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3,39

sur 747 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je raffole de plus en plus de la prose de Maylis de Kerangal. Après avoir lu Naissance d'un Pont, Tangente vers l'Est, l'excellent Réparer les Vivants, je me suis plongé dans son antépénultième: "Corniche Kennedy". Et là, surprise: la constance de la qualité de la plume n'a pas varié, ce qui fait d'elle une des meilleures auteures contemporaines. Comme toujours, l'observation d'un fait anodin, bref et sobre, donne un livre aux phrases déferlantes, immenses, puissantes, impromptues, musicales parfois. Et ces jeunes qui plongent d'une corniche marseillaise, et ce vieux flic repu, et ce Maire-caïd vont être les protagonistes d'un roman fleuve, tout aussi réussi que toutes ses autres oeuvres! Chapeau, Madame!
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J'ai fait la connaissance de Maylis de Kerangal pas sa naissance d'un pont, qui ne m'avait pas séduite. Pour ne pas rester sur cette seule impression, j'ai lu sa Corniche Kennedy, et le style si particulier qui m'avait laissée indifférente dans le premier livre a pris tout son sens dans celui-ci.

Peut-être la différence est-elle dans le rythme de l'histoire : la naissance du pont est une course folle, tandis que l'histoire de la Corniche est essentiellement statique. Il ne se passe rien pendant longtemps, juste l'expérience hédoniste d'une jeunesse pauvre mais dorée, malgré tout, de sel et de soleil.
Impossible d'échapper à la beauté des corps et du décor.

La fin m'a beaucoup plu, aussi : mes réflexes de lectrice me font attendre un terrible dénouement, la montée de la tension avant la chute finale, mais non, c'est beaucoup plus réaliste et ça m'a plu. Chaque personnage a ses côtés sympathiques et présente un petit quelque chose pas joli-joli, très réaliste ça aussi : Opéra pète les plombs, Eddy trahit et Mario dénonce, les garçons de la bande ne veulent pas de la fille du coin ... C'set touchant de vraisemblance.
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Comme bien souvent lorsqu'un livre m'éblouit, l'envie de connaître le reste de l'oeuvre de l'auteur s'impose à moi, quoi de plus normal ? C'est comme ça que je me retrouve avec un ou deux Jérôme Ferrari, un Maylis de Kerangal, un Zadie Smith, un Russell Banks et bien d'autres qui attendent que je n'aie rien de plus tentant à lire, ce qui n'arrive pratiquement jamais. En effet, il y a bien des raisons pour lesquelles je n'avais pas eu envie de lire ces romans « d'avant » parus quelques années plus tôt que celui qui m'a emballée… Bref, de temps à autres, je m'emploie à en lire un tout de même…
Corniche Kennedy, voilà qui situe tout de suite le roman sous le soleil de la cité phocéenne, le long de la route qui serpente en contrebas de la colline de Notre-Dame de la Garde, en direction de la plage du Prado. C'est là qu'un groupe d'ados se retrouvent, venus à mobylette des quartiers nord ou de banlieues un peu plus résidentielles, pour bronzer, bavarder, se tourner autour, et surtout épater les autres en sautant de rochers de plus en plus élevés. Jusqu'à l'arrivée d'une fille qui, sans le chercher vraiment, perturbe un peu l'équilibre du groupe. Jusqu'au jour aussi où le commissaire Sylvestre Opéra est chargé de mettre fin à ces jeux dangereux.
Tout d'abord mon sentiment a été de frustration à la lecture des premières pages, les phrases, toujours aussi longues, tournant un plus à vide que dans Réparer les vivants. Sans compter quelques formules m'ont hérissé comme « une vie bigger than life » qui m'a donné envie de crier au secours ! Sinon, le style est tout de même éblouissant, hypnotique, étourdissant même : à ne pas lire en haut d'une corniche en cas de vertige. Les personnages ont de l'épaisseur, et la construction, bien faite, donne envie de tourner les pages jusqu'au bout. Bon, ce n'est pas très long à lire, et c'est très bien comme ça. Ce n'est pas le coup de coeur de Réparer les vivants, mais il s'en dégage une séduction qui perdure après la lecture, quelque chose de solide et d'incontournable comme le rocher, de léger et vibrant comme l'air…
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« Corniche Kennedy » se dresse comme un recueil opulent de culture, tissant avec une chaleureuse bienveillance les fils de la jeunesse méditerranéenne.

Chaque phrase de ce livre m'a enveloppé dans une délicieuse expérience de lecture. le style d'écriture de Maylis de Kerangal est exquis (même si, parfois, il est facile de se perdre dans la complexité de certaines phrases ce qui peut s'avérer déconcertant). Ce roman invite avec bonhomie à explorer les nuances de la vie adolescente.

Plonger dans cette oeuvre pourrait non seulement élargir la compréhension culturelle des jeunes lecteurs, mais également offrir une toile de fond captivante pour des discussions approfondies en milieu scolaire. La richesse des thèmes abordés, magnifiée par la beauté du langage, suggère (à mon sens) que « Corniche Kennedy » serait une addition remarquable aux programmes éducatifs. L'oeuvre stimule la réflexion et encourage une exploration plus profonde de la diversité des classes sociales et des réalités de la jeunesse contemporaine.

Une lecture qui éclaire et enrichit l'esprit que je recommande grandement.

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Il y a là dominant le quai une saillie naturelle, une corniche surplombant un précipice qui se jette dans la mer méditerranée, la Corniche Kennedy. Et c'est de cet endroit que les mecs, les petits cons des quartiers nord de Marseille sautent. Et ces petits cons on les aime bien. Rien n'est sûr pour cette bande d'adolescents qui ont entre 13 et 17 ans. Ils sont surveillés par Sylvestre Opéra, le flic qui est lui-même dans un marasme  émotionnel.  Tout peut dériver à tout moment dans ce monde cruel, vampirisé par l'esprit des lois d'où les pacificateurs eux-mêmes ne reviennent pas. Il est nécessaire pour ces jeunes de maintenir le cap pour ne pas sombrer, alors ils se jettent d'un premier promontoire puis d'un deuxième, celui qu'ils nomment entre eux le « just do it », une langue de pierre issue de la roche à 7m au-dessus de la mer. Il ont la trouille, la peur les broie , ils respirent,  ils se raidissent, ils tendent leurs muscles, ils avancent leurs torses, ils déploient leurs bras, ils sont vrais et lorsqu'ils sont prêts, ils sautent. Une fille va les rejoindre d'une drôle de manière, une bourge, pas tout à fait convenable. A ce moment-là commence  l'histoire de toutes les déroutes. Les sauts sont interdits, ces délits sont passibles d'amendes. le flic les surveille avec ses jumelles, il semble être en décrépitude absolue face à ces jeunes éperdus de vie. Ne sont-ils pas vibrants de sensualité et de courage. Je les ai vus faire de mes propres yeux, c'est époustouflant de les voir plonger de si haut, c'est terrifiant et explosif. Ils savent comment s'y prendre pour ne pas se blesser. La plupart d'entre eux ignorent superbement les risques, d'autres les cherchent pour exister. Certains tentent d'obtenir des sensations fulgurantes,  d'autres essayent la confrontation à la violence. Tous sont en quête d'impressions indélébiles, images éclatantes de vie. Avec sa plume, Maylis de Kérangal nous emporte là où chaque personnage veut trouver sa juste place,  là où chacun porte en lui de façon obsessionnelle une envie de grandeur et de liberté et d'autre part surgissent tout au long de ces pages graves et puissantes l'idée de fuite pour se confronter à une force de vie. C'est bien là la réussite de Maylis de Kérangal, « Corniche Kennedy » bat au rythme du  pouls de l'univers et aussitôt après, bascule dans le réalisme le plus quotidien.
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Une bande d'adolescents marseillais joue sur la Corniche Kennedy. le défi est de plonger depuis le rocher « Just do it », le plus impressionnant comme son nom l'indique. Ils ne s'en doutent pas, mais on les regarde.
Viendriez-vous les rejoindre ? Comme le fait Suzanne qui brûle d'envie de quitter le confort de la villa de ses parents où elle s'ennuie. Ou bien trembleriez-vous d'inquiétude ? Comme Sylvestre Opéra le commissaire qui observe leurs jeux interdits en se demandant comment intervenir avec délicatesse.
Avant de goûter au plaisir des montées d'adrénaline, il va falloir affronter le vertige, ne pas craindre les coups de soleil, les moqueries et les défis.


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Le roman Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal est un grand plongeon en divers exemplaires pour varier les approches littéraires du récit d'initiation, où les héros comme le lecteur ne sortent pas secs mais enrichis d'un tas d'images cinématographiques qui repoussent à l'infini les murs de nos vies... L'auteur nous donne en panoramique des images de l'adolescence marseillaise sans clichés mais en vérité, dans la crudité d'un soleil zénithal où les corps, les êtres se touchent, se rencontrent, font le grand saut pour traverser la nuit, les abysses homériques, et renaître enfin en entrevoyant le premier amour sous la Plate... Quand Suzanne et Eddy font le grand plongeon, ils ne sont pas face à face mais ressentent sans le dire les vibrations de l'amour entre eux – une attraction latérale - et c'est ce moment magique qui est de l'ordre de l'indicible entre ces deux jeunes êtres que l'auteur parvient merveilleusement à nous décrire. Il n'y a rien de plus fort que cet amour qui se cherche à travers une épreuve physique qui touche à la métaphysique du vide ou à la psychanalyse de la chute, selon le point de vue... Tomber amoureux quand on a quinze ans c'est aussi fort qu'une chute de quinze mètres à l'aveugle avec pour seul éclairage les flambeaux attachés aux poignets de l'enfance. Ce n'est pas le commissaire Sylvestre Opéra, épris à sens unique d'une fille de l'Est en situation critique, qui pourrait les contredire sur ce point ; quand l'eau a passé sous le ponton, l'amour n'a plus le même goût, la même intensité, sauf dans le désespoir où l'on peut se mettre en danger histoire de se prouver que l'on est encore vivant, malgré tout... Voilà pour moi un livre immense dans l'économie des pronoms qui nous révèle dans sa force métaphorique l'innocence troublante de la jeunesse.
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L'histoire d'une tranche de vie: une bande d'adolescants un peu en mal de vivre est dans le collimateur des services de police. S'ouvre un jeu de défis et de cache-cache.
Une tranche de vie qui ne devrait pas dépasser la colonne faits divers des quotidiens locaux et n'intéresser presque personne. Mais ce n'est pas l'histoire qui fait la force de ce roman, c'est la manière dont Maylis de Kerangal écrit qui nous ravit. Son écriture est enhivrante. Les mots coulent, fusent, l'écriture imprime le rythme.
On n'aime ou on n'aime pas, mais moi j'adore.
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Fascinée par ce livre ! J'aime ce style elliptique et en même temps ces longues phrases qui décrivent si bien les états d'âme et les paysages. J'ai vécu sur la Corniche les 20 premières de ma vie et j'ai retrouvé avec une grande émotion les sensations et les sentiments que j'éprouvais dans mon adolescence. Maylis de Kérangal a ce talent absolument unique de décrire le vécu des êtres de l'intérieur et le déroulement des événements extérieurs n'a plus alors aucune importance. Ce qui compte, c'est le ressenti.
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Corniche Kennedy est un roman de Maylis de Kérangal qui a eu un très grand succès. Mettant en scène des adolescents de Marseille qui sautent illégalement de la plate, promontoire au-dessus de la Corniche Kennedy , axe longeant la mer à Marseille. Ils sont observés par le commissaire Sylvestre Opéra, arr^tés parfois mais le monde des adultes apparait peu sauf de manière coercitive pour ces jeunes . On retrouve l'écriture de Maylis de Kérangal, descriptive, poétique, tour à tour longue ou hachée à l'image du souffle qui anime ces adolescents .
On a une vision sociale et ethnographique de ces jeunes adolescents: les jeunes dans Corniche Kennedy viennent essentiellement des quartiers nord de Marseille, quartiers populaires.On peut retrouver cette allusion à l'origine sociale des adolescents à travers les prénoms « Loubna, Eddy, Mario ».
Maylis de Kérangal accorde beaucoup d'importance aux lieux: ils soulignent la personnalité des adolescents. Souvent , les lieux où se déroulent ses romans sont au bord de la mer , c'est le cas pour Marseille, un port donc un lieu intermédiaire entre la terre et la mer, comme des points de départs vers le voyage, l'évasion. Ces rivages symbolisent les aspirations des adolescents: ils ont envie d'ailleurs ,de grands espaces, d'oublier leur réalité symbolisée par la ville, la terre ferme, « Ils prennent leur respiration, décomptent les secondes, trois,deux, un…go! se précipitent alors dans le ciel, dans la mer, dans toutes les profondeurs possibles, et quand ils sont dans l'air, hurlent ensemble, un même cri, accueillis soudain plus vivants, et plus vastes dans un plus vaste monde. ».
Le film de Dominique Cabrera sorti en 2017 est librement inspiré du livre.
Lien : https://deslivresetvous81.wo..
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