Vous connaissez, mon ami, le projet bienveillant que nous poursuivions ici pour le bonheur des habitants indigènes dans nos régions. Nous n'avons rien épargné pour les maintenir en paix les uns avec les autres, pour leur enseigner l'agriculture et les rudiments des arts les plus nécessaires, et pour encourager l'industrie en établissant parmi eux la séparation de la propriété. De cette façon, ils auraient pu subsister et se multiplier sur un domaine foncier d'échelle modeste. Ils auraient mélangé leur sang avec le nôtre, et se seraient amalgamés et identifiés à nous dans un futur pas éloigné. Au commencement de notre guerre actuelle, nous les avons poussés à respecter la paix et la neutralité, mais la politique intéressée et sans principes de l'Angleterre a vaincu tous nos efforts pour le salut de ces pauvres gens. Ils ont convaincu la plus grande partie des tribus dans notre région de lever la hache contre nous, et les cruels massacres qu'ils ont commis sur les femmes et les enfants de nos frontières, pris par surprise, vont maintenant nous obliger à les poursuivre jusqu'à l'extermination, ou à les repousser vers de nouveaux territoires au-delà de notre atteinte. Déjà nous avons repoussé leurs protecteurs et séducteurs dans Montréal, et la saison qui commence les forcera dans leur dernier refuge, les murs de Québec.
Nous avons coupé toute possibilité de relations et d'aide mutuelle, et nous pouvons appliquer à notre guise n'importe quel plan que nous jugeons nécessaire pour nous protéger des effets futurs de leur guerre sauvage et sans pitié. La persécution affirmée, sinon l'extermination de cette race dans notre Amérique, doit par conséquent former un nouveau chapitre dans l'histoire anglaise, comme celle de l'homme de couleur en Asie, et des frères de leur propre couleur en Irlande, et partout ailleurs où la cupidité mercantile anglaise peut trouver un intérêt à deux sous en inondant la Terre avec du sang humain. Mais détournons-nous de l'odieuse contemplation des effets dégradants de l'avarice commerciale. (lettre à Alexander von Humboldt, "L'hémisphère de l'Amérique"/décembre 1813, pp. 183-184)
Les nations européennes forment une division séparée du globe ; leurs emplacements en font une partie d'un système distinct ; elles ont un ensemble d'intérêts propres dans lesquels nous n'avons jamais à nous engager. L'Amérique a un hémisphère à elle. Elle doit avoir son système séparé d'intérêts, qui ne doivent pas être subordonnés à ceux de l'Europe. L'état d'isolement où la nature a placé le continent américain devrait l'avantager au point qu'aucune étincelle de la guerre allumée dans les autres quartiers du globe ne devrait être transportée à travers les vastes océans qui nous séparent d'eux. Et il en sera ainsi. (lettre à Alexander von Humboldt, "L'hémisphère de l'Amérique"/décembre 1813, pp. 182-183)
La chronique de Jean Edgar Casel - Thomas Jefferson l'art du pouvoir