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EAN : 9782072933851
464 pages
Gallimard (03/03/2022)
3.91/5   123 notes
Résumé :
Agathe et Isaïah officient comme exorcistes. L’une a les pouvoirs, l’autre les connaissances ; tous deux forment un redoutable duo.
Une annonce sur esoteric.net, le réseau social des sorciers, retient leur attention. Un confrère retraité y affirme qu’un esprit nocturne hante le domaine d’une commune côtière de Bretagne et qu’il faut l’en déloger. Rien que de très banal. Tout laisse donc à penser que l’affaire sera vite expédiée.
Cependant, lorsqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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Agathe et Isaïah sont collègues de travail. Rien à voir avec ceux que vous croisez à la machine à café le lundi matin (enfin j'espère pour vous !). L'une voie les fantômes et l'autre les aide à passer de l'autre côté. Elle a le don de double vue et lui maîtrise l'art du Hoodoo (une forme de vaudou) qui lui permet d'aider les morts à quitter le monde des vivants. Ensemble ils libèrent les âmes en peine. Rien à voir avec les ghostbuster, ils se définissent plutôt comme des sorciers. Depuis 10 ans nos deux baroudeurs amateurs de métal, exorcisent les vieilles demeures. Forts de leur expérience c'est l'esprit tranquille qu'ils se rendent en Bretagne pour exorciser le manoir de Ker Ar Bran et son énigmatique phare. Dans cette vieille masure un fantôme fait des siennes et met les propriétaires à cran. C'est même tout le village de Landrez qui semble bouleverser par les évènements.

J'ai tout de suite été séduite par le personnage d'Agathe, mélange de fêlures, de rébellion, de trop plein d'amour et de marginalité. Isaïah a mis plus de temps à me convaincre avec ses airs de premier de la classe, mais au fil des pages il a pris en épaisseur et en charisme et finalement m'a bien plu.

Je dois dire que dans les premières pages mon avis été mitigé. Je voyais poindre l'histoire déjà vue et sans saveur. Puis petit à petit la magie du mélange des genres a commencé à opérer. le temps que tout se mette en place et j'étais happée. Rozenn ILLIANO nous entraine dans un tourbillon, trois époques différentes et un même lieu : Ker Ar bran et son phare. Les vieilles légendes bretonnes se déploient dans un décor brut et sauvage. Sur fond de mer démontée et bercé par le remous des vagues qui se meurent au pied de la falaise, c'est toute l'histoire de Landrez qui prend vie. L'ambiance d'abord feutrée se fait pesante, puis oppressante, les âmes en peine vous enlacent et accompagnent chacune des pages.

Que s'est-il passé dans ce manoir et dans ce phare? Pourquoi le village retient son souffle à la seule évocation de Ker Ar Bran ?

Au fil des mots l'histoire gagne en consistance, l'atmosphère s'épaissit et le malaise devient palpable. le lecteur voit les réponses à ses questions s'esquisser puis disparaitre. Pas de longueurs mais des temps morts pour reprendre son souffle et mieux faire monter la tension. Puis en arrière-plan dissimulée sous cette ambiance ésotérique se dessine une réflexion plus profonde sur ce qui fait de nous ce que nous sommes, sur notre besoin viscéral d'être reconnus et acceptés par nos pairs et intégrés à un groupe. Sur ce besoin criant de trouver notre place dans ce monde et sur la marginalité et la solitude que nous portons tous en nous à différents degrés.

Tendu jusqu'à la dernière ligne vous arriverez à bout de souffle à la fin de ce récit pour un final inattendu et bien pensé.

Une découverte totale car je ne connaissais pas l'auteur, de plus, ce livre est classé SF et je n'en lis presque jamais. Alors pourquoi cette lecture ? Parce que j'ai été happée par l'étrange couverture réalisée par Anouck FAURE. Un majestueux corbeau qui se mêle aux vagues déchainées qui viennent s'écraser violemment contre une falaise sur laquelle s'élève un phare. le tout en noir et blanc. Faire une belle rencontre tient parfois à peu de choses.

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Pour sa rentrée littéraire 2019, les éditions Critic ont choisi de mettre en avant un roman signé Rozenn Illiano qui nous offre avec « le phare au corbeau » une passionnante histoire de fantômes. le récit met en scène Agathe, une jeune femme ayant la particularité de voir les esprits, et son associé et ami, Isaïah, qui ne possède pour sa part aucun pouvoir à proprement parler mais qui peut, à l'aide de rituels, renvoyer les fantômes dans l'au-delà. Un savoir-faire que notre héroïne lui envie, les sorciers dotés d'un don similaire au sien possédant d'ordinaire des pouvoirs psychopompes qui, malheureusement, lui font défaut. Malgré ce léger couac, le duo fonctionne parfaitement, la première s'occupant de repérer et attirer les esprits tandis que le second se charge de les exorciser. Et le travail ne manque pas ! Appelés à la rescousse par des gens ordinaires, désespérés par l'intrusion du surnaturel dans leur quotidien, nos exorcistes vadrouillent de maison en maison afin de faire disparaître ces esprits qui rendent la vie impossible aux propriétaires. Car si certains fantômes un peu farceurs se contentent de faire claquer les portes ou de changer des objets de place, d'autres, vraiment en colère, n'hésitent pas à aller plus loin, en provoquant des cauchemars chez les plus jeunes, par exemple, ou en se livrant au sabotage. Si la plupart des gens s'effraient (à raison) de ces manifestations surnaturelles, Agathe et Isaïah eux, ont une sacré expérience en la matière et ne sont plus guère impressionnés par grand-chose. du moins jusqu'à ce qu'on les envoie à Landrez, petit village côtier situé en Bretagne où on les charge d'une mission à priori tout à fait banale : exorciser une vieille propriété implantée en marge du village et qu'un jeune couple vient d'acquérir afin de la transformer en maison d'hôtes. Seulement des légendes courent autour de cet endroit, et notamment du phare qui jouxte le manoir et qui est réputé pour avoir causé la mort de tous les anciens propriétaires ainsi que bien d'autres drames. Simples superstitions ? C'est ce que nos deux héros pensaient avant de découvrir la sombre aura qui plane sur le domaine et de se livrer, sans succès, à leurs rituels habituels. Il leur faut alors se rendre à l'évidence : les fantômes qui hantent Ker Ar Bran sont bien plus puissants que ceux auxquels ils ont déjà eu affaire.

Le roman possède de nombreuses qualités parmi lesquelles on peut notamment mentionner le choix du cadre puisque l'essentiel du récit se déroule au fin fond d'un village breton. Un environnement propice aux légendes et familier des lecteurs, ce qui facilite l'immersion tout en rendant l'intrusion du surnaturel encore plus effrayant. le récit comporte également plusieurs scènes se déroulant à Paris, lieu de résidence de nos héros, ce qui permet à l'auteur d'esquisser les contours de son univers qui, de toute évidence, sera amené à se développer dans de futurs autres tomes (même si le roman se suffit parfaitement à lui-même). On découvre ici un monde dans lequel subsistent de petites touches de surnaturel et où, contrairement à ce dont on a l'habitude dans ce genre de récit, cela n'a rien de secret. Notre duo ne cache donc absolument pas ses activités et leurs dons respectifs suscitent davantage la curiosité que le scepticisme chez le « grand public », ce qui explique qu'ils soient considérés comme une solution parfaitement envisageable pour certaines personnes désespérées. Les manifestations surnaturelles décrites dans le roman se résument pour l'instant à des fantômes qui peuvent aussi bien hanter des lieux que des gens : on n'a donc pas vraiment affaire à de l'urban-fantasy classique avec sa cohorte de loups-garous et vampires, ce qui est plutôt positif. L'auteur ne nous en dit d'ailleurs que très peu sur les esprits que les héros sont chargés d'exorciser, les quelques éléments que l'on peut récolter à leur propos provenant exclusivement des hypothèses formulées par Agathe qui, comme les autres, ignore beaucoup de choses sur le sujet. Tout ce que l'on sait avec certitude, c'est que les fantômes se manifestent après une mort violente ou profondément injuste et qu'ils sont généralement en colère. Loin d'être gênants, ces blancs laissés par l'autrice ont pour principale conséquence de titiller méchamment la curiosité du lecteur qui trépigne d'en apprendre davantage et de trouver un début de réponse aux multiples questions qu'il se pose : pourquoi certains fantômes restent-ils attachés à un lieu et d'autres non ? Peut-on arriver à communiquer avec eux ? Comment parviennent-ils à agir sur notre monde depuis cet entre-deux dans lequel ils se trouvent bloqués ? Autant d'interrogations qui, espérons-le, trouveront en partie leurs réponses dans les tomes qui devraient suivre.

Si le roman se révèle aussi passionnant, c'est aussi parce que l'autrice parvient à entretenir le suspens pendant la majeure partie du récit. Pour ce faire, elle a recours à un procédé narratif courant mais qu'elle utilise ici de manière fort habile et qui consiste à entremêler des récits appartenant à différentes temporalités. Outre ceux relatant les investigations de notre héroïne de nos jours, plusieurs chapitres sont ainsi consacrés à deux autres périodes de l'histoire de Landrez : la première concerne l'année 1839 et met en scène une jeune fille qui peine à trouver sa place dans la communauté, tandis que la seconde se déroule en 1921 et décrit l'arrivé au village d'un intellectuel parisien passionné de spiritisme et intrigué par les légendes qui entourent le domaine de Ker Ar Bran. Les trois récits ont évidemment des points commun, et l'autrice joue habilement de l'alternance pour distiller petit à petit ses révélations. Impossible de ne pas se prendre au jeu tant l'enquête menée par Agathe pour comprendre l'histoire de la malédiction qui entoure le phare est passionnante et pleine de surprises. L'autre grande qualité de l'ouvrage réside dans le petit frisson que parvient à faire naître l'autrice dès lors que sont mis en scène les fantômes qui, sans être terrifiants, suscitent néanmoins très efficacement le malaise du lecteur. Les scènes d'exorcisme sont notamment assez angoissantes, l'autrice n'hésitant pas à s'approprier certains codes du film d'horreur, tout en prenant garde à ne jamais faire dans la surenchère. En dépit du sujet et de la dangerosité de la situation traitée par les deux protagonistes, le roman n'est pas non plus exempt d'humour, ce qui ajoute une touche de légèreté bienvenue. Celui-ci se manifeste parfois via certains choix scénaristiques (l'existence d'un réseau social « spécial sorcier », par exemple), mais surtout grâce au personnage d'Agathe qui, par son franc-parler et son auto-dérision parvient à la fois à amuser et toucher le lecteur. Les personnages figurent d'ailleurs eux aussi parmi les principales forces du roman. Outre notre attachante héroïne, le récit met en scène plusieurs figures prometteuses et sans doute amenées à devenir récurrentes, parmi lesquelles évidemment l'acolyte d'Agathe. D'autres personnages ne sont qu'esquissés pour le moment mais les bribes d'histoire qu'on apprend à leur sujet suffit à nous les rendre intrigants.

Pari réussi pour Rozenn Illiano qui signe avec « le phare au corbeau » un roman de qualité et qu'on prend plaisir à dévorer. du frisson, une héroïne attachante et une enquête pleine de suspens : tous les ingrédients sont là pour faire passer au lecteur un bon moment. L'édition laisse entendre qu'il s'agit là du premier tome d'une série intitulée « Magie grise » et c'est tant mieux : vivement la suite !
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Je dois dire tout d'abord que je suis ravie d'avoir enfin pu appréhender la plume de Rozenn Illiano. Je suis son blog « Onirography » depuis quelques mois et ses nombreux projets n'ont cessé d'attiser ma curiosité. Il y a eu Midnight City, le livre vagabond, ses petites poupées qui offrent un visage à ses personnages, et puis ce fameux « Grand Projet » qui rassemble et lie tous ses romans (si le Phare au corbeau est le premier qui passe entre les mains d'un éditeur, Rozenn Illiano n'en est pas à son premier coup d'essai et a déjà publié plusieurs livres en auto-édition). Mais la vie et ma PAL et mes finances font que ce désir de découvrir son oeuvre a toujours été repoussé… jusqu'à aujourd'hui !

L'exorcisme fait partie de la culture populaire et tout le monde aura des images ou des formules en tête (« Vade Retro Satana » par exemple). Pourtant, je ne crois pas avoir regardé beaucoup de films sur le sujet (non, pas même L'exorciste dont je n'ai vu que des extraits) et encore moins de livres. Je n'ai même aucun doute là-dessus : le Phare au Corbeau était mon premier roman mettant en scène des exorcistes.
Ce qui a, je pense, fortement accru mon enthousiasme en commençant ce roman (c'est comme si tu me donnes une histoire de pirates : j'aime beaucoup les pirates, mais j'en lis finalement très peu, donc je serais dès le début très excitée à l'idée même de la lecture à venir). J'ai adoré cette plongée dans le monde du hoodoo et des rituels mêlant sorcellerie africaine et saints catholiques que pratique Isaïah. Les vévés, les herbes, les huiles, les formules… et la rencontre de cet univers underground des sorciers où certain·es absorbent les émotions des autres, ont des « intuitions » leur permettant de connaître des événements en train de se dérouler ou sur le point d'advenir, perçoivent les malédictions et bien sûr voient les morts. Un univers enthousiasmant, bien construit et immédiatement crédible.

Le cadre du roman était aussi fascinant qu'inquiétant. le domaine de Ker ar Bran est un lieu qui ne pouvait que me fasciner. Ce phare scellé, dressé face à la mer ; le vent, menaçant de vous pousser à bas de la falaise ; les cris des goélands mêlés à ceux du fameux corbeau ; cette grande demeure mi-rénovée, mi-abandonnée ; ce domaine isolé du reste du village ; les morts qui parsèment son histoire… Une Bretagne qui fait fantasmer, aux légendes séculaires porteuses d'émerveillement et d'inquiétude.
Un endroit qui ne pouvait qu'enfanter mille craintes et superstitions… et tout autant de questions. Autant pour nous qui lisons les mots de Rozenn Illiano que pour Agathe. D'où lui vient ce sentiment de familiarité avec ce petit coin de Bretagne ? Pourquoi ce phare l'appelle-t-il ainsi ?

Les personnages sont également l'un des grands points forts de ce récit. Si Isaïah semble parfois si parfait que l'on ne peut qu'approuver Agathe lorsqu'elle déclare qu'« il devrait y avoir des lois contre ça », il n'en est pas pour autant agaçant et fade, travers dans lequel l'autrice aurait pu tomber. Il est un personnage lumineux et rassurant, confiant en lui et en les autres ; il est le pendant d'une Agathe plus sombre, introvertie et torturée. Sensation de ne pas être à sa place, honte face à un don incomplet, peur d'être inutile, inconfort face à de nouvelles personnes, mille doutes tourbillonnant sous son crâne… Agathe est un personnage un peu paumé dans lequel je me suis malheureusement beaucoup trop reconnue. Isaïah est pour elle un ami d'exception et leur relation fonctionne à merveille d'un bout à l'autre du récit.
Ce sont des personnages qu'il me plairait beaucoup de voir évoluer. C'est un roman tout fait indépendant, avec un début, un milieu et une fin, mais qui a cependant la possibilité d'évoluer en série (c'est en tout cas le souhait de l'éditeur, semble-t-il). La fin du récit – dont je ne peux rien vous dire – laisse percevoir des changements à venir dans leur façon de travailler et je suis curieuse de voir comment Agathe s'adaptera aux révélations de cette enquête.

Si la majeure partie de l'histoire se déroule en 2014, des chapitres ici et là nous ramènent quelques siècles en arrière en 1921 et 1839 à la rencontre du passé de Ker ar Bran, personnage à part entière dont l'ombre pèse sur chacun des protagonistes, mais aussi de Nenoga, Théophile de Saint-Amand ou encore Gwennyn. Des personnages aussi fragilisés par la vie que l'est Agathe. Des êtres craints, rejetés, car jugés trop différents. Leur indépendance, leurs savoirs, leurs croyances, leurs pouvoirs choquent et heurtent la petite communauté et les voilà bientôt livrés à la vindicte populaire.

Ma seule « déception » – je le mets entre guillemets car le mot est trop dur pour le sentiment réellement éprouvé – tient au résumé qui m'a induite en erreur. Je n'en blâme donc pas l'autrice, mais plutôt l'éditeur. En disant « il leur faudra ébranler le mutisme des locaux et creuser dans un passé que certains aimeraient bien garder enfoui », ce n'est pas faux, c'est même totalement ce qu'il se passe, mais dans des proportions bien moindres que ce que j'imaginais. L'enquête dans le village n'est pas le coeur du récit et se révèle finalement assez brève et vite expédiée (une fois que les personnages se lancent) alors que j'imaginais bien plus de rencontres, de mensonges et de répugnances à parler. Ce n'est pas une déception à proprement parler et je ne suis pas amère de ne pas avoir trouvé une plus longue enquête, mais ça m'a déstabilisé car je me demandais quand les locaux interviendraient dans cette affaire (comme quoi, je devrais toujours m'en tenir à mes lectures incomplètes des résumés, cela ne me réussit jamais).

Les dessins de Xavier Collette – à savoir la couverture du livre et son portrait d'Agathe – ont énormément influencé la manière dont je visualisais cette histoire. Je suis souvent totalement fan de son travail (il a notamment illustré un de mes jeux préférés, Abyss) et cette tendance se confirme avec le Phare au Corbeau. Ses ambiances ont marqué mon imagination et toutes les images nées dans mon esprit (celle du domaine envahi par une sombre aura par exemple). Je trouve qu'il a parfaitement capturé l'atmosphère de la Bretagne que raconte Rozenn Illiano et le caractère d'Agathe, toutes deux fières, indomptables, uniques.

Que vous croyez ou non aux esprits, je vous invite à découvrir le Phare au Corbeau et son envoûtante histoire de fantômes. Pour ses personnages humains et attachants, pour ses paysages de côtes bretonnes battues par les vents et les vagues, pour son ambiance de magie, de superstitions et de légendes, pour ce mélange de fantastique, de douce frayeur et de croyances populaires, pour la magnifique couverture de Xavier Collette… pour bien d'autres raisons qu'il vous faudra découvrir par vous-mêmes.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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En route pour une chasse aux fantômes avec ce récit aux accents gothiques et bien construit !
Agathe et Isaïah font partie d'une communauté de sorciers dans le microcosme ésotérique de Paris. Leurs pouvoirs leur permettent de détecter les malédictions, les karmas des gens et les envoûtements. Appelés par le maire d'un petit village en Bretagne, ils vont se lancer dans l'exorcisme le plus difficile qu'ils aient eu à pratiquer jusque là.


J'ai beaucoup aimé le style de l'autrice, impeccable dans le traitement de l'ambiance gothique. Sans être soutenu, il reste travaillé, marqué par de brusques tensions de la part des personnages.
Ces derniers sont bien dessinés. Loin d'être manichéens, ils offrent un panel d'émotions très intéressantes. Ainsi, le don d'Agathe est incomplet car elle ne peut parler aux entités et cela la frustre.
Cette incomplétude lui provoque un syndrome de l'imposteur, comme si elle n'avait pas sa place au sein de la confrérie des sorciers et comme si son action était illégitime. Isaïah est un sorcier qui pratique le hoodoo, dérivé du vaudou, magie neutre avec laquelle on peut faire le bien ou le mal selon les rituels.
J'ai aimé la diversité dans le récit, que ce soit la couleur de la peau ou l'orientation sexuelle.
Les différentes temporalités sont bien gérées et ajoutent un vrai plus à l'atmosphère du récit. le fait de découvrir l'histoire tragique des occupants précédents assoit le récit dans le drame.
Les descriptions sont précises et le manoir se dessine parfaitement dans notre imagination.
Je ne serais pas surprise d'apprendre que l'autrice ait dessiné un plan avec l'emplacement exact des pièces et des objets les décorant.
L'ambiance angoissante est très bien rendue dès le départ avec le sentiment d'effroi qui s'empare de la jeune fille à la découverte du manoir.
Les chapitres sont rythmés par un sentiment d'urgence. C'est un vrai page-turner.

Une parfaite lecture.
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Bretagne, médium, chasse aux fantômes… le phare au corbeau coche toutes les cases de la lecture pour Halloween ! Rozenn Illiano met en scène une histoire de prime abord simple. Mais son écriture, sa construction des personnages et sa volonté d'aborder de multiples thématiques apportent une touche particulière à ce roman.

J'ai bien apprécié ce roman ! C'est efficace : deux exorcistes sont recrutés pour résoudre un mystère de hantise dans un petit village de Bretagne. Il y a un manoir hanté, un phare qui étend son ombre mystérieuse sur la ville et ses habitants… Évidemment, ces derniers ne souhaitent pas s'étaler sur le passé de leur petite ville, qui n'est pas bien lumineux. le passé est tenace malgré le manque criant d'indices. En tout cas, Ker ar Bran est habité par de multiples fantômes, dont deux jeunes femmes qui semblent être décédées de mort violente et s'amusent à claquer des portes. Pourquoi sont-elles liées ? Qu'est-ce qui leur est réellement arrivé ? Pourquoi l'activité paranormale est-elle si développée et intense dans ce coin perdu ? Autant de questions auxquelles il faut répondre. D'autant plus que les phénomènes s'accentuent : les deux jeunes filles sont de plus en plus agitées, le phare semble cacher un noir secret, puisque quiconque l'ouvre finit par mourir…

L'autrice construit son récit sur plusieurs temporalités qui permettent de mieux comprendre les mystères qui entourent le domaine. La première est évidemment le présent, avec Isaiah et Agathe. On remonte dans le temps pour découvrir Théophile, un homme passionné d'ésotérisme et qui souhaite prouver l'existence des anges. Enfin, nous découvrons le village au XVIIIe siècle, au coeur des événements qui semblent avoir accentué la hantise des lieux. Ce récit en plusieurs strates permet d'apporter de l'originalité à une histoire qui, autrement, aurait été un peu classique. le roman explore avec une certaine délicatesse, comme c'est souvent le cas avec avec les fantômes, la rémanence du passé sur notre quotidien, que ce soit sur des lieux ou des personnes. Ainsi, les différents arcs temporels sont des échos les uns des autres.

Comme dit plus tôt, l'histoire en elle-même ne présente à première vue rien d'original. Un personnage médium, heurtée par la vie car son don était mal vu, fait équipe avec un sorcier à la personnalité différente. Ensemble, ils enquêtent sur des hantises à travers la France, dont la Bretagne, terre de sorcellerie. Mais j'ai trouvé que Rozenn Illiano construisait son récit avec une certaine intelligence. En effet, il n'y a pas forcément besoin de proposer un scénario unique pour créer un roman captivant. Dans un premier temps, son écriture est très fluide et vraiment agréable. le phare au corbeau est un récit dans lequel on s'immerge facilement. L'autrice alterne très bien passages d'action et moments d'introspection à travers une plume qui se veut toujours précise et sans fioritures. L'univers est bien construit, mais il mériterait d'autres romans pour découvrir plus en avant les communautés de médiums pour mieux développer cet aspect.

Cette écriture participe beaucoup à la construction des personnages. Nous sommes du point de vue d'Agathe, une jeune médium au don incomplet et rejetée par sa famille. le récit est à la première personne lors de ses passages. Son histoire fait écho à d'autres personnages du passé, comme Théophile, ésotériste considéré comme un excentrique, ou Gwennyn, jeune bretonne au tempérament fougueux et dotée d'un don qui la condamne à l'ostracisation. Ainsi, la plupart des personnages n'entrent pas dans les moules sociaux, ce qui fait de « le phare au corbeau » un roman qui parle de la différence sous de nombreuses formes. le roman a donc quelque chose de résolument classique dans sa façon d'aborder les thématiques mais définitivement moderne dans leur nature. On s'attache donc très vite aux différents personnages.

« le phare au corbeau » de Rozenn Illiano est un roman qui coche toutes les cases pour une lecture immersive. L'auteure parvient à captiver les lecteurs dès les premières pages en proposant une histoire en apparence simple, mais qui se révèle être surprenante et bien tournée. La construction habile du récit, avec ses différents arcs temporels, ajoute une dimension supplémentaire à l'intrigue, permettant aux lecteurs de plonger au coeur des secrets qui entourent le domaine de Ker ar Bran. L'écriture fluide et précise de Rozenn Illiano contribue à l'immersion, tandis que les personnages marquants et leurs histoires personnelles apportent une profondeur et une authenticité à rafraichissantes. le roman aborde avec subtilité des thèmes tels que la rémanence du passé, la différence et l'acceptation de soi. « le phare au corbeau » plaira tant aux amateurs de paranormal qu'à ceux qui cherchent une histoire captivante remplie de personnages attachants. Je pense cependant que d'autres livres pourraient enrichir certains points de l'univers qui gagneraient à être développés.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je ne sais pas pourquoi l'été a tendance à me déprimer. Parce qu'on est censé sortir, apprécier la chaleur, se sociabiliser? Je préfère rester enfermée chez moi avec un bouquin et ma musique, et pas lézarder à la plage, mourir de chaud, choper des coups de soleil... Rien ne me plaît dans l'été.
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Lorsqu'elle leva les yeux vers sa mère, s'attachant au poignant spectacle de Lug et d'Enora terrorisés dans leur coin, elle la vit telle qu'elle était :une femme vieillit trop tôt qui n'avait jamais pu accepter les chaînes qu'elle portait, qui avait dû subir sa vie puisqu'elle ne pouvait pas faire autrement. Comme toutes les femmes du village, comme toutes celles qui vivaient dans la région ou ailleurs, condamnées à se marier et à devenir mères parce que leur famille en avait décidé ainsi, à endurer les assauts pressant de leur mari, la terrible douleur de l'enfantement, le travail aux champs où au lavoir, l'esprit et le corps enfermé dans une cage en fer. L'on traitait de sorcières celles qui s'échappaient de cette geôle, qu'elles possèdent véritablement des pouvoirs ou non...
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Isaïah est tombé sur l’annonce en parcourant Esoteric Net. Ce forum à l’ancienne fait office de réseau social pour les sorciers lorsque ces derniers veulent se mettre en contact ou échanger des informations, et aussi proposer des missions du genre de celles que nous accomplissons. Je suppose que ce moyen de communication aurait eu toute sa place dans Harry Potter si les bouquins s’étaient déroulés à notre époque.
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Je ne suis pas parvenue à bien les voir : à chaque fois qu’elles apparaissaient, brumes éthérées à formes humaines, elles disparaissaient aussitôt. L’une et l’autre portaient une robe blanche, ce qui ressemblait à des chemises de nuit anciennes ; l’une et l’autre étaient jeunes, avec de longs cheveux pour l’instant sans couleur ; l’une et l’autre se mouvaient comme des fées, dansantes et évanescentes, laissant dans leur sillage des rires semblables à des clochettes et un parfum de mer et de sel.
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Je ne peux rien faire pour la sauver, cette créature de bois et de cordages, d'iode et d'algues. Je ne peux que l'écouter mourir, elle et ses marins. Je reconnais les voix de Monsieur Walsh et de Gwenolé, mains tendues vers moi dans l'attente que je m'en saisisse. Mais on ne peut pas attraper l'espoir. En particulier quand il est vain.
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