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Jeanine Delpech (Autre)
EAN : 9782070363520
305 pages
Gallimard (16/03/1973)
3.52/5   82 notes
Résumé :
Quand le terrain fut libre, je me mis sur un genou, vis le koudou à travers l'ouverture, m'émerveillant de sa taille, et puis me rappelant que cela ne devait pas avoir d'importance, que c'était la même chose que n'importe quel coup de feu, je vis la perle centrée exactement où elle devait être, juste au-dessous de l'épaule, et je pressai sur la détente. Au bruit, il bondit et entra dans le fourré, mais je savais que je l'avais touché. Je tirai sur du gris qui se mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est, après avoir connu la gloire avec son roman le soleil se lève aussi, et, dans une époque charnière entre son dégoût de la guerre de 14-18 et son engagement contre la guerre civile d'Espagne qu'Ernest Hemingway (écrivain,poète,nouvelliste et journaliste américain couronné par la suite par le prix Pullitzer pour le vieil homme et la mer le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son oeuvre) a écrit Vertes collines d'Afrique.
Passionné de chasse,de pêche et de nature, il conte, dans ce récit autobiographique, ses exploits de chasseur. Une chasse au gros gibier vers le sud du Kenya chez les Masaïs (au cours d'un safari avec femme,chauffeur,guide et compagnons de route de différentes nationalités).
Ernest Hemingway, dans une langue colorée, parfois poétique, parfois sobre ou imagée (ex:"la brune rift valley" à la route de sable rouge" avec en toile de fond "le scintillement du lac Manzara" ou "la route était une piste par dessus des gradins de rochers épais,usée par les pieds des caravanes et les troupeaux") nous relate les paysages sublimes africains et (parfois lorsqu'ils ne sont pas poussière) leurs vertes collines (aux forêts touffues).Il oppose le statut des chasseurs parvenus (aux discussions intellectuelles élaborées:de bons mots ironiques sur les écrivains de l'époque) aux simples guides miséreux (et les tribus locales dénuées de tout) attirés par l'appât du gain (mépris des "Nègres" et "Indigènes" au dialecte frustre?). Dans un désir écologique, il dénonce toutefois "l'étranger qui détruit, coupe les arbres" et épuise la terre alors que les indigènes vivent là en harmonie.
Son angoisse de mort est ici transcendée dans ce sport (pour lui) valorisant qu'il voit comme une compétition avec gain de trophées (en cornes) plus qu'une tuerie et le partage d'une passion dans un groupe uni par le même désir de traque; un séjour qui s'apparente (pour lui) à une quête du bonheur dans un paradis terrestre peuplé de koudous,rhinocéros,buffles,pintades....
Le registre émotionnel est riche entre attente,douleur de la marche,excitation,découragement,joies de la victoire, fierté. L'ironie est omniprésente dans cette chasse au "koudous".
Vertes collines donne au lecteur de bonnes indications sur la personnalité narcissique voire exhibitionniste d'Hemingway oscillant entre prestige et désespoir, mais j'avoue ne pas avoir apprécié (n'aimant pas spécialement la chasse, mais ce livre est un livre familial) le rituel du dépeçage et les plaisanteries du style: les hyènes touchées dans leur chair qui tournent en rond et, folles de douleur, se délectent de manger leurs propres intestins. Sadique Hemingway (par ailleurs fan de courses taurines)? On ne peut que se réjouir que la sagesse diffusée (quelques années plus tard) dans le vieil homme et la mer, (où le vieil homme apparaît victorieux dans sa défaite) ne vienne contrebalancer ces vertes collines entachées de sang! A moins que la sagesse, justement, ne soit d'admettre son propre passé et ses propres failles?
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C'est bien parce que c'est Hemingway que j'ai lu Les vertes collines d'Afrique. Un de ces livres qui s'invitent chez vous via les boites à livres. Attirée par son titre apaisé et apaisant, je décidai de l'adopter pour quelques jours. J'avoue ma déconvenue lorsque je découvris sur la quatrième de couverture que le fil rouge de l'histoire était la chasse. Et plus encore, la chasse sportive. Celle qui consiste à ramener des trophées plus qu'à se nourrir. Je feuilletais l'ouvrage, un vieux Folio imprimé en 1978, et me dis qu'après tout, il s'agissait du témoignage d'une époque, une capsule d'espace-temps révolu, un ouvrage écrit par un maître écrivain. Décision prise, je sortis les vertes collines de leur abri et les emmenait chez moi.
Je n'étais pas au bout de mes surprises. Un récit dénué d'intrigue, voilà ce qui m'attendait. La préface dissipait toute idée de roman. Il s'agissait pour l'auteur « d'écrire un livre absolument sincère pour voir si l'aspect d'un pays et un exemple de l'activité d'un mois pouvaient, s'ils sont présentés sincèrement, rivaliser avec une oeuvre d'imagination ». Bref, il s'agissait d'une rédaction sur un Safari effectué par Hemingway. Tope-là.
Eh bien, rien de rien, je ne regrette rien. Envoûtée par les descriptions de l'Afrique aux vertes collines, émue par la rencontre des chasseurs blancs avec le peuple Masaï, captivée par les discussions au coin du feu, divertie par la place de la femme européenne dans cet univers de chasseurs blancs et noir, tous alignés sur le même objectif, rapporter le plus beau trophée, je ne m'ennuyais pas une seule seconde.
La personnalité de l'auteur transcende le sujet. Un exemple ? Bien que chasseur invétéré et vantard, il perçoit le drame écologique qui se prépare sur ces terres épargnées, où peuvent encore cohabiter l'humain et les espèces animales sans trop de dommages pour ces dernières. C'est une prise de conscience plutôt exceptionnelle à l'époque où fut écrit ce livre. En 1935, année de l'édition des Vertes collines d'Afrique, le « Dust Bowl » tempêtes de poussières dues au manque d'adaptation des pratiques agricoles en zones sèches, est à l'origine dès le début des années 30 d'un immense exode rural et d'une catastrophe humaine et écologique. La modernité de l'écriture d'Hemingway est frappante. En quelques phrases il décrit la malédiction humaine « Nos ancêtres sont allés en Amérique parce que c'était alors l'endroit où aller. C'avait été un bon pays et nous en avions fait un foutu gâchis et j'irais maintenant ailleurs comme nous avions toujours eu le droit d'aller ailleurs et comme nous l'avions toujours fait. » Comment mieux résumer la pression exercée sur les écosystèmes ?
En 1954, Hemingway reçoit le Prix Nobel de la littérature pour l'ensemble de son oeuvre. En 2023, sommes-nous encore capables de comprendre la puissance de son message ? A titre personnel, j'en suis certaine, tant il résonne en nous par son universalité. Il suffit seulement de lire, lire encore, relire si besoin, jusqu'à se fondre dans le texte.
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Les collines vertes d'Afrique racontent le safari qu'Hémingway a fait au Kenya et au Tanganyika (actuelle Tanzanie) entre 1933 1934.

Tout le calme de la savanne africaine se retrouve dans ce petit livre. Mais les description des soirées à boire le whisky me semblent parfois bien longue même si elles rapellent un fait bien réel.
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Comme j'ai lu il n'y a pas très longtemps la biographie (déguisée) d'Ernest Hemingway, j'ai eu envie de me plonger de nouveau dans son oeuvre. Bizarrement, j'ai choisi l'un de ses récits africains, "les vertes collines d'Afrique", dans lequel il nous conte l'une de ses campagnes de chasse en Tanzanie. On se retrouve vite plonger dans cette ambiance africaine si particulière, entre chaleur étouffante, masaïs souriants, guides nonchalants et paysages sublimes...

Le problème, c'est que ce n'est pas très passionnant : la chasse au koudou, et bien on s'en fout un peu, surtout lorsqu'on en est à la 10ème traque, et qu'on nous a décrit pendant 3 pages le théâtre des opérations. Il faut donc plutôt voir ce livre comme le témoignage d'un monde disparu, où les territoires pouvaient encore être inexplorés, et où la chasse aux grands animaux était aussi naturelle que ses courses au supermarché. Cela m'a d'ailleurs un peu gênée, cette course effrénée pour tuer le plus gros animal, et accessoirement en mettre plein la vue à ses camarades de chasse. Bref, pas mon meilleur Hemingway.


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Ce récit, c'est Hemingway; le chasseur, le chasseur qui veut son trophée, le chasseur jaloux de la prise des autres, le chasseur qui peste contre l'inefficacité des guides africains, le chasseur qui poursuit les animaux blessés, le chasseur qui étanche sa soif au whisky, le soir dans la tente, le chasseur " vantard " comme il le dit lui-même. C'est l'homme Hemingway dans ses excès. Quelques pages sur la littérature, sur l'art d'écrire, quelques disputes avec sa femme dénommée PVM pour Petite Vieille Maman, pour des futilités, vite oubliées, peu de belles descriptions sur l'Afrique, si ce n'est sur les Maasaï. En débutant ce livre, vous vous dites " super" un Hemingway, et vous êtes déçus, pour peu que vous n'aimiez pas la chasse. Heureusement que les pays d'Afrique ont en général troqué la chasse contre les safaris photos.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Maintenant, roulant sur la route sablonneuse, avec les phares qui accrochaient les yeux des oiseaux de nuit qui restaient accroupis sur le sable jusqu'à ce que la masse de l'auto fût sur eux, et ils s'envolaient alors dans une molle panique ; passant devant les feux des voyageurs qui marchaient tous de jour vers l'ouest, abandonnant la région de famine qui s'étendait devant nous, le bout de mon fusil appuyé sur mon pied, la crosse dans le creux de mon bras gauche, une gourde de whisky entre les genoux, versant le whisky dans une timbale que je tendis dans l'obscurité, par dessus mon épaule, à M'Cola pour qu'il y mette de l'eau, je bus le premier whisky de la journée, le meilleur qui soit, et regardant les fourrés épais que nous longions dans l'obscurité, sentant le vent frais de la nuit et respirant la bonne odeur de l'Afrique, j'étais entièrement heureux.
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Un continent vieillit vite quand nous y arrivons. Les indigènes vivent en harmonie avec lui. Mais l'étranger détruit, coupe les arbres, draine les eaux, de sorte que l'approvisionnement en eau est changé et au bout de peu de temps le sol, une fois la terre retournée, s'épuise et, ensuite, il commence à s'envoler comme il s'est envolé dans tous les vieux pays et comme je l'ai vu s'envoler au Canada. La terre se fatigue d'être exploitée. Un pays s'épuise vite à moins qu'on ne remette dedans tous ses déchets et tous ceux de ses animaux. Quand l'homme cesse de se servir d'animaux et emploie des machines, la terre triomphe rapidement de lui. La machine ne peut pas reproduire, ni fertiliser le sol, et elle mange ce qu'il ne peut pas produire. Un pays a été fait pour être tel que nous l'avons trouvé. Nous sommes les envahisseurs et, après notre mort, nous pourrons l'avoir ruiné, mais il sera toujours là et nous ne savons pas quels seront les changements qui se produiront par la suite.
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Tout seul avec la douleur pendant la nuit après cinq semaines sans sommeil, je pensais soudain à ce qu'un cerf doit éprouver si vous lui brisez l'épaule et qu'il prend la fuite et, durant cette nuit, je restai étendu et ressentis le tout depuis le choc de la balle jusqu'à la fin et, délirant un peu, je me dis que ce que je supportais était peut-être un châtiment pour tous les chasseurs.
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Bien sûr on ne pouvait pas gagner sa vie ici.Tout le monde avait expliqué cela.Les sauterelles venaient manger vos récoltes et la mousson faisait défaut,et les pluies ne tombaient pas,et tout séchait sur place et mourait.Il y avait des tiques et les mouches pour tuer le bétail,et les moustiques vous donnaient la fièvre et vous attrapiez peut-être la dysenterie.Votre bétail crevait et vous vendiez votre café pour rien.Il fallait être Indien pour gagner de l'argent avec le sisal et,sur la côte,chaque plantation de noix de coco représentait un homme ruiné par cette idée ou gagnant de l'argent avec le copra.Un chasseur blanc travaillait trois mois de l'année et buvait pendant douze et le gouvernement ruinait le pays au bénéfice des Hindous et des indigènes.C'était ce qu'ils vous racontaient bien sûr.
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Tout passe et tout lasse, les nations, les individus qui les composent, autant en emporte le vent. Il ne reste que la beauté, transmise par les artistes.
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