En ce moment la lecture et moi nous sommes fâchés, alors je restaure quelques vieux avis pour entretenir cette petite envie d'écrire quelques lignes de n'importe quoi… En fait ça doit faire depuis le mois d'avril que je lis un bouquin, pas très épais, pas compliqué, mais impossible de m'y coller sereinement, ça gamberge trop dans le cerveau du haut, le cerveau du bas étant en négociation permanente avec une libido en berne, et souvent il me murmure des choses à demi molle :
- Allez Hugo, va chercher le rouleau de sopalin dans le placard, juste là bas….
- Non je ne suis pas d'humeur ce soir
- Allez quoi tu ne voudrais pas que je fasse la moue ?
- Pour ce que j'en ai à branler
- Allez quoi prêtes y moi une main va, pense à rien, j'ai les jumelles bien remplies, ça va pas être long du tout tu vas voir, j'ai de la chaudasse en réserve…
A la télé, c'est le néant, les énarques qui se gangrènent le bon sens me fascinent par leur connerie, par cette ambition débordante de bouffonnerie, prêts à tout pour accéder au Graal du pouvoir, quitte à se bouffer la gueule les uns les autres, chacun ayant trouvé la solution miracle à tous les problèmes de notre pays t'apportant sur un plateau leur manque de lucidité, de bon sens, surfant sur la vague du racisme, de l'identité nationale et autres grosses saloperies populaires qui fait bander nos campagnes et les gros teubés à la culture néantique, se branlant au sophisme des ambitieux … Et ce n'est pas fini, on va en bouffer jusqu'à plus soif et jusqu'en avril… Ah le fanatisme est vraiment curieux…
Il y a quand même quelques séries qui déchirent, quelques scénarios bien chiadés, quelques acteurs qui font le job, histoire de s'occuper la nuit comme on peut, car l'automne se dessine, l'hiver s'esquisse, et le soleil se fait plus frileux… Fait chier j'aime bien l'été, les mini jupes, les jambes aérées, les pieds nus, les débardeurs qui épousent les formes délicieuses de ces femmes qui se promènent dans les rues, les cheveux au vent, oui je regarde tout le temps, c'est discret, je n'insiste pas, je baisse les yeux, mais j'adore ça…
Donc il faut savoir faire son deuil, l'été s'en va, tu ranges le ventilo, tu ressors la couverture ou tu te loves le soir venu, enfin moi pas, j'ai toujours chaud putain, et tu attends noël, l'ambiance festive, tu veux remplir la naïveté de ta gosse d'illusions infantiles, de sourires, de rires et de joie de vivre…
Je me souviens de cette sage femme qui nous disait, un couple sur deux se sépare dans les 5 ans après l'arrivée de ce bonheur au combien déroutant, à l'époque dans l'euphorie d'une grossesse, amoureux de ce bidon qui s'arrondi au fil des mois, tu te crois différents, invincibles, mais la réalité s'acharne de cruauté, t'apportant son petit lot d'emmerdes futiles qui t'aspirent dans une crise existentielle ou il te faut savoir donner du sens à l'incompréhension…
Et ce petit bout d'amour plein d'énergie qui t'épuise l'égoïsme d'antan, celui pour qui l'altruisme prend tout son sens, cette petite chose qui le soir venu, allongée dans lit d'enfant, vous prend dans ses bras, collant son visage au votre en vous murmurant à l'oreille :
« Je t'aime papa, je t'aime fort»
Elle vous voit rire, alors elle rit aussi, puis se tourne sur le côté, la tête calé dans ses petites mains de gosse, pour s'endormir vers un lendemain plus joyeux.
Du coup affalé sur le canapé, tu te laisses bercer, les bouquins attendent bien sagement leur heure, que tu te décides à reprendre de l'envie, t'as pris quelques feuilles de sopalins au cas ou tu serais dans une ambiance lubrique, et tu laisses aller au sommeil qui s'en vient t'affaisser les paupières d'une sérénité méritée…
Pour le bouquin : lu rapidement, j'avais bien accroché à l'époque peut-être moins à mon âge...Mais je crois que cet auteur n'a plus rien à prouver ?
A plus les copains
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Il y eut soudain un bruit étrange, une sorte de craquement bas, comme la stridulation d'une sauterelle géante. Jonesy sentit ses cheveux se hérisser sur sa nuque, et il pensa tout d'abord qu'une bestiole devait être tombée dans le conduit de la cheminée. Puis il comprit que c'était McCarthy. Jonesy avait entendu des pets retentissants au cours de sa vie, des pets qui n'en finissaient pas, également, mais jamais rien de pareil. Il paraissait s'être prolongé pendant une éternité, même si, en réalité, il n'avait pas duré plus de quelques secondes. Puis il y eut l'odeur.
McCarthy avait pris sa cuillère;il la laissa retomber dans sa soupe à peine entamée et leva sa main jusqu'à sa joue mal en point, un geste de gêne presque féminin.
"Oh, bon sang, je suis désolé...
- Il faut pas, il faut pas, y a plus de place dehors que dedans", répliqua Beaver.
Mais c'était la force de l'habitude qui le faisait parler, l'habitude de toute une vie, et Jonesy vit bien que son ami était suffoqué par l'odeur qu'il l'était lui même. Ce n'était pas le remugle sulfureux d’œufs pourris qui faisait rire, rouler des yeux et agiter une main faussement scandalisée devant son visage, ou qui vous faisait vous exclamer : Qui vient de sortir le fromage ? Ni non plus l'un de ces pets qui évoquent le méthane et les relents des marécages. Mais l'odeur que Jonesy avait détectée dans l'haleine de McCarthy - sauf qu'elle était plus forte : un mélange d'éther et de bananes pourries, évoquant le liquide explosif que l'on met dans son carburateur les matins où il fait frisquet.
"Oh, mon Dieu c'est abominable, dit McCarthy. Je suis absolument désolé.
- ça va aller, ça va aller", réussit à dire Jonesy.
Portant son estomac s'était contracté,roulé en boule comme s'il se protégeait d'une éventuelle agression. Il comprit qu'il ne finirait jamais son repas ; qu'il ne pourrait même pas en avaler une bouchée de plus. Il n'était pas particulièrement bégueule, question pets, mais celui ci puait vraiment le diable.
Le Beav se leva et alla ouvrir une fenêtre, laissant entrer un tourbillon de neige, mais aussi un courant d'air merveilleusement frais.
"Ne vous en faites pas pour ça, mon vieux... faut dire qu'il était sacrément gratiné, celui là. Qu'est ce que vous avez bien pu bouffer, dans les bois ? Des crottes d'écureuil ?
"Des feuilles, des mousses et d'autres trucs, je ne me rappelle pas quoi.. j'avais tellement faim, vous comprenez, il fallait que je mange quelque chose, mais je n'y connais pas grand chose là dedans, j'ai jamais lu les bouquins de Gibbons... sans compter qu'il faisait noir."
Il fit cette dernière remarque comme s'il avait été pris d'une inspiration soudaine et Jonesy jeta un coup d’œil à Beaver pour voir s'il avit compris la même chose que lui : que McCarthy mentait. McCarthy n'avait aucune idée de ce qu'il avait mangé dans les bois, ni même s'il avait mangé quelque chose. Il tenait simplement à expliquer ce coassement aussi effrayant qu'inattendu - et la puanteur qui l'avait suivi.
Albin michel - pages 76-77
Deux des petites joies secrètes de la vie en forêt étaient d'uriner quand on en avait envie et de se moucher dès qu'on en éprouvait le besoin : il suffisait pour cela de se pencher en avant et de souffler par une narine, puis par l'autre. On retirait une satisfaction d'ordre primitif à laisser voler la pisse comme la morve... du moins, quand on était un homme. Quand on y pensait un peu, il y avait même de quoi s'émerveiller que les femmes arrivent tout de même à aimer les meilleurs d'entre nous, pour ne pas parler des autres.
//----Dédicace : ----//
Pour Susan Moldow et Nan Graham
//---- Titre original : Dreamcatcher ----//
//---- Structure et citations d'ouverture ----//
-- [Et tout d'abord, les manchettes] –
-- [AJMM] –
-- [Première partie : CANCER] --
« Ce tremblement me stabilise. J'aurais dû m'en douter.
Ce qui se détache est toujours... proche, aussi.
Je m'éveille au sommeil en prenant tout mon temps.
J'apprends en allant où je dois aller.
Théodore Roethke
-- [Deuxième partie : LES GRISÂTRES] --
« Un fantôme surgit de l'inconscient
Et heurte à ma fenêtre, gémissant qu'il veut renaître !
La silhouette en mon dos n'est pas amicale ;
La main sur mon épaule se fait corne. »
Théodore Roethke
-- [Troisième partie : QUABBIN] --
« Alors que je montais l'escalier
Je croisais un homme qui n'était pas là ;
Encore aujourd'hui, il n'était pas là !
J'aurais aimé, aimé qu'il ne vint jamais. »
Hughes Mearns
-- [Epilogue : LE JOUR DE LA FÊTE DU TRAVAIL] --
« L'univers, c'est une belle saloperie. »
Norman MacLean
Son corps n'a-t-il pas continué à mener une guerre invisible contre toutes les agressions imaginables, du rhume de cerveau au cancer et au byrus lui-même? Soit le corps est stupide, soit il est d'une immense sagesse, mais dans un cas comme dans l'autre, la terrible sorcellerie de la pensée lui est épargnée; il ne sait qu'une chose, tenir tête sans reculer d'un pas, lutter jusqu'à épuisement de ses forces.
« Tu ne le sens pas ? »
Si, Jonesy le sentait, en dépit de l’air frais qui entrait par la porte de la cuisine. Éther ou alcool éthylique, oui, on reconnaissait encore ça, mais c’était mélangé à autre chose.
Des matières fécales pour commencer, indiscutablement. Une odeur fade qui faisait penser à du sang. Et quelque chose d’autre, quelque chose comme du grisou qui serait resté prisonnier sous terre pendant un million d’années avant d’être libéré.
Rien à voir, autrement dit, avec les pets qui faisaient pouffer de rire des gosses partis camper en bande. Des effluves plus opulents et beaucoup plus immondes.
C’était faute de mieux qu’on pensait à les comparer à des pets ; rien ne s’en approchait.
Tout au fond, pensa Jonesy, c’était l’odeur de quelque chose de gangrené en train de crever misérablement.
« Holly » de Stephen King, traduit par Jean Esch, lu par Colette Sodoyez l Livre audio