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Le fleuve sans rives tome 1 sur 1

René Radrizzani (Traducteur)
EAN : 9782714309501
254 pages
José Corti (07/06/2007)
4.19/5   18 notes
Résumé :
Achevé en 1936, Le Navire de bois constitue le premier volet de la trilogie romanesque publiée à titre posthume par Walter Muschg, Fleuve sans Rives. Comme Andreas de Hoffmannsthal, Le Procès de Kafka et L’Homme sans qualités de Musil, la trilogie fait partie des grandes œuvres en prose de notre siècle restées inachevées. Comme dans ses autres œuvres, et notamment son théâtre, Jahnn conduit ses personnages jusqu’au point de rupture où les forces, soudain libérées, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai lu un paquet de romans en dix ans.

Comme la plupart des gens qui ont beaucoup exploré telle ou telle branche de l'art, en isoler un représentant pour le désigner comme le "meilleur qu'on ait jamais vu" est une question délicate. Celui ou celle qui en sait long sait aussi que rien n'est parfait, et là où une oeuvre s'en approche, une autre y parvient aussi, chacune ayant une lacune qui lui est propre, et même plusieurs lacunes. (Ce n'est d'ailleurs pas sans raison qu'aucune production artistique ne pourra jamais prétendre à la perfection absolue, puisque ce qui est une lacune aux yeux d'une personne n'en est pas forcément une selon une autre...)

Mais voilà. Malgré toute l'admiration que j'ai pour Cervantes, Dostoïevski, Joseph Conrad, Goethe, Hermann Hesse, et autres pointures, et malgré les lumières qu'ils ont répandues sur mes pensées d'adulte, un auteur, et un bouquin, rayonnent par-dessus tout dans mon firmament.

Das Holzschiff
"Le Navire de bois", de Hans Henny Jahnn
1949
250 pages en format poche

On embarque pour un voyage en mer, de nuit, vers une destination inconnue. Sur un bateau de conception étrange - labyrinthique - portant au fond de ses entrailles une cargaison dont on ne sait rien, si ce n'est justement qu'il est interdit d'en rien savoir...

Pas de happy ending, pas de résolution, pas de lecteur pris par la main par un narrateur aux petits soins. Il ne s'agit pas d'une histoire "satisfaisante", comme un polar ou un drame, avec une fin bouclée, un grand gagnant, une morale, une réponse. Non plus un scénario à twist final. En fait, les éditeurs ont dû insister pour que l'auteur écrive une suite pour lever les mystères qui restaient, en dépit du fait que Jahnn estimait l'oeuvre se suffisant à elle-même. Cette suite a atteint les 1400 pages. C'est dire le concentré de mystère de ce Navire de bois. Mais les Voies du Seigneur n'ont-elles pas le charme d'être impénétrables ?

Typiquement un roman adulte, qui ne prend pas de gants, sinon ceux d'une prose évocatrice.
Le style est fluide et les intentions sont claires, les péripéties entendues. Seulement le but est moins de mettre des images dans notre tête que de planter les germes qui nous feront voir nos propres représentations. Ainsi, presque aucune description des protagonistes, et pourtant leurs personnalités nous les font voir très nettement.

C'est l'univers entier qui est contenu dans ces 250 pages.
Le mythe et le concret, dont on ne sait lequel prédomine.
La nature brute, la jalousie, l'amour (version pas nian nian).
Les illusions juvéniles autant que les séniles.
Les pulsions, le règne des probabilités.
La diplomatie, la fascination du cosmos.
Les mystères et les attraits : de la vie, de la mort.
Les influences, secrètes ou avouées, infligées, ou subies.
Le danger de l'ignorance, et celui des certitudes.
...
Ah si ! Il manque un truc !
L'humour.

Si jamais vous lisez Das Holzschiff, pensez à rigoler entre deux chapitres :)
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Une mystérieuse cargaison, un huis clos en pleine mer. Doute, irréalité et drame.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/06/29/note-de-lecture-le-navire-de-bois-fleuve-sans-rives-1-hans-henny-jahnn/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
L’esprit de l'homme ne prend plaisir au paysage de l’existence qu’en dehors des sentiers battus. Dans la jungle se tapit l’angoisse. Une pensée sans but utilitaire ébranle l’édifice de la raison commune. [...] Et nous en pâtissons, parce que nous ne sommes préparés à rien d’autre qu’à ce que nous avons appris a l'école.
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Georg Lauffer étudiait un cas extrême de repentir, le sien. C’est ainsi qu’un homme voit le cadavre d’un ami cher, disséqué par les mains insensibles du prosecteur. Le masque blafard, les traits qui se défont, le torse rigide, un peu étroit, ridé par des aréoles jetant une ombre brune, ce mort restait toujours une demeure de l’amour (plus sacrée, plus invulnérable qu’aucun autel) découvert, le linceul rabattu plus profané qu'une pierre votive ne pourrait l’être par des excréments. Le ventre, une plaie béante. (Des entrailles, plus douces pour l’amant que fourrures et velours pour les enfants, conçues pour rester en paix, à leur place comme la mer vespérale, saturée de vent, sous des nuages bleu noir à présent arrachées du corps et plus laides qu'une charcuterie, exhibées dans une nudité exsangue.)
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Peut-être était-il irréfléchi de considérer la vertu comme une chose facile, plaisant à la Providence, alliée en quelque sorte à la force créatrice. Elle aussi devait être péniblement conquise et chèrement payée. Tromper était exclu. Il y avait des fonctionnaires ou des instances qui pesaient avec précision. Ils étaient sévères et disposaient de chiffres incorruptibles inscrits dans des tabelles d’après lesquelles ils accordaient ou refusaient. Pourtant on pouvait faire fructifier le capital engagé, obtenir intérêts et intérêts des intérêts, si on l’avait placé sur la vertu. On comprenait : celui qui était né pauvre devait montrer plus de patience ; car les mises modestes ne grandissaient pas rapidement ; une détresse momentanée obligeait à retirer une part de ces maigres économies. Le vice était plus facilement accessible, au début. II s’offrait comme un acompte et ne devenait difficile qu’avec le temps, lorsqu’on ne pouvait plus revenir en arrière. La volupté par contre, Klemens Fitte en avait fait l’expérience, n’appartenait ni au vice ni à la vertu. Elle était quelque chose de superficiel, de peu profond, de parfaitement superflu.
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L’être humain a un besoin inné de justice – telle qu'il la comprend. Comme son désir reste insatisfait, il se développe peu a peu en lui une vaste compréhension du déroulement fortuit de l'existence. II fait siennes les conventions des autres. Il durcit ses pensées en images pétrifiées et renvoie l’appel aux forces internes à plus tard ou dans l’au-delà. La paresse de son âme devient si générale qu'il travestit, par des considérations stoïques, une injustice qu’il a subie. Il escalade l’échafaud, ému, et supplie la toute-puissance de pardonner à ses juges. Il se sent entouré d’une joie corrosive. Il ne connait pas l’impatience envers la divinité inconnue.
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Un jour, le changement intervint. Comme lorsque une rue est prolongée de la ville à la campagne. Ou qu'une vieille maison est démolie. Un jeune couple emménage dans l'appartement abandonné d'une personne décédée. Un champ verdoyant se transforme en cimetière. Quelquechose de douloureux qui prétend avoir pour but la joie et le progrès. Mais cela met en marche des pensées qui tournent autour du caractère inexorable de l'éphémère. Le silence est une meilleure consolation que le mouvement. Et seule l'énergie juvénile s'accommode du vacarme des jours bruyants. Elle méprise la croissance lente et progressive, et les mystères du printemps lui sont inaccessibles, parce qu'elle appartient à cette saison. Elle ne voit que les éclatements, la jouissance superficielle, pas les coulées de lave émanant d'un dieu écorché par les tourments de la création. Et pas le but : l'automne doré. Elle ne se surprend pas à s'arrêter devant le ventre lourd d'une vache et percevoir, derrière une croûte de boue pénible, le mystère triste et suave qui fait tomber la chair des os et annonce la nuit aveugle d'une décomposition inéluctable. Dans sa passion elle n'a de pensée que pour ce qui est propre. Le ciel étoilé lui paraît une image suffisamment pure pour les éternités.
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Video de Hans Henny Jahnn (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hans Henny Jahnn
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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