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sur 4024 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque Soumission est sorti en librairie, j'ai eu très envie de le lire vu le tintouin fait autour du bouquin. Que voulez-vous, je ne résiste pas aux polémiques. Je suis un mouton.
Mais comme je suis radine - une vraie pince, un mouton-pince en somme - j'ai attendu la sortie du terrible Soumission en format poche.

Je me le suis procurée le jour de sa sortie, et je l'ai brandi à la caisse du Furet du Nord avec un air de défi - genre, je suis une rebelle, je lis du Houellebecq. Demain, je m'achète Voyage au bout de la nuit.
Je n'attendais rien de précis de ce livre puisque je n'ai jamais lu Houellebecq. Tout au plus, j'espérais m'énerver un peu sur ce type qui est, parait-il, un raciste islamophobe vomissant des idées rances. Et moi, j'aime bien m'énerver sur les connards - surtout quand je suis seule dans mon canapé avec un plaid sur les genoux.

Quelle déception ! Ce livre n'est pas celui qu'on nous a vendu dans la presse au lendemain des attentats de Charlie. Ce n'est pas une diatribe islamophobe, c'est à peine une réflexion sur l'Islam.

L'Islam, et plus précisément l'arrivée au pouvoir d'un Président musulman, n'est qu'une excuse pour parler de la fin de la civilisation telle qu'on l'a connu jusqu'à aujourd'hui. Houellebecq aurait pu choisir la religion catholique, judaïque ou même le bouddhisme voire même inventer un culte, c'était du pareil au même. Il aurait même pu choisir de faire gagner le FN.

Qu'est-ce qu'il nous dit ce brave Michel ? Que nous sommes tous des moutons (moi plus que quiconque), qu'on se laisse faire comme des glands, que nos esprits sont sclérosés, que notre priorité est notre confort et que l'on ne récolte que ce qu'on l'on sème.
Sincèrement, là où on lui reproche des attaques contre l'Islam, je le vois plutôt s'en prendre aux occidentaux. Il nous reproche notre passivité, notre facilité à nous accommoder de tout même du pire, notre égoïsme... Je ne suis pas loin de penser qu'il n'a pas tort.

Et puis, le livre aborde plein d'autres sujets (chers à l'auteur semble-t-il) comme la solitude, la misère sexuelle, les relations de couple, la dépression... Sans compter les multiples références à l'oeuvre de Huysmans.
C'est un livre riche et dense que nous livre Houellebecq.

Et puis c'est drôle, j'ai ri plus d'une fois. C'est souvent de l'humour acide mais parfois c'est léger.

Le seul reproche que je pourrais faire à l'auteur vient de son style. J'ai eu un peu de mal à me faire à ses phrases à rallonge. Je n'ai jamais lu ça de ma vie. Une phrase, vingt lignes, douze virgules : chapeau ! Mais une fois que je m'y suis faite, je me suis régalée du début à la fin.

Comme quoi les polémiques, ça a du bon : j'ai découvert un auteur et j'ai bien l'intention de lire l'ensemble de l'oeuvre.
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François, quadragénaire, après avoir connu son heure de gloire grâce à ses travaux sur l'oeuvre de Joris Karl Huysmans dont il est l'expert en France est entré dans la carrière universitaire sans réelle conviction. Il vivote tant physiquement avec des amours peu satisfaisantes avec des étudiantes qu'intellectuellement; sa voie est toute tracée, il ressent néanmoins une certaine vacuité dans sa vie, à l'instar de celle de des Esseintes le héros de "A rebours" le roman emblématique de Huysmans. Cette mini tempête sous un crâne se déclenche en même temps que la campagne et l'élection de 2022 qui voit l'arrivée au pouvoir d'un musulman modéré. Lentement le héros et son destin vont évoluer et finir par accepter et s'adapter assez bien à ce changement

Soumission est ma deuxième rencontre avec Michel Houellebecq et toujours autant de plaisir parfois jubilatoire avec ce personnage un peu à la "Droopy", qui observe et se laisse aller passivement dans un monde qu'il a du mal à comprendre : les changements qui se profilent avec l'instauration d'un président musulman ne le chagrinent pas plus que ça, au contraire il y entrevoit même certains avantages, le mariage avec une jeune personne soumise, voire une polygamie envisageable, une conversion à l'islam qui pourrait relancer sa carrière et ses travaux sur Joris Karl Huysmans; finalement pas si négatif que cela, ce changement....
Inutile d'insister pour dire que j'ai de nouveau apprécié ce roman de Michel Houellebecq (malgré quelques longueurs lorsque sont évoquées les tractations politiques de la campagne électorale), j'ai apprécié son style clinique où il décrit les situations, les évènements les sentiments ou la sexualité sans aucun parti pris ou investissement personnel, laissant l'entière liberté au lecteur de projeter son propre ressenti. Un plaisir de lecture pour moi et l'envie de découvrir "A rebours" pour découvrir ce fameux des Esseintes.
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Voilà un roman qui a fait couler beaucoup d'encre et rire sous cape bien des lecteurs (et peut-être l'auteur). Le pari de l'auteur est de traiter sereinement, sous une forme narrative détachée, sans le moindre jugement de valeur explicite, d'un sujet qui déchaîne les passions, conduit les mal-pensants devant les tribunaux et les bien-pensants à de confortables sinécures politiques et médiatiques : l'islamisation de l'Europe. Au milieu de ce tintamarre (et aussi, tragiquement, d'un attentat contre la revue de bandes dessinées Charlie Hebdo), l'assurance tranquille de cette petite histoire insérée dans la grande, et le regard drôle, inattendu, détaché, d'un ironiste sur Huysmans, la désillusion des dernières années du XIX°s et du début de notre siècle, la capitulation des sceptiques solitaires que nous sommes devant des barbares sûrs d'eux-mêmes et de leur bon droit.
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François est un professeur d'université spécialiste de Joris-Karl Huysmans. Sa carrière semble toute tracée, comme sa vie personnelle : rien de palpitant à l'horizon, quelques vagues exaltations qui se feront de plus en plus rares. « Tout ce que je voyais c'est qu'une fois de plus je me retrouvais seul, avec un désir de vivre qui s'amenuisait, et de nombreux tracas en perspective. » (p. 196) À l'instar de Des Esseintes, le protagoniste du roman À rebours, François souffre de taedium vitae, un tenace dégoût de vivre qu'alimentent une absence de projet et une solitude aigre. Ce qui va bouleverser son existence viendra de l'extérieur. « Que l'histoire politique puisse jouer un rôle dans ma propre vie continuait à me déconcerter, et à me répugner un peu. » (p. 116) En 2022, après un deuxième quinquennat désastreux, le président socialiste doit laisser sa place, mais la configuration politique est surprenante : qui remplacera le président sortant, la candidate du Front national ou le candidat de la Fraternité musulmane ? Alors que la politique française est sur le point de changer de visage et d'orientation, François s'interroge sur la possibilité d'une conversion religieuse, empruntant le même cheminement que Joris-Karl Huysmans décrivit dans son roman En route.

Soumission est une fable d'anticipation, une extrapolation politique, économique et sociale. Mais ce qu'il faut retenir, c'est la fable, la fabula des Latins, cette narration qui invente en racontant. Faut-il prêter foi aux prédictions les plus pessimismes ? L'angélisme doit-il céder le pas au pragmatisme ? Est-il possible de n'avoir aucune idée politique ? « Je me sentais aussi politisé qu'une serviette de toilette. » (p. 50) Ces questions ne sont pas le sujet et si elles le sont, je refuse d'en débattre et d'alimenter de creuses arguties. Certes, Michel Houellebecq joue avec les peurs et les névroses de la société : il brosse un tableau alarmant d'une France en déréliction face à un Islam conquérant qui gagne du terrain grâce à son intelligence politique plutôt qu'en raison de son agressivité activiste. Certes, il place son récit dans un contexte sombre : l'actualité des derniers jours va dans son sens et l'Europe est une poudrière où se heurtent le multiculturalisme et les rassemblements identitaires.

Mais je prends Soumission pour ce qu'il est, un roman, un texte d'invention. François est un antihéros de très bonne facture qui se désintéresse des changements de son temps, ou plutôt qui se laisse porter par eux. Il a bien quelques réflexions lucides sur la situation, mais il revient sans cesse sur sa propre condition, sa minable existence et sa triste angoisse de la solitude. Si le nouveau système politique peut lui offrir enfin un foyer, pourquoi le refuser ? « L'amour chez l'homme n'est rien d'autre que la reconnaissance pour le plaisir donné. » (p. 39) François se soumet, c'est indéniable, mais il se soumet à ses névroses plutôt qu'au nouvel ordre instauré. Parce qu'avant la société, il y a l'individu et que ce dernier est doté d'une considérable force d'inertie.

Je finis sur une citation qui illustre parfaitement mon rapport à Joris-Karl Huysmans – et j'applaudis furieusement l'idée de Houellebecq de faire publier cet auteur en Pléiade : il est grand temps ! – et à d'autres auteurs chouchous comme Émile Zola. Et ne me dites pas que le premier a tout fait pour s'éloigner du second. « Huysmans, c'était ma thèse, était resté jusqu'au bout un naturaliste, soucieux d'incorporer le parler réel du peuple à son oeuvre. » (p. 31) La citation finale, donc, est la suivante : « Un livre qu'on aime, c'est avant tout un livre dont on aime l'auteur, qu'on a envie de retrouver, avec lequel on a envie de passer ses journées. » (p. 14) Je n'aime pas Michel Houellebecq, je n'aime pas tous ses textes, mais Soumission m'a tenue en haleine pendant quelques heures. Si j'ai lu ce texte, ce n'est pas pour Houellebecq, c'est pour Huysmans. En fermant l'ouvrage du premier, j'ai plus que jamais envie de continuer à lire les textes du second.
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Je suis plutôt contente d'avoir vaincu mes réticences à propos de Houellebecq. Sans jamais avoir rien lu, les polémiques autour de ses romans représentaient un obstacle. Les quelques entretiens visionnés n'avaient pas non plus généré d'enthousiasme excessif de ma part…
A la faveur d'une bourse aux livres, je me suis tout de même laissé tenter par l'achat de Soumission et je ne le regrette pas. J'ai rapidement été embarquée par l'histoire de ce prof d'université, également narrateur, dépressif moyen qui n'a goût pour pas grand-chose à part l'étude des textes de ce qui semble finalement être son seul ami, Huysmans - auteur sur lequel porte sa thèse. Insatisfait professionnellement, affectivement et sexuellement, il est une sorte de misanthrope, peu intéressé par le reste du monde.
Le roman se déroule en 2022, durant la période électorale. François suit cela de loin, avec détachement, il n'a pas vraiment de convictions politiques, il est dénué de toute idéologie et son analyse des forces en présence frôle le cynisme. En 2022 donc, partis de droite et de gauche sont défaits, à terre, ne représentant plus qu'eux-mêmes. le Front national, toujours dirigé par Marine le Pen, paraît dans ce contexte une alternative, tout comme l'autre force en présence, la Fraternité musulmane de Mohammed Ben Abbes, intellectuel habile, rassembleur bien au-delà de sa communauté.
François ne sait pas vraiment quoi penser de ce second tour et fait le tour de ses collègues pour tenter de comprendre ce qui se joue. le départ en Israël de Myriam, sa jeune amante, vient signifier pour lui que peut-être le contexte en France change, que le pays est à un tournant de son histoire. Lui aussi vit des bouleversements : sa libido est au ralenti et ça l'occupe psychiquement presqu'autant que la situation politique ! Pour réfléchir et se mettre à distance, François suit les pas de Huysmans et fait retraite dans une abbaye, cherche dans la religion un apaisement qu'il ne trouve pas.
Je me rappelle très précisément la sortie de ce roman, tant elle est liée à des éléments traumatiques pour tous. Trois années se sont écoulées et la lecture de Soumission se faisant dans un autre contexte, je comprends mal aujourd'hui les critiques faites à Houellebecq. Son roman n'a pas vocation à être prophétique, il ne se présente pas comme tel. Certes, le réel (journalistes, hommes politiques, etc.) côtoie les situations imaginaires – mais c'est souvent drôle, chacun en prend pour son grade, les universitaires n'étant pas épargnés ici.
Je trouve également que la façon d'approcher l'Islam est modérée, Ben Abbes met en oeuvre une politique centrée sur une idéologie qu'on peut critiquer mais qui est en soi une vision du monde construite et partagée par des gens qui ne sont pas musulmans (rejet du mariage d'amour, de la grande entreprise, etc.). Houellebecq est bien sûr provocateur, il focalise tous les fantasmes ambiants.
Le problème ici est-il lié à ce que véhicule l'Islam (tel que décrit par l'auteur) ou au fait que tous finalement s'accommodent d'une mutation sociale privative de droits mais qui sert leurs intérêts (économiques, professionnels, sexuels, etc.). C'est un monde d'hommes, fait pour les hommes que peint Houellebecq et c'est sans doute ma seule, grande et vraie, réserve, qui génère quand même un peu de malaise : la place faite aux femmes dans le roman est rétrograde, machiste et il n'est pas utile pour cela de convoquer l'Islam. La figure de la femme s'incarne dans celle de la bonne cuisinière ou de la maîtresse (étudiante, call –girl, toutes réceptacles des fantasmes du narrateur) qui trouve son plaisir à donner du plaisir.
Le cynisme est poussé à son comble : pour conserver leur statut social, accroître leurs biens, jouir de nouveaux privilèges, peu d'hommes résistent à la proposition de ce nouveau gouvernement qui renvoie les femmes à la maisons (ce qui occasionne une chute mécanique du chômage), légalise la polygamie (autant avoir sous le même toit la cuisinière Et la jeune maîtresse), privilégie l'entreprise familiale à la multinationale – organise en somme la clôture, le repli sans que nul usage de la force n'intervienne.
Ben Abbes pourrait ne pas être musulman – les propositions ici déclinées ne sont pas l'apanage de l'Islam, loin s'en faut. C'est donc dommage de s'arrêter à cette polémique – initiée par l'auteur lui-même qui connait parfaitement la sensibilité du thème et qui subodorait que cela ouvrirait à de nombreuses interprétations, ferait tomber sur lui l'anathème. Cela me semble desservir un roman qui, par ailleurs, est plutôt bien mené et qui se dévore avec plaisir.
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C'est maintenant qu'il faut lire ce roman!
Parce que sa description d'un monde politique à la dérive ne peut que faire écho aux folles semaines qui ont précédé l'élection présidentielle. "Les deux partis qui structuraient la vie politique française depuis les débuts de la V° République allaient-ils être balayés? L'hypothèse était tellement renversante qu'on sentait que les commentateurs qui se succédaient à toute allure sur le plateau - et jusqu"à David Pujadas, pourtant peu suspect de complaisance envers l'islam, et réputé proche de Manuel Valls - en avaient secrètement envie."
Dans cette France où la bi-polarité a explosé, un homme nouveau a commencé son entreprise de séduction: "Plus que tout autre, rappela-t-il cette fois-ci, il avait bénéficié de la méritocratie républicaine; moins que tout autre, il souhaitait porter atteinte à un système auquel il devait tout, et jusqu'à cet honneur suprême de se présenter au suffrage du peuple français. [...] Suave et ronronnant, son discours se poursuivit pendant une dizaine de minutes avant qu'on ne passe aux questions de la presse. J'avais remarqué depuis longtemps que les journalistes les plus teigneux, les plus agressifs étaient comme hypnotisés, ramollis en présence de [...]
Le second tour s'annonce donc sous les meilleurs auspices: "Surexcités, les journalistes des chaînes info se relayèrent toute l'après-midi afin d'essayer d'en savoir un peu plus sur les conditions de l'accord et la répartition des ministères, s'attirant à chaque fois la même réponse sur la vanité des considérations politiciennes, l'urgence de l"unité nationale et de panser les plaies d'un pays divisé, etc. Tout cela était parfaitement attendu, prévisible: ce qui l'était moins, c'était le retour de François Bayrou au premier plan de la scène politique."
Évidemment, les législatives sont une promenade de santé. Et l'avenir ne semble pas voir renaître une opposition digne de ce nom: "L'implosion brutale du système d'opposition binaire centre-gauche - centre-droit qui structurait la vie politique française depuis des temps immémoriaux avait d'abord plongé l'ensemble des médias dans un état de stupeur confinant à l'aphasie. [...] Cependant, peu à peu, au fil des semaines, des noyaux d'opposition commencèrent à se former. Sous l'impulsion de personnalités aussi improbables que Jean-Luc Mélanchon et Michel Onfray, des réunions de protestation eurent lieu [...]"
L'idée d'un front commun qui préfèrerait un parti islamique, même modéré, au Front National s'avère nettement moins visionnaire mais représente un horizon d'attente logique pour le mâle plus bêta qu'alpha de la geste houellebecquienne. L'Islam domine le christianisme comme l'homme domine la femme et la polygamie résout tous les problèmes, économiques autant qu'existentiels.
Roman vraiment malin, souvent passionnant, presqu'aussi souvent ennuyeux... Mais qu'en est-il du racisme supposé de l'auteur?
Je serais musulmane, je ne pense pas qu'il me plairait de voir ma religion réduite à sa part moyen-âgeuse. Je serais lepeniste, en revanche, je crois que j'apprécierais le miroir tendu.
"Une immense banderole barrait toute la largeur de l'avenue, portant l'inscription: "Nous sommes le peuple de France". Sur de nombreux petits panneaux disséminés dans la foule était écrit, plus simplement: "Nous sommes chez nous" - c'était devenu le slogan, à la fois explicite et dénuée d'agressivité exagérée, utilisé par les militants nationaux au cours de leurs rassemblements."
C'est marrant, non? Dans ce roman où tout est vrai, la seule transformation de l'arrière-plan naturaliste concerne le slogan du F.N.: non pas "Nous sommes chez nous" mais "On est chez nous", plus brutal et moins correct, partant plus menaçant.
La question sous-jacente du roman est, me semble-t-il: Pourquoi ne pas laisser le Pen gagner? Question à laquelle certains hommes politiques ne sont plus gênés de répondre.
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Divertissant d'abord, et puis plus subtil qu'il n'y paraît ensuite – Ce roman est avant tout une critique de nos politiciens et de nos institutions, que ce soit le gouvernement et ses ministères ou les universités.

Nous suivons François, professeur de lettres à la Sorbonne, spécialiste de Joris-Karl Huysmans, la quarantaine, totalement désabusé mais qui se prépare à la soirée de spectacle que représente pour lui l'élection présidentielle.

Tout au long du roman les parallèles entre la vie de Huysmans et de François seront nombreux.
Dans une France traversée par des années de conflits politiques et de scandales, où le fossé entre le peuple et ceux qui le représentent ne fait que s'approfondir, c'est finalement un Islam modéré qui risque de l'emporter, incarnation d'un retour à certaines valeurs familiales et à un certain sens de la morale.

Sorte de roman prémonitoire à l'humour noir, où finalement notre société, ses politiciens et ses intellectuels auront ce qu'ils méritent, i.e. un Etat dirigé par des êtres qui croient en quelque chose de bien plus grand et plus honorable. Soumission.
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Je crois que les commentateurs disent vraiment n'importe quoi. Il est sûr que le name dropping de Houellebecq peut choquer les personnes citées puisqu'en général il ne leur fait pas de quartier. Mais globalement, rien de choquant dans ce livre. Il élabore une hypothèse assez plausible et assez intéressante, tant d'un point de vue sociétal-civilisationnel que particulier-psychologique. Et effectivement, c'est assez puissant. Je ne sais pas si Houellebecq est seul à penser (comme) ça, sans doute pas et sans doute de moins en moins. A en juger par les propos de Onfray et d'autres qui se revendiquent de ce Soumission. Somme toute, j'ai assez apprécié cette conversion lente, un peu comme l'auteur qui de détesté et de critiqué stupidement, est juste intéressante et qui fait un peu -beaucoup réfléchir.
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N° 1494- Août 2020.

SoumissionMichel Houellebecq – Flammarion.

Dès le début du roman, François, la quarantaine, spécialiste de Huysmans, fait part de sa solitude et de son ennui dans cette société dans laquelle il va s'insérer en qualité de professeur d'université à Paris-Sorbonne. Ses perspectives de carrière ne sont pas négligeables mais ce qu'il déplore c'est plutôt sa baisse de libido et la fin programmée de sa vie sexuelle et ce n'est sans doute pas l'étude de l'oeuvre de son écrivain favori qui va l'aider à s'en sortir, à tout le moins dans ce domaine. On voit très bien que son problème à lui c'est les femmes de qui il attend le grand amour et qui en est toujours déçu. Il se raccroche au sexe qu'il pratique comme une activité de compensation, sans joie, parce qu'il ne lui reste plus que cela malgré ses faiblesses. On ne peut pas dire qu'il s'éclate dans son travail et dans sa vie, non plus d'ailleurs qu'il tienne ses collègues proches en haute estime mais c'est un universitaire de renom, un intellectuel apprécié pour son travail. Après deux mandats catastrophiques de François Hollande les électeurs ont définitivement perdu confiance dans le monde politique ce qui a favorisé l'émergence, au plus haut sommet de l'État du parti islamique, ce qui ne vas pas manquer de provoquer des changements dans le quotidien et donc dans l'université. Si la campagne électorale a mené le pays au bord de la guerre civile, les lendemains électoraux montre une France incapable de réagir et ayant perdu ce qui fait sa spécificité et ses valeurs. le monde universitaire n'est pas en reste qui lui aussi s'adapte mais fait surtout preuve d'opportunisme. François voit dans les nouvelles structures mises en place une occasion de s'y insérer et ainsi de tenir son rang mais surtout voit dans la loi islamique une solution a ses problèmes existentiels, la polygamie se révélant à lui comme une chance de résoudre ses difficultés d'ordre sexuelles. Il est en effet un être solitaire, en recherche constante de la femme, trop idéaliste sans doute pour en trouver une qui lui convienne. Sa vie est comme celle de chacun d'entre nous faite de hasards, de certitudes, de compromissions, de déceptions, de trahisons, d'illusions, d'échecs, mais il choisit de la poursuivre en faisant semblant de croire à demain.
La sortie d'un roman de Houellebecq est toujours un événement. Après tout il est un écrivain connu et reconnu et ce n'est que justice qu'une de ses oeuvres soient ainsi saluée. Même si ce roman a fait polémique, s'il a été publié dans un contexte difficile, il reste, à mes yeux, non un roman d'anticipation mais une simple fiction, par ailleurs bien dans l'air d'un temps , déprimant et révoltant d'hypocrisie, dans un moment de déliquescence politique où la société peine à se définir, où les gens ne comprennent plus rien et qui est bien de nature à faire basculer notre démocratie dans n'importe quel extrémisme que peut favoriser la simple abstention aux consultations électorales. C'est certes une fiction et surtout pas autre chose, mais je dois dire qu'elle m‘a parue pertinente et bien actuelle tant je considère la politique comme une chose passionnante mais que ceux qui la font et en vivent parfois largement, le sont eux nettement moins. Tous ces politicards qui disent n'importe quoi pour être élus et de dépêchent de faire le contraire une fois qu'ils le sont et ces partis politiques qui improvisent entre eux des alliances qui tiennent du mariage de la carpe et du lapin, menacent la démocratie à laquelle nous sommes attachés et il convient d'être vigilants. C'est ce triste spectacle que nous offre aujourd'hui une classe politique à la dérive qui tente de surnager dans une société au bord de l'implosion qu'une simple étincelle peut embraser. On peut penser ce qu'on veut de la littérature, de son rôle dans la société, mais le personnage de François, dépité, désabusé, solitaire et perdu me paraît bien plus intéressant que tous les plans sur la comète qu'on peut imaginer sur le plan politique. le portait qui en et fait est à mes yeux assez fidèle d'un homme qui a subi dans le passé un traumatisme qui l'a détruit et qui est perdu autant dans sa vie personnelle que dans la société sans boussole qui est la nôtre. Il y survit comme il peut, engoncé dans cette solitude d'où il ne sortira pas même pas grâce à la religion traditionnelle, en tout cas pas celle de l'oblatJoris-Karl Huysmans qui elle aussi a failli. Je n'ai pas toujours été d'accord avec Houellebecq, sur son style et sa façon de présenter les choses mais ce roman est révélateur du pessimisme ambiant.
©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com
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Note pour plus tard. Il y a des lectures qu'on ne devrait pas repousser.
J'avais beaucoup entendu parler de ce livre de Michel Houllebecq, Bien sur , à sa sortie en janvier 2015 (et comme à celle de chaque roman de son auteur) , Soumission fut disséqué et largement médiatisé par les critiques. N'étant pas une aficionado de cet auteur , je n'y avais guère prêté attention. Mais la réalité rattrapa la fiction et Houellebecq apparut comme un Nostradamus de la politique-fiction,

Car oui ce livre est ancré malgré lui douloureusement dans la réalité ( certains lieux et évènements cités dans ce livre ne peuvent à posteriori que provoquer un malaise chez le lecteur tant les souvenirs auxquels ils renvoient font appel à des tragédies ancrées dans notre mémoire collective) .

Cette politique -fiction dont l'action se déroule à brève échéance ( 2022) est d'autant plus réaliste que Houellebecq cite des personnages politiques non fictifs ( Hollande, Marine le Pen, Valls , Copé, Pujadas) et décrit une situation politique qui n'est pas sans rappeler la notre ( partis politiques traditionnels ayant de plus en plus de mal à exister, extrême droite très forte dans les sondages avec comme contrepartie de cette banalisation, des identitaires antisystèmes encore plus extrêmes , apparition de partis islamiste s, prosélytisme religieux de plus en plus prégnant dans la société)
Houellebecq décrit bien le phénomène de radicalisation au sein d'une même idéologie ( extrême droite ou islamiste) avec les partis qui veulent prendre le pouvoir démocratiquement et les courants radicaux de ces même groupes qui veulent le renverser par la force .

Au delà de cela ce livre apporte une réflexion intéressante sur nos sociétés qui demeurent culturellement patriarcales et sur la solitude et les relations sexuelles de "consommation" . Dans ce livre la polygamie mise en place dans cette société dystopique sur ne semble rencontrer aucune résistance, les hommes y trouvant bien entendu leur in leur intéret.

L'un des fils rouges de ce livre est Joris-Karl Huysmans, écrivain de la fin du XIXe,ydébut XX, considéré comme décadent et s'étant converti au christianisme . le personnage central de ce livre, universitaire, est un spécialiste de cet auteur ; ayant écrit une thèse à son sujet. Houellebecq montre très bien comment son personnage est hanté par cet écrivain, volant s'en détacher mais étant sans cesse rattrapé par lui.

Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur ce livre et je je pense que je le relirai pour aller plus ln sur certains aspects

La lecture est plutôt fluide et facile d'accès ( j'ai des souvenirs d'une plume houllebecquienne beaucoup plus mordante) même si parfois nb peut se perdre dans certaines longueurs et ne pas voir où l'auteur veut nous amener




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