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4,34

sur 1269 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un véritable mythe que nous propose Andrus Kivirähk. Celui de la mémoire des mondes disparus sous la hache tranchante et dictatoriale de la modernité. Une arme balayant la langue maternelle à coup de credo, régentée par des croque-mitaines du quotidien ; le combat semble inégal.
Et pourtant, l'auteur ne se fait jamais moraliste. Tandis que les insurrections se multiplient, il serait presque une perte de temps de vouloir dénicher les bons ou les mauvais. le récit adopte plutôt le parti des Hommes : ceux qui transmettent et vivent dans l'humilité. Ceux qui, paradoxalement, préfèrent un peuple éternel à des dieux passagers.
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En voilà un livre qui a du souffle !
Cette fable qui raconte le choc entre traditions ancestrales et modernité, réussit le tour de force de conjuguer un style vif et inventif avec une histoire pleine de.rebondissements et d'inventions farfelues.
Ce livre est une perle rare, un objet littéraire unique, impossible à résumer.
On y rencontre une Salamandre, des loups, des serpents, des ours avides de rencontres amoureuses, des poux apprivoisés, des mages furieux, des traditionnalistes furibonds, des jeunes filles maigrelettes, des paysans pieux, et bien sûr, des personnages qui maîtrisent la langue des serpents, ce langage séculaire qui permet de communiquer et de commander à une majorité d'animaux de la forêt.

"L'homme qui savait la langue des serpents" est une fable drôle, revêche, tendre, cruelle, incroyablement imaginative. Le livre vous emporte, vous avale.

On y assiste, éberlué, amusé, fasciné, à la disparition de l'ancien monde de la forêt Estonienne, un monde d'équilibre et d'harmonie entre hommes et nature, et laisser place à celui de nouvelles croyances, de nouveaux rites.
L'auteur raconte en toile de fond comment l'Estonie s'est peu à peu transformée sous l'influence de l'Allemagne, comment les croyances païennes se sont effilochées face à l'expansion du christianisme.
Mais la liberté de ton, la fulgurance du style, le rythme dicté par de savoureux dialogues, le parfum de douce folie qui émane de ses pages, couvrent l'histoire d'un vernis de merveilleux.

Merveilleux, c'est bien le mot qui me reste en tête après avoir achevé la lecture de ce roman unique, vibrant.

À noter que chaque roman d'Andrus kivirähk explore un sujet et un style d'écriture distincts, ce qui rend d'autant plus intéressante l'exploration de son talent et de son œuvre.
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Je n'ai jamais lu un livre aussi riche, aussi dense, aussi triste, aussi gai, aussi émouvant, aussi dur et aussi cruel. Inclassable.

L'histoire d'un homme qui parle aux serpents, un conte merveilleux, entouré de personnages lumineux et sombres à la fois, dans des paysages étranges, villages, plaines, forêts, peuplés de drôles de choses, rappelant la dureté des contes scandinaves, les thèmes de la solitude, de la solidarité, de l'amour filiale, de la famille, de la nature, sur la vie tout simplement. Une fois terminé le livre, et on voudrait qu'il ne se termine jamais, on sort d'un rêve cotonneux, avec la sensation d'avoir lu une perle rare qui nous a promené dans un monde parallèle plein d'ambiguïtés et de drôles de combats pour survivre.
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Ce livre a été un vrai coup de coeur pour plusieurs raisons :

➡️ L'écriture fluide et poétique qui vous fait naviguer facilement au travers de ces 500 pages

➡️ La beauté des contes nordiques, leur féerie

➡️ le lien sain entre l'homme et la nature, cette vie commune en harmonie

➡️ La traversée des temps, la confrontation à d'autres mondes

➡️ le combat et la résilience

➡️ L'importance des traditions, des histoires, des racines

➡️ Un vrai voyage ailleurs

Ce livre m'a touché et m'a rempli de curiosité pour ces cultures si proches et qui me semblent si différentes.

En tant qu'amoureuse de Haruki Murakami, j'ai retrouvé ce côté de réalité mélangée à de l'imaginaire sans que cela ne soit gnan-gnan.

Ce livre fait partie de mes grands coups de coeur qui me rappellent pourquoi j'aime lire.
Et je suis à chaque fois surprise de voir que peu de gens le connaisse.
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Dans une Estonie médiévale de légende, recouverte de forêts où règnent mages et créatures fantastiques, Leemet est un des derniers hommes à défendre un mode de vie traditionnel. Dans tout le pays, les anciennes tribus se soumettent peu à peu à l'envahisseur teuton, à ses croyances et à ses moeurs. Seule la Salamandre, sorte de dragon protecteur, serait à même de chasser l'oppresseur. Dans sa quête pour la trouver, Leemet traverse un monde au bord de la ruine que lui seul est encore capable de sauver...

Une merveille de roman dont le réalisme magique crépusculaire est assurément dépaysant, mais qui dit aussi toute l'histoire d'une nation sans cesse déchirée entre les cultures, et la course inéluctable mais parfois douloureuse du progrès.
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Attention, coup de coeur de DD ! Déjà, rien que le titre m'a intriguée, "L'homme qui savait la langue des serpents" (et non, il ne s'agit pas d'Harry Potter !). Puis le nom de l'auteur, Andrus Kivirähk, tiens, il vient d'où, lui, d'Estonie ?
Nous sommes donc au temps du Moyen-Age, dans cette Estonie justement, qui vient de se faire envahir par les fiers chevaliers teutons. le peuple de la forêt se retrouve ainsi confronter à la modernité et au savoir, et certains commencent à s'installer au village. Si le jeune Leemet est tout d'abord attiré par la nouveauté, il préfère finalement rester dans la forêt auprès de sa famille : sa mère qui cuisine toute la journée de l'élan rôti, sa soeur qui est amoureuse d'un ours, et surtout son oncle, qui veut lui apprendre la langue des serpents...
Réduire ce livre à ce résumé est très frustrant, car il est vraiment plein d'idées et de magie. C'est surtout une fable sur le progrès, la confrontation entre les traditions et la modernité, mais sans le discours moralisateur qu'avant c'était forcément mieux. Ainsi, Leemet voit bien que le monde de la forêt est condamné à disparaitre, mais trouve le nouveau tellement ridicule qu'il ne peut y adhérer. Et petite cerise sur le gâteau : c'est très drôle. Bref, j'ai adoré !
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J'avais déjà repéré ce roman à ma médiathèque il y a plusieurs mois grâce au titre intrigant et à la très jolie couverture, aussi ai-je été plus qu'enchantée quand BouQuiNeTTe a dévoilé la destination du mois d'octobre pour le chalenge Virée littéraire européenne : l'Estonie (car oui, l'auteur de ce roman est estonien !!^^)... Là, je n'avais plus d'excuses pour en différer la lecture, n'est-il pas ? Celle-ci a d'ailleurs été un véritable enchantement. Et une surprise très agréable !

Leeme, le narrateur de l'histoire, est le dernier homme à savoir la langue des serpents. Et le dernier homme de la forêt, après avoir été le dernier homme de sa famille. Bref, il est le témoin de la disparition d'une culture remplacée par une autre importée par des étrangers, et il nous raconte son histoire.

L'intrigue prend donc place dans un monde médiéval ré-inventé, où le merveilleux et le fantastique s'invitent sans aucune fausse note.
Deux mondes s'affrontent alors : le village et la forêt, incarnant la modernité et les traditions, le christianisme et le paganisme.
Leeme se retrouve coincé entre les gardiens fanatiques de ces deux camps irréconciliables : enfant, son père a quitté la forêt pour s'installer au village et profiter du progrès ; à sa mort, toute sa famille est retournée vivre dans la forêt mais Leeme est considéré comme un traître de villageois par Tambet, qui vit arc-bouté sur les cultes anciens et les vieilles traditions.

L'auteur fait preuve d'un humour irrésistible pour dénoncer le fanatisme et l'obscurantisme qui frappent certains représentants des deux communautés, la palme de la méchanceté revenant à Tambet et Ülgas Le Sage (qui n'est en fait qu'un charlatan se servant du respect aveugle dû aux coutumes pour asseoir son statut mas dont tout le monde, lui y compris, a oublié la signification exacte).
Mais le village chrétien n'est guère épargné par les critiques, et ses habitants apparaissent comme des benêts influençables, attirés par tout ce qui vient de l'étranger et convaincus des bienfaits du changement sans jamais en remettre en cause le bienfondé.

L'auteur nous invite à un conte plein de drôlerie et de poésie, habité par un bestiaire savoureux, et où les bêtes apparaissent parfois plus sages que les humains... J'ai adoré le meilleur ami de Leeme, la vipère royale prénommée Ints dont la langue bien pendue et les considérations pragmatiques nous valent quelques fous rires, la jeune et touchante Hiie, brimée par son père mais adulée par le pou géant élevé par les deux anthropopithèques Pirre et Rääk qui ne rêvent que de vivre toujours plus proche de la nature en régressant aux premiers temps des hommes, et tant d'autres personnages attachants. Par contre, au fur et à mesure de l'histoire, le ton se fait de plus en plus cruel, pour finir sur une note désenchantée !

Pour conclure, une lecture délicieuse qui nous offre de beaux passages à l'humour complètement déjanté, bien que le rire se fige progressivement au rythme des déboires et des malheurs endurés par Leeme. Une excellente découverte donc que je recommande chaudement...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Une fable, une satire, un pamphlet, une allégorie, une fantaisie, une épopée ... Oui, L'homme qui savait la langue des serpents est tout cela à la fois et bien davantage encore. Une oeuvre fantastico-réaliste dont le style moderne se télescope avec la chronique de temps anciens plus ou moins fantasmés, prétexte pour parler de l'Estonie d'aujourd'hui et bien plus largement de notre civilisation. Ce roman est indescriptible, il faut le lire pour le croire. On a beau lui accoler des références : Rabelais, Voltaire, Rousseau, La Fontaine tous revus et corrigés par les Monty Python (normal pour la langue des serpents), il reste unique dans son genre. "Il n'y a plus personne dans la forêt" : c'est la première phrase du roman, elle recèle un grand fond de tristesse et exprime la solitude du héros narrateur. Qui va nous conter avec force détails, comment on en est arrivé là, comment meurt une civilisation, comment les traditions se perdent. Mais attention, point de nostalgie chez Kivirähk, pour une époque qui n'était pas un âge d'or, loin de là, avec notamment ses croyances stupides qui font écho à la religion devenue l'opium du peuple et que brocarde l'auteur avec une férocité inouïe. L'homme qui savait la langue des serpents est d'une incroyable richesse avec un sous-texte permanent et des allusions que seuls les natifs d'Estonie peuvent comprendre. Sans parler des jeux de langage qui perdent de leur saveur avec la traduction même si celle-ci, signée Jean-Pierre Minaudier, est remarquable tout comme sa postface, très éclairante pour comprendre ce que ce livre dit de l'histoire de l'Estonie et des rapports que ses habitants entretiennent avec elle. Vous aimez les rôtis d'élans ? Les ours dragueurs ? Les australopithèques qui élèvent des poux géants ? Les salamandres endormies ? Oui ? Vous aimerez ce livre ! Non ? Vous l'adorerez quand même ! Paru en 2007 en Estonie, L'homme qui savait la langue des serpents n'est que l'un des nombreux ouvrages d'Andrus Kivirähk. On compte beaucoup sur les Editions Attila pour nous faire découvrir d'autres merveilles de cet étonnant écrivain balte.
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Un magnifique livre qui au-delà du conte fantastique est empreint d'une réflexion sur la civilisation. Au travers de son livre, l'auteur nous raconte l'histoire de son pays, l'Estonie, petit pays qui fût à plusieurs reprises envahie.
Face aux envahisseurs, comment conserver sa culture, ses traditions, sa langue.
Confrontation entre le monde de la ville, la « modernité », le monde influencé par les envahisseurs et le monde de la forêt, culture des traditions, le peuple originel.
Pour bien comprendre le livre, je conseil de lire la postface avant. Cela permet de bien comprendre l'étendue du livre.
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Une écriture magnifique est une histoire des plus authentique ! La plume de l'auteur nous plonge facilement dans cette Estonie imaginaire où l'homme parle au serpent et fréquente les ours. Une histoire avec des valeurs où " le dernier homme" se bat pour garder sa forêt ( même s'il s'écarte du chemin de temps en temps). Des personnages attachant et d'autres détestables... Mais une lecture fort agréable qui m'a donné envie de lire les autres livres de cette auteur.
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