J'ai longtemps vécu à l'étranger, en Orient, en Afrique. Je ne peux que comprendre ce roman et les sentiments de Anne, la narratrice. Ce qu'elle trouve et dont elle a besoin au Maroc, ce qui la repousse en Occident - ce besoin pour les choses simples, belles, les
rituels, les rapports humains chaleureux. Mais aussi ce porte-à-faux, l'Occidentale qui ne s'intégrera jamais complètement dans le tableau, pour qui on déroge aux règles, à la tradition et surtout, ce statut de femme, dans un pays où la femme n'est pas libre, liberté dont jouit la voyageuse dont la mari tolère les errances solitaires et les amitiés solides dans ce Maroc qui vit au rythme du thé, des
rituels, de la chaleur, des voiles berbères qui claquent au vent.
Il y a de magnifiques images dans ce roman, on ressent comme la narratrice la beauté recherchée mais aussi le conflit, la peur, le rejet.
Malgré tout, je me suis parfois ennuyée. Il m'est difficile de dire que j'ai adoré, j'ai ressenti, apprécié, communié plutôt que compris mais j'ai aussi langui comme on langui sous la chaleur moite, me suis souvent endormie pour retrouver Anne un peu dans la même position, près des femmes à préparer le thé, à filer, à vouloir et rejeter. Comme un éternel retour avec des senteurs familières, agréables et immuables mais toujours accompagnées de ce malaise permanent, croissant... de vouloir ce qui n'est pas à soi, ce qui est hors d'atteinte