Enfin fini ! Enfin ? Est-ce une façon de commencer la critique d'un livre qu'on a plutôt bien aimé ? Je n'en suis pas certaine mais c'est exactement ce que je me suis dis en terminant ce pavé sur une ultime 740ème page.
Le livre est long, très long, trop long ; c'est littéralement un roman fleuve et je pense que c'est là son principal inconvénient. On s'attend à de l'action, tout de suite, tout le temps, mais, si ce n'est lors du deuxième plongeon en 1958 - le "test" - l'adrénaline ne monte pas et tourner la page compulsivement ne m'est jamais arrivé. le livre souffre en effet de nombreux passages peu utiles ou dont on ne comprend l'utilité que bien plus tard, au moment où on les a déjà oubliés. Et l'histoire d'amour, certes nécessaire pour donner du piment à la vie de Georges/Jack, est d'une platitude telle qu'elle m'a laissé indifférente.
Je pense toutefois que mon avis mitigé sur ces points (notamment, la longueur) vient en partie du fait que j'ai lu le livre en version originale et dans un moment de rush au travail : une combinaison qui m'a empêché d'y plonger aussi sûrement et profondément que Jack se jette tête la première dans cette entreprise folle, celle de sauver JFK.
Et quelle idée ! Quelle bonne idée que celle de jouer sur le spatio-temporel, et d'amener son lecteur à se demander ce qu'il ferait, lui, s'il pouvait atterrir demain, comme ça, en 1958 ? N'aurait-il pas envie de retrouver immédiatement son ordinateur, son téléphone portable, son cinéma aux couleurs chatoyantes et cet Internet qu'on aime tant, mais qui peut s'avérer si dangereux ? Aurait-il dans l'idée d'aller visiter un pays désormais en guerre, pour profiter des lieux avant toute destruction ? Et si, comme à Jack, un ami lui soufflait d'aller sauver Kennedy, pour éviter tous ces morts au Vietnam : le ferait-il ?
Dans la mise en application de cette idée, j'ai trouvé à King une imagination foisonnante. J'ai aimé ce passé qui se battait contre les changements, ces harmonisations étranges qui m'ont parfois laissé perplexe et perdue face à ces noms de personnes qui revenaient si souvent, ces mystères autour du Yellow/Orange/Green/Black Card Man. Cette idée du bon changement qui entrainerait un mauvais évènement comme en boomerang, surtout.
J'ai apprécié de me retrouver dans ces Etats-Unis des années 60, en pleine guerre froide, parmi ces gens effrayés à l'idée de mourir d'un jour à l'autre sous une bombe atomique larguée par l'URSS. J'ai aimé l'optimisme de Jack, au départ, cet optimisme qui s'édulcorera au moins un peu, par la suite, avec le constat du racisme ouvertement affiché contre ces "nègres", encore allègrement désigné ainsi, par ce mot qui me donne la nausée, ici, maintenant, en 2015.
J'aurais pourtant imaginé une fin différente, une fin où la Terre aurait causé moins de désastres dans ce futur que Jack retrouve après cinq années de vie dans le passé ; une fin où les Hommes auraient été les principaux responsables du chaos dans lequel il atterrit, si brutalement et après tant d'efforts et de pertes pour accomplir sa périlleuse mission.
Quoiqu'il en soit, pour une première rencontre avec
Stephen King, j'en ressors plutôt satisfaite, bien que nullement conquise. Un second essai à venir, avec le Dôme, peut-être ? A voir !
(9/26, challenge ABC 2014 - 2015 - lettre K)
(1/52, challenge Variétés 2015 - dans la catégorie "Un livre dont le titre contient un nombre")