savoirs…Enseigner est un métier extraordinaire, difficile, humble et ingrat. Chaque année est différente de la précédente, les élèves se succèdent, les attributions diffèrent, il faut sans cesse apprendre, créer, recommencer. C'est cela aussi qui me plait, ne pas tomber dans la routine même si on enseigne la même matière. On accueille des enfants à peine sortis de l'école primaire et on quitte des adolescents en pleine métamorphose, souvent exaspérants (page 37), c'est enthousiasmant mais extrêmement fatiguant

Le fonctionnement des écoles, les politiques mises en oeuvre sont très différents entre la France et la Belgique, j'y ai pourtant retrouvé de nombreuses similitudes quant aux « politiques éducatives qui empilent depuis des années, les démarches, les dispositifs, les réformes, sans chercher à tenir compte de ce qu'il y a de merveilleusement vivant chez les élèves, d'émouvant dans le lien qui les unit, ou non, à leurs professeurs, de follement riche dans une classe » (page 13).

Gouverner du vivant par les chiffres, c'est compliqué et cela génère frustrations et mécontentements dans toutes les parties concernées. Pas simple dans ces conditions de garder l'envie de continuer à enseigner plutôt que de se tourner vers le privé et jouir d'un poste bien rémunéré, socialement valorisant, installé dans un bureau confortable avec la possibilité d'aller aux toilettes quand on en ressent le besoin !

Dans la deuxième partie, elle relate l'expérience de l'école en distanciel, la pandémie s'invitant dans nos vies. Cela n'a pas été simple, d'un point de vue organisationnel, toutes les écoles, toutes les familles n'étaient pas équipées pour passer aux cours via l'ordinateur en quelques jours. Ce fut une entreprise collective impliquant les enseignants, les élèves et les parents. Certains sont rapidement sortis de radars et le retour à la normale après le confinement a mis en évidence une situation de décrochage scolaire importante, de démotivation, d'angoisse. La situation n'est pas brillante pour tous. Elle évoque également la relation parents /enseignants, coopération ou au contraire critiques et doléances. La facilité avec laquelle on entre en contact avec un professeur, le mail, le groupe WhatsApp font que la limite entre la vie privée et la vie professionnelle vole souvent en éclat. Elle conclut que cette période de pandémie et de cours à distance lui a donné motivation et énergie pour se réinventer et se mobiliser pour que les élèves soient attentifs à ses cours alors qu'ils n'étaient pas captifs dans la classe, en sa présence.

Puis vient l'attentat contre Samuel Paty, qui a eu la tête tranchée parce qu'un de ses cours avait « choqué » (page 108). Comment en parler aux élèves ? Il y a consensus pour que l'on aborde en classe la question de la liberté d'expression et l'acte terroriste dont il a été victime. Mais comment faire ? Chaque enseignant sait qu'en abordant le sujet il prend un risque. Elle le prendra en commençant par un gros travail d'information sur le déroulé des évènements (de nombreux élèves n'étaient même pas au courant), puis ont suivi des discussions que les élèves ont eux-mêmes enrichis de leurs questionnements (pages 116-117).

La troisième partie m'a un peu laissée au bord du chemin. Les deux évènements précités « ont atteint le coeur de l'école : son cadre et sa forme avec la pandémie, sa liberté et sa rationalité avec l'attentat contre Samuel Paty La vulnérabilité de l'Ecole a été cruellement mise en lumière : le distanciel a éprouvé la question du lien, le crime, celle des fondations mêmes de l'institution, incapable de réellement soutenir puis de sauver un professeur dénoncé injustement par des parents et des élèves ». (page 121).
Partant de ces postulats, elle passe en revue quelques-uns des débats qui traversent l'école, et essaie de leur trouver un dénominateur commun.
Ces débats sont entre-autres: l'affrontement entre pédagogues et républicains, la question de la laïcité et des valeurs, les effets réels ou supposés du « wokisme », des conditions de possibilité d'une école inclusive ; ce que l'on entend par exemplarité du professeur… (page 123).

Ces questionnements sont évidemment intéressants, j'ai lu ses réflexions avec intérêt mais notre système scolaire est tellement différent du système scolaire français que je le connais peu, ses réflexions sont peu transposables à mes propres questionnements et par conséquent, même si je l'ai comprise dans sa globalité, je n'ai pas été particulièrement intéressée par chaque sujet.

Cela reste malgré tout une lecture enthousiasmante car optimiste et positive, avec tous les biais que l'on peut supposer, elle parle de son expérience singulière, si elle était professeur d'une autre matière, dans un autre collège, si elle n'était pas blanche issue d'une famille bourgeoise, sa perception des choses serait probablement bien différente (mais c'est le cas pour chaque essai, chaque texte proposé à la lecture).

Elle se démarque en tout cas d'un autre essai dont j'ai beaucoup entendu parlé, dont j'ai commencé la lecture mais que je n'ai pas encore achevée : « L'ex plus beau métier du monde » de William Lafleur qui lui est beaucoup plus critique, pessimiste et exhaustif dans sa démarche en ce sens qu'il analyse des dizaines de témoignages et qu'il travaille sur un recueil de nombreux témoignages alors qu'elle ne parle que de son point de vue, forcément plus réduit.
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critiques presse (2)
Bibliobs
27 février 2023
La chroniqueuse de « l?Obs », qui est aussi professeur au collège, décrit son quotidien et ses questionnements depuis sa salle de cours.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
03 janvier 2023
L'enseignante publie un essai très personnel dans lequel elle ausculte sa pratique quotidienne au cœur de la classe. Un livre qui donne à voir une professeure heureuse de son métier.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le plus triste, ce n'est pas les élèves turbulents, mais ceux qui manquent de vitalité, de désir, et depuis le confinement, ils sont de plus en plus nombreux.
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Videos de Mara Goyet (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mara Goyet
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Raphael Zagury-Orly Avec Mara Goyet, écrivaine Cécile Ladjali, enseignante Judith Revel, philosophe
«Apprendre est une expérience: tout le reste n'est qu'information», disait Albert Einstein. Expérience complexe, en vérité, au sens où elle met en jeu les facultés de chacun(e), les savoirs et la volonté, les besoins et les désirs, les émotions, tantôt propulsives (curiosité, satisfaction, joie de la découverte) tantôt répulsives (fatigue, ennui, désintérêt, sentiment d'échec), sinon la personnalité entière de ceux et celles qui sont là pour apprendre, et qui d'une manière ou d'une autre transmettront à d'autres les connaissances dont ils acquièrent la maîtrise, et ceux et celles qui sont là pour enseigner, et qui d'une manière certaine continuent, en le faisant, à apprendre. Ce qui est certain, c'est qu'apprendre ne s'accomplit jamais sous la contrainte, la peine ou la punition, et ne peut être que «philosophie», amour du savoir – car on n'apprend rien s'il n'est aucune appétence, aucun goût pour savoir, si l'on n'éprouve aucune joie à élargir le champ de ce qu'on sait. Arriverait-on à inculquer de force quelques connaissances chez l'enfant ou l'élève, qu'elles disparaitraient progressivement si elles n'étaient alimentées, ensuite, et toute la vie durant, par le goût, l'envie, le désir, le plaisir, la volonté de continuer à apprendre. Mais comment créer cette faste «prédisposition» si elle n'existe pas, si elle est enterrée sous l'ennui, la distraction, la démotivation, des sollicitations autres, sources d'inattention? de quels atouts disposent parents et éducateurs pour faire naître l'envie d'apprendre?
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