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EAN : 9782072830525
272 pages
Gallimard (07/01/2021)
3.62/5   25 notes
Résumé :
« J'ai eu un ami, Mike, architecte américain, qui partageait son temps entre le Minnesota, le Nouveau-Mexique et de nombreux voyages avec sa femme, Gloria, rencontrée au jardin d'enfants quand ils avaient six ans. Ce qui nous unissait le plus étroitement, c'était notre pratique commune du dessin d'observation. Se mêler le plus possible à la vie alentour, carnet et crayon en main, et la représenter. Mike a fait, comme moi, au fil des années, des dizaines de milliers ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Mike est le premier texte « sans images » du dessinateur écrivain Emmanuel Guibert. C'est le prénom de son ami, un architecte américain, avec qui il partage la passion du dessin. Grave et sensible, le récit est une « une version démaquillée, crue » du voyage qui l'emmène, le 31 décembre 2011, à Minneapolis afin de lui faire ses adieux.
Au bord de l'épuisement, Mike apparait en haut de l'escalier. « Il se maîtrise visiblement pour descendre avec naturel, droit et tendant les bras. Sa démarche est contrainte, pas son sourire… Je suis ici pour qu'il prenne congé du dessin. Tant qu'il ne l'a pas fait, nous prétendons ensemble qu'il est trop tôt pour qu'il meure ».
Emmanuel Guibert va passer quelques jours dans la maison d'en face et laisser sa mémoire lui rappeler les souvenirs, s'appliquant à trouver les mots justes. « C'est toujours bon de faire attention à ses mots… Parler comme il faut, c'est réguler son souffle, sa voix, son vocabulaire, ses mains, les traits de son visage. Ça fait du bien à celui qui parle et c'est la condition suspensive pour faire du bien à celui qui écoute ».
Le 2 janvier, à la demande de Mike, les deux amis échangent leurs carnets de croquis pour une ultime séance de dessin. « Mike entre dans la réserve de feuilles blanches… le carnet ouvert sur ses genoux, il pointe son crayon sur la page de droite, la belle page. Il reste là un moment, face à son reflet dans la porte de l'armoire. Il fixe un point au-dessus de lui. Une longue inspiration suivie d'un soupir et il trace un trait ». Ému, Emmanuel Guibert reste en contemplation devant l'effort de son ami puis se décide. « Je lui emboîte le trait, je m'y mets ». (...)
L'ami s'en est allé. Reste le souvenir des derniers échanges, « ses mots bien choisis, le ton qu'il emprunte » et cet aveu : « Et comme ça a été beau d'exister… Il me le laisse entendre dans tout ce qu'il dit : comme ça a été beau d'exister » !

Elisabeth Dong dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mike..
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Emmanuel Guibert est plus connu dans l'univers de la bande dessinée. Lauréat du grand prix 2020, il exposera cette année à Angoulême.
Ici, il met ses lecteurs au régime sec de dessins. Pourtant, dès la deuxième page, il revient sur ses B.D et nous parle des missions du “photographe” en Afghanistan puis du G.I. Alan Ingram Cope, des récits de vie comme l'est ce livre.

Je n'ai pu m'empêcher d'imaginer les illustrations qu'il aurait pu faire de ce récit, d'ailleurs lui-même parle des croquis envisagés.
Alors… j'ai repris “L'enfance d'Alan” en lecture parallèle, ouvrage dessiné à la même époque que celle où se déroule l'histoire de Mike (mort en janvier 2012).
Le fait de connaître l'univers graphique de Guibert donne un background intéressant à ce livre et réciproquement.

Le fil conducteur du récit est l'accompagnement de Mike et les pensées qui nous traversent lors de la mort d'un proche. le livre est aussi une réflexion sur le dessin d'observation, passion qu'il partage avec son ami architecte dessinateur ; le bandeau du livre n'annonce-t-il pas “une amitié dessinée" ?

Guibert donne la part belle à des digressions.
Il se sent plus proche de l'univers des artistes de la grotte de Niaux que de celui de ses contemporains.
Il s'échappe de l'oppression de la fin de vie de Mike par des réflexions sur la création artistique (cf citation) ; d'autres, plus philosophiques, m'ont laissé par contre au bord du livre.
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Grand Prix du Festival d'Angoulème 2020, Emmanuel Guibert est ce formidable auteur de BD dont l'audace n'a égal qu'à sa maitrise et sa polyvalence.

Il faut dire qu'il n'ose sans cesse de s'aventurer vers des formes différentes entre le roman graphique ( le photographe, sans doute son chef d'oeuvre), la littérature jeunesse (Ariol) , le récit documentaire et le carnet de voyage; le seul point jusqu'à présent entre toutes ces oeuvres étant le dessin; l'image étant jusqu'à présent le vecteur essentiel de son travail .

C'est pourquoi il est assez surprenant de découvrir pour cette rentrée littéraire de janvier 2021 un récit dépourvu de la moindre image.Ce récit intime est un hommage à Mike, qui donne son titre au livre, un ami architecte américain, tenant, comme d'ailleurs Emmanuel Guibert lui meme, en grande estime, le dessin d'observation – le début de toute chose .

Un ami malade d'un cancer très agressif, à qui Guibert va rendre visite chez lui à Minneapolis pour dessiner avec lui pour la première-et derniere, car Mike se sait condamné à breve échéance; sa maladie étant incurable- fois de sa vie .

C'est l'histoire d'une amitié à la vie à la mort dont Guibert se fait le témoin ultime ,dans un texte en forme de mémoire, de trace laissée par une amitié, qui a placé le dessin au coeur de l'histoire.

Si la forme littéraire choisie est inédite pour lui, Emmanuel Guibert poursuit sa thématique de prédilection l'amitié, et montre à quel point il reste un passeur et un raconteur hors pair.

Son regard, sans pathos et avec plein de sensibilité et de malice sur cette amitié entre deux hommes d'exception rend son "premier livre sans images" inspirante et pleine d'optimisme !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un texte très beau sur l'amitié, mais aussi sur la fin de vie.
Comment y survivre en tant qu'ami ? Comment respecter et aider un ami au seuil de la mort ? Comment partager les derniers instants et dessiner encore ?
Ces deux amis, ont une passion commune, le dessin, mais il ne l'aborde pas de la même façon en effet, Mike est architecte alors qu'Emmanuel Guibert est un dessinateur de bande-dessinée (récompensé notamment pour "Le Photographe" qui est une sorte de roman graphique et de reportage).
Une vraie réflexion sur l'importance de l'amitié, d'être accompagné et le respect de l'autre même quand il est amoindri.
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C'est un beau récit qu'a écrit là Emmanuel Guibert. La dernière visite à un ami d'assez fraiche date, mais avec lequel s'était nouée une solide amitié, en partie autour de leur passion commune du dessin d'observation. Mike est au bord de la mort, Emmanuel va le voir, ils vont faire un dernier dessin ensemble.

Le lecteur accompagne le narrateur lors de ce voyage, suit ses réflexions autant sur cette relation, la personnalité de Mike, l'amitié en général, que sur l'approche de la mort, le vide qu'elle va laisser, et aussi sur son rapport au dessin, à l'art, à ce qui l'entoure, à la vie.

Ce fut une lecture émouvante et de nombreux passages ont résonné en moi.
Un livre qui montre encore une fois les talents polymorphes et la sensibilité d'Emmanuel Guibert que j'appréciais déjà beaucoup !

Un grand merci aux éditions Gallimard et à l'opération Masse Critique de Babelio.

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critiques presse (3)
Culturebox
20 mars 2023
Ce très beau livre montre à quel point la fin de vie est une question singulière, unique, propre à chacun. Ici ce dernier temps de la vie se partage autour du dessin, dans l'amitié.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
16 mars 2021
À travers le récit des derniers jours qu'il partage avec son ami Mike, architecte américain et dessinateur, Emmanuel Guibert livre une réflexion profonde sur l'amitié et la mort, qu'il fait se rejoindre dans le dessin.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
08 février 2021
Le dessinateur et scénariste de bande dessinée, couronné il y a un an du Grand Prix d’Angoulême, signe « Mike », son premier livre « sans images ». S’y retrouve tout entière son immense ouverture à autrui.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Quand on travaille sur papier absorbant avec de l’eau et de l’encre, ce qu’on pêche le mieux, c’est le fugace et l’à peine visible. Le lavis, à la fois pour son nom poétique, ses vertus expressives et le plaisir exigeant qu’il y a à le pratiquer, est un des plus beaux passe-temps qui soient. On se prend pour le bon Dieu quand on fait du lavis. On sépare la lumière des ténèbres et on voit que cela est bon.
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A un moment, Mike me dit : " Je n'ai pas peur de la mort mais j'aimerais ne pas être là quand elle va arriver. C'est la première fois qu'il prononce le mot " mort", ce soir. La phrase sonne comme une confidence très personnelle, avec un arrière fond immense. Elle me coupe le sifflet. Je voudrais trouver quelque chose d'apaisant. Je ne trouve rien. Je me contente de prendre sa main.
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Un des aspects les plus vertigineux d'une vie, c'est la somme de ses déplacements. Tout ce qu'une personne a pu arpenter, voir, ressentir de par le vaste monde, ou même dans son pâté de maison, si elle ne l'a jamais quitté. La mort efface ce diagramme d'un coup sec. Le savoir qui se transmet du vivant de quelqu'un est très peu de choses en regard du savoir qui se perd à sa disparition. Il y a infiniment plus à manger dans ce qu'on garde pour soi et emporte dans sa tombe que dans ce qu'on dit, même si on est bavard. Et je ne parle pas ici de découvertes ou de secrets. On partage la plupart de nos maigres découvertes et il est rare qu'on garde nos gros secrets. Je parle d'une infinité de petites intuitions, de petites constatations qu'on ne formule pas, qu'on n’associe pas, qu'on ne pousse pas à leur terme, qu'on mélange, qu'on oublie, qui nous traverse sans qu'on les connaisse mais déposent toutes quelque chose dans notre cerveau. Ce qu'on héberge sans en avoir idée ; Ce qu'on sait sans le savoir. Ces fruits de l'expérience ou de l'imagination que leur forme inachevée rend méconnaissables et impossibles à inventorier. Tout ce qui s'entasse en nous à l'état de minerai brut mais affleure de temps en temps dans nos pensées avec des couleurs et des propriétés étonnantes. Le contenu de notre for intérieur, qu'on ferait mieux d'appeler notre coffre-fort intérieur. Il est fermé aux autres et son code d'accès s'autodétruit à la mort du porteur, comme dans les films d'espionnage. À nous-mêmes, il n'est pas fermé mais c'est comme s'il l’était tant son contenu est énigmatique. C'est ce for intérieur, où l'ensemble des fors intérieurs de toutes les générations humaines cousus ensemble qui raconteraient le mieux qui nous sommes. P.40
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Mike, Gloria et Andrea forment un triangle régulier. Je connais ce modèle d’équerre, j'ai le même. C'est s'entendre avec des parents qui s'entendent entre eux. Ce n'est pas universel, ce n'est pas exceptionnel. Pas non plus si courant. Les familles soudées, si elles ne sont pas soudées par la psychose, exercent une attraction sur les individus qui passent à leur portée surtout les solitaires et les blessés. C'est qu'elle donne l'impression d'avoir le mode d'emploi de la paix. Elles savent faire la paix, entretenir la paix, comme on dit faire un feu, entretenir un feu. Ce sont des foyers. p.154
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Elle me raconte le jour où ils ont appris la maladie. Le coup de massue. La discussion entre eux au sortir de chez le médecin, dans cette voiture. Comment ils ont envisagé la fin. L'émotion avec laquelle ils sont arrivés au même constat qu'ils n'auraient pas pu vivre mieux qu'ensemble. Tout ce à quoi il faut renoncer. Le si peu de temps qu'il reste. La certitude de la mort, l'incertitude de leur. La torture des mois passés, l’encore plus de torture des mois à venir. L’incrédulité devant tant d'épreuves. Le soulagement malgré tout, que Mike continue de ne presque pas souffrir physiquement. Mais s'il souffre si peu, pourquoi doit il mourir ? La bouleversante façon qu'il a de décliner en restant lui-même, ce qui lui épargne l'hôpital et les autorisent à continuer de partager leur lit. La hantise que l'hôpital, malgré tout, soit inévitable. La détresse d'anticiper une situation que, pour avoir rencontré Mike au jardin d'enfant, elle n'a jamais connu : la vie sans lui. P.26
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#10marsjelis, le Quart d'heure de lecture national
En 2022, la lecture est Grande cause nationale. L'auteur Emmanuel Guibert est ambassadeur de cette cause. Il la porte haut et fort et participe, le 10 mars à 10h, au Quart de lecture national : le rendez-vous de lecture simultané organisé partout en France.
Sous le #10marsjelis, parlez-en autour de vous, postez vos meilleurs moments, et surtout…lisez !
Tout savoir sur #10marsjelis, le Quart d'heure de lecture national : https://centrenationaldulivre.fr/actualites/le-cnl-appelle-a-un-quart-d-heure-de-lecture-national-le-10-mars-2022-a-10h
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