Nelle et Eva vivent avec leurs parents dans les bois à une époque qui pourrait ressembler à la nôtre, si on met de côté le fait que plus personnes n'a accès aux nouvelles technologies, à beaucoup de matières premières et sources d'énergies qui font tellement partie de notre quotidien que nous n'envisageons même pas une vie sans leur présence.
J'avais repéré ce roman d'anticipation publié pour la première fois en 1996 et plus que jamais d'actualité. En effet, à notre époque, comment pouvons-nous imaginer vivre sans essence , sans électricité, sans accès à Internet, avec des rationnements ou un mode de vie en auto-suffisance car les rayons sont presque vides ?
Que nous reste-t-il alors quand nous n'avons plus rien ? Difficile d'envisager un tel scenario, surtout dans une société de consommation et de surconsommation comme celle du XXIème ?
Nelle et Eva ont une vie sociale bien réduite et pourtant les besoins humains de liens, d'affection et de reconnaissance et identification à leurs pairs ne disparaissent pas ; la crise d'adolescence et les rêves non plus...
Jean Hegland a écrit un premier roman tout simplement génial, qui est passé pas loin d'être un coup de coeur ! Habituellement je me lasse assez vite des romans à la première personne, et pourtant, chaque jour qu'a duré cette lecture j'ai eu plaisir à retrouver ce journal de Nelle dans lequel elle nous parle de ses rêves, l'évolution de ses relations avec ses parents et sa soeur, ses apprentissages livresques et celles plus humaines comme le deuil et la survie dans la nature qu'elle admire.
Il y a tellement de choses dans ce roman qui est à la fois roman de nature writing, roman d'anticipation, récit d'apprentissage et merveilleux hommage aux livres, aux femmes et à la féminité et à ce qui fait notre humanité.
Et cette fin ! Pas du tout celle que j'attendais et pourtant elle est tellement juste et tellement parfaite !
J'ai hâte de découvrir ses autres romans et je pense que je conseillerai vivement celui-là.