L'humain n'est pas une machine et n'en sera jamais une. C'est justement ce qui fait sa valeur. L'humain est un être vivant, donc imparfait, mais capable d'adaptabilité, de réflexions. L'auteur fait la différence entre les fameux "réplicants" et leur poursuivant "Deckart" dans le film culte "Blade Runner". Deckart est imparfait, souffre, doute, mais sa faiblesse fait sa force. Nous n'avons pas besoin d'améliorer notre corps avec le transhumanisme . Nous vivons avec nos pensées, nos émotions. Alexis Jennifer termine par quelques chapitres sur l'amour. Nous sommes des être capables d'aimer. C'est notre force. C'est un petit livre qui se lit très facilement, trop peut-être, car l'auteur reste dans le superficiel. Léger. On aurait aimé quelque chose de plus étayé.
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Le monde est si instable et si rapide qu'il faut être instable et rapide pour y survivre. C'est l'instabilité du cerveau qui fait sa puissance, c'est l'imprécision de la pensée humaine qui permet sa merveilleuse adaptation. Les avions de chasse, selon la même idée, sont construits de façon à être instables : il faut les manoeuvrer en permanence, ils répondent à tout, ils doivent réagir dans l'instant à toute surprise, tout danger, toute opportunité. Leur instabilité pourrait paraître un défaut, mais elle est une qualité, coûteuse mais essentielle. Les pilotes en sortent épuisés mais vivants.
Notre corps instable nous dirige au mieux dans le monde mouvant où nous avons été jetés, notre corps imparfait est notre meilleur guide dans une réalité faite de tout ce qui arrive, et donc de surprises, notre imperfection en elle-même est efficace. L'efficience dans un monde mouvant, pour nous les vivants, tient à la justesse de nos mouvements improvisés plus qu'à la performance. (p. 78-79)
L'idée de perfection est une idée idéale, l'idée d'une idée, une vue de l'esprit, c'est une expérience de pensée étrangement obsédante pour une idée qui ne correspond à rien en nous, à rien autour de nous : c'est l'idée d'une idée abstraite, comme une étrange pulsion d'éradication de ce que nous sommes. Nous rêvons d'être des machines mortes, des réplicants, des statues de pierre ; nous ne croyons, hélas, pas beaucoup en nous.
Les exigences de productivité dépassent les capacités d'un corps, elles le maltraitent, l'usent et le détruisent. Le corps humain n'est pas fait pour la performance, mais pour l'équilibre.
Alexis Jenni présente son récit, UN NATURALISTE SUR LE TOIT DE LA FORÊT.