Toronto, 1895.
Dolly Shaw, une sage-femme se livrant également à des avortements illégaux est retrouvée morte à son domicile.
L'inspecteur Murdoch, chargé de l'enquête, pense d'abord à une mauvaise chute. Plusieurs indices indiquent que Mrs Shaw était ivre au moment des faits, les voisins confirment qu'elle consommait beaucoup de bière. La victime pourrait donc avoir fait une chute accidentelle.
L'autopsie révèle toutefois que la sage-femme est morte étouffée.
Commence alors une enquête parmi les voisins et les " clientes " de Mrs Shaw. Murdoch va devoir fouiller parmi des souvenirs douloureux pour certaines femmes, dont certaines sont des membres de la haute société de Toronto.
J'avais hâte de pouvoir comparer les enquêtes de William Murdoch avec celles de Thomas et Charlotte Pitt, les personnages d'
Anne Perry. Malgré des enquêtes se déroulant à la même époque, les genres respectifs de
Jennings et de Perry sont assez différents. C'est maintenant chose faite.
Ayant eu l'occasion de visionner quelques épisodes de la série, j'avais également très envie de pouvoir comparer ce que j'avais déjà vu - et pas vraiment apprécié - avec le livre.
La première bonne surprise du roman, c'est l'absence de chassé-croisé amoureux entre Murdoch et le docteur Julia Ogden, le médecin légiste qui effectue les autopsies pour la police de Toronto. Alors que, dans les épisodes de la série, les émois amoureux de ces deux personnages prennent souvent le pas sur l'enquête proprement dite, le docteur Ogden est totalement absente du récit, ses seules interventions se limitant à un rapport d'autopsie et à une conversation téléphonique. Grand soulagement ! Je n'ai rien contre la romance, mais quand je lis un polar, je veux du polar : des crimes, une enquête policière avec quelques rebondissements, des policiers qui se torturent les méninges... Et c'était heureusement le cas dans ce roman. Un bon point par rapport à la série.
La seconde surprise, c'est l'humour bien présent et souvent lié au physique des personnages. Niki avait souligné à quel point ces derniers étaient différents de leurs homologues télévisuels, mais j'ai quand même souri plus d'une fois en découvrant les descriptions de
Jennings. George Crabtree, le sympathique constable, est un géant tout en muscle. Mais ce colosse est aussi très fragile puisque le malheureux est indisposé par des problèmes digestifs et finit même par s'évanouir sous les yeux de Murdoch... Il y a une raison bien précise à ces malaises, mais je ne vous en dis pas plus, cela gâcherait le suspense.
Murdoch lui-même est également très différent. Il semble avoir plus de personnalité dans le roman, se mettant parfois en colère, notamment lorsque son enquête piétine ou quand un témoin ou un suspect se montre récalcitrant. En même temps, ce policier semble avoir un petit côté dandy : il prend soin de ses cheveux et de sa moustache et participe à des leçons de danse.
Les personnages ne sont pas tout : l'enquête policière est quand même au centre du roman. J'en retiens surtout une mise en pièces de la bonne société de Toronto. Sous la plume de
Jennings, les jolies façades des hôtels particuliers bien abrités dans les beaux quartiers cachent parfois plus de noirceur que les bas-fonds les plus sordides. Un certain " affrontement " entre nantis et pauvres est donc bien présent, comme chez
Anne Perry ; mais contrairement à Thomas Pitt, Murdoch ne m'a pas donné l'impression d'être aussi malmené pas les riches témoins auxquels il rend visite.
Under the Dragon's Tail était donc une jolie découverte qui m'a beaucoup divertie. Comme d'habitude, je ne suis pas parvenue à deviner ni l'identité de l'assassin ni ses motivations, ce qui a encore ajouté au suspense ressenti tout au long de la lecture. Dorénavant, je resterai plongée dans les romans de
Jennings pendant que ma soeur regardera la série.