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sur 368 notes
Incroyable! Incroyable histoire, et magnifique récit!
La première partie nous restitue l'émotion, intacte, de Jan Karski, insoutenable, lors qu'il doit une fois encore raconter ce qu'il a vu de ses propres yeux dans le ghetto de Varsovie. D'autres récits, témoignages écrits cachés retrouvés depuis ou même images corroborent les faits décrits par Jan Karski. Cependant, c'est son impossibilité à supporter ou accepter l'inacceptable qui nous renvoie à nos propres émotions, à notre humanité.

La deuxième partie nous emmène dans un incroyable récit, presque rocambolesque, n'étaient les tortures et disparitions des proches de Jan Karski. Cette deuxième partie est consacrée aux voyages de Jan , devenu émissaire de la résistance polonaise vers les puissances occidentales. Elle nous permet une fois encore de ressentir l'urgence à transmettre les informations aux grandes puissances seules capables de sauver les Juifs d'un anéantissement.


La dernière partie, où Yanick Haenel fait parler Jan Karski m'a tout d'abord semblée faible, fabriquée. Mais rapidement, j'ai compris qu'elle était la parole de Yanick Haenel lui-même, au nom de tous, de tous ceux qui veulent comprendre comment tout ceci a pu arriver, et tentent de ne pas se voiler la face.
Face à Roosevelt : " Au bout d'une heure, je n'avais plus qu'une idée en tête, m'échapper... J'avais affonté la violence nazie, j'avais subi la violence des Soviétiques, et voici que je faisais connaissance avec l'insidieuse violence américaine... Une violence qui vous exclut par la surdité, par l'organisation d'une surdité qui empêche tout affrontement... Chaque fois, dans les pires conditions, j'avais réussi à m'échapper. Mais comment s'évade t-on d'un canapé? En sortant ce soir-là de la Maison Blanche avec l'ambassadeur, j'ai pensé qu'à partir de maintenant c'était ce canapé qui allait régner sur le monde, et qu'à la violence du totalitarisme allait se substituer cette violence-là, une violence diffuse, civilisée, une violence si propre qu'en toutes circonstances le beau nom de démocratie saurait la maquiller".
Le récit continue, fiévreux, mettant en cause les alliés qui savaient tout mais ont fait de la résistance à leur façon pour éviter d'accueillir cette nombreuse population de malheureux.
La fin de cette troisième partie nous emmène dans un lieu où l'homme est seul, face à sa responsabilité. " Personne n'échappe à cette abjection qui partage les hommes entre ceux qui meurent et ceux qui donnent la mort... Car il y a les victimes, il y a les bourreaux, mais il y a également ceux qui sont à côté, et qui assistent à la mise à mort... C'est à partir du moment où un vivant éprouve sa distance avec un homme qu'on met à mort qu'il faitl'expérience de l'infâmie."
La grande question posée est celle de l'humanité, et il termine en disant qu'il a fait l'expérience de l'impossible, qu'une partie de lui est morte au spectacle de toutes les exactions commises, mais "qu'on peut redonner vie à la parole par la parole". "Parler, c'est faire en sorte que tout ce qui est mort redevienne vivant, c'est rallumer le feu à partir de la cendre... Je crois que si l'on ne s'arrêtait plus de parler, si la parole pouvait coïncider avec la moindre parcelle de notre existence, et que chaque instant ne soit plus que parole, alors il n'y aurait plus de place en nous pour la mort."
Au final, ce livre est profond, humain, de toute beauté.

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A t on le droit de faire de l Histoire, même celle-là une fiction.. Pensons à Alexandre Dumas... Au moins l auteur nous prévient il dès le début de son choix fictionnel, et rend il à une histoire brûlante une puissance émotionnelle que les livres d histoire ne donnent pas
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Yannich Haennel a bâti son livre en trois parties, qui chacune à leur façon mettent la focale sur un des aspects du témoignage de Karski, suite à son passage éclair dans le Ghetto de Varsovie en 1942.
Dans la première partie, Yannick Haennel revient sur l'intervention de Karski dans le film documentaire "Shoah" que Claude Lantzmann a sorti sur les écrans en 1985, film de presque dix heures relatant l'extermination des juifs durant la deuxième guerre mondiale.
La deuxième est consacrée à un résumé que fait Haennel de cette intervention et la troisième, qui a mon sens, est la plus riche car la plus libre, c'est la traduction des pensées que Yan Karski aurait pu avoir, son analyse de l'immobilisme des États Unis face à sa révélation de l'horreur et surtout du mensonge par omission dont se sont rendus coupables les acteurs de Yalta.
C'est un livre très fort, qui a suscité énormément de polémiques lorsqu'il est sorti, car beaucoup ont voulu contester cette version des réflexions prêtées à Karski.
Cette troisième partie, qui prend appui, de toutes ses forces, sur les deux premières, est criante de vérité et de sincérité. Qu'importe si Karski n'a pas tout à fait eu cet état d'esprit le restant de sa vie, il est bon pour nous, que Yannick Haennel ait réussi à combler le vide en mettant des mots et des phrases sur ce silence définitif dans lequel Karski s'était emmuré après 1985.
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L'auteur :

Yannick Haenel est co-créateur de la Revue Ligne de risque. Professeur de français jusqu'en 2005, il a publié plusieurs romans dont Cercle qui a reçu le Prix Décembre et le Prix Roger Nimier. Il est chroniqueur pour le magazine de littérature et de cinéma TRANSFUGE depuis 2010.

Il a reçu le Prix Interralié et le Prix Roman Fnac pour Jan Karski en 2009.

Le livre :

Il est composé de trois parties. La première décrit un épisode du tournage du film Shoah de Claude Lanzmann dans lequel Jan Karski a été un témoin important. La seconde est une reprise du livre (Story of a secret state) que Jan Karski a écrit en 1942 et publié en 1944 qui raconte sa vie de résistant polonais. La troisième est un récit fictionnel sur les pensées de Jan Karski à la fin de la guerre, et les circonstances qui l'ont poussé à témoigner dans Shoah.

(Je viens d'ailleurs de lire que Lanzmann a attaqué l'auteur en l'accusant de falsification historique, en particulier dans la troisième partie. Yannick Haenel lui a répondu en invoquant sa liberté de romancier).

Ce que j'en ai pensé :

C'est un roman un peu difficile à commenter. La première partie m'a un peu énervée, je ne parvenais pas à rentrer dedans. La seconde est somme toute un récit classique de la vie d'un résistant pendant la Seconde guerre mondiale. La troisième est intéressante par les réflexions originales qu'elle propose, en ce qu'elles sortent des discours habituels sur la victoire des Alliés. Finalement c'est la réunion des trois parties qui en fait un très bon ouvrage.

Même si j'étais a priori un peu lassée par tous les romans sur la Seconde guerre mondiale dont on est impitoyablement bombardé à chaque rentrée littéraire, j'ai finalement été séduite. Je ne vais pas m'attarder sur ce qui ressemble à tous les romans sur cette guerre ("Jan Karski touche ici à quelque chose de vertigineux : il comprend que le mal est sans raison" ), mais plutôt pointer ce qui m'a semblé original :

- le récit de la vie des Polonais pendant la Seconde guerre mondiale, et pas seulement des Juifs. On a au final très peu de témoignages sur ce que d'autres pays ont pu vivre durant cette période. Ici, "Jan Karski est témoin de l'infamie allemand, dont la machine répressive s'applique à rendre le quotidien des Polonais invivable. Fermeture des écoles et interdiction par les Allemands de tout enseignement. Programme de famine qui maintient chaque habitant sous le niveau minimal d'alimentation. Déportation systématique des nouveaux-nés polonais." Certes, il insiste beaucoup sur le courage des Polonais, faisant peut-être l'erreur de trop vouloir généraliser l'attitude de ces derniers, sans nuance : "Etre polonais voulait dire être contre toutes les tyrannies". On a trop souvent l'image du Polonais antisémite dénonçant les Juifs à tour de bras. On ne prend pas assez conscience, je pense, que la Pologne a été littéralement écrasée par deux pays, l'Allemagne et la Russie. Ou le drame d'une nation que l'on veut effacer de la carte, non pas seulement géographiquement mais aussi culturellement.

- La réflexion sur le rôle de la parole, du témoin qui doit dépasser l'horreur de sa vie : "C'est grâce à Claude Lanzmann que j'ai réussi, comme des dizaines d'autres témoins, à revenir du silence - à me faire entendre."

- L'impuissance d'un homme qui a voulu se faire entendre en prévenant les Alliés de ce qui se passait. "Et pourtant le livre n'a rien changé. Si un livre ne modifie pas le cours de l'Histoire, est-ce vraiment un livre ?" D'où l'intérêt de la réflexion sur l'attitude des Alliés et la blague qu'est le procès de Nuremberg, un mois avant Hiroshima et Nagasaki. "Au fond j'avais fait l'expérience de la fin de ce qu'on appelle l'"humanité". le mot "humanité" s'est tellement compromis au cours du XXe siècle qu'à chaque fois qu'on l'emploie, il semble qu'on se mette à mentir."

Bon ce billet est déjà un peu long mais il y a tellement de choses à dire sur ce livre ... le mieux est que vous le lisiez !
Lien : http://wp.me/p1Gkvs-6G
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C'est un peu sur la pointe des pieds que je suis entré dans ce livre : sa triple construction (d'abord le compte rendu du témoignage de Karski dans le film "Shoah"), puis un récit de sa vie (écrit à partir de sa vie) et enfin une dernière partie fiction, cette construction donc m'avait un peu dérouté. Une fois attaquée la deuxième partie, véridique, on est happé, et la dernière partie, dont Karski est le narrateur, nous fait entrer de plain pied dans l'âme de celui qui fut (pour de vrai) le messager de la résistance polonaise, chargé d'alerter le monde sur l'extermination des Juifs. Un livre captivant, qui interroge L Histoire, le poids des mots et du silence, l'incapacité des mots face à l'horreur.
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Pour qui a vu Shoah, le chef-d'oeuvre de Claude Lanzmann, un moment particulièrement bouleversant reste à jamais gravé dans la mémoire. Jan Karski, courrier de la résistance polonaise, témoigne de sa visite, fin août 1942, dans le ghetto de Varsovie. Lorsqu'il décrit ce qu'il a vu, sa voix, 35 ans après, se brise. Aux deux responsables juifs qui l'ont introduit clandestinement dans le ghetto, il promet de transmettre leur message aux Alliés : il faut faire quelque chose tout de suite. L'Allemagne nazie sera défaite, la Pologne revivra, mais, «nous, les juifs, nous ne serons plus là. Notre peuple tout entier aura disparu». Une autre demande s'adresse au chef du gouvernement polonais en exil : que la Résistance polonaise donne des armes aux Juifs, pour le soulèvement du ghetto se prépare. "J'ai fait mon rapport. J'ai dit ce que j'ai vu", dit sobrement Karski. de fait (cela n'est pas traité dans le film) Karski n'a plus qu'une idée: transmettre le message qui lui a été confié.

A la seule vue du titre, je me suis donc jeté sur le Jan Karski ("roman") de Yannick Haenel.

Le premier chapitre reprend intégralement l'entretien de Karski avec Lanzmann dans Shoah. le commentaire d'Haenel dit au lecteur ce qu'il entendrait et verrait s'il était devant l'écran. Cela avec une insistance très littéraire qui me semble parfois inutile tant le texte est fort.
Le second chapitre résume le livre Story of a Secret State (1944) très peu connu en France, bien que traduit en 1948, réédité en 2004 sous le titre Mon témoignage devant le monde. Karski, à la suite de la débâcle, dès septembre 1939, de l'armée polonaise face à l'Allemagne nazie, est fait prisonnier... par les soviétiques, avec les débris d'armée polonaise repliés vers l'est. Il échappe de peu au massacre de Katyn, puis s'échappe d'un camp allemand et rejoint la Résistance. Il participe en tant que courrier à la mise sur pied de "l'Etat secret" puis de l'AK ("Armée du Pays", résistance non communiste). Trajets rocambolesques, arrestations, tortures, évasions. Jusqu'à ce qu'en été 1942 il soit chargé d'emporter en Angleterre, pour le gouvernement polonais en exil, l'équivalent de mille pages en microfilms. C'est avant son départ qu'a lieu la rencontre du ghetto.
A Londres, à Washington, à New York, les plus hauts responsables politiques, notamment le président Roosevelt (en juillet 1943), les dignitaires des communautés juives l'écoutent sans vraiment arriver à le croire. Rien ne change dans la stratégie des Alliés...

C'est le troisième chapitre qui fait de ce livre un "roman". Jan Karski parle ici à la première personne : "Personne ne m'a cru parce que personne ne voulait me croire". Au début du livre Haenel a prévenu qu'il s'agissait d'une fiction : "les scènes, les phrases et les pensées que je prête à Jan Karski relèvent de l'invention".
De fait, pendant une trentaine d'année, même devant les étudiants américains auxquels il enseigne l'histoire contemporaine, Jan Karski n'a "plus rien dit en public depuis 1945". Haenel veut faire parler ce silence, où il lit douleur et obsession de l'extermination non empêchée, colère contre les responsables de l'inaction. Parmi les phrases du monologue prêté à Karski :
[j'extrais les passages les plus accusateurs envers les Alliés] : "pas de vainqueurs en 1945, que des complices et des menteurs"... "ils [Roosevelt et les autres] jouaient l'ignorance, parce que cette ignorance leur était profitable" … "ils [réduisent la Pologne] à cet antisémitisme que leurs pays ont intérêt à lui faire endosser, parce qu'il leur donne l'illusion de les blanchir, eux qui d'une manière ou d'une autre ont collaboré avec les nazis"... "le procès de Nuremberg, c'est-à-dire le maquillage de la responsabilité des Alliés"...

Même si j'avais pu être tenté de souscrire, partiellement, à ces thèses au caractère excessif, j'ai éprouvé un malaise à la lecture de ces pages. Jusqu'où peut aller la liberté de l'écrivain ? Malgré l'avertissement de l'auteur, le réalisme du monologue, remarquablement écrit, est tel que je n'ai pu m'empêcher d'entendre le vrai Karski. A-t-on le droit de mettre dans sa bouche des phrases aussi terribles s'il ne les a ni dites ni pensées ?
Certes la sincérité d'Haenel est évidente, lorsqu'il se dit habité par le personnage de Karski, au point de porter son désespoir et sa colère.
Il n'empêche. le procédé littéraire peut permettre le détournement de témoignage, en donnant l'autorité de Karski à des "vérités" qui sont celles de Haenel. C'est la critique très dure de l'historienne Annette Wieviorka (L'Histoire, Janvier 2010) pour qui ce livre illustre la phrase de Sartre : "on entre dans un mort comme dans un moulin." Commentant par exemple la description faite par Haenel-"Karski" de l'entretien avec un Roosevelt bâillant à l'évocation des Juifs du ghetto – "Roosevelt est un homme qui digère – il est déjà en train de digérer l'extermination des Juifs d'Europe", elle oppose la teneur réelle de l'entretien, et l'admiration que le vrai Karski éprouve pour Roosevelt. Enfin, là où Haenel évoque une ignorance voulue, une collaboration de fait avec les nazis par refus d'intervenir, Annette Wieviorka rappelle une des raisons fondamentales pour laquelle non seulement les dirigeants politiques mais les chefs de communautés juives ont pu rester aveugles aux témoignages : "[Haenel] évacue la question fondamentale de la distance qui sépare information et savoir et que Raymond Aron, à Londres, exprimait si bien : 'Les chambres à gaz, l'assassinat industriel d'êtres humains, non, je l'avoue, je ne les ai pas imaginés, et parce que je ne pouvais pas les imaginer, je ne les ai pas sus.' "
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J'ai cessé de ressasser mon histoire comme un désastre personnel, j'ai arrêté de me considérer comme une victime ; j'ai commencé à voir ce qui m'était arrivé comme une expérience plus générale, liée au XXe siècle, c'est-à-dire à l'histoire du crime. Au fond, j'avais fait l'expérience de la fin de ce qu'on appelle l' »humanité ». Il faut faire attention avec ce mot, disais-je à mes étudiants, peut-être même n'est-il plus vraiment possible de l'utiliser, parce qu'il a servi d'alibi aux pires atrocités, on l'a employé pour couvrir les causes les plus abjectes, et cela aussi bien du côté occidental que du côté communiste.

Décliné en trois parties : la première est le témoignage de Jan Karski dans le film de Claude Lanzmann « Shoah », la deuxième est un résumé du livre écrit par jan Karski et publié en 1944, quant à la troisième est une fiction s'appuyant sur la vie de Jan Karski.
Ce roman n'en est pas vraiment un raconte donc le vécu de Jan Karski devenu un messager de la résistance polonaise pendant la seconde guerre mondiale.
Un message humain sur les atrocités qu'il a vu voir et vivre lui-même, Yannick Haenel analyse la vie de ce héro à travers les sentiments que Karski aurait pu ressentir à la vue de ce désastre en cours. Un témoignage fort qui nous en apprend davantage sur la résistance polonaise et sur cet homme qui fut le premier témoin de l'extermination des juifs d'Europe et qui essaya, mais en vain, de délivrer son message aux forces alliées.
Un bel hommage !

Lien : http://www.stemilou.over-blo..
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C'est un livre en trois chapîtres, un témoignage, un résumé du récit de Karski parut en 1944 et une partie romancée. Il est écrit dans un style concis, fluide et efficace et se lit facilement d'une traite.

A New-York, Jan Karski de son vrai nom Jan Kozielewski, essaye avec difficulté de témoigner de ce qu'il a vu trente cinq ans auparavant, dans le ghetto de Varsovie, devant la caméra de Claude Lanzmann. En 1942, il est agent de liaison entre la Résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil. Deux leaders juifs lui proposent de visiter le ghetto et de témoigner auprès des Alliés et des personalités politiques et intellectuelles du monde entier, des atrocités commises à l'encontre des juifs de Pologne, pour "ébranler la conscience du monde" et empêcher Hitler de poursuivre l'extermination. Il décrit l'enfer, les cadavres dans la rue, la terreur et l'inhumanité.
La seconde partie du livre est un résumé du livre-témoignage de Jan Karski, paru en 1944 et qui connut un immense succès. Il raconte son expérience de la guerre à partir de 1939, sa mobilisation en qualité de jeune officier, la déroute et l'errance des soldats polonais pris en tenaille entre les troupes allemandes et soviétiques. Après son évasion du camp de Radom, il est chargé de plusieurs missions au sein de la Résistance polonaise, et devient messager . A ses yeux, la Pologne a été abandonnée par l'Europe. En 1942 et 1943, lorsqu'il témoigne de ce qu'il a vu au ghetto de Varsovie puis au camp d'extermination d'Izbica Lubeska il se rend compte que la situation de la Pologne passe au second plan et que les américains sont incapables de croire à l'extermination des juifs.
Jan Karski dénonce l'immobilisme des alliés qui savaient et qui n'ont rien fait. Hanté par ses souvenirs et par le cynisme des soviétiques, il s'enferme dans le silence, jusqu'à son entretien avec Claude Lanzmann.
J'ai beaucoup aimé ce livre particulièrement émouvant et je vous le recommande.
Lien : http://pragmatisme.over-blog..
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'humanité s'est-elle arrêtée à Auschwitz ?

Voilà la question que pose ce livre tout en essayant de faire revivre Jan Karski, héros de la résistance polonaise qui a tout fait pour prévenir les alliés de l'extermination des juifs dont il avait été le témoin. Pour lui, comme pour l'auteur Yannick Haenel, les alliés ont reçu l'information . Pour des raisons peu avouables, ils ont préféré laisser faire.

L'auteur pense même, que le procès de Nuremberg, a permis aux alliés de se donner bonne conscience face à leur propre inaction.
Le livre est construit de façon un peu surprenante. Les deux premières parties sont une biographie dans la troisième, l'auteur prend la liberté de romancer la vie de Jan Karski. Je ne vois pas ce que cela ajoute à la force du propos.
Lien : http://luocine.over-blog.com/
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Quand on connaît la vie de Jan Karski, on se demande ce que peut penser cet homme. En quoi peut-il croire après tout ce qu'il a vu ? Peut-il encore croire en l'homme ? En l'humanité même ? Et ce message qu'on lui a demandé de délivrer au monde, qu'en a-t-il fait, constatant l'impossibilité de le transmettre à des gens qui n'avaient pas vu (et ne voulaient pas voir) ce qu'il avait vu ?

Jan Karski, c'est cet homme, ce résistant Polonais qui témoigne à la fin de Shoah, le film de Claude Lanzmann. En 1942, deux responsables Juifs habitant le ghetto de Varsovie lui demandent de transmettre aux Alliés un message de leur part : les Juifs d'Europe sont en train d'être exterminés. Il faut prévenir les Alliés, leur dire de faire quelque chose pour arrêter cela. Avertir le monde, "ébranler le monde" même, comme ils le disent. Alors ces deux Juifs emmènent Jan Karski à l'intérieur du ghetto, ils lui montrent la vérité de la situation terrible des Juifs polonais, la situation dans toute son horreur. Et Jan Karski part, il va au Royaume-Uni et aux États-Unis, il rencontre Roosevelt et raconte. Il répète sans fin ce message. Pourquoi personne n'a-t-il pu comprendre son message ? Y avait-il une chance, même, que quelqu'un comprenne ce qu'il avait à dire ?

Après avoir raconté l'histoire de Karski, Yannick Haenel tente alors d'imaginer comment il est possible de vivre avec un tel message, avec une telle responsabilité, celle d'arrêter un massacre inouï, innommable. Comment on passe du statut de messager à celui de témoin. Comment vivre avec ce passé qui vous hante jusque dans vos nuits ?
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