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sur 1180 notes
Hallal, Hallal ! La clameur sacrée s'élève. Les cris du vainqueur résonnent encore dans ma tête. Les fiers cavaliers et leurs montures fourbues ont tout donné. Mais à présent la partie de bouzkachi est finie, le vainqueur a jeté la dépouille du bouc décapité dans le Cercle de la justice (cercle de craie tracé au sol entre deux mâts où la dépouille doit être lancé pour gagner). Il pourra rentré auréolé de gloire dans son village, y être fêté et ses prouesses seront longtemps chantées et contées.

Ouh la la ! Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté de ce chef d'oeuvre.
Ah, c'est sûr je ne suis pas prête de les oublier ces sacrés tchopendoz et je crois même qu'ils, Les cavaliers, vont partir avec moi sur une île déserte.
Je suis conquise et fascinée !

Oui, j'ai aimé les tchopendoz, ces hommes perchés sur des bottes à talonnettes, le crâne couvert d'un bonnet fourré de loup, dieux vivants de tout un peuple aux qualités équestres incomparables, leur violence et leur fureur, leur noblesse, leur démarche déglinguée...
J'ai aimé Toursène, le Maître des écuries, au corps torturé et à la face abîmée
J'ai aimé Ouroz, son fils, au rictus de loup rongé par l'orgueil et rêvant de gloire

J'ai aimé leurs serviteurs, les saïs.

J'ai aimé leurs femmes mais pas leurs conditions, confinées aux tâches domestiques et non autorisées à regarder les bouzkachis, ne pouvant même pas être les témoins de la gloire de leurs fils!
J'ai compris Zéré, la fille du petit peuple nomade, écartelée entre ses rêves d'amour et d'ascension sociale, traitée de putain car libre de son corps.

J'ai apprécié la beauté des décors, imaginé la steppe brûlante, la vallée de Bamyan et le défilé des lacs sacrés de Band-e-mir .
Harassée, je me suis reposée dans les tchaïkanas, les maisons à thé.

Je me suis occupée de l'un des plus beaux chevaux: Jehol, le cheval fou.
J'ai respiré l'odeur forte des chameaux, des boucs, essuyé leur sueur .
J'ai tout pris, tout accueilli : la faim, la soif, la fièvre, les couleurs, les parfums ...
Je me suis embrasée à la lecture de ce magnifique et superbe roman.

Alors prenez place pour savoir si le tchopendoz qui a été désigné relèvera le défi lancé par le Maître des écuries de la province de Maïmana: gagner le premier bouzkachi royal organisé à Kaboul sur le plateau de Bagrami où s'affrontent les trois provinces du nord.

Avec ce titre Kessel nous convie à la découverte d' une contrée légendaire, la partie occidentale de l'Afghanistan et , il nous invite à partager la culture ancestrale de cette société, de son peuple nomade qui a su si bien l'accueillir lors de ses reportages dans les années 1950.

Une évasion totale, un voyage époustouflant!
Un roman au souffle épique, riche, foisonnant, inspiré des voyages de Joseph Kessel .
Un vrai bonheur.

Pour finir de vous convaincre, je cite Olivier Weber dans Kessel, le nomade éternel:
« Tout est là: le danger, l'imprévu, les odeurs de l'Orient, des personnages incroyables, la magie des contes, les antiques caravanes, l'amitié et la férocité . » 

De mon côté, je vais aller mettre le nez dans le jeu du roi dès que je le déniche.
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Le chef d'oeuvre romanesque de Kessel.

Afghanistan dans les années 1950. Le bouzkachi, LE jeu équestre objet de tous les honneurs. Toursène, le plus grand des Tchopendoz (joueurs de Bouzkachi) désormais maître des chevaux. Ouroz, son fils, qui porte tous les espoirs de son père. Mokkhi son sais, serviteur et palefrenier de Jehol, LE cheval. Zéré, la petite nomade arriviste. Guardi Guedj, le conteur sans âge. Tout ce petit monde se croise dans une traversée du pays qui à défaut d'être épique prend aux tripes.

Le bouzkachi, déjà pratiqué sous Gengis Khan. le roman aurait presque pu s'y dérouler, tant, en dehors de la présence de camion (au début), le récit semble hors du temps moderne.
Kessel s'appuie sur son voyage dans le pays en 1956 (dont il écrira un reportage et un script de film). Il se dégage du roman un sentiment (bien évidemment artificiel) de vécu. Une immersion forte et poignante à travers des personnages fiers et entiers, des paysages magnifiques, une vie brutale et des traditions ancestrales violentes.
L'écriture, fluide et parfois poétique, parfois crue, sert admirablement l'histoire que l'on dévore, pressé d'en connaître le dénouement, rageant parfois (souvent) de l'entêtement voire de la fière stupidité d'Ouroz, du comportement parfois veule, parfois admirable de Mokkhi.

Une belle épopée à travers un pays que l'on découvre autrement que dans la guerre.
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Attention, déclaration d'amour...

De Joseph Kessel, François Mauriac a écrit : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d'abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l'univers sans avoir perdu son âme. » Pour moi, un grand écrivain, de la tempe de Cendrars ou Hemingway... aventurier, reporter, aviateur, résistant... un héros de roman à lui tout seul... qui, mieux que lui, aurait pu nous révéler l'âme des cavaliers afghans et écrire leur épopée ?

Les Cavaliers est un chef-d'oeuvre, et pour moi une évidence parmi les évidences :
Quand on aime Saint Exupéry, comment ignorer ses compagnons et amis et l'aérospatiale, Mermoz et Kessel ? Quand on s'émeut de la lecture du Lion, comment ne pas approfondir l'univers psychologique si riche de son auteur, suivre la piste du lion ? Quand enfin on découvre que l'on est aussi fan du neveu, Maurice Druon, on se dit que décidément c'est là un auteur avec lequel on pourra longtemps cheminer sans s'ennuyer...
Les Gardiens des monts pakistanais, livre imagé, m'avait fait rêvé, enfant, de voyages et de reportages auprès de ces montagnards rudes et fiers ; jeune homme, Kessel m'y a transporté, comme tant d'entre nous, avec son oeil de reporter, qui capte et déroule non seulement sous nos yeux, mais aussi sous notre nez et sous nos pieds nus, la beauté rude de ces contrées, de ces modes de vie, de ces personnalités burinées.

Je ne parlerai pas de la trame des Cavaliers. C'est une grande épopée dramatique, qui se déploie sur 570 pages ; un grand roman plein d'émotions fortes et complexes, révélatrices d'une connaissance riche des hommes et des aléas de la vie ; une mise en scène intelligente et sensible de destins croisés, dont le seul élément fixe serait l'amour du cheval, de l'afghanistan, d'un mode de vie authentique.

Dans Les Cavaliers, comme dans ses autres romans, Kessel est bien ce "barbare au coeur sensible", qui hésita enfant entre l'écriture et la boxe. Comme Monfreid, comme Conrad, il conte, sans grandiloquence et sans dissimuler leur part sombre, l'aventure et l'héroïsme. Trop concret pour se faire moraliste ou philosophe, il nous ouvre pourtant toute sa sensibilité quand il s'agit de décrire les tourments passionnels des hommes et les souffrances des faibles.

Un livre inoubliable donc, un must ; l'aïeul de tout le monde, Jeol, Ouroz et Zere hanteront encore longtemps mon imaginaire, quand toute connaissance sera évanouie : comme le disait Kant, "imaginer c'est tout, savoir ce n'est rien du tout...." Merci, donc, Joseph, pour ce supplément de vie.

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Deux-cent critiques sur Babelio, voila qui se fête ! Avec une chronique un peu particulière, sur un livre avec lequel on entretien un lien spécial, par exemple…

Sortons dans la rue. Repoussez les maisons qui vous entourent loin, au-delà de l'horizon. Remplacez le macadam par une herbe drue s'étendant jusqu'à rencontrer le bleu cru du ciel. Écoutez, maintenant. Une rumeur monte. Peu à peu on distingue des cris, des hennissements, le tambourinement des sabots sur la terre. Et dans un nuage de poussière, surgissent les cavaliers… Épuisés, couverts de sueur et parfois de sang, leur troupeau mouvant se forme et se déforme au gré de violents mouvements. L'enjeu de leur lutte et de leurs souffrances ? Les restes informes d'une dépouille de mouton… Celui qui parviendra à la porter jusqu'au cercle tracé à la chaux remportera la victoire, et pendant des années son nom sera sur toutes les lèvres. Voici le bouzkachi.

Le héros se nomme Ouroz. Fils d'un ancien champion, lui-même champion, il compense son physique frêle par la ruse et l'adresse. Doté d'une fierté maladive et d'un orgueil surdimensionné, il résume ainsi son rapport aux autres : « ce n'est pas vrai que je n'aime que moi. Seulement, j'aime encore moins les autres. » Blessé à l'issu d'un tournois, humilié, il fuit l'hôpital et décide de rentrer chez lui sur son cheval, accompagné de son seul serviteur. Plusieurs centaines de kilomètres à travers la montagne, avec une jambe brisée dont il a arraché le plâtre. Peu à peu, un plan insensé et pervers germe dans sa tête pour rentrer chez lui la tête haute…

Quand on est un adolescent nul en sport et trop cultivé, la figure d'Ouroz et sa philosophie sont furieusement et bien trop fascinantes. La steppe immense et les montagnes lointaines deviennent un rêve. La pléiade de peuple qu'on découvre – pachtouns, hazâras, ouzbeks – est en elle-même un monde inconnu. Et les nuristanis et leurs idoles de bois et d'ivoire le sujet le plus frustrant qu'il soit, car il est impossible de trouver quoi que ce soit là-dessus, Kipling mis à part !

‘Les cavaliers' est une oeuvre magnifique, violente, dure. le cadre en est splendide, chargé de mystère et d'inconnu. le héros en est cruel, détestable, haïssable… Et fascinant.
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Un très grand coup de coeur pour ce livre où les espaces sont tour à tour immenses (la steppe) et exigus (la traversée finale entre deux montagnes), les personnages complexes (pas de bons ou de mauvais, juste des êtres humains dépassés par leurs passions)
Ce livre est époustouflant tant par la complexité des personnages que par l'action en elle même. Les rapports père-fils, sont abordés de façon intéressante : Toursène envie son fils, l'aime, le déteste, l'admire. Ouroz déteste son père pour son emprise sur sa vie, son indifférence, la répudiation de sa mère devenue stérile.
Les rapports à l'argent sont également finement analysés (Ouroz dilapide son argent, la petite Zéré est prête à tout pour sortir de sa misère). Enfin l'amour est présent, celui pur de Mokkhi pour Zéré et intéressée de sa part à elle.
Mais le véritable héros de cette incroyable épopée reste Jehol, le courageux et vaillant étalon qui prouvera à plusieurs reprises à quel point il concentre à lui seul bien plus de qualités humaines que tous les personnages du livre réunis. Il comprend la situation, défend son maître contre les tentatives d'assassinats.
Bref, on est envoûté et emporté par ce souffle épique d'une force incroyable. Les descriptions sont grandioses servies par une plume magnifique et poétique. Joseph Kessel immerge le lecteur dans l'ambiance par des détails sur les coutumes, traditions, légendes, superstitions, sur la culture, la cuisine, le mode de vie afghans. Il en décrit toute la richesse, la diversité, toute la subtilité. Il dépeint ses personnages avec force, nous livre leurs introspections, leurs plus profondes pensées, leurs hésitations, leur rage..
Bref, on se laisse emporter et à aucun instant, on ne s'ennuie, et on tourne les pages avec avidité.
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Je ne vais pas rajouter une couche à tout ce qui a été écrit sur ce livre par d'autres. Pourquoi le lire ? Parceque c'est une écriture du siècle dernier, riche en vocabulaire précis, en tournures grammaticales pointues. Car c'est l'Afghanistan de l'orient, pas celui des caricatures parfois nauséeuse qui nous sont servies pour rassurer certains de la supériorité de leur civilisation sur toutes les autres. Les hommes sont âpres, les femmes soumises et très peu présentes dans les moments importants. Cela s'appelle la tradition et elle ne peut évoluer que lentement, par petites touches. Car c'est un récit d'aventures épiques, qui s'intéresse à la mentalité des êtres humains. La haine qui meut, le modèle que l'on exècre, les sentiments qu'on s'avoue ou non. Pour les paysages, ceux des routes de la soie, des montagnes de l'hindou koush, de Mazar i Charif... Pourquoi donc? Pour quelque chose qui se nomme littérature.
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Certains livres , une fois fermés, emplissent longtemps vos pensées . Les années passent , leur titre est cité et du fonds de la mémoire surgissent des histoires , des personnages, des paysages . A mes yeux Les cavaliers de Kessel est un de ceux là !
Afghanistan , années 1950 ?, un bouzkatchi royal doit avoir lieu en Octobre pour fêter l'anniversaire du Roi . Allez vous savez bien le bouzkatchi , cette mêlée à cheval où chaque cavalier a comme seul objectif s'emparer de la dépouille du bouc parcourir le tracé prévu et aller le jeter dans un cercle tracé à la chaux . Mais tous les coups sont permis, chevaux et cavaliers sont malmenés autant qu'ils malmènent leurs adversaires.Ah ces cavaliers , ces tchopendoz respectés admirés par tous !quelle prestance !
Tourséne le plus respecté le plus vénérable chef des écuries d'Osman Bay se fait vieux c'est donc à son fils Ouroz qui il confie ,la rage au ventre , le soin de représenter la province de Maïmana au bouzkachi royal et à cette occasion il lui laisse monter Jehol "le cheval fou" son étalon personnel, sa fierté .
Ouroz ne gagnera pas , il repartira de Kaboul blessé et de peur d'affronter la honte et le déshonneur, il préferera rentrer en empruntant l'ancienne route de montagne , devenue impraticable .
C'est avec cet homme dur , orgueilleux méprisant du petit que nous allons cheminer jour après jour Malgré les attentions de Mokkhi le saïs sa jambe cassée le fait de plus en plus souffrir .La présence de Zéré femme nomade qui a ensorcelé Mokkhi l'irrite au plus au point . Zéré et Ouroz se livrent un combat sans merci
Quel voyage! Quels paysages !Bayiam et ses molosses ! Les yeux pleins de lumière de ténèbres au détour des pages nous est dévoilé dans une langue magnifique un pays , des hommes, des paysages des coutumes des modes de vie et de pensée si différentes des nôtres qu'il faut le talent immense de Kessel pour nous embarquer dans cette épopée héroïque .
Magnifique !
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C'est un éblouissement rare, aussi éblouissant que le soleil qui brille sur la steppe ou au sommet des plateaux. Outre la qualité d'écriture exceptionnelle de l'auteur, le récit est une magie de chaque instant, une révélation à chaque ligne, à chaque détail. C'est une lecture que l'on savoure comme une gourmandise, un moment de pur bonheur, et on voudrait que cela ne s'arrête jamais. Les personnages sont inoubliables, pétris dans leurs convictions, leurs traditions, leur orgueil, leur sens démesuré de l'honneur. le talent de l'auteur nous transporte dans des paysages fantastiques qui grandissent autour du lecteur comme une magie intemporelle. L'histoire est pleine d'imprévu, sans que l'on devine à aucun moment jusqu'où leur obstination va mener les héros. Un envoûtement.
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En 1962, dans son discours de réception à l'Académie Française, Joseph Kessel, journaliste, globe-trotter, baroudeur, écrivain, avait tenu à préciser qu'il était « un Russe de naissance, juif de surcroît ». Une façon pour cette personnalité française écrasante aux multiples talents de revendiquer l'universalité de son identité. Plusieurs de ses nombreux romans allaient être adaptés au cinéma : Belle de jour, La Passante du Sans-Souci, L‘Armée des ombres, le Lion. Ce fut ensuite le cas de son roman Les Cavaliers, publié en 1967, considéré par certains comme son chef d'oeuvre, et qui fut porté à l'écran par John Frankenheimer, avec Omar Sharif et Jack Palance.

Joseph Kessel était depuis longtemps fasciné par l'Afghanistan, par ses paysages et ses coutumes ancestrales, parmi lesquelles le Bouzkachi, un jeu violent pratiqué par des cavaliers – les Tchopendoz –, qui s'arrachent par tous les moyens un trophée constitué par la dépouille d'un bouc décapité. le roman est l'aboutissement d'un travail que Kessel avait engagé dix ans plus tôt, par le tournage sur place d'un film documentaire, en association avec son ami Pierre Schoendoerffer, et le récit de l'aventure sous forme d'un reportage.

La pratique du bouzkachi est au coeur du roman. le vieux Toursène a été autrefois un tchopendoz invincible. En dépit des années, son prestige dans la province est resté intact. On s'attend à ce que son fils Ouroz lui succède dans la légende, mais en a-t-il les aptitudes ? L'occasion se présente. Un grand bouzkachi est prévu à Kaboul pour l'anniversaire du roi. Un enjeu important pour le père et pour le fils, mais ont-ils une vision lucide et sincère de cet enjeu ? Dans ses attributions actuelles au sein de vastes écuries privées, Toursène a pu élever et préparer pour Ouroz un étalon aux qualités exceptionnelles de combattant, un « cheval fou » répondant au nom de Jehol.

Ouroz est vaincu et évacué du terrain la jambe brisée. Se sentant humilié, incapable d'assumer sa défaite, il refuse de faire soigner sa fracture. Faisant corps avec sa monture malgré sa blessure, il entreprend au travers du pays un voyage qu'il voudrait rédempteur. Il est accompagné par le fidèle Mekkhi, un palefrenier attaché à Jehol, mais dont la soumission au tchopendoz pourrait être ébranlée lors du périple… histoire de femme, histoire d'argent, histoire de femme et d'argent.

L'occasion pour l'auteur de nous faire visiter l'Afghanistan traditionnel, celui d'avant l'intervention soviétique, la guerre civile, la prise du pouvoir par les Talibans, tous les tristes événements auxquels nous assistons de loin depuis quarante ans et que Joseph Kessel n'aura pas connus. En témoigne l'étape d'Ouroz, de Mekkhi et de Jehol à Bamiyan, où les statues colossales de Bouddha n'ont pas encore été dynamitées par les plus abrutis des fanatiques islamistes.

Dans cet Afghanistan coupé en deux par l'Hindou Kouch, une chaîne montagneuse qui compte de nombreux sommets à plus de six mille mètres, les paysages sont exceptionnels, grandioses. Mais sans dénier la faconde de l'auteur et la profusion de son vocabulaire, les mots sont-ils assez forts pour éveiller notre imagination, alors que l'accès à l'image n'a aujourd'hui plus de limites ?

Restent les traditions, la culture locale, si l'on peut appeler cela de la culture… La violence du bouzkachi, celle des combats de chameaux et de béliers, racontées avec force détails « comme en direct », ne m'ont rien inspiré de positif, pas plus que le culte de l'honneur patriarcal ou les obsessions aussi primaires que primitives de Toursène et d'Ouroz. Invisibilité de la femme, exclue de toute vie sociale, mépris des castes inférieures, jugées serviles et vénales, croyance en la force obscure de démons mystérieux. Resterait au crédit de ces hommes qui se prennent pour des seigneurs l'indifférence au malheur et à la douleur qui leur sert de courage.

On aura compris qu'à l'inverse de la plupart des lectrices et des lecteurs de Joseph Kessel, je n'ai pas été conquis par ce récit d'aventures aux allures de conte exotique, dont les six cents pages m'ont paru interminables.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Waouh quel roman ! Après avoir été émerveillée par le lion du même auteur, j'ai croisé au hasard de mes pérégrinations livresques, Les cavaliers. Sans aucune hésitation je l'ai emporté chez moi, bien déterminée à faire un voyage fantastique sur le dos de Jehol.
Ce fut plus qu'un voyage, une aventure, une épopée. Quel talent ce monsieur Kessel ! Un don de conteur inouï, seul un aventurier ayant trempé son âme dans les steppes peut décrire aussi finement le voyage d'Ouroz.
J'ai parfois eu du mal avec la brutalité de l'homme, remis dans le contexte disons qu'on peut faire abstraction de cette cruauté.

Lire Kessel, c'est pousser les portes d'un royaume dont on a bien du mal à s'échapper, prisonnier d'une plume tellement incomparable qu'on ne retrouvera jamais plus dans nos romans actuels qui me semblent tellement fades, pauvres et légers en comparaison. Lire Kessel, c'est courir le danger de ne plus apprécier autre chose qu'une certaine littérature qui faisait son peson d'or.
Alors je vais partir à la recherche d'autres titres, chez ce petit bouquiniste qui m'a laissé le droit de farfouiller dans son stock fermé au public. C'est là-haut dans son "grenier" que j'ai croisé le regard du cavalier, comme s'il m'attendait pour une chevauchée fantastique. Des chemins sont tracés quelque part où se croisent lecteurs et auteurs, des rencontres heureuses parfois sans grand intérêt et des rencontres inoubliables ! Ce fut le cas ici. Et j'aimerais vous aussi, si peu que vous appréciez une certaine qualité d'écriture, si peu que vous aimiez l'aventure, et que vous avez la soif de connaitre d'autres horizons, alors mettez le pied à l'étrier, hissez vous sur le dos de Jehol, vous ne le regretterez certainement pas. C'est de la littérature, pure et vraie, loin des pacotilles actuelles, une lecture d'un autre temps, celle d'un écrivain, un vrai, pas un gratte papier à demi-tarif, un livre qui à chaque page vous émerveille tellement que vous retardez le moment fatidique de tourner la dernière page.
Je ne peux que remercier le destin de m'avoir mis sur sa route un grand merci à Monsieur Kessel de nous offrir autant de plaisir de lire.
Un chef d'oeuvre sans contexte !
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