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sur 1324 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'un des clichés les plus répandus sur les Gitans était qu'ils enlevaient les enfants des bonnes familles pour les faire travailler ou mendier (alors qu'historiquement, la plupart des pays d'Europe ont organisé des rafles d'enfants gitans qu'ils donnaient en esclaves aux paysans, afin de limiter la croissance de ces populations... cf. Petite histoire du peuple Rrom, de Pierre Courthiade). Victor Hugo les appelle ici "comprachicos", qui achètent des enfants. Ces indésirables, criminels punis impitoyablement en début de roman, ne sont-ils pas simplement des exécutants ? Dès lors, le roman raconte aussi bien un jeune garçon orphelin en quête de ses origines (sujet classique de conte), qu'une enquête sur la vraie nature des commanditaires…

Gwynplaine, jeune homme au visage déformé, fait penser au Joker de l'univers de Batman, personnage dont le sourire figé évoque tant la folie d'un rire sans fin qu'une souffrance psychique violente qui se serait transformée en rictus. Ici cependant, cette apparence est plutôt un masque qui lui a été imposé dans l'enfance et n'a rien à voir avec son naturel calme et réfléchi. Cette déformation qui fait de lui un monstre (au sens étymologique de "chose qu'on mon(s)tre"), plutôt que de manifester extérieurement son caractère (physiognomonie de Lavater), détermine plutôt le comportement que doivent adopter les gens qui le considèrent (voilà l'homme qui fait rire). Comme le vêtement sale et usé, les manières rustres ou le langage argotique, cette apparence empêche de prendre au sérieux un misérable, ce sourire agrandi déforme la perception qu'on a du personnage et de ce qu'il pourrait nous dire. Ce masque s'est fondu à la chair, comme un handicap : comme la bosse de Quasimodo ou un pied-bot, il le rend étrange, boiteux, suspect, toujours ridicule. Cette séquelle - tellement visible qu'on ne voit plus qu'elle - est symbolique de la condition des exclus : adultes, ils restent marqués par le "masque" qu'on leur a imposé dans l'enfance. Pour un lord, le pauvre sera toujours un Elephant Man que la difformité exclue de la bonne société (c'est la grandeur tragique de la scène du fou rire parlementaire). Dans une telle société, même avec un coup de baguette magique (découverte d'une naissance noble), la fin heureuse des contes merveilleux (reconnaissance de la véritable valeur du héros) est impossible. Fondamentalement hypocrite, le principe aristocratique (ou méritocratique : celui qui réussit est récompensé d'un pouvoir) aura toujours pour conséquence non la constitution d'une classe qui réunit les plus dignes de responsabilités, mais l'exclusion de la plus grande majorité de la population (afin de donner plus de valeur et de pouvoir à leur distinction).

Ce roman est sans doute l'oeuvre de Hugo la plus avant-gardiste quant à son écriture. Sa prose poétique totalement libérée explose le moule académique. Hugo multiplie à l'infini les figures d'opposition, les accumulations, les images, l'emphase… les ruptures de syntaxe, les trouvailles lexicales… Il suit la foudre de ses visions comme autant de flux de conscience symbolistes avant l'heure. Son lyrisme vire à la logorrhée maniaque, ce qui a désorienté et rebuté lecteurs et critiques de l'époque, mais illustre à merveille l'univers forain. Saltimbanques, ménestrels, jongleurs, cracheurs de feu, funambules, charlatans, pique-poquette, danseuses... Femmes et hommes qui y évoluent sont tous des écorchés, orphelins, exclus de la société et enfants d'exclus, monstres sans vêtement ni visage social (ni ouvrier, ni paysan, ni curé...), mais fardés, déguisés, acteurs au rôle indécis, chatterie écoeurante et frayeur délicieuse. Des nomades qui se promènent effrontément et dangereusement dans le jeu laissé entre les pierres de la pyramide sociale. Aspirations du petit peuple à la liberté retrouvée, à la disparition de soi, à la transfiguration féerique, à la joie et la folie enfin déployées sans retenue jusqu'à la vengeance. Images de cauchemars pour une élite, d'une société où les places sociales seraient interchangeables, mais aussi attirance irrépressible pour l'encanaillement et mains bon marché pour accomplir toute sorte de basses oeuvres... le style de Hugo, avec sa manie de l'hyperbole, le travestissement des métaphores, la porosité des parallèles, la réversibilité des contraires, pourrait s'interpréter comme une harmonie imitative de cette énergie carnavalesque. Les comprachicos et les monstres de foire, la foire elle-même, existeraient-ils sans l'argent de l'élite ?… Peu importe qu'il soit un lord reconnu ou un monstre de foire, Gwynplaine demeure une engeance de l'élite monstrueuse.
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La misère des pauvres et le luxe des riches : l'homme qui rit est l'alchimie de ces deux extrêmes, une âme humaine qui oscille entre le bien et le mal.
Peu importe l'époque, le lieu ou la condition, l'argent et le pouvoir sont de terribles tentations pour tout homme, la générosité et le partage sont d'horribles sacrifices que peu d'hommes sont capables d'honorer et Victor Hugo n'a pas peur de le crier haut et fort, un roman d'exeption comme à son habitude
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L'Homme qui rit, c'est Gwynplaine, c'est un lord, c'est un spectateur de la Greenbox, c'est Ursus, c'est la nuit, c'est Dieu, c'est le Diable, c'est nous.
Il y a de tout dans ce roman… une histoire d'amour, de trahison, de politique, de famille, de philosophie, de poétique… C'est un livre qu'il va falloir que je relise et relise, tellement j'ai peur d'avoir raté quelque chose.
Le récit s'ouvre et se referme dans la nuit, Victor Hugo utilise nombreux symboles et parallélismes en guise d'explication ou de résignation au fonctionnement de l'humanité… ou plutôt de la bestialité sur Terre.
J'ai lu dans certaines critiques que toutes les informations sur Londres et l'aristocratie ralentissent la péripétie ; c'est vrai … mais j'ai envie de dire… et alors ? Qui ne voudrait pas avoir une leçon d'Histoire-Géo avec ce conteur.
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Victor Hugo, c'est le classique par excellence, inspirant, inspiré, intemporel. "L'homme qui rit" c'est Gwynplaine, l'amuseur défiguré sensible et sensé, c'est Ursus, le philosophe misanthrope à l'humanité folle, c'est Dea, l'aveugle à qui rien n'échappe, c'est Homo, le loup témoin fidèle de notre société, c'est ces nobles si loin dans leurs chateaux qui vivent les intrigues les plus invraisemblables... Ce roman de Victor Hugo est d'une érudition folle, une somme de vocabulaire, d'analyses sociales, de digressions qui n'en sont pas. 700 pages d'un pur bonheur.
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Flaubert écrivait : "On peut juger de la beauté d'un livre à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur du temps qu'on met ensuite à en revenir."

Chaque chapitre de ce roman possède la force visuelle d'un tableau et la puissance poétique de Victor Hugo.
L'ensemble fonctionne comme une fresque à la teinte à la fois réaliste et romantique. le drame de Gwynplaine est d avoir été capturé par les Comprachicos qui l'ont défiguré de telle sorte que personne puisse le reconnaître. Et pourtant, sa plus grande souffrance n'est pas le souvenir de cette mutilation mais ses conséquences : lorsqu'il pleure, son visage semble sourire de manière grotesque, il est moqué, marginalisé et sa "monstruosité" terrifie. le contraste puissant entre ses sentiments et son apparence, entre intérieur et extérieur, est d'une extrême violence.
Ceux qui deviendront ses amis, sa famille ne peuvent être que Dea, une jeune fille aveugle qu'il a sauvé lorsqu'elle était encore nourrisson, et Ursus et Homo dont le tandem fonctionne comme un miroir inversé puisque Homo est un chien tandis qu'Ursus est un homme.

Cela fait quatre ans que j'ai lu ce roman et j'y repense très souvent, les images teintées d'onirisme qu'il a fait naître dans mon imagination s'imposent à moi avec la régularité du balancier d'une pendule.
L'homme qui rit n'a rien à envier aux romans les plus célèbres de Hugo.
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L'Homme qui rit est un conte cruel, pour reprendre le fameux titre d'un recueil de L'Isle-Adam, qui se déroule dans l'Angleterre du début du XVIIIe siècle. C'est d'abord une rencontre entre deux malheurs : Dea, jeune fille aveugle, les yeux gelés lorsque, bébé et accrochée au sein de sa mère décédée, elle fut découverte dans la neige par Gwynplaine, un garçon défiguré, pour une raison qu'il serait évidemment malvenue d'expliquer ici. Ce dernier est donc affublé d'un rire perpétuel, d'où le titre du roman. Les malheurs de ces deux-là sont heureusement tempérés par la sagesse de celui qui les recueille et les élève : Ursus, un saltimbanque plein de sagesse. Hélas, un saltimbanque ne peut pas tout…
Ce roman d'Hugo porte aussi, et surtout, en lui une conscience morale et politique, qui confronte le monde de la misère à celui de l'opulence, lequel trône avec un superbe mépris pour ceux d'en bas. Parmi cette caste des dominants, se déploie la splendide et vénéneuse duchesse Josiane, créature sans foi ni loi sinon la sienne, exact opposé de Dea.
Tout est d'ailleurs opposition dans cette oeuvre excessive d'Hugo, comme si les digues s'étaient rompues et que l'auteur ne pouvait plus contenir ce flot exacerbé de révolte qui l'assaille depuis tant d'années. L'Homme qui rit, c'est l'antithèse des Misérables, dont le drame tendait vers la rédemption. Ici, tout n'est que cataclysme, avec une apothéose finale aussi tragique qu'injuste.
Le monde de L'Homme qui rit ne vaut rien de bon, est-on tenté de penser en cédant au même désespoir que Gwynplaine, qui s'exprime en ces termes devant un aréopage de lords : « Ce que je viens faire ici ? Je viens être terrible. Je suis un monstre, dites-vous. Non, je suis le peuple. Je suis une exception ? Non, je suis tout le monde. L'exception, c'est vous. Vous êtes la chimère, et je suis la réalité. Je suis l'Homme. Je suis l'effrayant Homme qui Rit. Qui rit de quoi ? de vous. de lui. de tout. Qu'est-ce que son rire ? Votre crime, et son supplice. Ce crime, il vous le jette à la face ; ce supplice, il vous le crache au visage. Je ris, cela veut dire : Je pleure. »
Pourquoi cruel, comme je l'ai écrit plus haut ? Parce que ce roman nous donne et nous reprend sans nous laisser le moindre espoir. La pureté de Dea et l'humanité profonde de Gwynplaine ne sont pas de taille à lutter contre la soif du pouvoir, qui jonche le sol de ses victimes avec délectation. Et nous en connaissons bien d'autres des Dea et des Gwynplaine !
Le 22 mai 1868, Hugo écrivit ceci à propos de son livre: « Dans l'intention de l'auteur, ce livre est un drame. le Drame de l'Âme. D'une part ce monstre, la matière, la chair, la lange, l'écume, le dénuement, la faim, la soif, l'opulence, la puissance, la force, l'infirmité, la mutilation, l'esclavage, l'affront, la chaîne, le supplice, la souffrance, la jouissance, la pesanteur, la gravitation, l'évolution sociale et humaine ; de l'autre ce lutteur, l'Esprit. »
Tout est dit…

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Il ne faut pas tourner autour du pot: nous sommes là face à un sommet de la littérature. Hugo nous conduit dans une histoire, un peu folle et fantastique, qui lui permet d'exprimer tout son art de l'écriture et de la construction romanesque. Et aussi et surtout: de décrire par le menu, avec une justesse et une précision redoutables, les forces et les faiblesses de la nature humaine. Quel observateur, ce Hugo, comment a-t'il compris tout cela en une seule vie, pour nous le restituer sous une forme aussi magistrale? Le personnage principal, le jeune Gwynplaine, défiguré dans son enfance pour pouvoir être exhibé dans les foires (!), est malin, sensible, presqu'optimiste, jamais revanchard. La magnifique Déa, jeune fille aveugle, a une beauté intérieure qui nous émeut à chaque page. Et le rustre Ursus, philosophe de foire, cache sous sa rudesse apparente une humanité désintéressée (qui l'a conduit à les sauver, puis à les éduquer, tous les deux). Il y a même un loup, curieusement nommé Homo, qui est là, on ne sait pourquoi. Son rôle sera pourtant décisif, à la fin. Evidemment, nous sommes chez Hugo: il faut mériter tout cela, et lire plus de 700 pages pour savourer la force de ce récit. On en reste saisi par un souffle incomparable: celui d'un des tout meilleurs écrivains Français.
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Comparée à sa production poétique (plus d'une vingtaine de recueils, dont au moins trois chefs-d'oeuvre absolus : « Les Châtiments », « Les Contemplations », « La Légende des siècles »), la production romanesque de Victor Hugo apparaît plus légère : seulement neuf romans : deux romans de jeunesse (« Bug-Jargal » et « Han d'Islande »), deux romans didactiques (« Claude Gueux » et « le dernier jour d'un condamné »), deux chefs-d'oeuvre absolus (« Notre-Dame de Paris » et « Les Misérables ») et enfin trois « grands romans » (« Les Travailleurs de la Mer », « L'Homme qui rit » et « Quatre-vingt-treize »).
Dans la plupart de ces romans, les lecteurs et lectrices attentifs et attentives (et je sais que vous l'êtes) auront remarqué la place importante qu'y tient l'Histoire : histoire contemporaine ou récente, ou bien plus ancienne.
« L'Homme qui rit » place son intrigue dans le XVIIIème siècle anglais. le choix de l'époque n'est pas innocent : En 1869, date de sortie du roman, la France est encore (mais plus pour longtemps) sous la botte de Napoléon III. Victor Hugo tient à dénoncer un pouvoir arbitraire, écrasant de richesse, et impitoyable pour les pauvres et les faibles. le XVIIIème siècle anglais est l'image même d'une noblesse oisive et insensible au peuple, et d'un peuple misérable mais qui accepte sa misère et cherche son « divertissement » dans le rire, fût-il à ses dépens. C'est l'un des thèmes exposés par l'auteur.
Mais il y en a d'autres : « Si l'on demande à l'auteur de ce livre pourquoi il a écrit « L'homme qui rit », il répondra que philosophe, il a voulu affirmer l'âme et la conscience, qu'historien, il a voulu révéler des faits monarchiques peu connus et renseigner la démocratie, et que, poète, il a voulu faire un drame (ébauche de préface - 22 mai 1868 - Choses vues) ».
Quand on lit « L'Homme qui rit », deux impressions viennent immédiatement à l'esprit : une érudition touffue, parfois bien venue, mais aussi parfois un peu lourde (on l'a vu dans d'autres ouvrages, y compris dans les meilleurs), et surtout un jeu permanent sur les contrastes, les antinomies, les contraires, les oppositions. On se souvient que dans les manifestes du Romantisme, l'alliance du grotesque et du sublime venait en bonne place. « L'Homme qui rit » en est l'illustration. Les infirmités physiques cachent des bontés d'âme : Gwynplaine, défiguré, et Déa, aveugle, sont des modèles de bonté et de pureté. En revanche Josiane sous une beauté éblouissante cache une noirceur de démone. La plupart des personnages ne sont pas ce qu'ils prétendent être. L'auteur joue même le paradoxe jusqu'à inverser l'homme et le loup : le loup qui a un nom d'homme (Homo) et l'homme qui a un nom d'animal (Ursus = ours, il aurait pu l'appeler Lupus).
L'histoire elle-même, débarrassée de toutes les considérations historiques et philosophiques, pourrait être celle d'un roman-feuilleton classique : on apprend que Gwynplaine, l'enfant abandonné et défiguré est en fait le fils et héritier d'un lord, et le roman bascule alors dans un mélo conventionnel.
Un grand roman, donc, pour son propos, et pour la façon dont Hugo le présente. Mais assez difficile à lire si on ne se résout pas, de temps à autres, à sauter quelques paragraphes, ou même quelques pages, plutôt indigestes.
Cela dit, cela reste du Victor Hugo. Dans Victor Hugo, comme dans le cochon, tout est bon. Cochon qui s'en dédit.
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De la plèbe à la seigneurie.
Lu il y a des décennies je ne l'avais jamais relu, contrairement à d'autres Hugo. Ce qui frappe dès les premières lignes : l'érudition étayée par l'abondance des mots, ce vocabulaire riche en permanence et également le plaidoyer politique prégnant.
Une densité qui s'inscrit dans trois principaux registres : le descriptif, l'analytique et le digressif.
Pour savourer il faut prendre le temps, c'est une richesse qui se mérite, qui vous imprègne.
Nous sommes en 1690 en Angleterre, l'histoire se déroule de la fin du XVIIe et le début du XVIIIe.
Nous découvrons Ursus et Homo, l'homme Ursus médecin, bonimenteur vivant dans une roulotte et le loup Homo. Clin d'oeil à Diogène et son mépris des honneurs et des convenances sociales.
« L'école de Salerne dit : « Mangez peu et souvent ». Ursus mangeait peu et rarement ; obéissant ainsi à une moitié du précepte et désobéissant à l'autre ; mais c'est la faute du public, qui n'affluait pas toujours et n'achetait pas fréquemment. »
Après Ursus et son compagnon, les lecteurs rencontrent Gwynplaine, un enfant d'environ dix ans qui est refoulé lors de l'embarquement d'hommes fuyant en bateau.
Il va errer, désorienté il cherche la ville la plus proche, la neige a tout envahi et il entend un cri. Après des recherche il trouve une femme morte, un bébé accroché à son sein gelé. Il n'hésite pas a sauvé cette petite fille. Il arrive en ville, mais les portes ne s'ouvrent pas.
Seul Ursus répondra à son désespoir.
Nous découvrons que les hommes qui s'enfuyaient sont des Comprachicos, entendez des « achète-petits » pour quelques pièces ils achetaient des enfants, qu'ils mutilaient afin d'en faire commerce, pour faire rire en général.
« Cela faisait des êtres dont la loi d'existence était monstrueusement simple : permission de souffrir, ordre d'amuser. »
Les deux chapitres préliminaires sont denses et passionnants pour planter le décor. Ils sollicitent la réflexion sur ce trafic d'enfants, ces mutilations, il y a un passage sur la fabrication de nains en Chine qui est impressionnant.
Puis il y a eu l'Habeas Corpus, cette loi a eu pour effet le « délaissement d'enfants ».
Ursus, Gwynplaine et la petite Dea qui est aveugle vont former une famille recomposée.
Gwynplaine fait partie de ces enfants mutilés, on lui a fendu la bouche jusqu'aux oreilles afin de lui faire un rire permanent.
Il y a d'autre personnage, notamment celui d'une femme fatale Josiane, soeur de la reine Anne.
C'est foisonnant, la profusion lassera probablement plus d'un lecteur contemporain, personnellement je suis plutôt éblouie par cette abondance érudite dans de multiples domaines de l'architecture à l'écologie avant l'heure.
Victor Hugo approfondit par de multiples détails, la route qui va le conduire vers l'analyse sociale, la conscience politique, thèmes qui lui sont chers.
Il y a l'histoire d'amour entre ces deux enfants, Dea voit avec son âme.
Quinze ans après nous découvrons que Ursus a créé un spectacle avec Gwynplaine Chaos Vaincu qu'ils vont présenter à Londres, Ursus est mis en cause pour sédition. Sa défense est juste aussi troublante qu'hilarante.
Ce qui faire dire à Hugo :
« le jugement, c'est le relatif. La justice c'est l'absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et un juste. »
N'est-ce pas toujours d'actualité ?
Gwynplaine sera arrêté et enfermé dans une prison souterraine. Là il apprendra ses origines.
Dans le discours, nous retrouvons Hugo défenseur des misérables dans une de ses plus belles diatribes.
Je ne vous raconterai rien d'autre.
Le talent de dramaturge de l'auteur est à son point culminant.
C'est le livre le plus « trop », l'excès, la vigueur, la critique sociale tout y est hors normes.
Publié en avril 1869, L'Homme qui rit devait être le premier volume d'une trilogie politique. Mais finalement ce fut un diptyque et je vais donc lire Quatrevingt-treize.
Hugo c'est une oeuvre foisonnante où la réflexion du lecteur est sollicitée en permanence et je ne m'en lasse pas.
©Chantal Lafon

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Dans l'Angleterre de la fin du 17ème siècle, un enfant est enlevé, torturé et défiguré par les comprachicos. Il s'appelle Gwynplaine. Abandonné à dix ans, il survit à une tempête de neige, après avoir sauvé une petite fille aveugle , Dea, qui deviendra son âme soeur et l'amour de sa vie. Tous deux sont recueillis par Ursus, un vieux saltimbanque qui vit dans une roulotte, avec pour seul compagnon, le loup Homo. Sur les planches, Gwinplaine devient « L'Homme qui Rit »…
A l'image de son personnage principal, l'Homme qui Rit est un roman monstrueux et grandiose car Victor Hugo y déchaîne tout son génie littéraire, sans mesure ni limites. C'est à la fois un texte historique, philosophique, poétique et romanesque où se mêlent érudition et émotion pure. C'est la description , la dissection, d'une société malade où l'aristocratie assassine le peuple. Un peuple incarné par L'Homme qui Rit, l'homme qui souffre derrière le masque, l'homme bon, pur et sacrifié.
Oeuvre à lire pour apprendre, pour vibrer, pour écouter Hugo, tout simplement.
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