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Citations sur Les cavaliers (117)

A quoi, songeait Guardi Guedj, à quoi servait une vie plus longue que toutes les autres puisqu’elle devait bientôt, bientôt se dissoudre comme les plus courtes ? Et à quoi bon tant de sagesse, quand sa seule démarche utile était – il le voyait soudain – de faire accepter à l’homme cette dissolution ?
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Les abois des chiens qui, depuis longtemps, avaient accompagné cette approche, redoublèrent de violence. Les bergers ne firent pas un mouvement.
"Des gens d'honneur. Ils savent tenir leur curiosité en bride", pensa Ouroz.
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Mokkhi s'était arrêté pour attendre Ouroz. Et Zéré les rejoignit, sans dépasser la croupe de Jehol. Elle dit :
- Les grands nomades.

Au mot : grand, sa voix était restée égale. Mais, par la simple force de la certitude, elle lui avait donné sa résonnance la plus profonde, son véritable et entier pouvoir. Il n'y avait pas de commune mesure pour Zéré entre les "petits" nomades comme elle et ceux-là, qui marchaient dans une gloire fauve dans laquelle le soleil posait des ourlets d'or.
- Quelle tribu ? demande Ouroz à la jeune femme
- Le Pachtous de la haute frontière, celle d'où vient le jour dit Zéré
- Les Pachtous ... dit Ouroz.
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Sa jambe rompue, corrompue, ne faisait plus mal à Ouroz. Il était si loin, si haut et la poitrine comme ouverte en deux pour qu'y puissent rentrer à leur aise et de toutes leurs ailes, tous les éclairs, tous les ouragans et toutes les étoiles.
La voix s'arrêta si net qu'elle sembla tranchée par une faux. Ouroz eut le sentiment d'un manque intolérable . Il voulut retrouver, répéter au moins quelques paroles du chant d'audace et de gloire. Alors il prit conscience que lui était inconnue la langue dont s'était servie la vieille femme.
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C'était lui que Toursène écoutait surtout. Dans sa voix, il entendait le ruissellement du vent qui passe et des hautes absinthes qu'il froisse, et, tristes comme leurs fumées, dans le soir montant, les mélopées des campements. Et Toursène connut la paix des sens, de la pensée et du cœur, lorsque commença de sourdre - flûte d'abord, et puis damboura, et puis tambour et enfin chant humain - la très vieille mélodie, la plus vieille peut-être, qui, d'âge en âge, à des cavaliers et caravaniers sans nombre, avait appris des aventures sans fin, le long d'étendues sans limites (Cinquième partie - IV. Hallal - page 563).
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Dans la cour, Mokkhi rencontra Zéré. Les yeux de la petite nomade avaient l'éclat fixe et dur qui est celui des pies voleuses.
- Tu as vu, tu as vu, chuchota-y-elle, tu as vu le marché ? Je n'ai eu pour lui qu'un instant. Mais, ô Allah, quels tissus, quels peignes, quelles ceintures, quels colliers !
Elle répéta :
- Oh ! Allah tout-puissant !
L'envie qu'elle avait des étoffes et des bijoux était sur sa figure comme une souffrance. Le saïs qui, de sa vie, ne s'était soucié de l'argent, se sentit coupable d'être pauvre. Oh ! Que ne pouvait-il offrir à la jeune femme toutes les merveilles de tous les comptoirs ! Il dit sans regarder Zéré :
- Je ne puis rester davantage (Troisième partie - V. Foudre et fléau - page 315).
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- La meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la terre.
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Pour l'étalon, son allure tenait moins de la course que du vol. suspendu, étendu dans l'air, il ne touchait le sol que pour s'en détacher d'un seul battement. Et Ouroz, le visage contre la crinière flottante, le corps léger, délié, comme fluide, n'avait point d'autre vœu que de flotter ainsi qu'il le faisait au-dessus de la steppe et si près d'elle que cette terre, cette herbe et sa propre essence lui semblaient confondues.
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La vieille route de Bamyian portait les marques de son âge qui remontait à la nuit des temps. Etroite et tortueuse, couverte, aux saisons sèches, par une poussière profonde comme un édredon et rivière de boue sous la pluie, défoncée sur ses bords, trouée au milieu d'ornières énormes, elle n'était, au vrai, qu'une mauvaise piste. Les véhicules à roues ne pouvaient pas l'emprunter. Trafic, charroi, échanges entre Sud et Nord se faisaient par la grande voie qu'Ouroz et Mokkhi aient suivie pendant quelques heures après leur fuite de Kaboul.
La vieille route de Bamyian, délaissée, paisible, ne servait qu'aux gens de la province - paysans, artisans, bergers, colporteurs, aux voyageurs de fortune et surtout, deux fois l'an, aux caravanes de transhumance : printemps pour l'aller et, pour le retour, l'automne. On était en octobre. Il en passait chaque jour.
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Ouroz ne tenta pas de répondre. Il était lourd, lourd. Comme de pierre. Mais alors, une force étrange lui vint, qui l'inclina vers la vieille femme, penchée sur l'âtre. C'est qu'elle avait commencé à chanter. Et sa chanson montait vers le ciel, ses ténèbres et ses étoiles, comme une fontaine ardente. Il y avait en elle, tour à tour, la vibration du gong, le cris des cymbales, la stridence des trompettes, et la rauque langueur des cordes forcées à leur ton le plus bas. En vérité, il fallait une voix d'airain et de velours à ce chant qui semblait imprégné, chevauché par les démons et les génies mêmes de la solitude et de la nuit et du feu. Ouroz n'avait jamais connu enchantement semblable. Cet élan furieux et superbe, cette orgueilleuse et immense liberté... cet appel à l'infini qui suspendait le souffle et le rendait et le reprenait à nouveau pour le ranimer encore.
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