Il faisait grand jour depuis longtemps, mais Delphine, qui n’avait pas encore percé le mystère de sa nuit, observa que le bleu du ciel devenait peu à peu plus opaque, qu’il se solidifiait en un mur infranchissable pour l’œil, et que c’était uniquement en accolant à ce bleu le mot « infini » qu’elle pouvait à présent rendre ce bleu respirable. Elle aperçut les gyrophares qui tournaient dans son rétroviseur. Elle freina. « Irréversible, inéluctable, inexorable », récita-t-elle en fouillant son sac à la recherche des papiers. Elle les tendit au policier et continua à observer la calcification du bleu du ciel. Le policier alla plonger dans son ordinateur pour vérifier si les papiers étaient vrais ou faux. Il refit surface cinq minutes plus tard. Je veux, je vais gagner, pensa Delphine.
– Qu’est-ce qui presse ? demanda le policier d’un ton engageant.
– J’ai peur, confessa Delphine après avoir rapidement évalué qu’il était certainement plus rentable pour elle de passer directement à un aveu choisi.