« La vieille Meg était gitane
Et vivait parmi les bruyères :
Son lit , c’était le gazon des landes ,
Et sa maison , c’était le grand air .
Ses pommes, c’étaient les mûres noires ;
Ses raisins secs , les cosses du genêt ;
Son vin , la rosée de l’églantine blanche ;
Son livre , une dalle au cimetière » …
La sauterelle et le grillon
La Poésie de la terre ne meurt jamais :
Quand tous les oiseaux défaillent au soleil ardent,
Et se cachent dans la fraîcheur des arbres, une voix court
De haie en haie sur le pré frais fauché :
C’est la sauterelle ; elle prend la tête
Du faste de l’été ; jamais elle ne se lasse
De ses plaisirs ; car quand la fête l’épuise
Elle se repose à l’abri d’une herbe charmante.
La Poésie de la terre ne s’arrête jamais :
Par une soirée d’hiver solitaire, quand le gel
A forgé le silence, du poêle monte, strident,
Le chant du grillon, à la chaleur croissante,
Qui semble à qui divague, somnolent,
Celui de la sauterelle dans l’herbe des collines.
/Traduction de Cécile A. Holdban
John KEATS – Une Vie, une Œuvre : L’ardeur (France Culture, 2004)
Émission "Une Vie, une Œuvre », par Francesca Isidori, diffusée le 23 mai 1991 sur France Culture. Invités : Robert Davreu, poète, traducteur de la Poésie et de la Correspondance de Keats ; Christian La Cassagnère, professeur de littérature anglaise (Université Lumière Lyon 2), qui a dirigé l'ouvrage collectif : Keats ou le sortilège des mots (Presses Universitaires de Lyon) ; Marc Porée, éxégète et traducteur des Poèmes et poésies de Keats aux éditions Gallimard ; Robert Ellrodt, traducteur et exégète de Keats.