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3,39

sur 747 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai déjeuné récemment avec une 'vieille' copine lectrice. Je dis 'vieille' parce que même si on se voit rarement, je la connais IRL depuis trois ans et demi, quand même !
On a bien sûr parlé lecture, livres, pavés, abandon. La copine me dit : « Moi, c'est simple, je suis née en 66, alors je me donne 66 pages pour accrocher à un livre. » J'ai fait un petit calcul pour moi (ce n'est guère différent) et mes enfants. L'aîné doit persévérer sur 97 pages. Pour la 2e, née en 2001, ça pose problème. D'abord parce qu'il n'y a jamais de page numérotée « 1 » dans un roman, ensuite parce que dans le cas présent, ce 'Corniche Kennedy' est une lecture imposée pour le cours de français - donc pas le choix, tu restes !

Pourtant le style de Maylis de Kerangal est de ceux qui peuvent décourager d'emblée : des phrases longues, des descriptions interminables, des fantaisies grammaticales - difficile de rentrer dedans, j'avais peiné sur 'Tangente vers l'Est'. Cette fois encore, j'ai dû me pousser pour ne pas abandonner. Mais une fois bien concentrée, acclimatée, j'ai trouvé la plume très évocatrice : on sent la touffeur de l'été sur une corniche du sud, on se voit à côté de ces ados désoeuvrés, un peu idiots comme on l'est à cet âge, qui se lancent des défis dangereux, qui veulent du grand frisson et qui 'fuck les adultes et la police'...
L'histoire est intéressante, je me suis dit que j'aurais aimé suivre les aventures intrépides et sensuelles de cette petite bande quand j'avais quinze ans.
J'ai trouvé des accents de 'D'acier' (Silvia Avallone), 'Moderato Cantabile' (Marguerite Duras) et de 'L'amie prodigieuse' (Elena Ferrante).
Bref, je suis satisfaite de cette lecture, et contente d'avoir tenu bon.
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Je retrouve dans ce livre ce que j'aime chez Maylis de Kerangal : une écriture poétique portée par de longues phrases qui vous emportent comme le ferait une vague.
Mais j'y trouve un petit quelque chose en plus : ce roman parle de Marseille, ville dans laquelle j'ai grandi, et de la Corniche Kennedy que je connais par coeur d'un bout à l'autre pour l'avoir empruntée tant de fois en voiture, en bus, à vélo ou à pied.
C'est une artère incontournable de la cité phocéenne, et si les plaques de rues indiquent très officiellement "Corniche du Président John Fitzgerald Kennedy", tous les Marseillais l'appellent tout simplement "la Corniche" parce qu'elle est unique et qu'aucune précision n'est nécessaire.
Maylis de Kerangal nous parle d'une bande d'ados qui se retrouvent sur cette Corniche, sur une plate-forme constituée d'un amalgame de grosses pierres. Ils y traînent un peu, y discutent, fument et refont le monde, mais surtout, ils plongent.
Ils plongent de différents promontoires. Il y a le trois mètres (insignifiant), le sept mètres (le "Just Do It") et le dernier que l'on n'aborde qu'avec crainte et respect : le douze mètres (le "Face To Face").
Tout le début du roman tourne autour de ces plongeoirs. Maylis de Kerangal a formidablement bien décrit le rôle qu'ils jouaient pour de ces gamins désoeuvrés, de ces laissés-pour-compte qui n'ont pas grand-chose dans leur vie.
Plonger, c'est défier le danger. C'est défier les autres et se défier soi-même. C'est ressentir des émotions énormes. La tension qui monte pendant que l'on grimpe jusqu'à l'endroit d'où l'on va décoller, les sensations fortes lors des quelques secondes que dure la chute, la libération de l'arrivée dans l'eau, la fierté que l'on ressent : je l'ai fait !
Pour toute la bande, plonger, c'est exister.
J'ai vibré pendant toutes ces pages, j'ai retenu mon souffle, j'ai frissonné avec Eddy, Mario et les autres.
J'ai adoré !
Tout est décrit avec tellement de réalisme, Maylis de Kerangal nous fait percevoir de façon tellement fine ce que ces jeunes ressentent, que je me demande si elle n'a pas essayé elle-même !
C'est bluffant, et ça m'a rappelé tellement de souvenirs !
Eh oui, j'ai sauté moi aussi à Marseille ! Pas depuis la Corniche, mais dans les calanques dans lesquelles j'allais avec mon frère et mes cousins. Seule fille, et la plus jeune de la troupe, je ne voulais pas être en reste, et je surmontais mon appréhension pour sauter comme les autres. La peur, les jambes qui flageolent, mais en même temps l'envie terrible d'y aller. L'instant où tout bascule, où on se lance. La descente qui paraît interminable. L'arrivée brutale dans l'eau et surtout, le bonheur intense qui suit.
Oui, j'ai sauté dans les calanques, je me suis élancée de dix mètres de haut ! Vous pensez que je suis Marseillaise et que j'exagère, mais non : nous avions à l'époque demandé à des personnes qui connaissaient tous les rochers du coin.
Les sauts mis à part, je n'ai rien de commun avec toute la bande : je n'étais pas désoeuvrée, mes parents étaient présents et attentifs. Mais vous comprenez pourquoi ce roman m'a fait vibrer, pourquoi il a résonné en moi si intensément, ou du moins, pourquoi une partie du roman a eu cet effet-là.
La suite de l'histoire m'a moins convaincue. Parce qu'elle ne ressemble plus à la mienne ou parce qu'elle est objectivement moins prenante ? Je ne sais pas. de toute façon, le livre est mince et bien qu'il ne soit pas le meilleur de cet auteur, se lit très rapidement.
Si vous n'avez pas peur de l'eau, venez plonger avec les "petits cons de la corniche" comme on les appelle dans le livre. Prenez une bonne goulée d'air et venez vivre leurs émotions.
Laissez Maylis de Kerangal vous emmener dans leur monde : « C'est là que ça se passe, et c'est là que nous sommes. »
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Après avoir lu tant d'éloges, il me fallait faire et connaissance et ma propre idée sur Maylis de Kerangal. C'est donc sur Corniche Kennedy que mon choix s'est arrêté et que le rendez-vous fut pris....

Un rendez-vous qui fut remis à plusieurs reprises, mais quand icelui eut enfin lieu, conquise je fus immédiatement par la qualité de l'écriture de la dame, à la fois travaillée, riche sans pour autant être ampoulée et vaniteuse.

L'espace d'un été Maylis de Kerangal se penche sur ces petits cons de la corniche. Ces petits cons désoeuvrés, rejetés, délaissés et même pour certains livrés à eux-mêmes. Ces petits cons "Je m'enfoutiste" que l'ennui et la solitude poussent à braver les risques, cette montée d'adrénaline qui leur donne ce sentiment de puissance, d'immortalité. de la baie vitrée de son bureau, l'inspecteur Sylvestre Opéra, ce flic cassé, tente de les décrypter tout en les surveillant tel l'ange gardien.

Une histoire qui prend au coeur, aux tripes, une histoire " électrochoquante", qui me fait mal à ma jeunesse.......
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Marseille. Les calanques, et surtout « la Plate », jeu de prédilection de jeunes en pertes de repères, venant de tous milieux.

Leur défi : provoquer les autorités et sauter de ce bout de rocher, la « Corniche Kennedy » à une hauteur vertigineuse.

En face d'eux : un vieux briscard de flic, Orchestre Opera, qui ne pense qu'à une chose : retrouver Tania. Et envier ces jeunes qui veulent se sentir libre. Mais il y a le Jockey qui veut ABSOLUMENT que tout cela cesse, que les jeunes rentrent gentiment chez eux.

Mais c'est sans compter sur l'imagination des jeunes qui nargueront le Jockey jusqu'au bout.

Au bout de quoi ? Pour le savoir, plongez-vous dans ce roman.

Un roman qui vous tient en haleine, sans temps mort, des bouts de phrases, courtes parfois, tellement concises et précises, qui vous laissent sans répit.
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J'avais adoré « Réparer les vivants » il y a quelques années, croisé récemment « Corniche Kennedy » en librairie, pourquoi pas. Plaisir de retrouver cette écriture singulière : extrêmement dense, vive, complexe, qui mêle narration, paroles, pensées et sensations ; texte et didascalies enchevêtrés. On lit en courant et referme le roman essoufflé, sur les mômes de la Plate à Marseille et leur adolescence désoeuvrée mais joyeuse ; le bon flic Opéra dont la caricature exhume l'humanité. Essoufflé ou épuisé ? le texte est à ce point ciselé qu'il exige un effort du lecteur. Qu'en reste-t-il ? Certes un bon moment, des personnages attachants mais une (ou deux ?) intrigue(s) incertaine(s) finalement.
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Un récit vif comme l'eau fraîche, percutant comme un plongeon.

La Corniche Kennedy, tout le monde la connaît à Marseille. Dans le roman, une bande d'ados désoeuvrés s'y retrouvent pour plonger, sautant de plus en plus haut, dans une surenchère de flirts avec le danger. Ils défient les autres, défient le danger, et se défient eux-mêmes. Plonger, c'est exister.
Beauté du décor, beauté des corps. Ces jeunes se jaugent, s'apprivoisent, se cherchent, se trouvent parfois.
Le maire veut interdire ces plongeons, prônant la tolérance zéro au nom de la sécurité. Un policier surveille les “petits cons” à la jumelle, enviant leur jeunesse, leur liberté, leur insouciance.

La plume de Maylis de Kerangal est unique, libérée des conventions d'écriture, mêlant action et sensations, réflexions des personnages et réflexions d'auteure.
Toutefois dans ce court récit on ne retrouve pas l'urgence de Réparer les Vivants, plutôt une ambiance contemplative, solaire et sensuelle. À savourer au soleil.
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Ceci n'est pas une chronique

J'ai eu besoin de faire une pause dans la rentrée littéraire, besoin d'aller vers une de mes valeurs sûres.
J'ai lu Corniche Kennedy. J'en ressort éblouie une fois de plus.
Dorénavant quand on me demandera si je lis de la poésie, je répondrai: seulement Maylis de Kerangal.

Si elle me récitait l'annuaire téléphonique de la Creuse, je trouverais ça passionnant.
Si elle avait écrit la Bible, je serais croyante.
Si elle me parlait de moteur de voiture, j'envisagerais de passer un CAP mécanique.

Quand je lis ses phrases longues comme un jour sans fin, je me retrouve tel un lapin hypnotisé par la lumière des phares.
Quand je lis son catalogue de ponctuations, ses points virgules et ses virgules, je suis telle une enfant bouche bée devant un magicien.

Écris encore Maylis. Sur ce que tu veux. J'achète tout et j'aimerai tout.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Dans « réparer les vivants », j'avais beaucoup aimé l'écriture très spécifique de Maylis DE KERANGAL : Des phrases longues dans lesquelles les idées se bousculent, pensées des personnages comme de l'auteure elle-même, à bout de souffle, s'affranchissant des règles élémentaires de grammaire ou de ponctuation face à l'urgence d'une situation apparemment insensée pour les acteurs de son drame : le maintien « en vie » d'un jeune garçon en état de mort cérébrale afin de lui prélever ses organes pour sauver d'autres vies.


J'étais donc très curieuse de savoir si l'auteure avait adapté son style à l'histoire, ou bien si c'était son écriture naturelle toutes histoires confondues. A la lecture de « Corniche Kennedy », je mesure à quel point cette plume, à fleur de pensées qui se bousculent, est sa marque de fabrique.


« Les petits cons de la corniche. La bande. On ne sait les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c'est un seul et même âge, celui de la conquête : on détourne la joue du baiser maternel, on crache dans la soupe, on déserte la maison. »


J'ai choisi ce roman car le thème me rappelait l'été à la mer, et qu'il promettait une ambiance bien particulière : A Marseille, entre les calanques et les plages surveillées, il existe des plateformes de roche interdites au public où la baignade est dangereuse. Tous les étés pourtant, les jeunes des banlieues viennent y flirter, y bronzer, y régner. Et s'y baigner : C'est le lieu et le temps des défis, des t'es pas cap à l'emporte-pièce, de l'orgueil et des fanfaronnades. C'est aussi une manière de s'affirmer dans une société de laquelle ils se sentent exclus pour tout un tas de raisons. Alors pas question de céder. Pas question d'abandonner « la Plate » aux autorités : Cet endroit est leur royaume, ces ados y font leur loi, font tourner les autorités en bourriques. La Plate devient une lutte symbolique. A leurs risques et périls.


« Nul ne sait comment cette plateforme ingrate, nue, une paume, est devenue leur carrefour, le point magique d'où ils rassemblent et énoncent le monde, ni comment ils l'ont trouvée, élue entre toutes et s'en sont rendus maîtres ; et nul se sait pourquoi ils y reviennent chaque jour, y dégringolent, haletants, crasseux et assoiffés, l'exubérance de la jeunesse excédant chacun de leur geste, y déboulent comme si chassés de partout, refoulés, blessés, la dernière connerie trophée en travers de la gueule ; mais aussi ça ne veut pas de nous tout ça déclament-il en tournant sur eux-mêmes, bras tendu main ouverte de sorte qu'ils désignent la grosse ville qui turbine, la cité maritime qui brasse et prolifère, ça ne veut pas de nous, ils forcent la scène, hâbleurs et rigolards, enfin se déshabillent, soudain lents et pudiques, dressent leur camp de base, et alors ils s'arrogent tout l'espace. »


*****

C'est bien encore avec sa sensibilité toute personnelle que Maylis de KERANGAL nous fait pénétrer, avec aisance et plaisir, ce royaume adolescent des banlieues. Sa capacité à entrer au plus profond des êtres lui permet de se glisser, en tant que narrateur, alternativement dans la peau de chacun de ses personnages, cadeau délicieux pour une lecture exhaustive de la situation. Elle nous offre encore une narration libérée de toute convention, coulant pourtant tout naturellement de considérations générales du narrateur en observations particulières des personnages, voire en l'expression intime de leurs ressentis très personnels. Elle est d'une justesse incroyable dans ses portraits, nous fait vivre plusieurs vies sans jamais juger ni excuser. Elle décrit la société ou des fragments, qui finissent toujours par former un tout.


Si certains lecteurs ont pu trouver ses phrases interminables, rendant leur lecture ardue, j'ai encore une fois trouvé, au contraire, que l'histoire n'en était que plus intéressante et brillamment racontée : de par les détails auxquels mène chaque circonvolution, de par les différents points de vue qui nous sont offerts sans transition, et nous permettent avec une aisance déconcertante de cerner toute situation en un clin d'oeil, d'englober la scène ou le monde dans lequel nous plonge l'auteure, sans superflu, sans long discours, juste en balayant le présent, le passé, le futur de quelques mots choisis et assemblés, dans un même souffle, une même pensée ; Une même phrase.


Allez, je vais oser : Ce travail de balayage de la narration me rappelle « Mrs Dalloway », de Virginia WOOLF – mais dans un style qui lui est propre. Il ne me semble pas artificiel, c'est plutôt comme si l'auteure pensait vraiment son histoire comme elle l'écrit. Très vite, je me coule dans le rythme de ses phrases gonflées d'informations et je me laisse porter par son histoire, pleine du charme des personnages dont elle sait nous rapprocher et du contexte qu'elle excelle à nous dépeindre par ce biais. Je ne suis pas passée loin du coup de coeur… J'ai en tous cas adoré cette ambiance.

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Contemplation d’une bande d’adolescents solaires et vulnérables au sommet de la corniche.

Le maire de la ville de Marseille, le tout-puissant et populiste «Jockey», veut appliquer à la lettre la politique de «tolérance zéro» du Ministère de l’Intérieur et prouver son «efficacité politique», en débarrassant la corniche Kennedy des bandes d’adolescents des cités qui y ont établi leur base.

Sur la plate-forme de pierre devenue leur quartier général, la bande d’Eddy, Mario et les autres, vit une aventure quotidienne, grimpant et plongeant du haut des promontoires de la corniche, chutes en forme de défis d’une jeunesse désœuvrée et sans illusions.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Un commissaire observe depuis les fenêtres de son bureau, une bande d'ados qui passe leur journées sur la corniche du titre. Craignant un drame, car les jeunes s'amuse à se jeter du promontoir rocheux dans l'océan, c'est un bras de fer à distance qui oppose le monde adulte à l'adolescent. de Kerangal, suit au plus près chaque personnage, comme un réalisateur caméra à l'épaule, cela donne beaucoup de rythme à l'ensemble même si la longueur de certaines phrases agace.De Kerangal réussit à opposer les deux mondes qui s'affrontent à distance. Solaire, libre, insconcient pour l'un, terre à terre et respectueux de l'ordre pour l'autre. Un joli moment sous le soleil de Marseille qui me donne envie de suivre cette romancière.
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