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Solange Festal-Livanis (Traducteur)
EAN : 9782226491459
464 pages
Albin Michel (03/01/2024)
3.94/5   42 notes
Résumé :
« C'est Mauthausen qui m'a défini comme homme, je suis encore un homme du camp. »

Iakovos Kambanellis (1922-2011), écrivain, dramaturge, et souvent considéré comme le père du théâtre grec contemporain, a été déporté à Mauthausen de 1943 à 1945. Le récit de ses années de camp et des mois qui ont suivi sa libération en mai 1945 par les Américains est paru en Grèce en 1963, la même année que La Trêve de Primo Levi en Italie et Le Grand Voyage de Jorge ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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«  le souvenir ne demeure que lorsque le présent l'éclaire . »
«  Jeunes filles d'Auschwitz
Jeunes filles de Dachau
N'avez- vous pas vu ma bien- aimée?
«  Nous l'avons vue sur la place glaciale
Avec un numéro sur son bras blanc
Avec une étoile jaune sur le coeur.

«  Comme elle est belle , ma bien-aimée
Celle qui était cajolée par sa mère
Et par les baisers de son frère .
Personne ne savait qu'elle était si belle . »
.(poème dont les paroles ont été écrites par l'auteur pour le compositeur Mikis Theodorakis en 1965 )
Deux extraits de ce récit des années de camp de Ionos Kambanellis ,——grec ,déporté de 1943 à 1945 à Mauthausen, ——et des mois qui ont suivi sa libération en mai 1945 par les Américains.
Il est paru en Grèce en 1963 ,la même année que « La trêve »de Primo Levi, en Italie et « Le grand voyage » de Jorge Semprun en France ( livres déjà lus) .
En Grèce , l'auteur est un écrivain , dramaturge .
Il est considéré souvent comme le père du théâtre contemporain grec.
«  C'est Mauthausen qui m'a défini comme homme, je suis encore un homme du camp. » disait - il 60 ans après en2005....
Écrit dans une langue simple, vivante, directe, Mauthausen entrecroise la libération du camp et le temps de la captivité .
Mêlant grotesque et absurde l'auteur laisse une grande place à la parole des autres, il dit souvent «  Nous ».
D'une façon incroyablement réaliste ce qui donne des scènes à la limite du soutenable, nous sommes confrontés —-nous lecteurs —-à une réalité si effroyable qu'elle dépasse notre imagination——-on hésite à continuer mais on le fait car le ton juste et saisissant , souvent imprégné d'humanisme, d'humour très amer nous laisse une intense impression de vie, exprime en toute sincérité une expérience douloureuse aux limites de l'indicible., surtout dans la première partie.
Exécutions sommaires à coups de hache, de massues, de couteaux, détails insupportables, horreurs et cruauté , chasses à l'homme, monstres, abominables, raffinements hallucinants des souffrances endurées , inhumanité , logique infernale des SS, criminels sadiques et lâches mêlant le malheur et la folie furieuse , l'auteur traduit autant son expérience personnelle, que celle de ses codétenus .
Ressort de cette narration précise un tableau hallucinant alternant souffrances endurées et libération dans le chaos d'un monde disloqué , incohérent, où tout est joie, espoir et stupéfaction d'être encore en vie , de réapprendre simplement à vivre ....
Ce récit réédité en janvier 2020, résonne en nous comme un chant de résistance et de vie providentiel.
Ce texte traduit aussi en reconstituant l'une des pages les plus sinistres de l'Histoire européenne , la contribution de la voix d'un pays—la Grèce —- qui a payé un lourd tribut au fléau de la deuxième guerre mondiale.
Traduit du grec par Solange Festal- Livanis qui avait décidé de rédiger sa thèse sur l'auteur dont elle est devenue la meilleure spécialiste .
Comme j'avais lu «  Aucun de nous ne reviendra » de Charlotte Delbo, «  C'est en hiver que les jours rallongent «  de Joseph Bialot, la trilogie d'Imre Kertesz, «  Refus de témoigner » de Ruth Klüger, « Si c'est un homme » de P. Levi , j'ai acheté cette réédition qui a reçu le Prix du livre Étranger 2020.
Cet auteur m'était inconnu.
Dernière phrase:«  Je voyais de plus en plus trouble, impossible de lire un mot. J'ai fermé les yeux, je me suis penché en arrière , et je me suis mis à penser qu'on était en août , en 1945, et qu'une nouvelle époque COMMENÇAIT'.... »
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C'est la première fois que je lis un livre qui n'est pas un roman évoquant, par le biais de prolepses et analepses, le quotidien tragique dans un camp d'extermination (par le travail!) pendant la Seconde Guerre mondiale et le retour à la vie des détenus ayant échappé à la mort, en ce printemps 45 quand Mauthausen, en Haute Autriche, fut libéré par les Américains.
Allemands dissidents, Belges, Espagnols, Français, Grecs, Hongrois, Italiens, Juifs de toutes nationalités, Polonais, Russes, Serbes, Tchécoslovaques, Yougoslaves… tentent de se reconstruire après l'apocalypse vécue, dans l'attente plus ou moins longue d'un rapatriement. Pour les Juifs souhaitant partir pour Jérusalem, sera le plus difficile et le plus long.

Iakovos Kaambanellis a passé plus de 20 mois dans ce camp. Il y fut interné en octobre 1943 et en repartit deux mois après la libération du camp, restant de son plein gré, pour accompagner les Juifs encore présents.
A 23 ans, il est désigné comme représentant de la communauté grecque auprès du Comité d'administration. Il va assumer et assurer ce rôle avec une grande détermination. Il raconte ce qu'il a vécu : la terreur de tous les instants, la bestialité ignominieuse des Nazis , la solidarité, la mort et son odeur prégnante.
Il dit le tragique avec justesse, il dit les instants de petits bonheurs avec une spontanéité juvénile touchante. Cela sert le récit.
Une lecture profondément bouleversante.
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Au début des années 1960, le dramaturge Iakovos Kambanellis, né sur l'île de Naxos en Grèce en 1922, revient sur sa déportation au camp de concentration de Mauthausen, en Autriche près de Linz. C'est le moment du développement de la littérature à propos des camps nazis: Primo Levi, Jorge Semprun, Jean Améry. C'est aussi l'époque du procès de Francfort. L'auteur apporte un point de vue original sur l'enfer des camps: il écrit sur le camp après le camp, c'est-à-dire sur la vie du camp de Mauthausen après sa libération par les troupes américaines en mai 1945. Il a en effet été désigné (à 23 ans) comme responsable de l'organisation du retour des déportés grecs. Il est allé au-delà de cette mission puisqu'il est resté jusqu'au départ des juifs grecs au début du mois d'août. Départ clandestin, les Anglais interdisant l'entrée de réfugiés juifs en Palestine. Kambanellis évoque donc les sentiments contrastés et violents des détenus et des détenues après la libération du camp: les fantasmes de la liberté retrouvée, l'immense espoir d'un monde nouveau, les certitudes petit-à-petit remises en cause, la haine envers les gardiens et les villageois autrichiens, les relations amoureuses. Ces sentiments prennent du sens à l'évocation d'épisodes du "fonctionnement" du camp entre 1943 et 1945, la cruauté, l'horreur: un sur neuf a survécu. le récit est donc un entrelacement d'épisodes de la vie du camp avant et après sa libération.
Une autre originalité est le point de vue des déportés grecs, leur histoire étant sans doute moins connue que celle des déportés d'autres nations.
Le style est simple et sincère. le livre se lit facilement malgré quelques passages difficilement soutenables. Kambanellis ne se pose pas la question de l'indicible dans l'expérience concentrationnaire, il ne soulève pas de grandes questions théoriques, il écrit ce qu'il pense pouvoir transmettre au nom des huit autres qui n'ont pas survécu. Et tel quel c'est un récit attachant et à hauteur d'homme.
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Iakovos Kambanellis a été prisonnier, à Mauthausen, de l'été 1943 à la fin de la guerre. Son récit commence quelques jours avant le 5 mai 1945, jour de la libération du camp par les Américains. de cette date à fin juillet, de nombreuses personnes étaient restées sur place, attendant de rentrer chez elles ou de partir sur une nouvelle terre. Mauthausen devait être géré par les détenus eux-mêmes. Ce sont eux qui connaissaient les problématiques. Il a été demandé qu'un représentant de chaque nationalité soit désigné. Les Grecs avaient choisi Iakovos Kambanellis, alors âgé de vingt-trois ans. Un comité avait été créé. Leurs missions étaient de recueillir les témoignages et de noter les besoins de chaque communauté. Grâce à cette initiative du commandant Seibel, les prisonniers libérés ont retrouvé leur entité et leur identité.

Souhaitant retourner en Grèce, Iakovos Kambanellis aurait pu quitter, rapidement, Mauthausen. Mais il avait fait une promesse à ceux qui rêvaient d'aller en Palestine : il partirait quand eux pourraient le faire. Il a attendu que ses compatriotes juifs soient en état de voyager. de plus, l'attente menaçait d'être longue en raison d'un blocage de la part des Anglais.

A l'arrivée des Américains, la vie au camp avait pris les couleurs de l'espoir. Une nouvelle organisation s'était mise en place : les déportés, qui en avaient la force physique, sortaient du camp, nouaient des nouveaux liens, préparaient les départs, mais surtout livraient leur témoignage de l'horreur vécue. Seule une personne sur neuf a survécu à Mauthausen. Ce camp était classé en catégorie III par les nazis, les prisonniers subissaient un des régimes les plus durs. Les sélections étaient très régulières, le travail harassant et les tortures effarantes.

A la libération du camp, les prisonniers racontaient et leurs paroles étaient consignées. Ils échangeaient, aussi, entre eux, sur l'inhumanité dont ils avaient été témoins et victimes. L'auteur a mêlé les souvenirs de 1945 et ceux de la période d'internement. Certains passages m'ont fait pleurer quand je les ai découverts, puis quand je les ai lus à mon époux, tant j'avais été ébranlée. Certaines scènes sont indicibles de douleur et le fait qu'elles soient réelles m'ont dévastée. le quotidien est, également, décrit avec précision. Ce texte se ressent dans notre chair. Sa véracité meurtrit et tonne de nécessité. Pourtant, au coeur de la barbarie, des moments d'entraide et d'humanité éclairent le texte. Si Iakovos Kambanellis a survécu, c'est grâce à une protection. J'ai, aussi, été touchée par des gestes et des mots, porteurs de solidarité. de plus, l'auteur fait preuve d'un humour surprenant et rassérénant, teinté d'espérances et de poésie. J'ai aussi été émue par l'évolution de sa perception des Allemands et des Autrichiens. Des évènements dramatiques ont nuancé ses sentiments.

Paru en Grèce, en 1963, la même année que Si c'est un homme, j'ai souvent comparé mes émotions à celles que j'ai ressenties lorsque j'ai lu Primo Levi. La déflagration de Mauthausen a eu la même intensité. J'ai été bouleversée par ce magistral devoir de mémoire.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Le récit s'ouvre alors que le camp de Mauthausen, situé en Autriche, est libéré par les Américains. L'auteur, Iakovos Kambanellis y a été interné de 1943 à 1945. Il a alors 22 ans et il choisira de rester encore quelques mois à Mauthausen pour aider aux transferts des personnes encore présentes et recueillir les témoignages des survivants. le livre a été édité pour la première fois en 1965 en Grèce. Une seconde édition paraitra, toujours en Grèce, en 1995 sous un format revu par l'auteur. Mais la France ne découvrira ce témoignage qu'en 2020.

C'est pourtant un récit majeur, comme peuvent l'être ceux de Primo Levi, Jorge Semprun, Simone Veil, Elie Wiesel, Charlotte Delbo, Marceline Loridan-Ivens et d'autres.

Un récit glaçant bien sûr quand Iakovos Kambanellis revient sur les atrocités commises, les tortures, les morts, les conditions de détention déplorables et la cruauté des SS. Mais c'est aussi un récit porteur d'une certaine lumière. Ainsi, les personnages qui accompagnent Iakovos Kambanellis durant ces deux années dans ce camp d'extermination et le temps que dure l'organisation des départs sont tous attachants et particulièrement intéressants par la multiplicité des caractères.

Et puis, il y a cet aspect, peut-être moins connu, de la manière dont les camps se sont libérés, dont les choses ont été prises en main pour rapatrier ces personnes qui ont souvent tout perdu et les rendre à une vie “normale” après les horreurs subies. Cet éveil à la liberté, à la possibilité d'une vie nouvelle mais toujours hantée par ce qu'ils ont traversé.

En cela, certaines scènes sont très belles, comme lorsque l'auteur décrit les femmes en train de broder ou de coudre à partir de ce qu'elles ont pu trouver autour d'elles. de cette envie de se réunir mais aussi de réapprendre à rire et à s'amuser. Mais aussi de cette crainte de ne pas être compris des gens de l'extérieur, de ne pas pouvoir raconter car comment rendre compréhensible l'insoutenable ?

C'est fort, émouvant, cela prend aux tripes, met les larmes aux yeux mais parfois amène aussi un peu de sourire, un reste d'espoir. Indéniablement un livre incontournable.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
«  Mon numéro à Mauthausen était le 10205.
Je ne l’ai pas retiré, et je ne le retirerai jamais.
Jusqu’au 5 mai, ces numéros étaient des marques du fascisme, de l’esclavage, de la mort.
Maintenant, il faut qu’ils deviennent les marques de notre résistance à tout cela.
Il faut qu’ils deviennent des Symboles de Démocratie, de Paix, de Liberté , de Vie ».....
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A droite, du chemin qui descendait, il y avait des amas de restes brûlés qu'avaient déversés les camions. Les restes brûlés étaient un meilleur matériau pour le revêtement des routes que le gravier. Particulièrement maintenant que les pluies allaient commencer. Ils ne font pas de boue, les restes brûlés. On a beau faire, l'humain est toujours le meilleur matériau.
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«  Le Polonais Marian Bogusz disait: «  les SS sont des criminels sélectionnés, mais des criminels sélectionnés pour leur couardise, leur bêtise crasse, leur folie furieuse.....
Il n’y a que des criminels lâches pour pouvoir être si pervers » ....
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C’est Mauthausen qui m’a défini comme homme.
Je suis encore un homme du camp. »


Iakovos Kambanellis en 1963.Récit Traduit du grec par Solange Festal- Livanis .
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«  Montre- moi le chemin pour la maison,
Sur la terre, sur la mer, et sur les vagues,
Moi, je dis toujours la même chanson.
Montre- moi le chemin pour la maison.... »

( Vieille chanson populaire datant de 1925, communément chantée en Angleterre, en Irlande et Amérique du Nord....) .
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