Éblouie, émerveillée mais aussi touchée car ayant lu quelques biographies j'y ai vu plus qu'un roman.
Le 31 août 1881,
Victor Hugo rédigea d'une main ferme un testament :
Dieu. L'âme. La responsabilité. Cette triple notion suffit à l'homme. Elle m'a suffi. C'est la religion vraie. J'ai vécu en elle. Je meurs en elle. Vérité, lumière, justice, conscience, c'est Dieu. Deus, dies.
Olympio ou La vie de Victor Hugo André Maurois
J'ai lu ce roman et du début à la fin, j'ai vu l'accord entre l'homme et l'écrivain. Sa vie, ses pensées, ses idéaux politiques mais aussi sa dualité, les deuils ainsi qu'un formidable témoignage.
Tout commence avec l'incroyable histoire des comprachicos, de la tempête et de cet enfant de dix ans Gwynplaine abandonné, perdu dans la neige en pleine nuit et je n'ai pu m'empêcher de penser à Cosette apeurée allant chercher l'eau du puits.
C'est une oeuvre de maturité où nous découvrons les aristocrates, le parlement, les lois, le peuple anglais, la misère, l'injustice juste un aperçu sans commentaire sans jugement.
« Accuser est inutile. Constater suffit. »
C'est aussi la vie d'Ursus et d'Homo (clin d'oeil de l'auteur) qui se sont exilés de Londres et de la folie des hommes. Ursus serait un Gwynplaine âgé, désillusionné, sage et pourtant il commettra une erreur fatale.
Gwynplaine parce qu'il n'avait rien à perdre a sauvé un bébé Déa dont la mère est morte dans la tempête. Pureté des sentiments, innocence, Déa, aveugle, ne sent que l'âme des autres. Tous deux s'aiment tendrement.
«Ils se suffisaient, ils n'imaginaient rien au-delà d'eux-mêmes ; se parler était un délice, s'approcher était une béatitude ; à force d'intuition réciproque, ils en étaient venus à l'unité de rêverie ; ils pensaient à deux la même pensée. »
De très beaux passages n'est pas
Victor Hugo qui veut. L'auteur c'est énormément documenté.
Gwynplaine connaîtra la richesse, le pouvoir mais sa seule ambition sera d'aider les plus faibles, il y voit sa destinée.
« Je suis prédestiné ! J'ai une mission. Je serai le lord des pauvres. Je parlerai pour tous les taciturnes désespérés. Je traduirai les bégaiements. Je traduirai les grondements, les hurlements, les murmures, la rumeur des foules, les plaintes mal prononcées, les voix inintelligibles, et tous ces cris de bêtes qu'à force d'ignorance et de souffrance on fait pousser aux hommes. le bruit des hommes est inarticulé comme le bruit du vent ; ils crient. Mais on ne les comprend pas, crier ainsi équivaut à se taire est leur désarmement. Désarmement forcé qui réclame le secours. Moi, je serai le Verbe du Peuple. Grâce à moi, on comprendra. Je serai la bouche sanglante dont le bâillon est arraché. Je dirai tout. Ce sera grand. »
De très beaux passages n'est pas
Victor Hugo qui veut. L'auteur c'est énormément documenté.
La fin de ce livre m'a laissé sans voix, sans mots, tant ce livre est mêlé à sa vie. Je percevais
Victor Hugo et sa vie, son oeuvre derrière chaque mot. J'y ai vu ses doutes quant à son engagement politique qui lui a couté l'exil et une vie familiale perturbée. Et par-dessus tout j'y ai vu cet hommage à Léopoldine, son ange, et à son gendre partis trop tôt.
Une excellente Lecture Commune initiée par HundredDreams que je remercie et qui n'a laissé aucun des lecteurs et des lectrices indifférents.