Un tel roman va au-delà de la simple lecture et pousse inévitablement à la réflexion.
L'auteur se livre sur un épisode bouleversant de son adolescence, c'est d'ailleurs l'objectif de la collection Confessions de chez la Martinière.
Dans ce récit, on parle de religion, de foi, des liens familiaux aussi et des tensions inhérentes.
Christian Grenier a vécu son enfance auprès de ses parents à Paris. Puis sous la pression d'un riche oncle un peu trop influent et trop peu amène, la famille s'est installée du côté de Besançon. La Franche-Comté, c'est justement mon fief, mon enfance et mon adolescence à moi aussi, alors cette proximité géographique a inconsciemment pesé dans mon appréciation du récit :-)
A Besançon, l'auteur se rapproche davantage de son cousin Aubin. Dans le même temps, il met de la distance avec son oncle despote, voulant se soustraire à cette prégnance tyrannique.
Christian Grenier a pris à coeur sa relation avec Dieu dès son plus jeune âge.
La Bible représente pour lui le livre de valeurs morales par excellence. Il avait d'ailleurs entrepris de la lire en entier avant de faire sa communion. Entreprise très louable au demeurant.
Mais à l'adolescence, un terrible drame familial l'éloigne de sa foi. Il l'écrit lui-même, il vit à ce moment-là un basculement. Il ne rejette pas les préceptes qui l'avaient guidé jusque-là. Mais une conversation avec un prêtre au sujet de ce drame a complètement fait chanceler sa foi en Dieu.
C'est là que le lecteur intervient en se posant des questions essentielles. Sur les liens familiaux déjà, mais aussi sur sa foi. Quel en est le fondement ? Doit-on laisser le raisonnement d'un humain (imparfait) qui se dit représentant de Dieu dominer sur sa propre foi? Chacun peut-il interpréter la Bible comme bon lui semble? Souvent, les humains mettent des carcans à la Bible et à leurs croyances là où Dieu lui-même n'en met pas. J'ai été impressionnée de voir les interrogations pertinentes et les réflexions logiques que l'auteur a menées en lien avec sa foi dès l'âge de 11 ans.
Son récit m'a énormément touchée. Et même s'il a perdu la foi à ce moment-là, il a tenu à préciser à la fin de son livre "je crois. Je crois à la vertu des mots amour, compassion, fraternité, tolérance. Je crois le bonheur possible s'il rime avec le partage. Et je veux l'avenir plus doux que le présent. Si j'ai perdu la foi, j'ai gardé l'espérance." Bravo, et merci Monsieur Grenier pour ce récit poignant.