Relecture de ce roman effectuée en VO.
Cette lecture en version originale s'est faite facilement et ce malgré quelques termes et du vocabulaire qui m'étaient parfois inconnus ou obscures (autour du monde des écuries, de la navigation ou des plantes). Mais à par cela, et mes quelques aller et retours dans mon dictionnaire, j'ai lu tranquillement et avec grand plaisir les aventures mouvementées de Fitz le bâtard de sang royal. Fitz le garçon d'écurie, puis homme de main du roi en tant que jeune assassin et espion.
Plusieurs bonnes critiques ont déjà bien résumé ce roman, alors autant aller à l'essentiel.
Robin Hobb fait fort de construire son récit tout tranquillement. Par le regard de moins en moins innocent et toujours bien mélancolique de Fitz, répondant plus souvent au doux nom de « Boy », qui voit sa vie évoluer petit à petit tout en ayant un cercle de connaissances plus que restreint. Sans véritable famille. Et pour ce qui est des amis… il en a bien une mais ne la voit quasiment que les 36 du mois. Fitz reste un gars solitaire, discret, ayant en plus le pouvoir de se lier « mentalement » aux animaux (aux chiens surtout) avec qui il entretient de meilleurs relations. Pouvoir qui doit être caché sous risque de peine de mort. Comme si sa vie ne pouvait pas être plus difficile. En fait si, elle peut l'être mais pour ça, il faudra lire ce roman et ses suites.
On est plongé dans un monde médiéval. Fortement maritime. Dans un royaume en difficulté. En proie à de nombreux raids menés par des pirates venant d'îles lointaines. Un royaume composé de six duchés avec lesquels le roi doit savoir composer surtout avec les duchés intérieurs qui ne sont pas touchés par les problèmes liées aux attaques pirates. D'où des jeux de politique et/ou d'espionnage important. Un royaume où une certaine magie existe avec le « Skill » qui permet d'avoir un contrôle mental sur des alliés ou des ennemis. Autant pour donner des ordres que pour démoraliser. Pratique mais éprouvant comme pouvoir.
Les personnages secondaires sont aussi bien trouver. Avec Burrich, maître des écuries royales, ours mal léché, rejeté par l'ancien prince (le père de Fitz), boitant suite à un accident de chasse, mais bon éducateur, protecteur, dur à la tâche, parfois à la punition franche mais jamais méchante, quoiqu'aussi un peu étroit d'esprit (il ne peut pas être parfait). Chade (Umbre) l'assassin royal en titre qui a aussi le rôle du vieux sage et confident, tout aussi protecteur mais aux moyens bien plus détournés. Des personnages, peut-être en soi caricaturaux, mais fichtrement réussis et qui font plaisir.
Les personnages féminins ne sont pas en reste. Molly, jeune fabricante de bougie, est la touche de romance de cette saga. Elle va vite être liée avant amicalement à Fitz mais dans ce tome, elle reste beaucoup dans l'ombre. Puis vient Patience, la femme du père de Fitz. Elle est le type de princesse qui est plutôt du genre « garçon manqué ». Elle est curieuse, intéressée par les plantes et par leurs utilisations dans la médecine et n'a pas sa langue sa poche et tout un tas d'autres choses. Et enfin, il y a la princesse montagnarde et future reine Kettricken. Et même si on ne l'aperçoit que dans quelques pages, on remarque vite qu'elle a du caractère et ne manque pas de connaissances spéciales. En gros, avec Patience et Kett', il n'y a pas de quoi s'ennuyer. Cela est même dommage de ne pas plus les voir dans ce tome.
Un bon mélange, d'action, de suspense, de fantasy, de manipulation, de tension et de crainte pour notre héros. le tout enrobé d'ajouts « historiques » en incipit des chapitres. Par contre, il faut se faire à se rythme lent (mais pas trop).
Hobb suit son cheminement sans se précipiter. Et dans ce cas, j'aime bien. Il y a quelques longueurs, pas trop, mais c'est léger.
Et c'est là que c'est bon, ça se lit et relit toujours avec bonheur !