Je ne dirais pas que la plupart des personnes âgées se retrouveront dans le sous titre "Plus je vieillis, plus je me sens prête à vivre", vivre en poésie et s'ouvrir à une nouvelle aventure plus intérieure n'est pas à la portée de tous... Mais nous nous indignons avec elle: "
La vieillesse n'est pas une fin en soi.." Plus de rôle à tenir? Relâche? Posez armes! Quelle paix! Je suis invisible, je me dissous dans la foule, personne ne me voit".
Christine Jordis nous invite à poursuivre le voyage intérieur dans la compagnie des sages et des poètes.
Confucius, Blake,
Proust,
Simone de Beauvoir pour ne citer que quelques auteurs nous aident à réfléchir sur cette vieillesse et toutes les références à leurs oeuvres donnent vraiment envie de se replonger dans les lectures de certains poètes et auteurs. Pour ma part, je me replonge dans
Proust dès demain....
Plus que l'invitation à la vie intérieure, c'est en fait toute la première partie du livre qui m'a beaucoup plus convaincue, tant la description de cette étape de la vie est saisissante de vérité.
La retraite guillotine , couperet imposé par la société y est parfaitement décrite: on vous éjecte, on suspend l'activité d'une vie, tout ce qui vous a engagé est supprimé: le lien avec autrui, la transmission du savoir. Nous sommes désormais inutiles, officiellement inactifs... "Comment le vivre bien? " s'insurge C Jordis.
De plus, le prestige de
la vieillesse n'est plus d'actualité....La notion d'expérience est discréditée car nous sommes hors course.....
Tout à coup, nous les femmes n'inspirons plus le désir....Vient le jour où nous devrons nous habituer à inspirer la compassion.
Et il y a cette description si touchante des vieux délaissés dont la solitude est sans fin...des résidents ou patients à la maison de retraite ou à l'hôpital : à la merci du personnel: perte d'intimité, humiliations: "Tir groupé contre le malade récalcitrant".
"Certains d'entre nous sont sauvés par la grâce, celle de l'amour qui les accepte et les entoure d'une aura": Comme chacun de nous aimerait faire partie de ce groupe là....
Page après page, j'ai reconnu tout ce qui arrive à ma maman de 88 ans . Mais pas seulement: désormais à la retraite je fais moi aussi partie de cette Silver économie dénoncée ici. Je me reconnais à chaque page de la surprise à recevoir par le courrier des invitations à des stages sur la vie sexuelle des vieux, l'adhésion à une assurance obsèques. Et je ne parle pas de l'hésitation entre reconnaissance et humiliation lorsque pour la première fois ,quelqu'un vous propose de vous laisser la place dans le bus...
"Vieillir n'est ni facile ni agréable. Quiconque dirait le contraire est un fieffé menteur" affirme justement
Christine Jordis.
Ce livre m'a aidée à prendre du recul sur cette période de ma vie et m'a donné de multiples pistes de lectures pour approfondir ce sujet. Il 'est pas déprimant mais réaliste et combatif.