Douze leçons sur l'histoire

Avec ces Douze leçons sur L Histoire, Antoine Prost opte pour un titre ambitieux, mais qui décrit plutôt bien le contenu : l'historien prend l'objet "Histoire" et en fait douze leçons, ni plus, ni moins, afin de détailler point par point le métier d'historien et son rapport, successivement, aux sources, à l'enseignement, à la recherche et même à la société en général.

Ce petit ouvrage didactique nous offre ainsi de nombreuses pistes pour aborder l'historiographie, l'épistémologie et la sociologie historiques. Cet ensemble a le précieux avantage de présenter bon nombre d'extraits cruciaux d'historiens connus et reconnus, ce qui ajoute de la profondeur à l'exposé, qui peut au demeurant, paraître franchement rébarbatif.
On pourrait reprocher à ces Leçons sur L Histoire leur approche purement franco-française, mais au vu de toutes les connaissances déjà mises en oeuvre, on se dit que la France suffit déjà à cette étude. de plus, l'auteur ajoute même à ses douze leçons initiales deux articles plus récents, qui constituent les treizième et quatorzième leçons de cet ouvrage, sans pour autant apporter grand-chose de plus au propos originel déjà bien fourni.

Un ouvrage synthétique, et donc très dense, qui fait ô combien réfléchir sur le métier d'historien et l'importance de l'Histoire dans notre société, sans les ériger tous deux en statue de cire, inamovible et imperturbable : L Histoire comme la société doit évoluer avec le temps.

Antoine Prost aborde différents thèmes qui permettent de mieux comprendre ce qu'est l'histoire, quelles sont ses questions, ses démarches, ses objets d'étude... On y croise donc les plus grands historiens français surtout, grâce aux extraits assez courts mais révélateurs : le chercheur le dit dit lui-même, il a délibérément voulu faire entendre la voix de ces auteurs. Cela permet aux connaissances d'être apportées de façon très claire, didactique, puisqu'il s'agit de la reprise de véritables cours, ce qui fait qu'on a l'impression d'entendre un professeur s'exprimer - ce qui est en partie paradoxal puisqu'il traite de l'importance de l'écrit dans l'écriture du récit historique... le livre lui-même est, dans sa construction et sa mise en page, une illustration des théories et des concepts exposés : une ou plusieurs questions, des dates, des personnages, des sources, tout cela organisé et expliqué dans un récit qui utilise des concepts. L'appareil critique permet de reconnaître comme il est expliqué dans une des leçons : notes de bas de page, bibliographie...
Je regrette un peu de ne pas avoir lu cet ouvrage plus tôt, à l'époque de mes études d'histoire même si j'en avais entendu parler. Cependant, en le lisant maintenant, je connais mieux les historiens cités et leurs oeuvres, et j'ai eu le temps d'en lire plusieurs directement. Comme l'écrit Antoine Prost, pour analyser un document en historien, pour se poser les bonnes questions, il faut déjà être en partie historien... J'ai cependant un regret lié au fait que les historiens présentés ici sont les chercheurs ou enseignants-chercheurs, les enseignants de collège ou de lycée sont rapidement évacués, comme si nous n'étions que les exécuteurs, les simples passeurs des savoirs qui nous sont délivrés par les chercheurs.
J'aimerais bien lire une version actualisée, avec un chapitre sur les "historiens médiatiques" : des présentateurs de télévision sont présentés comme des historiens, des polémistes utilisent leur interprétation de l'histoire - ce qui n'est alors plus de l'histoire - pour vendre leurs idées. Un chapitre aussi peut-être sur les relations entre histoire et politiques, chaque politique ayant son avis sur ce que devrait dire l'histoire, sur le contenu des programmes scolaires, sur ce qu'il faudrait commémorer ou non - comme l'a montré le débat récent, peut-on commémorer Napoléon, malgré le rétablissement de l'esclavage, malgré le Code civil instituant les femmes comme éternelles mineures, malgré les flots de sang répandus à travers l'Europe ? Et peut-être enfin, l'histoire peut-elle se faire sur youtube ? Je pense notamment à certaines chaînes de grande qualité.

Ce livre m'a été conseillé, en 2013, par mon directeur de mémoire. Je l'avais lu sans en faire un compte-rendu sur le blog. Je pensais lire un livre ronflant, érudit, au mauvais sens du terme. Pas du tout ! Je comprends même mieux pourquoi mon directeur apprécie les travaux d'Antoine Prost (né en 1933), historien spécialiste du XXe siècle, dont les recherches portent sur les groupes sociaux, les institutions ou les mentalités.



Douze leçons sur l'histoire, un classique, rentre parfaitement dans ce cadre. L'auteur se propose d'emmener le lecteur à la découverte de l'histoire et de ses praticiens - les historiens, - ainsi que des institutions qui encadrent la discipline, parfois depuis le XIXe siècle. A. Prost analyse les enjeux et les débats autours de la méthode historique et de sa place dans l'enseignement. Il aborde aussi la relation de l'histoire avec la mémoire collective. Un vaste programme qu'il mène à bien au fil des pages, avec plus ou moins de réussite.



C'est un ouvrage synthétique (370 p.), bien construit. Il n'y a pas trop de dates et l'auteur change souvent de sujet, ce qui permet au lecteur de ne pas s'ennuyer. En bref, c'est un ouvrage qui mérite d'être lu par toute personne souhaitant en connaître davantage sur les tenants et les aboutissants de cette merveilleuse discipline qu'est l'histoire.
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..

Bien que grand amateur d'Histoire et me définissant sans prétention comme un amateur éclairé en la matière, l'ouvrage m'a fortement déçu. Ces 12 leçons sur L Histoire sont particulièrement hermétiques, trop souvent absconses et ne procurent aucun plaisir à lire. Un ouvrage bien trop académique, alors que l'auteur lui-même souligne le risque d'une telle attitude chez ses confrères.

Il s'agit sans doute de l'un des livres que tout apprenti historien devrait lire.