Et la période de questions a commencé. La période de silence qui précède les questions, à la fin des conférences, est devenue un jour pour Antoine et moi un des moments les plus intenses parmi tous les moments intenses que la vie peut offrir. Nous éprouvons un plaisir intense à écouter ce silence depuis que nous avons renoncé une fois pour toutes à poser quelque question que ce soit parce que nous ne le pouvons pas. En nous, dans ce silence, les questions refusent de se formuler. Si une question amorce l’ombre de sa formulation, cette ombre déclenche la minuterie d’une bombe interne dont nous ignorons tout. Nous avons donc renoncé. Désormais nous jouissons. Nous savourons le vide engendré par le vertige qui se répand dans la salle dès qu’un conférencier la balaie du regard dans l’attente d’une bonne question.