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EAN : 9782848592039
118 pages
Zinedi (26/09/2019)
3.67/5   6 notes
Résumé :
En partageant la vie intime de ses personnages, le narrateur lève un pan sur les drames de l'Histoire qu'elle recèle et qui n'en finit pas de se répéter. Mais loin d'être simple spectateur, il fait partie intégrante de ce récit dans lequel il se livre, sans fard et avec humour.
Nostalgique de l'amour enfui, du pays perdu, de la jeunesse disparue, il reste un combattant de la mémoire et un poète, qui, tel l'Étranger de Baudelaire, aime les nuages qui passent.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Je remercie chaleureusement les Éditions Zinédi et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une opération masse critique.

Fawaz Hussain est d'origine kurde, né en 1953 dans le nord-est de la Syrie. Il a obtenu un doctorat en langue et littérature française à la Sorbonne en 1988 et a enseigné le Français en Syrie, en Suède et en France. En Suède, il a été lié au fondateur du roman kurde moderne, Mehmed Uzun, né la même année que lui, mais décédé à l'âge de 54 ans d'un cancer. L'auteur de "La Poursuite de l'ombre" a été un écrivain prolifique. Fawaz Hussain, qui vit actuellement à Paris, a écrit en Kurde et en Français des romans, tels "Le Syrien du septième étage", "Les sables de Mésopotamie". Il a traduit en Kurde ses oeuvres favorites des auteurs français : "L'étranger" d'Albert Camus et de Saint-Exupéry "Le Petit Prince".

"Le Kurde qui regardait passer les nuages" est au choix un roman court ou une nouvelle plutôt longue de 115 pages. Il s'agit d'une histoire racontée à la première personne du singulier. Si ce "Je" représente l'auteur ou est le produit de son imagination, difficile à trancher. Pour les besoins de ma petite chronique, je l'ai baptisé Musa.

À mon avis, c'est avant tout une histoire d'amour, mais malheureusement seulement en sens unique !
En effet, lors d'une exposition à Paris, notre Musa, homme solitaire, rencontre l'artiste peintre Magalie Tenenbaum, d'origine russo-polonaise et juive qui fait des tableaux abstraits des baraquements des camps de concentration nazis. Magalie est une belle rouquine aux yeux verts, au corps svelte et à la démarche féline . Que le solitaire Musa en tombe éperdument amoureux, se comprend, bien entendu.

Au moment où le récit démarre, l'amourette est au point mort et Mussa va consulter son médecin traitant à cause de têtus maux de tête et un début de surdité de l'oreille gauche. Y a-t-il un lien de cause à effet ? Toujours est-il que son toubib lui pose invariablement les mêmes 2 questions : comment est la situation politique au Moyen-Orient et comment va Magalie ?

Pour des analyses approfondies, Musa se rend au service de la sommité médicale, le docteur Babo Bougival à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, mais doit évidemment attendre les résultats de ces analyses. Hôpital que l'auteur qualifie de "sanctuaire dédié à la souffrance humaine et à son soulagement depuis le milieu du XVIIe siècle".

Musa, qui est à la retraite, s'il ne regarde pas passer les nuages à travers les grandes vitres de son HLM au 9e étage d'un quartier populaire du 20e arrondissement de Paris, suit les informations politiques à la télé sur les chaînes françaises et arabes, Al-Djazira et Al-Arabia.
Il n'offre pas une théorie politique d'ensemble, mais lance des pointes à des personnages qu'il a dans le collimateur, tels l'autoproclamé calife Abou Bakr al-Bagdadi de Daech, le sultan Erdoğan de Turquie, Poutine qui défend "bec et ongles" son allié Bachar al-Assad, les Américains en qui on ne peut sûrement pas avoir confiance.

Musa réfléchit que son pays se trouve en plein conflit depuis mars 2011 et que le nombre colossal de réfugiés politiques donne le vertige. Rien qu'en France il y en ait un quart de million de Kurdes (chiffre pour mai 2016). Il sait que les spécialistes pensent qu'il faudrait 25 à 30 ans pour que "le pays panse ses plaies, répare ses infrastructures... et surtout se défasse des haines accumulées".
Musa n'est pas très optimiste et est convaincu que dans cette partie du globe "quand un problème survenait, il ne rencontrait jamais de solution. Il s'aggravait, se compliquait, s'envenimait et s'ajoutait aux autres déjà imbriqués, un vrai casse-tête oriental".

Fawaz Hussain se fait un plaisir de répondre à plusieurs de vos questions :
- pourra Musa un jour rentrer chez lui, au Kurdistan syrien ?
- quel sera le verdict de l'éminent docteur Babo Bougival ?
- est-ce que sa liaison avec Magalie connaîtra une renaissance ?
- ou devra-t-il essayer de gagner le coeur d'une "Marie-Chantal de la Rochefoucauld, Catherine de Montespan, Cécile de la Boétie" ou se contenter d'une Fatima, Aïcha ou Tassadit "vivant dans des trous perdus" ?
- ou tout simplement rester seul ?

Je termine où l'auteur avait commencé, chez le grand poète maudit Charles Baudelaire en 1869 et une partie de ses "Petits poèmes en prose" :
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... les merveilleux nuages !"
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Depuis son appartement au 7ème étage d'un HLM parisien, le narrateur – le Kurde du titre – regarde passer les nuages. De jolis moutons blancs dans l'azur en nuées grises et plombées, son esprit et son humeur vagabondent au gré de ses souvenirs. Arrivé en France pour y faire ses études, il est aujourd'hui retraité, un peu solitaire, un peu désabusé. Il se remémore son pays tourmenté depuis si longtemps, l'effervescence de ses années d'études à Paris, la solidarité avec les autre Kurdes émigrés. Il se rappelle surtout son histoire d'amour (récente) avec Magalie, une artiste-peintre dont les grands-parents juifs ont été tués par les nazis, et qui n'a de cesse de reproduire à l'infini les baraquements des camps de concentration dans ses tableaux abstraits. Mais Magalie est une parenthèse désormais refermée, et depuis lors la vie de notre Kurde, comme son récit, semble se répéter. 115 pages, 4 parties qui toutes commencent par un rendez-vous médical, précédé ou suivi de déambulations dans les couloirs d'un hôpital labyrinthique, qui le ramènent, allez savoir pourquoi, à l'histoire tortueuse de son pays et à celle d'un ami kurde qu'il a aidé à obtenir l'asile en France. Puis, inévitablement, de retour à son appartement, il repense à Magalie, et espère. Qui sait, peut-être, un jour,...
Tout en sobriété, léger comme de l'ouate ou comme le coeur d'un amoureux, ou sombre comme un jour sans paix, "le Kurde qui regardait passer les nuages" rappelle le triste sort des habitants de cette région du monde, tyrannisés par les terroristes de l'Etat islamique et coincés entre leurs encombrants voisins turc et syrien, plus ou moins manipulés par leurs alliés respectifs. Ce texte très court, teinté d'humour, est pétri de nostalgie pour le pays, la jeunesse et l'amour perdus. Mais qu'importe la perte s'il y a le souvenir, et les nuages : "Sans regretter le moins du monde la "parenthèse" Magalie Tennenbaum, j'allais continuer à l'aimer et à regarder passer les nuages. Oh, la chance que j'avais ! Les quatre fenêtres de mon appartement du septième étage m'offraient une vue imprenable sur le vaste ciel, ses signes fébriles, et ses nuages sans fin."

En partenariat avec les Editions Zinédi via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Un roman autobiographique qui ouvre le coeur, et nous montre des bribes de ce qui se trouve derrière cette ligne d'horizon qui nous nargue en permanence, des nuages qui surplombent des paysages, des parfums, des souvenirs…

Mr Fawaz Hussain est de naissance kurde syrien, la politique les ayant désignés, lui et les siens, étrangers sur la terre qui les a vu naître, il a du s'exiler et a atterri en France plus précisément à Paris où il rencontre et expérimente des pans de la vie sociale. Car être étranger, exilé, c'est être en un lieu où les liens avec le sol et avec les êtres aimés sont rompus momentanément ou définitivement de manière physique mais intensifié par le cœur, l'absence renforce et uni autrement.

Avec poésie, observations, amour, humanité et humour on le suit dans Paris:
Liens d'amour
Lien de sang
Lien fraternel et amicaux
Lien d'humanité dans un monde qui va parfois cahin-caha.

Existence croisée avec d'autres, regards sur le monde et adaptations à l'existence, dont celles de son compatriote Azad Berwari, de Magalie, ….

Les médias nous montrent régulièrement l'horreur de combat dans un ‘ailleurs', mais ne nous montre pas les tombes d'aïeux qui ne sont plus visitées par l'interdiction d'être dans un lieu donné, des terrains de jeux d'enfants toujours vivant dans les mémoires, ni la nouvelle lecture de la réalité imposée par un déplacement....

Ne connaissant pas l'auteur, j'avais choisi ce roman sur base de la couverture qui me plaisait beaucoup.

Un vif merci à la très humaine plume de Mr Fawaz Hussain, aux éditions Zinédi ainsi qu'à Babelio pour son opération masse critique.
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Au détour d'une rue de Paris, d'un café, d'un rendez-vous chez le médecin, Fawaz Hussain entraîne le lecteur sur les chemins de la mémoire. À coeur ouvert.
Fawaz Hussain continue avec ce livre son travail de mémoire. Sans misérabilisme aucun ni pathos, il nous parle, par petites touches légères et dans une langue directe et poétique, du malheur kurde, de son parcours de déraciné, de l'exil, de la difficulté de vieillir, mais aussi de l'amour, et dieu qu'il en parle bien !
« Malgré la distance, pour le moins vertigineuse, qui nous sépare désormais, je parviens à te garder auprès de moi, contre mon épiderme, une pelote de soie tendrement posée sur la poitrine, un moineau confiant dans le creux de ma main, une passion ardente dans le tréfonds de mon âme. Élisant domicile fixe dans ton nom, je me blottis dans la douceur de ses consonnes, je m'étire, comme un chat aboulique dans la mélodie de ses voyelles. »
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En partageant la vie intime de ses personnages, le narrateur lève un pan sur les drames de l'Histoire qu'elle recèle et qui n'en finit pas de se répéter. Mais loin d'être simple spectateur, il fait partie intégrante de ce récit dans lequel il se livre, sans fard et avec humour. Nostalgique de l'amour enfui, du pays perdu, de la jeunesse disparue, il reste un combattant de la mémoire et un poète, qui, tel l'Étranger de Baudelaire, aime les nuages qui passent.

Ce livrée est une longue nouvelle d'une histoire d'amour à sens unique (115p) racontée à la 1ere personne du singulier.

Le narrateur est un brin hypocondriaque puisque le roman se déroule entre 2 lieux :son quartier et l hôpital La Pitié de Paris. Il relate au travers des déambulations de cet homme l histoire compliquée et tortueuse de son pays. Ses compatriotes sont mentionnés notamment Azad, avocat dévoué au sort de ces demandeurs d asile. Un focus est fait sur le triste et terrible sort de cette  population tyrannisee et coincée entre la Turquie et la Syrie.

Ce roman, instructif, est plein de nostalgie et de souvenirs mais avec 1 lueur finale d espoir. 

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Fawaz Hussain, Yasmine Chouaki, RFI. 1
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