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sur 1040 notes
J'avais essayé de lire ce recueil il y a quelques années, et pour une raison étrange, j'en avais abandonné la lecture.
J'imagine que parfois, ce n'est juste pas le bon moment. Je me suis replongé dans ces récits et cette fois la magie a opéré. Quels délices que ces nouvelles! La fantasy, c'est 99.9% de romans sans intérêt avec de temps en temps quelques gemmes. Janua Vera en fait partie, incontestablement. Une écriture savante et magnifique. Des récits aux tons variés. Un univers riche et original.
Les huit histoires qui composent ce recueil sont toutes de grande qualité. Mentions spéciales à "Janua Vera" et "Jour de guigne", les deux textes qui m'ont le plus emballé pour des raisons différentes.
De la grande fantasy qui a sa place aux côtés des Moorcock, Tolkien et G.R.R Martin. Incontournable.
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Ayant beaucoup aimé Gagner la Guerre, il me tardait de retrouver l'univers, riche et fouillé, de Jean-Philippe Jaworski. Notons, pour commencer, que « Janua Vera » est un recueil de nouvelles dont les histoires sont antérieures à celle de Gagner la Guerre. Il est possible de lire ces ouvrages de façon indépendante mais je ne peux que conseiller la lecture de ces deux livres car ils permettent une plus profonde immersion dans le monde créé par Jaworski. Et il serait vraiment dommage de se priver du plaisir presque enfantin que l'on prend en se plongeant dans ces histoires où poésie, talent littéraire et géniale imagination font un mariage presque parfait. Sans entrer dans les détails d'une description trop précise, je pense qu'un bref aperçu des différents thèmes abordés dans ces nouvelles sera intéressant. Et constituera, peut-être, une invitation au voyage et à la lecture de ce recueil.

La première nouvelle se nomme simplement « Janua Vera ». Elle parle d'origines lointaines du Vieux Royaume où Leodegar le Resplendissant, le Dieu-Roi, était vénéré et respecté. Jusqu'à sa chute. Inéluctable malgré les signes. Sans doute le moins bon texte mais je pense que c'est avant tout dû à un manque d'intérêt de ma part pour cette histoire. Vient ensuite « Mauvaise Donne ». Et là, plaisir ô plaisir, on retrouve Ciudalia et son assommante chaleur. Ses odeurs et ses querelles. Ses pratiques douteuses et ses machinations. Et puis il y a Gesufal. Cet assassin auquel on ne peut que s'attacher malgré son manque avoué, et presque fièrement proclamé, d'humanité. Il se retrouve au coeur d'une intrigue qui le verra devenir l'homme de « Gagner la Guerre ». « le Service des Dames » est une nouvelle où vertus chevaleresques et naïveté s'affrontent au nom d'un honneur désuet. « Une Offrande très Précieuse » parle de seconde chance et d'humanité. de courage et de pardon. Car, malgré la violence des combats, de la vie, il existe toujours une étincelle, si ténue soit elle, pour éclairer sa route. « le Conte de Suzelle » est également un texte à côté duquel je suis passé. Malgré une belle prose presque poétique, je n'ai pas accroché. « Jour de Guigne » allie savoureusement aventure policière et humour piquant. Dans les bas fonds de Bourg-Preux, un homme se voit atteint d'un mal rare. Qui lui porte malchance. Cependant, elle pourra, peut-être, rendre service, cette malchance. Peut-être. « Un Amour Dévorant », l'avant-dernier texte, traite de fantômes damnés. Une pincée d'angoisse dans un univers reculé et rural où l'on se sent perdu, comme les habitants de ce si petit village. Proche d'un bois. Maudit. Et pour finir, « le Confident ». Texte étouffant et atmosphère oppressante. L'obscurité nous enveloppe et nous laisse là, avec nos questions et nos doutes.

Voici pour l'aperçu, sommaire, de ce que ce recueil propose. Une variété d'histoires immersives où la déception n'a pas réellement été au rendez-vous malgré deux textes moins captivant. En toute subjectivité. Mais, au-delà de la qualité remarquable de ces histoires, ce qui est appréciable, et trop rare à mon goût dans ce genre de littérature, c'est la beauté des textes. La poésie qui se dégage d'une description. D'un sentiment. C'est bien écrit, presque de façon rêveuse, et l'on se sent immédiatement happé par la magie que l'auteur parvient à mettre dans ses mots. C'est l'une des choses que moi, lecteur de Fantasy lambda, recherche dans ce type d'ouvrage. Un voyage. Beau et quasi réel grâce à l'imagination d'un écrivain et à son talent de conteur. C'est donc avec un grand plaisir que je conseille ce livre, non, ces livres, et cet auteur.
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Janua Vera regroupe huit nouvelles qui empruntent à de nombreux sous-genres de la fantasy et au conte. Si elles semblent tisser ensemble le subtil tableau d'une société féodale issue de ce Vieux Royaume aux accent mythiques, elles forment surtout chacune un univers complet et immédiatement immersif.

Jaworski cultive l'art de la sombre poésie en ouvrant son recueil avec sa nouvelle éponyme et les nuits agitées d'un Roi-Dieu. Et puis il nous régale juste après avec Mauvaise donne. Ahhh retomber dans les bras de cet amour de Benvenuto, éternellement occupé à reluquer les donzelles du port avec son air canaille… Preuve que je peux quand même faire preuve d'un brin d'objectivité, ça n'est pas ma nouvelle préférée, mais on reste bien servis niveau contrats d'assassin, traquenards, intrigues de politicards et venelles cradingues. Ciudalia quoi.
Le service des dames fait en revanche partie de mon top 3 : en échange d'un droit de passage, trois compères vont devoir rendre un service particulier à la Lady des lieux. Une histoire de « chevalerie » tout bonnement jouissive.
On dérive lentement vers le conte avec Une offrande très précieuse, pas ma pref, j'avoue, jusqu'au Conte de Suzelle, qui, à mon sens, symbolise à elle-seule le talent et la maitrise de déglingo de l'auteur. Je n'en dirai rien parce qu'il faut entrer dedans en aveugle pour en savourer chaque ligne, mais… LA CRUAUTE DE CETTE HISTOIRE. Si on évaluait la qualité d'une nouvelle à la force de sa dernière phrase, on saurait à qui donner le premier prix hein.
Jour de guigne est un retour à la comédie, où le principe d'accumulation prête à sourire et où le cadre est toujours soigné. Pas non plus ce que j'ai préféré… En revanche Un amour dévorant fait appel aux peurs les plus primitives, genre LA FORET, genre LES TRUCS QUI S'Y CACHENT ET QU'IL FAUT FUIR A TOUT PRIX. L'atmosphère de cette nouvelle est juste glaçante, terriblement enveloppante… Un bijou.
Enfin, le Confident et son cortège funèbre clôt à merveille le recueil. Encore une fois l'auteur va nous mener très loin, tout en nous forçant à vivre reclu au fond de la cellule d'un prêtre qui a fait voeu d'Obscurité.

On retrouve le plaisir d'enfant d'entendre de vraies bonnes histoires, avec la satisfaction d'entrevoir tout ce qu'elle recèlent de noirceur. C'est si bien écrit…
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J'avais envie de découvrir la plume de Jean-Philippe Jaworski et quoi de mieux que des nouvelles pour se mettre en jambes? J'ai beaucoup aimé ma lecture. Ces récits denses et puissants m'ont conquise.

La plume de l'auteur est d'abord magnifique. Toutes ses phrases sont travaillées, léchées, magnifiées. Il possède un réel talent de conteur pour évoquer la magnificence d'une Cité ou au contraire le lugubre d'un bois hanté, d'une combe déserte.

Ensuite, l'auteur nous plonge au coeur d'un moyen-âge à la fois bien réel mais également fantasmé. On ne sait pas vraiment où se déroule ses histoires bien que les noms des villes évoquent tantôt l'Italie, tantôt des contrées plus au Nord et plus rudes. Jean-Philippe Jaworski créé un univers bien à lui auquel on ne peut qu'adhérer sans concession.

Enfin chacune de ses nouvelles est diablement bien ficelée et travaillée avec une grande maîtrise de l'intrigue et du suspens. le recueil est assez dense et la lecture se fait délicieuse. Je n'ai pas trouvé qu'une nouvelle se situait au-dessous d'une autre. On peut donc saluer cette performance car les recueils de nouvelles proposent bien trop souvent des textes inégaux. Chose remarquable aussi, l'auteur donne au lecteur un fil rouge à suivre d'une nouvelle à l'autre. Il peut parfois s'agir d'un personnage ou d'un événement historique au beaucoup plus ténue, l'évocation d'une légende, d'un roi. On retrouve ainsi une certaine continuité et une cohérence entre les nouvelles.

Sans grande surprise, j'ai adoré la nouvelle « Mauvaise donne » consacrée à Benvenuto, maître assassin appartenant à la Guilde. Ce personnage plus anti-héros qu'autre chose, va découvrir qu'on la manipulé. Sous des dehors bourrus et mal dégrossis, se cache en réalité un personnage perspicace qui m'a beaucoup plu.

Certaines nouvelles comme « le service des Dames » font explicitement référence aux histoires courtoises du moyen-âge où le chevalier, honnête, se met au service d'une Dame. C'est bien vu et bien traité de la part de l'auteur qui dépoussière le genre.

D'autres nouvelles sont beaucoup plus sombres. « Une simple offrande » nous plonge au coeur d'une guerre sanglante à la rencontre du guerrier Cecht qui devra lutter contre ses démons intérieurs pour se libérer au coeur d'une forêt bien sombre et menaçante.

Cependant mon coup de coeur revient à la nouvelle intitulée « Un amour dévorant ». J'ai frissonné d'un bout à l'autre. Un petit village, perdu au fond d'une vallée, est hantée par des fantômes baptisés les appeleurs. Ils ne trouvent pas le repos et gare à celui qui n'est pas calfeutré dans sa maison à l'heure où les ombres s'étirent sur la forêt. L'auteur a su me plonger dans une ambiance froide et emplie de légendes. J'ai adoré avoir peur et être confrontée à ces mystérieux appeleurs. C'est pour moi la nouvelle la plus réussie car elle renvoie aux peurs de l'enfance et la fin m'a véritablement secouée me faisant inexorablement penser au tableau de Millais « Ophélie« .

Janua Vera est un recueil de nouvelles inoubliables qui m'a plongée pendant quelques heures au coeur des légendes médiévales. Jean-Philippe Jaworski joue à la perfection avec le tissu mythique pour nous offrir un univers riche dans lequel la violence côtoie la beauté d'âme la plus pure.
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Il s'agit ici d'un recueil de nouvelle. L'univers où se déroule tous les récits est le Vieux Royaume, un monde imaginaire que l'ont pourrai rapprocher de notre passé moyenâgeux, mais avec des lieux qui feront plus pensé à la Renaissance Italienne, le tout saupoudré d'une gouvernance proche de la Rome antique. le monde imaginé est assez complexe, mais pas si important, ne servant que de contexte à des histoires qui s'attardent surtout sur l'humain.

Le livre commence par la nouvelle titre, "Janua Vera". le récit se déroule 1000ans avant touts les autres récits et nous conte l'histoire d'un Roi-Dieu tourmenté par des rêves qu'il ne comprend pas. Ce n'est pas la plus intéressante du présent recueil, elle met même un peu trop de temps à démarrer et sa fin est assez prévisible.

La 2ème nouvelle, "Mauvaise Donne", représente le gros morceau du bouquin car c'est de loin la plus longue (130 pages). Elle est racontée à la première personne par Benvenuto Gesufal, assassin à la gouaille et le sens de la répartie formidable, qui se trouvera mêlé bien malgré lui a des affaires politiques qui le dépassent. le tout dans une ville qui fait clairement pensé à l'Italie, et plus précisément au Venise, De La Renaissance. C'est une nouvelle d'aventure trépidante, bien raconté, drôle et caustique parfois, qui sait ménager le suspense, mais dont j'ai trouvé la conclusion un peu facile. Sans doute dut au format restrictif de la nouvelle. Ça pourrai faire un bon roman tout ça.. Hum..

Suit "Le service des dames", là on est en plein territoire Moyenâgeux, et on nous conte une histoire romanesque typique de cette époque. Ça met un peu de temps à démarrer mais une fois lancé c'est très agréable à suivre et très immersif. Avec une fin très sympathique de surcroît.

A ce moment là de ma lecture, je me suis quand même posé des questions. Car même si la lecture était agréable, que l'écriture particulière et raffinée de Jaworski a du charme, je ne suis pas tombé de ma chaise. Et pourtant les critiques sont la plupart du temps dithyrambiques sur ce premier livre. Mais c'est quand même sympa, alors je poursuis. La 4ème se nomme "Une offrande très précieuse" et nous raconte l'histoire d'un Barbare rescapé d'une bataille, blessé, ayant une vieux sage mourant sur les bras, qui va trouver recouche dans les bois. Il y fera une rencontre importante et inattendu qui lui fera accepter un passé douloureux qu'il avait tant voulu oublier. Une histoire qui surprend par son déroulement et la personnalité de son héros, touchante, poétique, et très immersive.

Le "Conte de Suzelle" va nous faire un petite biographie de la vie d'une femme simple, dans un milieu paysan assez misérable. Petite fille rêveuse, femme forte et différente, qui aura eu le bonheur ou le malheur de rencontrer enfant un homme différent le long d'une rivière, et qui dans une partie de son coeur attendra toute sa vie son retour. Ce conte simplement beau, poignant, arrive malgré un contexte de grande pauvreté à tous les niveaux à éviter tout misérabilisme. Une grande réussite.

S'ensuit le très drôle "Jour de Guigne", qui comme son nom l'indique va parler d'un homme qui n'a pas de chance. A cause parchemin magique qui s'est retrouvé dans les documents qu'il doit récrire pour son travail de scribe, le voilà atteint d'un mal terrible, la guigne. Et comme en plus le Bailli de justice compte se servir de sa malchance pour une de ses affaires, ça ne va pas s'arranger. Cette nouvelle très rythmé est vraiment très drôle. Sarcastique, caustique, cynique, teinté d'absurde, un vrai plaisir.

La 7ème nouvelle se nommant "Un amour dévorant" n'était pas dans la première édition du recueil, mais a été rajouté pour sa dernière réédition en poche. C'est l'histoire d'un membre du Clergé du Desséché (Dieu des morts, pour faire court) dont la mission et de retrouver les morts, de comprendre les raisons de cette mort et de faire en sorte que les dernières volontés du défunt soient respecté. Il se passionne pour l'histoire d'un village où dans un bois tout proche 2 revenants semblent rechercher une jeune fille depuis des siècles en criant son nom à l'aurore et au crépuscule. le déroulement du récit est intéressant et original, mais la fin un peu trop classique. Sympa, sans plus.

C'est toujours mieux, quelque soit le support artistique, de laisser le meilleur pour le fin. Jaworski se tient à cet adage et nous gratifie, pour moi, de la meilleur nouvelle du recueil en conclusion. "Le confident" est l'histoire noir d'un prêtre du Desséché qui a fait le voeu d'obscurité. Je ne raconterai rien de plus, il faut la lire, tout simplement.

Pour parler plus précisément du style d'écriture de l'auteur, c'est du bel ouvrage. C'est très travaillé, raffiné, le vocabulaire choisi se permet des incursions dans le Moyenâgeux pour bien corroborer avec le sujet. C'est très détaillé et on échappe pas à des termes très précis dans les descriptions. Il y a quelques longueurs parfois mais rien de vraiment gênant. Et la mise en forme de la plupart des nouvelles adopte un style qui lui est propre. Évitant toute redondance.

Donc en bref j'ai beaucoup apprécié ce livre. de la fantasy très mature dans les sujets qu'elle aborde, pas de héros qui va combattre un dragon pour sauver la princesse ici. Surtout des histoires qui pour une bonne partie s'attachent à parler de l'homme avant tout. En terme de qualité le livre monte en puissance, la 2ème partie étant pour moi bien plus forte que la première. Un très agréable moment de lecture, chaudement recommandé.
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Je me suis tout d'abord demandé : "Où suis-je tombée ?", "Que se passe-t-il ?","Qui sont toutes ces personnes qui défilent si vite ?". À peine commençais-je à m'attacher à eux qu'ils disparaissaient, laissant la place à leur successeur. Je débutais ce recueil intriguée et je le terminais totalement envoûtée, empreinte d'une touche de tristesse de voir que c'était déjà fini.

Je ne savais pas qu'en commençant Janua Vera, je franchirais le seuil d'un recueil de nouvelles qui m'embarquerait à travers les âges du Vieux Royaume, une terre empreinte de magie ancienne, de mystères et d'Histoire avec un grand H. Découvrir ce monde de part les yeux d'une multitude de personnages en suivant leur histoire étoffe sa richesse et éclaire petit à petit les zones d'ombre. J'ai vénéré le Roi-Dieu, tremblé avec Benvenuto, méprisé la Dame de Bregor, espéré pour Suzelle, rit de Maître Calame, frissonné au nom des appeleurs, eu pitié de Blandin et me suis jurée de ne jamais rejoindre les ordres du Desséché.
Chaque nouvelle y est unique, évoluant à un rythme propre au personnage dont elle raconte l'histoire, comportant une fin faisant tantôt réfléchir, tantôt sourire, tantôt espérer une suite, et racontée avec un style d'écriture parfaitement adapté au récit.

Parce que oui, l'auteur a une sublime plume que j'ai adoré lire et qui nous plonge entièrement dans son univers. le vocabulaire y est riche mais n'alourdit pas la lecture.

Je me demande encore comment j'ai pu aussi longtemps passer à côté des oeuvres de Jean-Philippe Jaworski et je n'ai qu'une question en tête : "Quand te reverrais-je monde merveilleux ?". Gagner la Guerre, à nous deux !
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C'est presque intimidant de s'essayer à une critique face à un livre autant commenté.
Ce qui m'a plu :
# 8 histoires, toutes de qualité exceptionnelle. Certes 2 d'entre elles ne m'ont pas forcément emballé (question de goût), mais j'avoue que pour le reste, c'est sacrément bien fait et addictif. le livre est dense mais se lit aisément et rapidement. C'est comme une bonne série, on commence et on ne se résout pas à lâcher prise.

# Lesdites histoires se déroulent dans un cadre unique, celui du Vieux Royaume, qui porte bien son nom : ça suinte la décadence, la fin de règne, le déclin, guerres, pillages, complots cyniques...

# La variété des personnages et des situations, un Roi-Dieu insomniaque, un assassin, un copiste polygraphe, une petite paysanne tête en l'air...Certains sont d'une grande originalité comme le gyrovague Phasma ou le pauvre bougre qui a fait un voeu d'obscurité.

# La puissance de l'immersion, Jaworski a ce don (enviable) d'écrire des passages d'une puissance réellement remarquable. On ne lit pas son récit, on le vit.
Quant aux descriptions, le récit est d'une crédibilité exemplaire, c'est limite documentaire, les quartiers de Ciudalia, les ruelles de Bourg-Preux, le bouge de Noant le vieux...

# de la fantasy discrète, avec de la magie disséminée par petites touches ce qui la rend encore plus intéressante, l'auteur utilise aussi les leviers du fantastique, dans un cadre crédible on voit débouler des apparitions fantomatiques ou une sorcière...

# Cette façon qu'il a de décrire la forêt...

# le coup de génie de faire croiser 2 personnages dans 2 histoires différentes.

# Des références comme La Dame de Shalott ou Perceval.

# L'auteur ratisse le spectre social, du chevalier courtois aux paysans crottés en passant par les "gens de la robe", bien vu.

# le phrasé de Jaworski, comme à l'accoutumé, un pur bonheur pour les papilles.

# le choix des extraits qui précèdent les paragraphes. D'habitude je suis totalement allergique à ce procédé de plus en plus galvaudé et inutile, mais bon c'est rare de voir un chrétien de Troyes (en vieux françois ziou plait) ou une Christine de Pizan.

Bref, j'ai eu un "flow" littéraire et c'est l'essentiel, une valeur sure, à lire.
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Ah, « Janua Vera » ! Si ce nom sonne comme un sortilège fraîchement extrait d'un grimoire, c'est parce que ce recueil de nouvelles de Jean-Philippe Jaworski est un enchantement absolu pour les amateurs de fantasy.

Plonger dans les pages de « Janua Vera », c'est ouvrir la porte d'une taverne enfumée où des histoires épiques et tordues circulent aussi librement que la bière. Maintenant, je dois avouer un petit regret – avoir lu « Gagner la Guerre » avant de plonger dans « Janua Vera ». Si seulement j'avais inversé cet ordre de lecture, j'aurais pu savourer une profondeur encore plus grande dans l'univers que Jaworski a façonné. Néanmoins, je projette de me replonger dans « Gagner la Guerre » très prochainement, avant de me lancer dans les autres ouvrages de l'auteur.

Ces nouvelles nous transportent des champs de bataille aux coins sombres des cités du Vieux Royaume. Et pour ceux d'entre vous qui sont familiers avec les écrits de Jaworski vous pourrez retrouver certains de vos personnages préférés en pleine action, ou se débattent pour survivre au sein d'intrigues aussi complexes que les arcanes de la politique de Cudalia. L'auteur, avec sa plume aiguisée et son affection pour les détails, parvient à insuffler à chaque brin d'herbe et à chaque regard furtif une histoire propre.

Et si vous pensiez que la fantasy était réservée aux mages à barbe blanche et aux créatures crachant du feu, détrompez-vous ! « Janua Vera » nous montre que la vie dans cet univers est aussi sombre que l'intérieur d'une grotte de dragon, mais agrémentée d'éclats d'humour et de courage. Les personnages, qu'ils soient vaillants guerriers ou antihéros aux faiblesses aussi prononcées que leur charisme, animent chaque récit avec une intensité captivante.

La magie de « Janua Vera » réside également dans la diversité de ses histoires. Des duels d'épée aux intrigues de palais, des amitiés inattendues aux actes héroïques de sacrifice, chaque nouvelle est une pépite au sein de cette mine d'or littéraire. Et n'oublions pas l'annexe finale, présentée de manière chronologique, qui apporte la touche finale en donnant vie à cet univers.

Alors, si vous rêvez de vous aventurer dans un monde où la fantasy s'entremêle avec la brutalité réaliste de la vie, considérez « Janua Vera » comme votre billet pour ce périple littéraire. Que vous soyez un chevalier de la fantasy aguerri ou un explorateur novateur, ce recueil vous garantit des frissons, des sourires et des heures de lecture mémorables. Dites adieu à l'ennui et plongez sans réserve dans ce grimoire de merveilles littéraires. Personnellement, je ne peux qu'applaudir l'ingéniosité de l'auteur et son talent indiscutable pour immortaliser cet univers sur papier.
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Ce style ! Mais ce style quoi ! Il est juste incroyable. Pardon si j'en perds mes mots. C'est là qu'on se rend compte d'à quel point un texte rédigé directement en français peut atteindre un niveau d'excellence autrement inatteignable s'il avait fallu passer par la case traduction.
La nature y est décrite de manière poétique et imagée, un peu mystique et pleine de merveilles. À l'opposé, les actions des hommes sont sombres, glauques ou violentes. le contraste entre les deux styles en est d'autant plus saisissant, et le texte prend vraiment aux tripes.
Quant aux dialogues, ils ont tellement de phrases qui claquent et de double sens très bien trouvés : un délice.
Dans les descriptions d'ambiance, l'auteur emploie beaucoup d'énumérations très évocatrices en sens : images, sons, mouvement, odeurs, textures, formes, noms de métiers, et comparaisons imagées. Au cours de ma lecture je n'ai pu m'empêcher de prendre en note ses expressions pour m'en inspirer, les analyser et travailler mon propre style.


Jaworski est certes un maître du style, mais ce qui me rend le plus admirative, c'est la construction de ses intrigues.
La politique est incroyable de complexité, avec de nombreuses ramifications, complots et autres fourberies, mais nous suivons tout cela avec une limpidité parfaite.
Les récits du vieux royaume se déroulent sur le temps long, des décennies s'écoulant entre chaque nouvelle du recueil. Des références à des lieux ou événements d'autres nouvelles apparaissent souvent, ce qui apporte un autre éclairage, ou bien montre comment l'Histoire de ce monde a été réinterprétée en légendes.
Aussi, chaque nouvelle se base sur une dichotomie forte : guerre/paix, force physique/force mentale, le présent perçu comme éternel/le temps qui passe inexorablement...

De ce livre se dégage une sensation tenace. On sent l'insignifiance des vies humaines dans ce monde violent régi par les guerres, les razzias et les trahisons. Dans ce contexte où la survie individuelle est constamment en jeu, il y a ce sentiment horrible que rien n'a d'importance. Les relations humaines montrées sont systématiquement intéressées.
Il y a tous ces traumatismes que ce monde d'insécurité crée et perpétue.
Mais on ressent aussi la beauté tragique de chaque vie, de chacune de ces histoires évoluant sur différentes échelles, allant de celle dont dépend le salut d'un Empire à la petite vie d'une enfant au fin fond de la campagne. On voit aussi l'amour parfois, et la solidarité de temps en temps : des trouées d'air frais dans ce nihilisme ambiant.

Ça n'a pas été une lecture facile au niveau émotionnel car je supporte très mal le sujet de la guerre. Mais une oeuvre de cette qualité méritait bien que je me force un peu au risque de me faire bousculer — ou de me prendre une claque. Cela a été bénéfique pour apprendre à surmonter ce sujet, à essayer de mieux comprendre, pour au final approcher d'une connexion émotionnelle avec des vécus plongés dans l'insécurité extrême... ce qui concerne une immense partie des vies humaines, passées ou présentes.

Détaillons maintenant mon avis nouvelle par nouvelle si vous le voulez bien.

* Janua Vera *
La narration est au cordeau : le début de la première nouvelle nous pose un personnage qui se réveille paniqué d'un cauchemar. On imagine un gamin. Mais petit à petit les détails s'accumulent, qui montrent sa puissance et son pouvoir... il y a un décalage qui ne colle pas. Et effectivement, on se rend compte que ce « quelque chose qui ne va pas mais quoi ? » est tout l'enjeu de la nouvelle.
Tout est suggéré parce ce que l'on voit, rien n'est raconté. C'est brillant.

* Montefellóne *
Pour assurer la sécurité de son royaume aux frontières, le roi veut soulever une armée. Pour cela, il lui faut de l'argent. Il demande à ses seigneurs vassaux de lever des impôts exhorbitants, ce qui conduit des villes au coeur du royaume à se soulever contre lui...


* Mauvaise donne *
Meilleur personnage, Benvenuto Gesufal ! C'est simple : c'est le personnage qu'on adore détester et dont on ne sait jamais bien si on préférait que lui ou ses ennemis gagnent. J'ai hâte de le retrouver dans le roman Gagner la guerre, qui est la suite de son aventure ici.
Les manigances politiques sont incroyablement bien ficellées dans cette nouvelle.


* le service des dames *
Difficile de savoir où est le bien où est le mal. Disons que tous agissent mal, certains en sont pleinement conscients et d'autres choisissent de se voiler la face.

* Une offrande très précieuse *
Très psychologique et beaucoup plus intimiste, cette nouvelle m'a fait pleurer. Les descriptions sont magnifiques, oniriques, et douloureuses.

* le conte de Suzelle *


* Jour de guigne *
Après deux nouvelles bien bien tristes, un peu de légèreté fait beaucoup de bien !
Cette nouvelle est une plongée en enfer rocambolesque d'un pauvre bougre atteint de la terrible malédiction du « syndrôme du palimpseste ». Une bonne dose d'humour noir !
« Les témoins soumis à la torture (en suivant la procédure extraordinaire) ont certes fourni des informations, mais elles se contre-disent toutes. Ils ne parlaient que pour abréger le cours normal de l'interrogatoire — il va sans dire que je les poursuis pour faux témoignage et obstruction à la justice... Toutefois, cela ne m'avance pas dans mes recherches, et le tueur, lui, continue à massacrer au hasard. » p279

* Un amour dévorant *
On évolue entre horreur et enquête policière. Il faut bien être attentif à tous les indices car la fin ouverte nous laisse reconstituer nous-mêmes l'enquête laissée inachevée.

* Comment Blandin fut perdu *
Cette nouvelle évoque l'obsession pour une muse, avec son aspect fantomatique, fantasmatique, toujours fuyante.
Il y a des descriptions précises des pigments, de la préparation des peintures, des enduits et glacis, des enluminures ; et une scène magistrale où la peinture semble prendre vie (alors que ce ne sont que des mots sans couleur sur du papier blanc).
La mise en abîme des histoires est intéressante, à l'image des peintures du personnage de Blandin.

* le confident *
On plonge dans le mystérieux culte du Desséché que l'on ne connaissait jusqu'ici que par bribes.
C'est un tour de force de parvenir à écrire une nouvelle entière sur quelqu'un enfermé de son plein gré dans le noir et sans compagnie.
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Je ne suis généralement pas très fan de nouvelles : à peine est-on entré dans l'histoire qu'il faut en sortir... et en plus, l'art est délicat : en si peu de temps, il faut une chute efficace pour que la nouvelle reste en tête. Mais, ayant lu Gagner la Guerre, je me suis enfin décidée à lire Janua Vera. Et c'était vachement bien !

Je pense que certaines nouvelles me resteront plus que d'autres (il a déjà fallu que j'aille consulter la liste des titres de nouvelles pour me souvenir de "Une offrande très précieuse" ^^). Si je devais ne retenir que quelques nouvelles, ça serait le "conte de Suzelle" qui est vraiment un texte superbe, plein d'humanité, et "le Confident" pour sa chute magistrale. Comme manifestement la plupart des gens, je n'ai en revanche pas accroché à la toute première nouvelle qui donne son nom à l'ouvrage, je n'ai pas trop compris où l'auteur voulait nous amener. Mais le reste de l'ouvrage vaut le coup de s'accrocher.
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