Peu de livres ont pour étude la philosophie cynique. Celui-ci, à travers une mutitude de fragments de textes, a le mérite de replacer cette philosophie dans son contexte depuis son "créateur" Antisthène, jusqu'aux disciples de l'époque romaine. Une large partie, bien évidemment est faite à Diogène de Sinope, celui que nous connaissons le plus.
Un ouvrage utile pour ceux que cette philosophie intéresse.
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Le meilleur (parce qu'à ma connaissance le seul) recueil rassemblant les quelques citations éparses des cyniques grecs à travers l'antiquité. Un excellent moyen de comprendre cette philosophie, même si l'on peut supposer que beaucoup des citations et anecdotes rapportées soient apocryphes. C'est que ces hommes, par leur nature, n'étaient pas tellement portés sur la transmission écrite de leur pensée.
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Le cynique a la conviction, fondée sur l'expérience, de n'être l'esclave de rien ni de personne dans le petit univers où il trouve sa place. Par une ascèse de tous les jours, il s'est habitué, en effet, à se suffire à lui-même, en éliminant tout désir superflu, en limitant au strict minimum ses besoins essentiels et en opérant un accord harmonieux entre son intérieur et le monde ambiant.
Dieu n'a-t-il pas en effet destiné la mer à être la patrie commune des animaux qui nagent, le ciel, le lieu des volatiles, la terre, pour ceux qui ont une nature terrestre, et n'a-t-il pas bien réparti les choses en leur attribuant une assiette certaine, posant un toit au firmament et des frontières à l'océan ? Or, les oiseaux et les poissons s'en tiennent au lot qui leur a été assigné par Zeus, de même que tous les autres animaux terrestres : les hommes, au contraire, gonflés d'orgueil, se partagent la terre, réduisent en menus morceaux le don divin, et se divisant les uns contre les autres, établissant des barrières de fleuves entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique, des frontières de montagnes entre pays limitrophes, des murailles entre compatriotes, des maisons entre concitoyens, des portes entre gens d'une même famille, ils divisent même au moyen de coffres et de caisses ceux qui habitent sous un même toit. D'où les guerres, les invasions, les pillages de maisons.
J'aime ma patrie plus que nul autre et je ne la quitterai jamais de bon cœur ; mais en y pensant bien, je découvre qu'elle n'est pas autre chose que la terre habitée par nos ancêtres, le lieu où ils ont séjourné. Il est évident que ce n'est pas la terre où nous sommes nés, car bien des gens nés en tel endroit considèrent tel autre endroit comme leur patrie. Si telle est la patrie, l'habitat coutumier des ancêtres, pourquoi donc ne faut-il pas chérir, selon le même raisonnement, le sol où nous séjournons maintenant ? Pour chacun, en effet, la terre qu'il habite lui est beaucoup plus proche que le pays habité par les ancêtres. La même raison jouera pour mes descendants éventuels : il sera même plus juste qu'ils fassent leur le lieu forcé de mon séjour, puisque cette terre a bien accueilli l'exilé que je suis.
Que chacun se représente toutes les causes qui peuvent nous réjouir et nous attrister, et il reconnaîtra la vérité de ce que disait Bion: "toutes les affaires des hommes ressemblent à leur débuts et leur vie n'est pas plus respectable ni plus sérieuse que leur conception: nés de rien, ils retournent au néant" (Sénèque, De la tranquillité de l'âme)
Il ne faut rien reprocher à la vieillesse puisque nous espérons tous l'atteindre un jour