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sur 1269 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le Livre du Mois de Décembre 2023
A cette époque, en Estonie, quelques rares personnes connaissent encore la langue des serpents, elles vivent dans la forêt et refusent d'aller habiter au village. Village où les humains sédentaires cultivent la terre, fabriquent et utilisent des outils, se nourrissent de pain et croient en Dieu tout puissant. Ils ont oublié toutes leurs traditions, toutes leurs croyances ancestrales et la langue des serpents.
Parmi les quelques rares familles attachées à la forêt, le jeune Leemet seul fervent apprenti du langage des serpents, ami ce ceux-ci, s'interrogent : rester en forêt ou partir au village ?
Belle réflexion sur le progrès : est-ce un bien ou un mal ? Qui a raison, qui a tort ? Celui qui s'accroche aux traditions ou celui qui se tourne vers la modernité.
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« L'homme qui savait la langue des serpents » est un roman estonien. C'est déjà une curiosité en soit. L'Estonie, son histoire et ses légendes, sont justement au centre de cette intrigue qui plonge le spectateur en dans cette région balte en plein Moyen-Age fantasmagorique. Andrus Livirähk place en effet son histoire à la croisée de deux époques dont la transition se fait par les invasions de guerriers germaniques et la conversion de la population au christianisme.


Dans ce roman, on suit Leemet, jeune païen, dernier gardien (ou presque) d'une tradition et d'une culture passées sombrant dans l'oubli face à l'expansion d'une culture étrangère, gemanique et chrétienne. Si l'auteur penche vers une forme de nostalgie teintée de mélancolie liée à une disparition de repères et une acculturation forcée, il conserve des nuances dans son propos et en profite pour égratigner les extrémistes de tous bords. le fait que l'on peut transposer les problématiques de ce roman à l'Estonie contemporaine et plus largement à toutes nations rend « L'homme qui savait la langue des serpents » politiquement engagé. Ça le rend d'autant plus passionnant. L'histoire en elle-même n'est pas en reste. On est captivé par les aventures de Leemet, par tout ce folklore et cette magie qui imbibent les pages du livre et par cette ambiance sombre, quasi-eschatologique, qui s'en dégage.



« L'homme qui savait la langue des serpents » m'a séduit par sa richesse, son originalité, les réflexions soulevées, etc... Bref, une très bonne surprise.
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Avec un langage très imagé et grandement expressif, l'auteur dépeint les avantages et les côtés grotesques des modes de vie de l'Homme depuis son côté le plus primitif jusqu'à son entrée dans le monde des "grands". Il y a un côté très sauvage, très innocent et très juste dans le regard du protagoniste, et on se plait à déambuler dans un paysage presque enchanté, dénué de contraintes. Et surtout, il est rassurant de se savoir protégé par la langue des serpents, avec laquelle il est possible de communiquer avec les animaux. Mais même eux finissent par ne plus en connaître les subtilités... La nature aussi change, tout comme l'Homme. Et heureusement, car sans évolution, nous ne serions pas en train de lire de si bons livres...

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Découverte pour moi avec ce livre de la littérature de l'Estonie, pays que j'avais déjà du mal à situer géographiquement. Je savais bien qu'il était là haut quelque part dans le nord mais où exactement... J'avais déjà quand même un petit avant goût de L'Estonie avec le livre Purge de Sofi Oksanen mais là ce n'est pas tout à fait la même chose.
Cet ouvrage délivre des idées universelles et qui peuvent se transposer dans n'importe quel pays. Ainsi l'exode des personnes de la forêt vers le village m'a fait penser à la France et c'est la même chose qui s'est passé concernant l'exode rural vers les villes et l'aire de l'industrialisation. A chaque fois ce sont les mêmes craintes, les mêmes peurs qui sont véhiculés et les mêmes rejets qui surgissent contre l'ancien monde. Ce dernier devient brutalement archaïque, totalement désuet, rejeté avec violence car considéré comme un obstacle à la modernité ou du moins à un monde meilleur. il évoque aussi que les hommes ont besoin de se référer à une instance pour les guider. Au village c'est la religion qui prend le pouvoir, les moines eux savent, dans la forêt il existe les sages donc au final quelque soit le lieu ou l'époque le peuple sent le besoin d'être guidés par ceux qui savent. Nous sommes d'ailleurs rattrapés par l'actualité avec ce qui se passent au nom d'Allah et les camps de djihadistes qui se créent un peu partout. Les mythes sont aussi évoqués notamment celui du serpent qui véhicule tant de choses. La liste se rallonge avec celui de l'homme qui depuis Icare veut vole comme un oiseau, celui de l'ours qui séduit les jeunes filles, celui de l'homme qui peut parler aux animaux etc.
Cet ouvrage est une mine de réflexion si notre esprit va au delà de l'histoire qui est comptée car il nous transpose dans tous les lieux, toutes les époques et il acquiert une dimension universelle.
Ouvrage que je recommande mais qui selon moi nécessite une 2ème lecture tant il est riche et dense et je pense que je n'ai pas pu saisir toutes ses trésors enfouies au milieu d'une narration très dense.
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Fantastique, drôle et imaginatif, ce roman innove et a de nombreux charmes. le narrateur et personnage principal a vécu en forêt, dans un peuple en crise, même en voie de disparition. Il a une personnalité que je trouve intéressante : il est modeste et sympathique tout en ayant beaucoup de personnalité, car il ose résister à tous les fanatismes, autant les croyances païennes (génies, utilité des sacrifices, etc.) que le christianisme outrancier qui se propage.

J'ai admiré le travail du traducteur sans lequel la richesse du texte, la finesse d'expression et l'humour auraient pu passer à la trappe. Sa postface est intéressante aussi malgré une longueur qui m'a semblé bien bavarde.

Toutefois, on peut déplorer un petit manque de relecture : prénom Kaajop au lieu de Jaakop les autres fois, accords erronés du participe passé (tu en as vues ?) ou manquants (tout au lieu de toute avant un adjectif féminin commençant par une consonne), conjugaison (il reconnu, sans t)... Au fait, qui doit vérifier l'orthographe, le traducteur ou l'éditeur ?
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L'histoire se passe dans l'Estonie médiévale (l'auteur est estonien) donc je précise un peu (il y a une note avant le roman) : l'Estonie est restée très longtemps "isolée" et n'a été envahie par les allemands qu'au XIIIème siècle, devenant chrétienne. Avant cette période, les historiens considèrent qu'il s'agissait encore de la préhistoire. Les contes et légendes estoniens parlent d'un peuple essentiellement forestier.

C'est dans cette forêt que l'histoire se passe, là où naît un garçon, Leemet. La Croisade est déjà bien avancée et de nombreuses familles ont déjà rejoint le nouveau village, apprenant à travailler aux champs et à garder les troupeaux, heureux de devenir modernes et pressés de rattraper leur retard sur les autres peuples d'Europe. Lui grandit entre cette modernité toute proche, à l'orée de la forêt et les extrémistes de l'Ancien Monde qui ne jurent que par les traditions.

Mais c'est aussi un roman fantastique, les hommes de forêts sachant parler la langue des serpents, qui sont des êtres très intelligents, et commander les animaux ; un monde où vit des animaux grandioses (poisson gigantesque à barbe ou Salamande, sorte de dragon protecteur) ; où les femmes tombent amoureuses des ours... Mais aller dans la modernité, c'est nier toute cette existence, cette puissance, pour n'adorer que Dieu et Jésus-Christ et refuser tout le reste.

C'est une fable moderne qui critique l'Estonie actuelle (mais que l'on peut transposer à toutes les minorités qui se meurent) ; également une tragédie dans le vrai sens du terme car comme c'est narré de manière rétrospective (la fin se trouve au début), on sait tout de suite que malgré les efforts vains du personnage principal, "il n'y a plus personne dans la forêt" (première phrase du livre).

Dès le départ j'ai vraiment accroché. Ca se lit vite et bien et comme on suit toute l'enfance et l'adolescence de Leemet, avec ce côté "monde magique", ça fait lecture pour ado. Après, le dernier tiers est beaucoup plus dur à lire, ce n'est pas un ouvrage pour enfants.

Au début je l'ai trouvé formidable, mais un peu longuet au milieu (le denier tiers / quart se lit à nouveau très vite). J'ai noté précieusement le nom de l'auteur
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J'avoue que je ne vais pas être aussi original que l'a été l'auteur mais tout le monde ne peut pas naître estonien !
Toujours est-il que je me suis laissé entraîner très facilement dans ses élucubrations qui en réalité ont des racines locales... mais tout le monde ne peut pas connaître l'Estonie et son folklore!
Enfin, j'ai apprécié son ironie et cette forme satirique qui peut très facilement être transposée ailleurs que dans les forêts du grand Nord. Son regard sur la société a quelque chose d'universel qui fait que ce roman nous fait voyager sans qu'on ait l'impression d'avoir quitter notre chez nous.
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C'est un livre d'un auteur Estonien, apparemment très connu dans son pays. En tout cas le livre a fait un carton et a le mérite d'avoir été traduit en de nombreuses langues (mais pas celle des serpents malheureusement... et vous saurez pourquoi en lisant le livre ;) ). On se retrouve donc en Estonie, au moyen-âge, quand les germaniques découvrent le pays et y implantent leur nouvelle religion : le Christianisme. L'histoire est centrée sur Leemet, un garçon qui vit dans la foret comme ses ancêtres et qui va être confronté à cette nouvelle culture.
De manière générale, j'ai bien aimé cette lecture même si ce n'est pas un coup de coeur. Grosso modo, le livre tourne autour de l'opposition des anciennes coutumes vis à vis de l'arrivée de nouvelles, le tout abordé sous forme d'épopée abracadabrante. Je trouve que c'est un livre très intelligent car il y a plusieurs niveaux de lecture.
C'est fluide et on tourne les pages sans s'en rendre compte bien qu'il n'y ait pas des "péripéties" de dingue ou une quête bien définie. On a plutôt un enchainement de tableaux du quotidien de la communauté de la foret. La manière dont c'est raconté donne à croire que ce passé est réel : parler aux serpents et aux animaux de la foret semble normal. Certaines scènes sont totalement WTF mais présentées avec tellement de détachement que ca semble presque se fondre dans le réalité. Avec des scènes "banales", l'auteur se moque de manière déguisée et maligne notre société (intégrisme, peur de l'inconnu, endoctrinement, effet de groupe, la relation de couple, etc.), notre histoire et ses vices en "poussant" certains aspects, à tel point qu'on tombe par moment dans la satire et l'autodérision, presque sans s'en rendre compte. le livre n'est pas tellement drôle en soi mais c'est la transposition sous-entendue qui fait sourire en coin. C'est parfois un peu too much et absurde mais c'est ce qui fait le piquant du livre. Sinon la critique serait moins drôle.
En résumé, sous des airs d'épopée fantastique et mythologique dans une Estonie du Moyen-Age, l'auteur fait la critique acérée des vices de notre société. Si les scènes peuvent paraitre totalement loufoques, elles alimentent la métaphore malicieusement. On ressort de cette lecture avec un brin de nostalgie: faisons-nous toujours les mêmes erreurs en boucle ? Faut-il se battre pour des traditions anciennes, pour notre mode de vie et nos habitudes, ou nous intégrer à un monde "nouveau", une nouvelle culture qui s'impose à nous ?
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« L'homme qui savait la langue des serpents » écrit par Andrus Kivirahk est une recommandation de Jessica de @le_maître-mot. Elle a en tellement bien parlé sur sa chaîne IGTV, que j'ai d'emblée, eu envie de le lire à mon tour. Je m'estime chanceuse d'avoir partagé cette lecture avec Sab' ou @le_mot sur le_gateau. Merci à vous deux les filles, pour ces heures de jubilation.

J'ai d'abord cru feuilleter un récit allégorique inspiré par la mythologie nordique mais la diversité des niveaux de lecture m'a fait voir mon erreur. L'auteur nous raconte l'évolution du monde sous les traits d'une garçon qui vit en osmose avec la forêt. Andrus Kivirahk développe sa réflexion sans jamais faire usage d'un ton moralisateur.

Le troisième niveau de lecture fait le rapprochement avec le pays natal de l'écrivain, à savoir l'Estonie, le tout avec une certaine impudence. C'est un univers médiéval à part entière, qui se déploie sous nos yeux et l'écoute au casque de sons de la Nature, n'a fait qu'emplifier les effets de ce texte fantastique sur ma personne.
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L'homme qui savait la langue des serpents nous apprend à réfléchir

Un livre audio qui nous raconte un fragment du folklore de l'Estonie médiévale, voilà qui présage un moment de lecture extraordinaire, autrement dit par-delà notre quotidienneté, et pourtant si proche de nous, grâce au fabuleux talent de conteur d'Andrus Kivirähk. Cette proximité est aussi facilitée par l'interprétation du comédien Emmanuel Dekoninck, lisant avec brio la traduction de Jean-Pierre Minaudier. Maintenant que les présentations sont faites, aventurons-nous dans cette forêt estonienne…

Nous, audiolecteurs, suivons la vie de Leemet depuis son enfance : tous ses semblables, ou presque, étant partis au village, envoûtés par la nouveauté de l'agriculture, du christianisme, et de la chevalerie teutonique, il est le dernier homme grandissant aux côtés des loups, des ours, et des serpents. Cet ouvrage revisite ainsi un leitmotiv bien connu de la littérature et de la philosophie : l'ébranlement d'un monde ancien par les promesses d'un avenir se voulant progressiste. Leemet serait-il le Thoreau d'Estonie ? Le roman d'Andrus Kivirähk ne propose aucune leçon manichéenne opposant la plénitude de l'état de nature (pour emprunter une expression rousseauiste) aux ravages engendrés par la société des hommes. Avec un humour décapant, l'auteur donne à voir les dérives de tous les extrêmes et de la confiance aveugle en toute forme de croyance.

À l'instar des fables et des romans populaires, cet opus dessine des personnages moins décrits à travers une psychologie complexe qu'un trait de caractère spécifique. Ici, chacun de ces tempéraments est tragi-comique, dans la mesure où ils conduisent tous à commettre des actes extravagants, comme peinturlurer les arbres de sang animal pour éloigner les génies, ou se passionner pour le crottin des montures des chevaliers. Une extravagance qui parfois frôle l'absurde, comme sous-estimer les ours car ils ne vont pas au bois sacré, alors qu'aucun animal n'a le droit de s'y rendre, ou bien s'obstiner à vouloir sacrifier une jeune fille vierge, bien que cette dernière ne le soit plus.

Nous suivons le rythme soutenu de ces péripéties à travers les nombreux dialogues entre Leemet et tous les êtres vivants. Quel dommage de ne pas avoir eu quelques passages avec les mots inventés de la langue des serpents, ces sifflements tortueux que le protagoniste finit par maîtriser à la perfection… Le comédien aurait eu du fil (et sa langue) à retordre, mais quel plaisir c'eût été pour le lecteur de lire cet idiome, et pour l'audiolecteur de l'entendre.

Un second regret, moins subjectif, réside dans le passage d'une voix de personnage à une autre : par endroits, il aurait fallu que le comédien enregistre de nouveau en modifiant davantage le ton, afin que chacune des voix soit bien reconnaissable d'un bout à l'autre de l'ouvrage. Mais il est vrai que l'exercice de lecture des scènes dialoguées est l'un des enjeux les plus accrobatiques d'un livre audio, et que la réalisation de ce type d'opus est parfois une course contre la montre, ce qui a pour conséquence de trébucher sur quelques lignes…

Ce roman, empreint de réalisme magique, ne nous apprend pas une langue disparue, il nous invite à poser un regard à la fois critique et amusé sur l'ancien et sur la nouveauté. Nous regrettons de ne pas avoir eu, contrairement à la version papier, ces notes qui nous auraient permis d'approfondir l'histoire de l'Estonie. Faute de temps pour la réalisation ou choix de l'éditeur, ce constat nous permet en tout cas de souligner une fois encore à quel point l'imprimé et l'audio se complètent.
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