Java. 1900. Kwame, la soixantaine passée, nous raconte son destin en alternant présent et passé. Un parcours étonnant dû aux caprices de la politique.
Dans les années 1830, deux jeunes princes noirs, Kwame et son frère Kwasi, sont offerts à la couronne hollandaise en guise de cadeau de bonne entente par un roi africain. Considérés comme l'élite chez eux, ils déchantent vite quant à leur statut à Amsterdam. Passé les fastes de leur arrivée et la curiosité qui les entoure, leur destin prend un tour triste. On ne sait que faire d'eux et on les met dans un pensionnat pour les scolariser. L'apprentissage de la langue, de tout un système de culture en fait, est éprouvant. Ils perdent leur caractère d'exception face aux brimades dues à la couleur de leur peau et peu à peu, l'exil leur pèse. Kwasi et Kwame réagissent chacun à leur façon devant cette situation. Chez l'un, la révolte gronde et chez l'autre, Kwame, «
le noir au coeur blanc », une volonté de s'adapter grandi. Perturbé entre ses origines et sa nouvelle vie, il se recherche et préfère finalement renier ses racines en vue d'être reconnu.
Basé sur des faits réels - les princes ont réellement existés - ce roman est dense et riche en évènements. Outre le racisme et le choc des cultures, la question de l'identité est centrale. Comment se construire après avoir été déraciné est au coeur de la vie de Kwame. On ressent ses questionnements et ses doutes. A soixante ans, il entreprend de parler de sa vie avec des remises en question pertinentes et un certain fatalisme.
Plusieurs fois, j'ai regardé avec curiosité le portrait du « vrai » Kwame sur la couverture, son destin est si révoltant, on ne peut que réagir face à ce qui lui arrive. C'est une histoire captivante et enrichissante que je recommande vivement.