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4,34

sur 1270 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh
ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.
Je répète pour les mal-lunés : Sssshhhshhhiiiifffff Ssssffff Shhhiiiiffffiiiiissshhh
ffffssshhh ffiifffffssshhhshhh sshhhh.

J'espère que vous avez compris.
Sinon, on est foutu.
...
On est foutu.
Faisons alors le moins de mal possible.
Car tout s'effondrera tôt ou tard. Les mondes s'effondrent, les civilisations, les cultures, les langues, les pays, tout s'effondre. Ce n'est pas grave. C'est comme ça.
Alors, on danse disait un Belge à peu près la même année que Kiviräkh dans ce livre. Alors, pour ce que ça vaut, faisons le moins de dégâts possibles autour de soi.

J'aimerais dire que ce livre est un joli livre, amusant, bien pensé, bien construit, mais il est terrible à sa façon. Ou il est terrible par ce côté douce naïveté dans la violence dont il est rempli.

Sssshhhhuuut. Et les serpents s'endorment. Et les loups s'endorment. Et les villageois s'endorment. Et le monde s'endort. Doucement.


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Pour un lecteur français, L'homme qui savait la langue des serpents garde très certainement une partie de ses secrets. Manque de connaissance sur l'histoire et la culture estonienne, ce qui est sûrement un tord car pour produite un tel roman, elle a de beaux jours devant elle.
Ce livre est en effet une découverte à faire, que vous soyez simple curieux ou plus intéressé par les sujets, qu'il aborde, de l'inéluctabilité de l'histoire à la bêtise humaine. Surtout la bêtise humaine, sur laquelle Andrus Kivirähk déploie un humour féroce, qui n'en pas moins quelque peu désespéré. Car la vie n'a rien de folichonne pour notre narrateur: depuis plusieurs dizaines d'années, les Estoniens désertent les forêts pour se lancer dans le mode de vie des nouveaux arrivants allemands, ces chevaliers qu'ils admirent tant, et lui-même sera bientôt le dernier à vivre au fond des bois et plus encore, le dernier à savoir la langue des serpents qui permet de communiquer avec tous les animaux et de s'en faire obéir.
A part les hérissons, apparemment complètement bouchés.

Dis comme cela,L'homme qui savait la langue des serpents semble tragique et il y a quelque chose effectivement dans cette trame, mais la langue, l'humour, l'imagination, savent rendre cela plaisant pour le lecteur, au lieu de simplement déprimant.
C'est une satire et comme souvent dans ce genre de cas,certains personnages sont des stéréotypes, à qui pour atteindre son but, l'auteur offre finalement peu de finesse, mais cela vaut pour les deux camps, les pro-modernité, qui sont prêts à n'importe quoi pour une religion à laquelle ils ne comprennent en fait rien du tout, et les pro-passé-glorieux, qui sont prêts au pires exactions pour ressusciter ce qu'ils estiment être la grandeur de l'Estonie et leur ancienne civilisation....dont à vrai dire ils ne se souviennent pas vraiment.
Signalons la bonne idée de l'éditeur qui a inclus dans la traduction française une indispensable postface pour aider le lecteur à saisir quelques subtilités estoniennes qui lui étaient passés largement au dessus de la tête.

Un roman étonnant qui vaut de lui donner sa chance!
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Au milieu de l'Estonie moyenâgeuse, Leemet, un des derniers habitants des bois n'ayant pas encore émigré vers les modernités du village (où le rêve des jeunes gens est de devenir castra et celui des jeunes filles de se faire violer par un chevalier teuton), en a marre de manger les steaks d'élan et de chevreuil que lui prépare sa maman.

Il y a aussi son ami(e) serpent dont le langage universel est compris par tous les animaux, les loups qui donnent le lait, deux gentils anthropopithèques naturistes et leur poux géant, un pseudo druide à moitié fou et un pasteur qui ne l'est pas moins, des ours joli-coeur, la flagellation des femmes espionnées au clair de lune... un grand-père cul-de-jatte se construisant des ailes en os de teutons, la copine des bois et celle du village....

Comment imaginer une fin moins noire à cet univers de violence, d'assouvissement de besoins primaires?

Dans cette ode à l'athéisme assez trash, Kivirähk insère subtilement quelques belles pensées philosophiques...

« Est-ce que tu vas arriver à te mettre à table, Nounours ? » demanda Salme en caressant tendrement la tête de son époux.
« Je peux aller jusque-là », répondit héroïquement le plantigrade, « mais pas question de m'asseoir. Laisse, mangez donc, vous, moi je reste couché. »
« Il n'en est pas question ! » s'écria maman. « Il faut que tu manges pour guérir. On va t'apporter ta viande au lit et rapprocher la table pour que tu ne te sentes pas seul. Leemet, Salme, tirez la table vers le lit, aujourd'hui on mange là-bas. »
.....
« Oui, chéri. Dis-moi, est-ce que je peux prendre cette oreille ? Je la ferai sécher au soleil comme une grenouille crevée et puis je m'en ferai un joli collier. Ça te plairait que ta femme porte ce genre de bijou ? »
.....
Trouve donc du vin, mon gars, ça met en joie ! Ou alors tu penses à des amanites tue-mouche ? J'ai essayé les deux, et pas mal de fois – et crois-moi, le vin c'est meilleur !
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« L'homme qui savait la langue des serpents » raconte l'histoire de Leemet.
Vivant dans une forêt estonienne à une époque médiévale imaginaire, il se nourrit principalement des animaux de la forêt et est un des derniers à maîtriser la langue des serpents. Ce savoir très utile lui permet de contrôler les animaux ou de communiquer avec eux et plus particulièrement avec les serpents dont il est l'ami.
Beaucoup d'habitants ont en effet quitté la forêt pour s'installer dans des villages, sont devenus agriculteurs et se sont tournés vers la religion.
Dans cette époque en perte de traditions, le sens commun se perd également, laissant la place à l'obscurantisme.
Originale, cette fable présente beaucoup de qualités et est truffée de symboles qui font écho à notre époque : perte des traditions et des dialectes, intégrisme …
Non seulement Andrus Kivirähk écrit avec une belle plume mais également avec beaucoup d'humour. Certains passages sont d'ailleurs très drôles.
Malgré ces qualités, la magie ne s'est pas produite. Je n'ai pas connu l'envie irrépressible de tourner les pages pour connaître la suite, probablement parce que je n'ai pas réussi à m'investir réellement dans cette histoire.
Je suis quand même contente d'avoir lu ce roman atypique et le recommande, sachant qu'il a déjà rencontré ses lecteurs et en ravira de nouveaux.
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La littérature estonienne n'est pas assez présente sur nos rayonnages pour que l'on se prive de la lecture de cette petite pépite. Une fable, un conte de l'ancien temps, qui narre l'histoire et les aventures de Pätel, le dernier homme à parler la langue des serpents.
Pourquoi ce don devrait-il disparaître ? Car l'ancien monde féerique, magique, en équilibre avec la nature et ses habitants, subit les coups de massue de la « modernité », représentée ici par la religion catholique et son corollaire, la société de consommation.
Pätel et les siens, derniers village d'irréductibles Estoniens, vont tenter le baroud d'honneur pour survivre selon leurs croyances, tandis que comme une lèpre, les idées et religions modernes avancent inexorablement.
Andrus Kivirähk raconte avec poésie, humour et tendresse cette lutte finale, perdue d'avance, entre l'ancien et le moderne.
Les images sont chatoyantes et les personnages (humains ou animaux) sont attendrissants ou détestables et l'on se prend à rêver de cette forêt qui n'existe pas (plus).
L'auteur nous fait entrevoir à travers ce titre toute la richesse de la littérature estonienne, ses bases féeriques qui, au même titre que la littérature polonaise ou irlandaise, à des comptes à régler avec l'église catholique…
La nouveauté est souvent synonyme de progrès, mais pas toujours…
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J'ai beaucoup aimé cette fable.
Nous voilà plongé en plein merveilleux, en un temps où les Estoniens vivaient en communion avec la nature: les hommes des bois communiquaient avec les animaux, les filles épousaient des ours etc. jusqu'à l'arrivée des chevaliers Teutoniques. Désormais, c'est Jésus l'idole des jeunes, qui veulent tous entrer au couvent ou devenir castrats.
Kivirähk nous raconte la fin d'un monde, du point de vue du "dernier des Mohicans" ou des "vrais" Estoniens. Ce livre donne beaucoup à réfléchir car il est transposable à beaucoup de situations: les hommes oublient leur passé, leur culture car celle qui vient de l'étranger est extrêmement séduisante. Outre le merveilleux que j'ai vraiment beaucoup aimé car je ne connais pas grand-chose aux mythes estoniens, j'ai bien aimé assister à ce changement de civilisation et aux vaines résistances qu'il engendre. C'est un thème universel auquel sont particulièrement confrontés les pays baltes: la présence russe y est encore extrêmement présente alors que ces pays se tournent volontairement vers l'Union Européenne sans oublier le soft power américain.
L'ensemble est très agréable à lire, aucun moment d'ennui : je le recommande.

Challenge ABC 2020/2021
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Les légendes estoniennes revisitées chantent, avec l'imagination débordante d'humour d'Andrus Kivirähk, l'arrivée de la modernité dans une Estonie médiévale. Les hommes quittent la forêt emplie d'animaux fabuleux pour les champs abandonnant leur relation avec la nature pour travailler dans un monde organisé.

La magie du verbe d'Estonie et la critique acerbe de notre monde moderne font un mariage détonnant pour le plus grand plaisir de tous.

Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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J'avais reçu ce gros livre il y a quelques années pour Noël, mais son épaisseur me rebutait un peu 😉 ! Je me suis enfin mis à le lire en profitant de quelques jours de vacances... et j'en suis venu à bout !
Andurs Kivirähk crée toute une mythologie médiévale pour sa patrie estonienne (à peine plus grande que la mienne). Il se base certes sur un événement historique, la colonisation, puis la christianisation du pays par les Chevaliers Porte-Glaive, mais pour le reste il laisse libre cours à sa fantaisie, égratignant parfois au passage des coutumes de ses compatriotes. Son inventivité est foisonnante, et j'ai parfois eu du mal à le suivre
Autrefois, les Estoniens vivaient dans les forêts et parlaient la langue des serpents, ce qui leur permettait de se faire comprendre de tous les animaux sauvages. Ils pouvaient ainsi domestiquer des louves pour leur lait, tuer facilement des chevreuils pour les manger ou même avoir des relations sexuelles avec des ours.
Le narrateur, Leemet, est l'un des derniers Estoniens à vivre selon les coutumes originelles avec sa famille. Peu à peu, il voit ses amis quitter la forêt, mais lui il veut résister et combattre.
Sa lutte prend tour à tour diverses formes : résistance passive en essayant de garder les traditions ancestrales, batailles violentes contre les chevaliers avec l'aide de son grand-père,  collaboration avec l'ennemi tout en rusant pour apprendre la langue des serpents à un enfant. Il doit aussi se battre contre les intégristes de sa tradition qui tiennent sa famille responsable de tous leurs malheurs.
Chaque fois que la situation semble s'améliorer, Leemet a un autre malheur et finalement il se retrouve tout seul. Nous savions dès le début que son combat était perdu, mais il a trouvé la paix avec la Salamandre , cette créature qui aurait pu sauver son peuple.
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Une lecture extrêmement surprenante

Si vous avez envie d'une lecture un peu hors du commun, voici un livre qui devrait vous plaire.

Ce roman est un mélange assez unique de réalisme magique, de conte folklorique, de récit initiatique, de fable et de pamphlet.
L'écriture aussi est assez inclassable, tantôt poétique, ironique ou très crue et réaliste.

Leemet, le personnage principal, oscille à la lisière entre deux mondes. le monde ancien, celui de la forêt, des ours et des serpents. Et le monde nouveau, celui du village, des hommes de fer venus d'ailleurs et de la modernité.

Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est sa manière de traiter un sujet traditionnellement plutôt manichéen (cette lutte entre traditions d'un côté et progrès de l'autre) de manière complexe et nuancée.
Chacune des deux cultures a justement sa propre culture. Tandis qu'au village on laboure les champs pour cuire du pain, les habitants de la forêt élèvent des louves dont ils traient le lait. Chacun a ses propres dieux et systèmes de croyance, ses apprentissages, ses légendes. Il n'y a donc pas de lutte entre la nature d'un côté et la culture de l'autre.

Pas non plus de mythe du bon sauvage. Les habitants de la forêt ne sont ni sauvages, ni meilleurs que ceux du village. Et s'ils cohabitent avec le règne animal, ils pratiquent aussi l'élevage, mangent de la viande d'élan et savent manipuler les animaux grâce à la langue des serpents.

A travers le personnage de Leemet, l'auteur porte un regard critique sur les croyances religieuses (quelles qu'elles soient), la soumission volontaire introduite par le système féodal et l'Eglise et la course au progrès.
Sous ses yeux incrédules, on assiste à l'effondrement d'une civilisation au profit d'une autre, avec tous les deuils que cela implique.

C'est un récit parfois violent, et j'avoue que j'ai eu du mal à avancer dans la deuxième partie du récit car je ne m'attendais pas à un récit si cru.

Enfin, je ne peux m'empêcher de souligner le (gros) bémol qui m'a empêché de profiter pleinement de cet ouvrage : la pauvreté des personnages féminins. Leurs réactions sont assez caricaturales, voire parfois incompréhensibles . Leur psychologie est peu ou pas travaillée. Leur rôle est secondaire : elles font à manger, tombent enceintes d'un futur chevalier, ou assistent le héros dans sa quête.

En définitive, c'est une lecture addictive, drôle et foisonnante. Je regrette cependant que les personnages féminins n'aient pas plus de profondeur !
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Vous voulez partir en Estonie dans un mythe fondateur entre tradition et modernité ? Embarqué au côté de Leemet, le dernier homme du pays à parler la langue des serpents, le dernier à vivre selon la tradition, avant l'arrivée des Hommes de fer, les chevaliers allemands.
C'est une grande saga à la façon des sagas nordiques, qui cristallise l'acceptation ou le refus d'une vie moderne (au village, à cultiver le blé et manger du pain), contre la vie dans la nature où l'Homme, la forêt et les animaux vivent en symbiose. La jeunesse est la génération de transition. Quelque que soit le choix qui a été fait, le destin pèse sur les épaules des personnages.
Et une fois qu'on s'est fait une idée du roman en le lisant, il est intéressant de lire la postface du traducteur, Jean Pierre Minaudier, intitulée ‘'Le pamphlet sous la table'' qui explique le contexte de rédaction rattaché à l'histoire du pays. C'est une réflexion que je trouve intéressante, mais que je ne vais pas analyser, ne connaissant pas l'histoire de l'Estonie.
Une lecture agréable, un peu déconcertante au début, il faut juste accepter de se laisser porter par ce monde de légende, en laissant de côté notre esprit rationnel.
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