« le souvenir ne demeure que lorsque le présent l'éclaire . »
« Jeunes filles d'Auschwitz
Jeunes filles de Dachau
N'avez- vous pas vu ma bien- aimée?
« Nous l'avons vue sur la place glaciale
Avec un numéro sur son bras blanc
Avec une étoile jaune sur le coeur.
« Comme elle est belle , ma bien-aimée
Celle qui était cajolée par sa mère
Et par les baisers de son frère .
Personne ne savait qu'elle était si belle . »
.(poème dont les paroles ont été écrites par l'auteur pour le compositeur
Mikis Theodorakis en 1965 )
Deux extraits de ce récit des années de camp de Ionos Kambanellis ,——grec ,déporté de 1943 à 1945 à
Mauthausen, ——et des mois qui ont suivi sa libération en mai 1945 par les Américains.
Il est paru en Grèce en 1963 ,la même année que «
La trêve »de
Primo Levi, en Italie et «
Le grand voyage » de
Jorge Semprun en France ( livres déjà lus) .
En Grèce , l'auteur est un écrivain , dramaturge .
Il est considéré souvent comme le père du théâtre contemporain grec.
« C'est
Mauthausen qui m'a défini comme homme, je suis encore un homme du camp. » disait - il 60 ans après en2005....
Écrit dans une langue simple, vivante, directe,
Mauthausen entrecroise la libération du camp et le temps de la captivité .
Mêlant grotesque et absurde l'auteur laisse une grande place à la parole des autres, il dit souvent « Nous ».
D'une façon incroyablement réaliste ce qui donne des scènes à la limite du soutenable, nous sommes confrontés —-nous lecteurs —-à une réalité si effroyable qu'elle dépasse notre imagination——-on hésite à continuer mais on le fait car le ton juste et saisissant , souvent imprégné d'humanisme, d'humour très amer nous laisse une intense impression de vie, exprime en toute sincérité une expérience douloureuse aux limites de l'indicible., surtout dans la première partie.
Exécutions sommaires à coups de hache, de massues, de couteaux, détails insupportables, horreurs et cruauté , chasses à l'homme, monstres, abominables, raffinements hallucinants des souffrances endurées , inhumanité , logique infernale des SS, criminels sadiques et lâches mêlant le malheur et la folie furieuse , l'auteur traduit autant son expérience personnelle, que celle de ses codétenus .
Ressort de cette narration précise un tableau hallucinant alternant souffrances endurées et libération dans le chaos d'un monde disloqué , incohérent, où tout est joie, espoir et stupéfaction d'être encore en vie , de réapprendre simplement à vivre ....
Ce récit réédité en janvier 2020, résonne en nous comme un chant de résistance et de vie providentiel.
Ce texte traduit aussi en reconstituant l'une des pages les plus sinistres de l'Histoire européenne , la contribution de la voix d'un pays—la Grèce —- qui a payé un lourd tribut au fléau de la deuxième guerre mondiale.
Traduit du grec par Solange Festal- Livanis qui avait décidé de rédiger sa thèse sur l'auteur dont elle est devenue la meilleure spécialiste .
Comme j'avais lu « Aucun de nous ne reviendra » de
Charlotte Delbo, «
C'est en hiver que les jours rallongent « de
Joseph Bialot, la trilogie d'
Imre Kertesz, «
Refus de témoigner » de
Ruth Klüger, «
Si c'est un homme » de P. Levi , j'ai acheté cette réédition qui a reçu le Prix du livre Étranger 2020.
Cet auteur m'était inconnu.
Dernière phrase:« Je voyais de plus en plus trouble, impossible de lire un mot. J'ai fermé les yeux, je me suis penché en arrière , et je me suis mis à penser qu'on était en août , en 1945, et qu'une nouvelle époque COMMENÇAIT'.... »