J'ai lu avec plaisir le second roman paru aux éditions JC Lattès en 2013 de
Capucine Motte : «
Apollinaria, Une passion russe », roman pour lequel elle a reçu le prix
Roger-Nimier. A la fin du dix-neuvième siècle, à l'université de Saint-Pétersbourg, dans l'amphithéâtre, la jeune
Apollinaria Souslova écoute un écrivain dont tout le monde parle, un noble qui a écrit sur ses quatre années passées au bagne en Sibérie. Pour elle qui est la fille d'un serf émancipé, Prokov Souslov, c'est immédiatement le coup de foudre.
Capucine Motte revient sur le domaine de Panino, où travaillait son grand-père Semenon, puis ses deux fils, Prokov et Ivan. Prokov épousa la belle Alexandra et ils eurent entre-autres deux filles : Apollinaria et Nadia. Une fois jeunes filles, elles ne rêvaient que d'aller à Moscou. Et leur mère les conduisit à la pension de Mme Pennischkaou où elles ressentirent fortement leur basse condition. Cela conforta Nadia à s'affranchir de la condition féminine et à devenir une femme libérée et révolutionnaire. Quant à Apollinaria, elle fut dévorée par sa passion pour l'Ecrivain,
Fédor Dostoïevski, et malgré une belle plume, elle ne fera pas carrière et restera dans l'ombre. « Elle s'est souvent retrouvée la seule femme dans ce salon où des hommes brillants parlent des réformes, des nouveaux auteurs ;
Mikhaïl Saltykov, Chtchedrine,
Nicolas Leskov et des nouveaux peintres : Vasily Perov, Vasili Pukirev. » Elle finit par partir seule à Paris à la Pension Hogerman. Elle fréquenta Evguenia Tour, la
George Sand russe qui a créé son propre journal, La Parole russe, devenant ainsi l'idole des féministes. Apollinaria a un caractère fort et sa relation avec l'Ecrivain est très moderne ! Elle le veut puis le délaisse, le relance, pour finalement ne pas vouloir l'épouser à la mort de sa première femme phtisique et lui conseiller d'en épouser une autre. Elle sera son inspiratrice et sa muse et certains caractères féminins des livres de l'Ecrivain seront à son image, ainsi
Pauline Alexandrovna dans «
le joueur ». « Est-elle jolie ? Mais oui, elle est jolie, il me semble qu'elle l'est. N'a-t-elle pas tourné la tête à d'autres ? Grande, svelte. Mais très mince. On pourrait en faire un noeud, la plier en deux. L'empreinte de son pied est fine, allongée, troublante. Précisément troublante. Ses cheveux ont un reflet roux. Ses yeux sont de vrais yeux de chat. Et comme elle sait leur donner un air fier, altier. »
Cette évocation d'une passion d'un grand écrivain russe m'a bien intéressée. Evidemment, si je m'étais plongée dans wikipedia, j'aurais découvert les principaux faits marquants de cette belle histoire mais j'admire les conteuses qui savent broder autour de la vie de grands artistes ainsi
Tatiana de Rosnay avec
Manderley for Ever ou Olivia Elkhaim Je suis
Jeanne Hébuterne.