Dans mes jeux d'enfants, il m'arrivait d'imaginer une situation où je devais m'organiser pour survivre au sein d' une sorte de pauvreté ou de pénurie.
Je ne sais où j'avais pris ce modèle, certainement dans une
de mes lectures, vraisemblablement "
En famille" , d'
Hector Malot. En lisant "
Dans la forêt", j'ai retrouvé le même fantasme, élevé là encore en oeuvre littéraire, mais associé à d'autres thématiques survivalistes : vivre seul(e)s, sans parents, vivre seul(e)s, loin du monde, vivre seul(e)s, quand le monde "civilisé" et technologique est progressivement détruit, retrouver la nature et la capacité à se connecter à elle, être capable de connaître et utiliser ses dons.
Pour ce lien renouvelé à la nature, l'écriture se fera parfois métaphorique. Ainsi la maison, au début du livre nid familial et abri, devient peu à peu lieu moins hospitalier puis, dans sa décrépitude fragile, et dans sa fragilité comme dans son existence même, dangereux, car il attire les rôdeurs , les voleurs, les violeurs et en puissance, les assassins.
Vivre seule(s) mais à deux.Isolées du monde, mais unies et complémentaires.
Pile et face d'une même pièce, recto et verso d'une même feuille, indissociables.
Les deux soeurs ne peuvent se séparer, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé.
La passion pour la danse de la cadette, laisse l'aînée comme privée d'oxygène, les jeux qu'elle partageaient devenant fades du fait de la défection de sa soeur.
Plus tard, la poussée pubertaire entraîne l'aînée vers la fréquentation d'un cercle d'ados, et une énamoration pour un beau ténébreux, au grand mépris de la puînée.
L'aînée se tourne alors vers l'étude autodidacte de l'Encyclopédie que recèle la maison. Encore plus tard, lorsqu'elle se retrouvent sans parents, et quand le monde alentours se manifeste encore sous les traits du beau jeune homme, son amoureuse se laisse fléchir, et part avec lui vers l'Est et une reconstruction imaginaire de la civilisation industrielle. Ce mirage s'évanouit quand elle comprend que sans sa soeur elle dépérira autant que sa soeur sans elle.
Bien plus tard, beaucoup de drames et une joie s'étant produits, les deux soeurs entameront ensemble une marche sans retour vers l'Alma Mater.
Si je suis restée dubitative devant cette image fantasmagorique d'une nouvelle Alliance avec la forêt,
autant fuite des ruines d'un monde devenu dangereux et inhumain, que retour vers une symbiose sans culture entre l'être humain et la nature sauvage, j-ai cependant été prise par cette description sans trop de lyrisme d'un retour aux origines de l'homme, dans ce qu'il a eu de plus courageux et de plus grand. A lire, à méditer, chacun pour soi et à partir de sa propre mythologie personnelle, culturelle, familiale, onirique...